Rivarol n°3451 du 16/12/2020
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Rivarol n°3451 du 16/12/2020 (Papier)

Editorial

Ecole, réseaux sociaux, justice, Covid : la tyrannie étend ses monstrueux tentacules

Hervé Ryssen restera en prison. Du moins pour le moment. La cour d’appel de Paris a refusé d’accepter la remise en liberté du détenu demandée par son avocat, Me Damien Viguier. L’auteur des Espérances planétariennes purge à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis une peine totale de dix-sept mois d’emprisonnement, deux peines définitives de neuf mois (4 et 5 mois) essentiellement pour son petit livre rouge Comprendre le judaïsme, comprendre l’antisémitisme mais également pour la couverture de son livre Les Milliards d’Israël et une peine de huit mois dont il a fait appel mais qui est exécutoire (en attendant le procès d’appel le 18 mars 2021) pour plusieurs passages de son dernier livre, de 2018, L’Antisémitisme sans complexe ni tabou. 

On voit donc que, contrairement à ce qui est parfois dit ici ou là, ce sont bien ses livres, son œuvre, sa production qui sont poursuivis par le ministère public et les fameuses associations prétendument de lutte contre la haine, et pas seulement des tweets, des vidéos et des messages sur Facebook. Donc prétendre que, s’il s’était abstenu de certains messages sur les réseaux sociaux, il eût évité de passer par la case prison est inexact. Ce sont d’abord et avant tout ses livres qui lui ont valu des condamnations à de la prison ferme. Ce qui en dit long sur la liberté intellectuelle, la liberté de l’esprit actuellement en vigueur en France. 

La persécution de l’écrivain pourrait encore s’aggraver puisque le procureur, Etienne Debarre, au procès du 2 décembre, a indiqué qu’une peine d’un an de prison ferme pour une vidéo sur « les juifs, l’inceste et l’hystérie » était immédiatement exécutoire et que tout recours était impossible, ce que conteste Me Damien Viguier qui a fait appel auprès du greffe et qui explique que la décision de première instance en juin 2018 condamnant son client à un an de prison n’a jamais été signifiée dans les formes légales à Hervé Ryssen. Si le parquet général jugeait in fine irrecevable l’appel de Me Viguier, la durée d’emprisonnement de l’auteur de La Mafia juive atteindrait alors 29 mois. Sans compter les autres affaires en cours. Dans le procès du 2 décembre, le même procureur a demandé huit mois de prison ferme supplémentaires pour Hervé Ryssen pour deux simples tweets datant d’octobre 2017 (cf. notre édition du 9 décembre), ce qui conduirait à un total théorique de 37 mois d’incarcération, soit plus de trois ans. Toutefois, le procureur a expliqué à regret que, pour ce genre d’infractions, depuis la loi Taubira, par le jeu de confusions des peines, la durée maximale d’emprisonnement ne pourrait en principe excéder deux ans ferme réels. Comprenne qui pourra ! Ce qui est sûr en tout cas, c’est que l’acharnement contre un écrivain valeureux et anticonformiste ne faiblit pas, bien au contraire. Comme le notait dans nos colonnes une autre victime habituelle de Thémis, le révisionniste Vincent Reynouard, exilé en Angleterre depuis juin 2015, le Système politique, judiciaire, associatif risque de faire payer au prix fort les insolences et impertinences de Ryssen sur un lobby dont on n’a le droit de dire que du bien. 

C’est dans ces pénibles circonstances que Me Viguier a fait savoir, le 10 décembre, après le rejet de la demande de remise en liberté de Ryssen par le premier président de la cour d’appel de Paris, qu’il demandait la grâce du détenu au président de la République. Si cette initiative a pu déplaire à certains qui ont considéré qu’il ne fallait pas demander une faveur au bourreau, à l’ennemi, elle a pour d’autres le mérite de placer Macron au pied du mur. Le chef de l’Etat a en effet le pouvoir de gracier qui il veut. François Hollande avait ainsi gracié la meurtrière Jacqueline Sauvage (laquelle portait bien son nom !) qui avait tué de trois coups de carabine son mari, en lui tirant dans le dos, après quasiment un demi-siècle de mariage, et alors que les accusations tardives et soudaines de violence conjugale, ne semblant reposer sur rien d’objectif et de concret, n’avaient convaincu ni les jurés ni les voisins de la famille Sauvage. Macron se grandirait donc à accorder sa grâce à un écrivain qui n’a pas de sang sur les mains, qui n’a jamais tué ni volé, ni menti, et dont personne d’honnête et de sérieux ne peut douter de la sincérité et de la franchise. Evidemment, sauf miracle, le chef de l’Etat n’en fera rien car, comme ses prédécesseurs, il est le caniche du CRIF, le laquais du Congrès juif mondial et par conséquent tout honneur, toute dignité, toute grâce d’état l’ont fui irrémédiablement. On se souvient de sa petite phrase sur Pétain, qui fut un grand soldat, au moment du centenaire de l’armistice de 1918. Le lobby juif a aboyé, le conjoint de Brigitte s’est couché. C’est à cela aussi qu’on mesure la décadence des mœurs et l’abaissement des caractères.

La privation des libertés ne concerne pas seulement Hervé Ryssen, même s’il en est actuellement la première et principale victime, la plus emblématique. Alain Soral et son mouvement Egalité et Réconciliation ont vu leurs comptes Twitter suspendus, après avoir déjà perdu leurs comptes VK et leurs chaînes YouTube. Quant à nous, deux de nos vidéos rivaroliennes sur notre chaîne YouTube ont été supprimées, et Tristan Mendès France fait pression sur la Commission paritaire des publications et agences de presse (la CPPAP), à laquelle nous sommes immatriculés depuis notre fondation en janvier 1951, il y a bientôt 70 ans, et qui permet quelques modestes réductions postales et fiscales (notamment sur le taux de TVA), au motif que nous serions un « torchon antisémite » et que nous inciterions à la haine. 

On le voit, l’Etat profond va toujours plus loin dans la tyrannie. L’existence de toute voix dissidente, discordante, aussi faible soit-elle, lui est insupportable. C’est également le cas de l’instruction à la maison et des écoles confessionnelles hors-contrat qui sont l’une et l’autre dans le collimateur des pouvoirs publics. Dans le projet de loi du 9 décembre 2029 réaffirmant les principes républicains, l’école à la maison est interdite à partir de septembre 2021. Sauf sérieux problèmes de santé de l’enfant, dûment constatés par un médecin de l’Education nationale (ce qui ne laisse aucune marge de manœuvre), pratique de sport de haut niveau, activités artistiques intenses ou projet pédagogique non assis sur des convictions religieuses ou philosophiques. Mais même pour ces rares exceptions, c’est le rectorat ou le ministère de l’Education nationale qui décidera souverainement et arbitrairement s’il accorde ou non aux géniteurs la possibilité d’instruire à domicile leur progéniture. Jusque-là il suffisait de faire une déclaration en mairie. A partir de la rentrée scolaire 2021, c’est l’Education nationale qui décidera, après présentation d’un dossier dûment rempli, s’il est licite ou non d’instruire ses enfants à domicile. Inutile de dire que c’en sera quasiment fini, sauf très rares exceptions, de l’école à la maison. Seuls les gens du voyage qui par définition se déplacent constamment seront exemptés de l’obligation scolaire en établissements officiellement reconnus. Faudra-t-il désormais acheter une caravane ou un camping-car pour échapper à la pieuvre tentaculaire de l’Education dite nationale ? Car les établissements hors contrat seront, eux aussi, contrôlés et encadrés beaucoup plus sévèrement désormais, les fermetures administratives définitives seront favorisées, facilitées, simplifiées, tandis que l’on insistera encore davantage sur le respect du « socle commun de l’Education nationale » destiné à ruiner la liberté pédagogique, le sens moral et les convictions religieuses de ces écoles intégralement payées par les parents.

Nous vivons vraiment sous une tyrannie de plus en plus oppressante et effrayante.

Jérôme BOURBON, RIVAROL.

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Billet hebdomadaire

La bonne question

Voilà cent dix ans, Charles Péguy notait dans Notre Jeunesse la difficulté qu’il y a à « voir ce qu’on voit ». Aussi, quand on a la chance d’accommoder sa vue à une réalité encore trop proche pour qu’on la décrive d’après ce que l’humanité croit pouvoir en dire, faut-il se demander promptement ce qu’on voit, et, pour savoir ce qu’on voit, il faut poser la bonne question, ou les bonnes questions. L’été 1988, nous embarquâmes les trois grands et le chat dans l’AX rouge et partîmes pour quinze jours dans une maison de Toscane, avec l’une de mes sœurs, sa famille et quelques amis. L’endroit était charmant, le pays beau, la compagnie agréable, la chère bonne. Un soir, à propos de je ne sais quoi, mon fils cadet, alors âgé de huit ans, demanda je ne me rappelle plus quoi. Tout le monde était joyeux, bien disposé, plusieurs personnes lui firent des réponses. Or, d’un coup, il fondit en larmes. Je lui demandai pourquoi, notant que nul n’avait été désagréable, bien au contraire, et lui, dans un hoquet, finit par lâcher : « Mais ce n’était pas ma question ». La chose m’a frappé et m’est restée : on peut répondre avec autant d’attention, voire d’amabilité que l’on veut, avec toute la précision, la sagacité, l’érudition dont on est capable, si l’on ne répond pas à la bonne question, on perd sa peine.

Poser la bonne question, c’est ne pas poser les mauvaises. Se débarrasser du fouillis de traits qui encombrent la ligne principale. Laisser choir les questions adventices, les controverses secondaires, la forêt pilpoulique des interrogations subsidiaires qui empêchent de voir l’arbre principal. Cela ne veut pas dire d’ailleurs que ces questions soient fausses, ou sans intérêt, c’est simplement qu’elles masquent la bonne. Prenons quelques exemples dans l’actualité récente. Mila. En janvier dernier, cette lesbienne de 16 ans communique sur le réseau social Instagram. Elle y affirme ne pas être attirée par les filles “rebeus”. Des messages l’accusent de racisme. De fil en aiguille, la conversation tourne à la religion. Milo affirme les « rejeter toutes ». Et elle ajoute une “story” où l’on peut lire : « Le Coran, il n’y a que de la haine là-dedans, l’islam c’est de la m... […] votre Dieu, je... » Depuis, elle a reçu des dizaines de milliers de menaces de viol et de mort, elle a dû quitter le lycée où elle étudiait, a été placée dans un internat militaire d’où elle vient d’être mise à l’écart en décembre parce qu’elle a laissé deviner sur son réseau social l’établissement où elle se trouvait. Le ministre des Armées, Florence Parly, a précisé qu’elle n’était pas exclue mais éloignée pour quelque temps : à cause « d’un certain nombre d’informations dévoilées, […] sur les réseaux sociaux et dans la presse, […] son maintien au sein de l’établissement lui fait courir un risque que l’on ne peut accepter, ni pour elle, ni pour les 750 élèves de l’école ». Là-dessus, depuis un an, la polémique enfle, avec mille questions. La dernière en date, posée par le père de Mila : le colonel commandant le lycée est-il un “lâche” ? Et Mila elle-même ? Est-ce une petite gourde à laquelle même l’expérience ne donne pas de bon sens ? Une courageuse gueularde ? Le malheureux réceptacle de toutes les déchéances de la “république” ? Et dans la foulée, quid de l’islam ? De l’islamisme ? De l’homophobie ? De l’islamophobie ? On peut ainsi enfiler des perles indéfiniment. La bonne question est plus simple : alors que l’affaissement moral et intellectuel de la jeunesse française rencontre la brutalité des populations nouvelles, pourquoi l’Etat ne peut-il pas, il l’avoue, assurer l’ordre ? La réponse est : parce que, trahissant la nation, il a lui-même favorisé la décadence et organisé l’invasion qu’il ne peut maîtriser. Une deuxième bonne question serait : pourquoi ? La réponse finale serait alors : parce que le vivre ensemble qui ne marche pas est une étape dialectique importante sur la route du monde nouveau que préparent les maîtres de l’arc-en-ciel.

Poser la bonne question n’est pas toujours aussi simple. Mais je vous donne un petit truc : il suffit de se demander à quoi sert la chose dont on parle. Exemple : à quoi sert la Shoah ? On mesure ici la difficulté de la chose. Chacun se souvient en effet de la phrase de soixante mots du défunt professeur Faurisson, que je ne citerai pas pour ne pas causer d’ennuis à RIVAROL. J’estime profondément le professeur Faurisson et il a fait un travail irremplaçable, mais, en l’espèce, il n’a pas posé la bonne question. Sans doute, comme il le dit, la Shoah a-t-elle permis la fondation d’Israel et justifie-t-elle sa politique, sans doute a-t-elle été utilisée pour abaisser l’Allemagne, mais ce ne sont que des conséquences parmi d’autres. Elle a servi et sert à bien d’autres choses. Aujourd’hui, par exemple, elle fonde le système mental anti-haine, régit notre pensée morale et politique et anime la révolution mondiale.

Appliquons la méthode à l’actualité. Les casseurs. Tout le monde en parle, s’en plaint. Peut-on les tracer ? En poursuivre un en justice sans avoir la preuve formelle que c’est bien lui qui a cassé ? Les interdire de manifestation ? Les confinés en dissertent gravement, et de mille autres niaiseries en barres, en tablettes ou en bonbonnes. La vraie question est : à quoi servent-ils ? Depuis le temps, on aurait pu les arrêter et les bastonner tranquillement. Mais non, la police les laisse croître, les chouchoute, les entraîne manif après manif. Parce qu’ils sont utiles. A faire passer une politique : on cédera à leurs justes revendications, et dans ce cas on relèvera leurs convictions, on les nommera zadistes (Notre Dame des Anges, barrage de Sivens), ou à combattre l’extrême droite, on les nommera antifas (affaire Clément Méric). Dans ces deux cas on les présentera comme victimes. Enfin ils servent aussi à discréditer un mouvement politique. Exemple, les gilets jaunes. A la première manif de ces derniers à Paris, deux témoins directs des plus sérieux m’ont affirmé que la police s’était écartée pour les laisser passer. Les casseurs sont donc des auxiliaires de police au service d’une mise en scène politique. Dans ce rôle, ils deviennent des mauvais, on les nomme alors Black Blocs, ils contribuent à discréditer un mouvement qui échappe, à son début, au système, et montrer qu’une jacquerie de Français de souche peut mener au pire (ce qui permettra dans un deuxième temps sa récupération par l’extrême gauche mélenchoniste). En somme, à la question à quoi servent les casseurs, la réponse est : à aider le pouvoir en place avec l’aide de l’extrême gauche et de la police.

Autre chose, l’affaire Zemmour — la dernière en date, le procès qu’on lui fait parce qu’il estime que le maréchal Pétain a sauvé des juifs français. On en dispute. Parmi les juifs déportés de France durant la dernière guerre, quelle proportion de Français est revenue, quelle proportion d’étrangers ? Et comment ça s’est passé en Hollande ? En Belgique ? Et c’est-y le président Laval et le maréchal Pétain, ou bien c’est-y les justes, qui ont « sauvé les juifs » ? Et c’est-y ben à la justice de décider de cela ? Et pourquoi le chef d’inculpation est-il « contestation de crime contre l’humanité » alors que jamais au grand jamais Zemmour n’a contesté la Shoah, l’extermination des juifs par l’Allemagne, puisqu’il affirme précisément que les juifs français ont été beaucoup moins exterminés ? Encore une fois les seules bonnes questions sont : à quoi sert ce procès, et à quoi sert Zemmour ? Les réponses sont liées. Zemmour sert de soupape de sécurité au système, une soupape maîtrisée : il va loin pour être crédible, il défend le maréchal Pétain, mais il ne va pas trop loin. C’est un opposant borderline, qui exprime l’horreur interdite, permet aux opposants de se débonder, et à l’opinion dominante de se livrer à une transe rituelle d’exécration, mais il reste du bon côté de la ligne rouge. De même que Renaud Camus, il se garde de tomber dans l’horreur du détail. Ce sont des diables Causeur-compatibles. Quant au procès qui lui est fait, il sert à montrer que la vigilance et la sévérité s’imposent contre un tel personnage, tout en rappelant que même ce monstre ne remet pas en cause la sainte Shoah. Une preuve de plus de son existence.[…]

HANNIBAL.