n°3464 du 24/3/2021
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Rivarol n°3464 du 24/3/2021 (Papier)

Editorial

Trahisons et repentances tous azimuts

ALORS QUE L’EXÉCUTIF a imposé un troisième confinement depuis le vendredi 19 mars à minuit à seize départements français, dont la totalité de l’Ile-de-France et des Hauts de France, et qu’il menace de l’étendre à d’autres régions, comme l’Auvergne-Rhône-Alpes, et qu’il poursuit une communication particulièrement erratique, exigeant une attestation de déplacement dans les régions confinées, puis la retirant tout à coup, suspendant temporairement la vaccination avec AstraZeneca à cause des risques encourus, puis la reprenant sur-le-champ, le Premier ministre se faisant même vacciner avec ce produit très controversé pour inciter les Français à en faire de même, les trahisons du pouvoir politique ne connaissent aucune trêve. Tandis que nous commémorons ces jours-ci deux très tristes événements, aux conséquences funestes, la forfaiture d’Evian le 19 mars 1962 et la dramatique fusillade de la rue d’Isly une semaine plus tard, le 26 mars, une double tragédie dont le pouvoir gaulliste est le seul et unique responsable, le gouvernement actuel, poursuivant une même œuvre anti-nationale que ses prédécesseurs depuis plus de soixante ans, entend aggraver encore la trahison de notre pays, la falsification du passé et les repentances en tous genres pour les fautes et les crimes prétendument commis par la France en Algérie de 1830 à 1962. 

Rappelons qu’Emmanuel Macron avait déclaré, de manière aussi provocatrice que significative, pendant la dernière campagne présidentielle, le 15 février 2017, que la colonisation en Algérie avait été « un crime contre l’humanité ». Et ce qui est encore plus grave, c’est que le candidat à l’Elysée avait prononcé ses propos contre son pays lors d’un voyage en Algérie, en accordant une interview à la télévision algérienne. Quand on sait que les crimes contre l’humanité sont jugés imprescriptibles et qu’ils donnent droit pour leurs victimes supposées à des demandes permanentes de dommages et intérêts en espèces sonnantes et trébuchantes, mais aussi au rappel incessant à l’école et dans les grands médias des monstruosités attribuées à leurs auteurs et complices, il était évident qu’Emmanuel Macron par sa déclaration évidemment calculée mettait le doigt dans un engrenage infernal où la France serait sans cesse humiliée, tenue de rendre des comptes, de faire repentance, de réparer matériellement et moralement pour ses prétendus « crimes contre l’humanité ». 

LE RAPPORT que Benjamin Stora, historien pro-FLN, a remis tout récemment au chef de l’Etat va dans le même sens puisqu’il recommande la mise en place d’une commission « Mémoire et Vérité  chargée d’impulser des initiatives mémorielles communes entre la France et l’Algérie » et qui est en réalité une machine de guerre contre notre pays, son être historique, son œuvre colonisatrice et civilisationnelle. Stora propose que cette commission soit composée de « différentes personnalités engagées dans le dialogue franco-algérien », comme Fadila Khattabi, présidente du groupe d’amitié France-Algérie de l’Assemblée nationale, Karim Amellal, ambassadeur, délégué interministériel à la Méditerranée, des intellectuels, médecins, chercheurs, chefs d’entreprise, animateurs d’associations, tous notoirement hostiles à la colonisation française en Algérie. La commission a pour objet de formuler des recommandations sur 22 points. Nous ne pouvons tous les citer, faute de place, mais il importe de noter les plus pernicieux. Le rapport Stora appelle ainsi à « poursuivre les commémorations, comme celle du 19 mars 1962 demandée par plusieurs associations d’anciens combattants à propos des accords d’Evian, premier pas vers la fin de la guerre d’Algérie. D’autres initiatives de commémorations importantes pourraient être organisées comme celle du 17 octobre 1961, à propos de la répression des travailleurs algériens en France. A tous ces moments de commémoration pourraient être invités les représentants des groupes de mémoires concernés par cette histoire. » Or, on sait que les associations de Pieds-Noirs et d’harkis contestent vigoureusement et à juste titre que la fin de la guerre d’Algérie soit fixée au 19 mars. Il y eut en effet encore des combats, des morts, des assassinats, des personnes portées disparues, et en grand nombre, bien après cette date. C’est falsifier l’histoire et insulter la vérité que de faire finir la guerre d’Algérie avec les accords dits d’Evian. 

Dans la même veine, le rapport prévoit également d’organiser en 2021 un colloque international dédié au refus de la guerre d’Algérie, ou plutôt du maintien de la France en Algérie, par certaines personnalités françaises comme François Mauriac, Raymond Aron, Jean-Paul Sartre et Paul Ricœur. Il entend par ailleurs préparer, toujours en 2021, au Musée national de l’histoire de l’immigration voulu par le désastreux Chirac une exposition ou un colloque sur les indépendances africaines. Enfin, Stora réclame l’entrée au Panthéon de la militante activiste et gauchiste pro-FLN, anti-française, abortive et féministe Gisèle Halimi, preuve qu’il ne s’agit nullement de réconcilier des camps opposés mais de rouvrir des plaies laissées béantes.

MALGRÉ toutes leurs repentances indignes et leurs trahisons insupportables, les dirigeants français n’en font jamais assez aux yeux d’Alger. Trois semaines seulement après la remise du rapport Stora sur les relations entre la France et son ancienne colonie, Alger a réagi vivement et dit regretter l’absence d’excuses explicites et de reconnaissance. Loin d’apaiser les relations, cela semble les crisper, relève la presse algérienne. Le rapport de l’historien Benjamin Stora, commandé par Emmanuel Macron, visait officiellement à apaiser les relations franco-algériennes. Pour l’heure, il n’a fait qu’accentuer les crispations. Comme c’était prévisible.

La réaction de l’Exécutif algérien le confirme. Le porte-parole du gouvernement algérien, Ammar Belhimer, a ainsi déclaré regretter le refus de la France de reconnaître ses « crimes coloniaux ». Selon lui, l’épais dossier de 150 pages de Benjamin Stora vient camoufler la vérité historique de la colonisation et de la guerre d’Algérie, rapporte sévèrement le journal algérien TSA : « Le criminel (sic !) fait tout pour éviter de reconnaître ses crimes. Mais cette fuite en avant ne pourra pas durer. » A l’évidence, l’Algérie exige une reconnaissance explicite de culpabilité de la France pour pouvoir demander des réparations morales et financières considérables et incessantes. Imitant en cela le comportement des dirigeants d’une petite communauté très habiles à sans cesse tendre la sébile. Comme quoi les coteries et lobbys dans notre pays, même quand leurs intérêts ou leurs sensibilités divergent parfois, savent additionner leur malfaisance et utiliser les mêmes méthodes détestables mais ô combien efficaces quand il s’agit de salir notre pays et de le traiter plus bas que terre.

Jérôme BOURBON, RIVAROL.

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Billet hebdomadaire

Patrick, Patrick, et la meute arc-en-ciel

Ils ont trouvé un nouvel Hitler. Son petit nom, c’est Patrick. Ça tombe bien, c’était la Saint-Patrick la semaine dernière. Ils — elles — lui ont fait sa fête. Des jeunes filles de cinquante balais nous ont expliqué qu’il les forçait à faire des trucs. Elles auraient cédé pour arriver dans la vie, et parce qu’il leur en imposait. Le plus rigolo est une dame Porcel qui s’est découverte sous emprise parce qu’elle admirait trop l’écrivain qu’il était à ses yeux. On peut tout dire de Poivre. Que c’était un super militant giscardien, un bon speaker de télé, un cavaleur de première, un ambitieux plein de miel et d’encens, mais écrivain ! Ecrivain ? ! Chacun sait qu’il n’écrivait pas ses bouquins, il payait si mal ses nègres qu’ils balançaient le boulot par-dessous la jambe — il a dû une fois, pour son livre sur Lawrence d’Arabie, mettre au pilon une édition où le plagiat s’avouait trop manifestement. Poivre ! Un écrivain séduisant par son talent d’écrivain ! Faut vraiment que la dame Porcel soit taillée dans la nouille ! Sa carrière le confirme, d’ailleurs, ses propres ambitions littéraires. Mortelles tagliatelles ! Toutes ces dénonciations en cascades finissent par lasser. Entendons-nous bien, je ne propose pas Poivre pour l’élection de la prochaine rosière, c’est un reflet de la médiacratie, du médiocriarcat parisien, un ordinaire personnage des Guignols, et il arrivait sans doute que des minettes le trouvassent un peu lourdingue, mais quoi, elles savent prendre la tangente, disposer prestement un râteau ou filer une claque dans les cas graves : celles qui se sont laissé prendre l’ont bien voulu, je ne crois pas une seconde qu’il soit du genre à frapper ni menacer. Il y a de vrais malheurs, des incestes, des viols, des corrupteurs d’enfants, et ce genre de crétines, comme metoo et d’autres féministofumisteries, sont une insulte à ces vrais malheurs. Leur immixtion publicitaire dans un problème moral grave suscite le dégoût et l’ennui.

Surtout, leur hypocrisie bruyante sert la révolution. La cérémonie des Césars nous a rappelé à quoi servent en France le spectacle et la culture, qui les a kidnappés avant 1968 par sa chienlit fondatrice. Jusqu’au milieu des années quatre-vingts, une partie fine générale, qui ne tenait compte ni de l’âge ni du sexe, fut théorisée et mise en pratique par tout ce que l’extrême gauche comptait de cerveaux, pédophiles, pédérastes, cultureux, intellos, psycouilleux, philosophards, de Foucault à Dolto, Goupil et Duvert, mêlés dans une grande libération tous azimuts qui entendait en finir avec la morale dite bourgeoise et chrétienne et la famille dite traditionnelle. Cela écrivait dans Libé et pétitionnait dans le Monde. Dans son livre sur les violences sexuelles contre les enfants, Caroline More note que des comportements odieux furent tenus pour bénins jusqu’en 1984 et à la conférence de Montréal. Le débordement de luxures en tout genre fut considéré par la gauche de pouvoir non seulement comme licite et bénin, mais comme éclairé, politiquement méritoire. Puis il y eut un retour de balancier. Il en a pris plus d’un à contrepied, Olivier Duhamel se cache de sa concierge, Jack Lang reconnaît qu’il a « fait une connerie » (une ?). Dominique Strauss-Kahn a perdu un boulevard vers l’Elysée, ses soutiens sont restés en l’air. La grande conscience journalistique Jean-François Kahn, à l’annonce de l’affaire Dialo, ricana à l’antenne, parlant avec condescendance, de « soubrette troussée » : il dut vite faire marche arrière, ces choses-là ne se disent plus, ne se pensent plus, la cancel culture touche aussi la grosse gauloiserie. La chasse au “patriarcat” s’accompagne aujourd’hui, après des années de complaisance pour la débauche, d’une sorte de néo-puritanisme où féminisme et islam trouvent leur bonheur commun. Ce qui est visé à travers un Strauss-Kahn ou un Weinstein, ce n’est pas en effet le cynisme d’hommes juifs de gauche débordant de pouvoir et d’argent, mais c’est, bizarrement, le patriarcat, par un contre-sens voulu, puisque leurs frasques signalent précisément son effondrement. Mais notons la surprise douloureuse ressentie par Strauss-Kahn, Weinstein, Kahn et les autres, et dans un registre proche, Matzneff, Cohn-Bendit, Polac. Tous ces braves gens étaient persuadés d’être dans le Bien : tous dynamitaient la société dite hypocrite, presque tous étaient de gauche ou d’extrême gauche, et celui qui ne l’était pas était à la pointe de la culture, de l’esthétisme, de la provocation, tous faisaient le bien en libérant l’humanité de ses anciennes contraintes — et voilà qu’on vient leur dire qu’ils ont tout faux. Quel scandale ! Quelle honte ! Quel manque d’égard pour de vieux serviteurs de la révolution ! C’était bien la peine de financer les Clinton ou de concevoir les trente-cinq heures ! C’était bien la peine de faire de la pédomanie un art !

Il ne suffit pas de noter aujourd’hui que nous vivons parmi des sortes de pygmées aux antipodes de la civilisation qui prévalut chez nous quarante siècles, il ne suffit pas de dire que nous chaloupons sur la nef des fous, il faut aussi proclamer que celle-ci est aux mains de capitaines très rationnels et d’expliquer comment elle est organisée. C’est ce que je vais faire maintenant à l’aide d’un autre Patrick et d’un chapelet de contradictions qui n’aura pas échappé au lecteur. Ce chapelet vient de ce qu’on peut appeler la chienlit sélective et amène une question : quels sont les critères de la nouvelle morale ? D’un côté en effet, le viol, l’inceste et la pédomanie sont devenus très mal, et il faut « libérer la parole », mais quid du reste, des déviances, des silences subsistants ? Pourquoi les médias dominants n’ont-ils pas relevé que les faits reprochés à Olivier Duhamel ressortissent à la pédérastie, de même que 80 % des affaires “pédophiles”dont est accusée l’Eglise catholique d’Amérique entre 1950 et 2000 ? Pourquoi ? Parce que la révolution arc-en-ciel professe une préférence homosexuelle qui seule permet d’expliquer nos contradictions morales. La morale juive ancienne était claire : elle condamnait toute débauche sexuelle. La morale romaine aussi, avec une grande sévérité, sauf quand il s’agissait de consommer de jeunes esclaves. Depuis le deuxième siècle avant Jésus-Christ, en particulier, les actes homosexuels entre hommes libres étaient punis de mort. Et beaucoup de pratiques hétérosexuelles aujourd’hui banales rendaient leurs auteurs infâmes. Cette cohérence d’ensemble n’existe plus aujourd’hui : à côté du très mal, il y a un marais flou d’actes dont on ne parle pas, il y a aussi la prolifération de la pornographie, et puis il y a ce qui était tenu hier pour contre-nature, et qui est désormais loué, promu, protégé, la nébuleuse homosexuelle. Cela se voit au cinéma, dans les séries, la publicité, les entreprises, les dispositions légales, dont la plus frappante fut le « mariage gay » en 2013. De même que la promotion des couples café au lait, dont l’homme est généralement le café et la femme le lait, est manifeste et générale, de même “l’orientation” homosexuelle est-elle montrée avec une bienveillance louangeuse.

Or, cela ne s’est pas fait tout seul. Cette préférence homosexuelle n’est pas tombée du ciel, elle a été voulue, planifiée, mise en œuvre. La vie et la mort de Patrick Dupond, ancien danseur étoile puis directeur du ballet de l’opéra de Paris, en ont donné la preuve. Cet homme de talent et de caprice mena une vie de patachon homo, comme beaucoup de ses confrères, avant de subir un grave accident de voiture et de tomber amoureux, en 2004, d’une femme avec qui il vécut jusqu’à ce qu’il meure d’un cancer du poumon le cinq mars de cette année. En 2017, il donnait une interview à Paris Match où l’on pouvait lire : « Pendant cinquante ans, j’ai parlé de moi à la première personne. Aujourd’hui, je dis “nous”. J’ai découvert le sens du mot “amour” […] Au fond, ce mec que tu étais avant, l’aimes-tu ? La réponse était non. [Je lui reprochais] de vivre dans un mensonge. Une parodie de l’amour. Ça m’arrangeait de me mentir à moi-même. En ce qui me concerne, l’homosexualité a été une erreur. »

L’encre était encore humide que la presse parisienne tombait sur le dos du pauvre garçon. De l’Express à Gala, on monta en mayonnaise les réactions indignées que « ce genre de discours » avait suscitées sur la Toile. En fait, en parcourant ladite Toile, on s’aperçoit que le nombre de réactions indignées est très petit. Et qu’elles viennent de journalistes. J’en ai compté trois. Que disent-ils ? Flore Galaud, rédactrice en chef adjointe de la chaîne LCI : « Terrible et irresponsable, le message véhiculé par Patrick Dupond dans les colonnes de Paris-Match : mon « homosexualité a été une erreur ». Fabien Randanne, journaliste culturel à 20 Minutes explique : « L’orientation sexuelle d’un individu n’est pas forcément figée, elle peut évoluer au fil des ans, des rencontres… Mais dire « l’homosexualité a été une erreur » peut être dévastateur pour un ou une homo qui a du mal à s’assumer ou, plus généralement, pour toute personne qui s’interroge sur sa sexualité, ses sentiments, ses désirs. » Et Xavier Héraud, journaliste photographe indépendant : « Haine de soi, nouvelle édition. Patrick Dupond, j’ai découvert l’amour avec une femme ». Ces trois messages disent quelque chose de très clair : on n’a pas le droit de regretter d’avoir été homosexuel, c’est mal. Pire, cela laisse entendre que « l’orientation sexuelle » est une question de choix, et qu’il y a un choix meilleur que l’autre. A travers leur formidable intolérance, ils posent un problème : pensent-ils et prétendent-ils imposer de penser que l’homosexualité, si elle ne résulte pas d’un choix, est une fatalité ? De quel ordre ? Génétique ? […]

HANNIBAL.