Rivarol n°3476 du 16/6/2021 (Papier)
Editorial
La recette de la tarte de Tain
Avec le régime de la comparution immédiate, les décisions de Thémis ne traînent pas. Telle est la leçon de la tarte de Tain. Après avoir reçu le 8 juin une gifle lors d’un déplacement à Tain-l’Hermitage dans la Drôme, alors qu’il attendait du public qu’il fît la claque, le président de la République est reparti en campagne comme si de rien n’était, à quelques jours du premier tour des élections régionales et départementales qui s’annoncent très difficiles pour la Macronie. Son agresseur, Damien Tarel, un jeune homme de 28 ans, dort actuellement en prison. Deux jours après avoir donné un soufflet au premier magistrat de France, le jeune homme était condamné le jeudi 10 juin à dix-huit mois de prison, dont quatre ferme, avec une probation de deux ans et mandat de dépôt. Sa peine est assortie d’une obligation de recevoir des soins psychologiques (c’est la manie de tout psychiatriser désormais, et l’on ne compte plus les cellules de soutien psychologique, dès qu’il se passe un événement un tant soit peu traumatisant !), d’une interdiction de détenir des armes pendant cinq ans. Il est en outre privé pendant trois ans de ses droits familiaux, civils et civiques, et de manière définitive de la possibilité d’exercer des fonctions publiques.
Sachant que Damien Tarel n’était pas connu des services de police, qu’il n’avait aucun antécédent judiciaire, la peine, sans être d’une impitoyable sévérité, est loin d’être totalement négligeable. L’ami Vincent Reynouard considère (voir le droit en lettres en page 2) qu’elle est très mesurée pour une gifle au chef de l’Etat et que les révisionnistes et autres pourfendeurs d’un certain Lobby sont plus lourdement sanctionnés alors qu’ils ne commettent aucune violence. C’est exact, mais l’on sait que les crimes de la pensée sont les plus redoutables. C’est pourquoi les nationalistes et dissidents sont particulièrement réprimés dès lors qu’ils s’expriment un peu trop librement sur les sujets interdits. Il est vrai que l’auteur du coup de canne à Emile Loubet, Président de la République française, en pleine affaire Dreyfus, le 4 juin 1899, le baron de Christiani, un homme élégant à la blonde moustache, avait été condamné à dix ans de prison ferme. Il avait abattu sa lourde canne sur le chapeau présidentiel, l’enfonçant très nettement, en criant : “Démission”. Le baron était le petit-fils de Charles-Joseph Christiani, éminent baron et général du premier Empire. La condamnation était certes beaucoup plus sévère, mais l’échelle des sanctions n’était pas la même qu’aujourd’hui où la peine capitale a été supprimée, ainsi que les travaux forcés, où les pires malfrats ne subissent que des peines très légères, signe du ramollissement et de la décadence de notre société. Tant dans le vocabulaire que dans la tenue vestimentaire, tant dans la façon de gouverner que de rendre la justice, nous ne nous sommes vraiment pas améliorés en un siècle, c’est le moins que l’on puisse dire !
Emmanuel Macron n’est pas le seul président de la République, dans la période récente, à être physiquement pris à partie. Nicolas Sarkozy avait été saisi par le col lors d’un déplacement en juin 2011 en Lot-et-Garonne par un agent municipal de 32 ans, Hermann Fuster, qui avait écopé à l’époque de 4 mois de prison avec sursis, alors que l’accusation avait requis trois mois de prison ferme. Ces décisions de justice sont une preuve de l’abaissement de la fonction présidentielle. Dès lors que les gouvernants n’œuvrent plus au bien commun, que leur politique et leur comportement favorisent l’anarchie et le chaos, qu’ils mettent en œuvre des mesures subversives et contre-nature dans à peu près tous les domaines de l’action publique, dès lors aussi qu’ils se comportent de manière indigne (que l’on songe à Sarkozy criant : « casse-toi, pauv’ con » à un visiteur hostile lors de sa visite au salon de l’Agriculture, ou à Macron transformant l’Elysée en lupanar pédérastique lors de la fête de la musique en juin 2018 ou s’affichant avec des détenus antillais ayant le torse dénudé), il n’est pas étonnant de voir se reproduire ce genre d’incidents.
D’autant que Macron, à l’instar de ses prédécesseurs, utilise le contact de la foule pour mesurer et fortifier sa popularité. L’élection présidentielle au suffrage universel et le quinquennat conduisent les titulaires de la magistrature suprême à être en campagne électorale permanente. Ce qui est un préjudice grave pour la conduite de la nation et ce qui abaisse, ternit, banalise la fonction de commandement.
Mais ce soufflet est le symptôme de la violence qui traverse notre société. La violence d’abord qui est faite au peuple. A travers les restrictions chaque jour plus importantes des libertés dont témoignent les confinements, les couvre-feux, les passeports sanitaires, les obligations et interdictions de toutes sortes qui se multiplient. La violence qui a été infligée aux gilets jaunes molestés, énucléés, gazés, passés à tabac. La violence qui est faite aux automobilistes avec les radars automatiques, fixes et mobiles, avec les réductions de voies de circulation, aux contribuables avec des impositions de plus en plus confiscatoires, aux Français avec une Union européenne qui détricote notre souveraineté, une immigration de peuplement destinée à nous humilier, à nous dominer et à nous remplacer, avec des législations d’exception qui nous empêchent de nous exprimer sur des sujets chaque jour plus nombreux. La violence faite aux consciences, à la morale et au bon sens avec la promotion permanente, systématique, obsessionnelle de la théorie du genre, de l’homosexualisme, du transexualisme, du transhumanisme, du shoatisme.
Il n’est donc pas étonnant que certains, mus par le colère, le désespoir et le dégoût, et ne croyant pas aux solutions électorales dont ils ont compris qu’elles étaient des impasses et des leurres, puissent se laisser aller à une forme d’action directe. Même si en l’occurrence la gifle est d’abord et avant tout une violence symbolique. Qui répond à sa manière, discutable très certainement, inefficace politiquement et qui ne peut déboucher sur rien de concret et de tangible (ce genre d’actions qui doit certes sur le moment faire plaisir à beaucoup conduit même généralement à un renforcement de la répression contre les opposants !) à une violence permanente faite au peuple et à la nation. Une violence de tous les instants. Politique, juridique, psychologique. Mentale, morale, totale.
RIVAROL, <jeromebourbon@yahoo.fr>.
Billet hebdomadaire
Vers une dictature numérique totalitaire
Dans un tweet du 4 juin 2021, Tristan Mendès France, le petit-fils de son grand-père, accusait RIVAROL de « relayer de la désinfo sur la santé ». Or, la veille, le 3 juin, le Sénat publiait un rapport intitulé « Crises sanitaires et outils numériques : répondre avec efficacité pour retrouver nos libertés » et dans lequel la Haute assemblée propose ouvertement la mise en place d’un totalitarisme numérique dépassant toutes les thèses complotistes.
Les auteurs de ce rapport sont les sénateurs Véronique Guillotin (Mouvement radical), Christine Lavarde (LR) et René-Paul Savary (LR).
On y découvre des propositions proprement hallucinantes.
SUIVRE LES TÉLÉPHONES DES CITOYENS À LA TRACE
À la page 10 de ce rapport, les sénateurs proposent d’espionner les téléphones pour s’assurer que les mesures sanitaires sont respectées : « La modélisation épidémiologique, située aux confins de la recherche médicale et de la surveillance sanitaire, est à ce titre abordée dans les développements qui suivent. En effet, la crise du Covid-19 a marqué une évolution majeure, en particulier du fait de l’ampleur et de la diversité des données collectées et utilisées pour affiner les modèles épidémiologiques, qui sont parfois les mêmes que celles qui sont susceptibles de servir au contrôle du respect des mesures sanitaires, et qui, en tout état de cause, appuient très directement les décisions politiques. Les exemples sont multiples. Parmi ceux qui seront détaillés dans les parties suivantes, on peut notamment citer l’analyse des données des opérateurs téléphoniques (antennes GSM) ou des géants du numérique (géolocalisation) pour étudier l’évolution de la mobilité et le respect des règles de confinement, l’analyse des eaux usées pour détecter la présence du virus, ou encore l’analyse des recherches Google portant sur les symptômes du Covid-19 pour prédire l’évolution de la maladie. Précisons enfin que la recherche scientifique ne se limite pas à la recherche médicale : durant la crise sanitaire, les sciences humaines, économiques et sociales ont, elles aussi, eu recours à l’analyse de données pour étudier l’impact du Covid-19 sur la société dans son ensemble — par exemple sur les inégalités entre les femmes et les hommes ou entre les différentes catégories socio-professionnelles.
La grande spécificité de la crise du Covid-19, et le cœur du présent rapport, concerne le recours aux nouvelles technologies dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire, en particulier pour assurer ou contrôler le respect des restrictions sanitaires : applications de contact tracing, de tracking ou de géolocalisation, pass et passeport sanitaires, utilisation de drones ou de caméras thermiques etc. — sans compter les immenses perspectives — et les risques associés — qu’ouvrent les technologies numériques pour l’avenir. De fait, la gravité de la crise sanitaire a conduit les gouvernements du monde entier à recourir à de telles solutions, parfois très intrusives, afin de freiner la progression de l’épidémie ou d’accompagner le déconfinement. Par rapport aux outils classiques de gestion d’une crise sanitaire — ou d’une crise comparable (catastrophe naturelle ou industrielle, etc.) — les outils numériques peuvent théoriquement permettre un ciblage précis, individuel et en temps réel des mesures ou des contrôles, même si la plupart n’ont eu ni cette finalité, ni cet effet. »
Cela se passe de commentaire, mais précisons que dès le premier confinement, les États occidentaux et les GAFAM mettaient déjà en place une surveillance généralisée et personnalisée des populations. Une forme de KGB à l’efficacité démultipliée par le numérique.
Le rapport du Sénat ne fait que confirmer ce qui est en place depuis mars 2020.
DICTATURE UE/GAFAM
Google et Apple ont mis à disposition des gouvernements les outils nécessaires pour contrôler les populations, sous prétexte de combattre la pandémie. Google a lancé une plateforme qui permet de visualiser, grâce à la localisation des utilisateurs, le degré de respect du confinement dans les différents pays. Un outil qui collecte déjà les données des internautes dans 131 pays. Le site d’information américain The Verge explique que cette plateforme « utilise les données stockées dans les smartphones pour comprendre le degré d’adhésion des citoyens aux consignes de confinement données par les gouvernements. »
Le 10 avril 2020 Apple et Google ont conjointement annoncé un partenariat pour permettre le suivi numérique des individus ayant été à proximité des personnes infectées par le coronavirus. Les deux géants ont indiqué dans un billet de blog : « Google et Apple annoncent un effort conjoint pour permettre l’utilisation de la technologie Bluetooth dans le but d’aider les gouvernements et les agences de santé à réduire la propagation du virus, en intégrant la confidentialité et la sécurité des utilisateurs au cœur de la conception. »
La vie privée des citoyens sera évidemment violée, et même épluchée. Ryan Calo, chercheur à l’université de Washington et affilié au Centre pour Internet et la société de Stanford, s’interroge : « Il est difficile de savoir quel usage ils comptent faire des données obtenues S’ils pensent que le suivi numérique des contacts va permettre aux gens d’arrêter la distanciation sociale, je suis sceptique. »
Le 19 mars 2020, dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid-19, le Comité européen de la protection des données (CEPD) a levé l’interdiction sur l’échange et le traitement des informations personnelles des citoyens membres de l’Union européenne, en indiquant que « le RGPD (Règlement général sur la protection des données) permettait aux autorités sanitaires compétentes de traiter les données personnelles dans le contexte d’une épidémie, conformément au droit national et dans les conditions qui y sont fixées ».
Cyrille Dalmon, chercheur associé à l’Institut Thomas More, faisait remarquer, dans un texte du 2 avril 2020, que d’ores et déjà, en Pologne, les personnes en quarantaine devaient se prendre en photo chez elles pour prouver via une application qu’elles respectaient bien le confinement. L’Italie a également recours à l’utilisation massive de la géolocalisation et du recoupement de données personnelles afin de connaître les personnes qui ont potentiellement été en contact avec des malades. En France, en plus de la loi d’urgence votée le 23 mars 2020, loi d’exception s’il en fut, et des vingt-cinq ordonnances adoptées le 25 mars 2020, le comité CARE (Comité Analyse Recherche et Expertise), chargé de conseiller le gouvernement sur le tracking afin d’identifier les personnes en contact avec celles infectées par le coronavirus, se penche sur « l’opportunité de la mise en place d’une stratégie numérique d’identification des personnes ayant été au contact de personnes infectées », c’est-à-dire de géolocalisation et de recoupement des données comme en Italie.
Et Cyrille Dalmon de poursuivre : « On doit donc constater lucidement que la lutte contre l’épidémie est l’occasion d’une accélération de la numérisation de nos existences et d’un contrôle accru des pouvoirs publics sur nos vies. La constitution de vastes bases de données, associées à un fichage massif des populations, déjà engagée avant la crise dans tous les États du monde, dont nos États démocratiques, est légitimée par l’urgence sanitaire.
Au risque de choquer, et de déplaire, le parallèle (jugé excessif par certains) avec le système de “crédit social” chinois s’en trouve légitimé en retour, au moins partiellement. Si ce dispositif, consistant en une surveillance généralisée de la population et en l’attribution d’une note au citoyen (bonne s’il est “vertueux”, mauvaise s’il est “déviant”) paraît odieux à beaucoup d’entre nous, il faut rappeler qu’il n’est que la mise en commun organisée et systématique par l’État de multiples outils technologiques, le plus souvent inventés et développés en Occident.
On nous rétorquera que les réseaux sociaux (qui collectent tant d’informations sur nous, notre vie, nos habitudes, notre santé, etc.) appartiennent à des entreprises privées et non à l’État. C’est vrai. Mais il n’est pas inutile de rappeler que, dans notre propre pays, des fonctionnaires travaillent depuis plus d’un an avec Facebook à l’élaboration d’une stratégie commune « de lutte contre les contenus haineux », sans que cela émeuve outre mesure. »
Et le récent rapport du Sénat vante justement les mérites du modèle chinois.
LE MODÈLE CHINOIS PRIS EN EXEMPLE PAR LE SÉNAT
Le rapport du Sénat propose de suivre le modèle chinois ; mais afin que cela n’apparaisse pas trop brutal, il précise que nombre de pays non autoritaires ont employé les mêmes méthodes que la dictature “communiste” avec l’adhésion des populations : « Si l’épidémie de Covid-19 a d’abord touché les pays d’Asie orientale, la situation s’est inversée dès le début de l’année 2020 : alors que l’Europe, les États-Unis puis l’Amérique du Sud étaient touchés de plein fouet, ces pays réussissaient à freiner de façon spectaculaire la progression de l’épidémie, quand ils ne parvenaient pas à l’arrêter complètement, grâce à un ensemble de mesures vigoureuses, pour certaines éprouvées lors des épidémies précédentes (H5N1 en 1997 puis en 2007, SRAS en 2003, MERS en 2012). Ces mesures se sont appuyées sur la discipline de la population, et des facteurs culturels en général, mais aussi sur un recours intensif aux outils numériques, y compris les plus intrusifs. Pourtant, tous ces pays ne sont pas des régimes autoritaires, loin s’en faut. Si le cas de la Chine peut être mis à part, celui des cinq autres pays étudiés ci-dessous (NDA : la Chine, la Corée du Sud, Hong Kong, le Japon, Singapour, Taïwan) montre qu’il est possible, lorsque la population y adhère, de s’appuyer sur les technologies numériques pour lutter contre l’épidémie, avec une très grande efficacité. » (p. 11)
Aux pages 13 et 14 du même rapport, le Sénat préconise ouvertement d’adopter les méthodes chinoises, précisément le recours au traçage numérique (certains passages ont été mis en gras par les auteurs du rapport) : « Premier pays touché par le Covid-19, en décembre 2019, la Chine a d’abord tardé à prendre officiellement la mesure de la menace, et plus encore à y réagir. Après une “période initiale de déni, marquée par l’absence de mesures appropriées pour contenir l’épidémie”, pour reprendre les termes de l’Institut Montaigne, les choses se sont toutefois radicalement inversées à partir du 20 janvier 2020, avec “une volte-face politique […] à l’origine de mesures de confinement inédites [et] sans égales dans le monde, adossées à des moyens et outils de contrôle résidentiel et de traçage numérique”.
La réponse de la Chine a alors été massive dans tous les domaines : confinement strict assorti de sanctions très fortes, construction d’hôpitaux d’urgence, mobilisation générale de l’appareil industriel pour la production de masques, d’équipements médicaux, puis de vaccins, recours à l’armée, contrôle des exportations, mais aussi contrôle de l’information, propagande à l’intérieur et diplomatie d’influence à l’extérieur, afin de légitimer le récit officiel du régime sur les origines de la pandémie et de promouvoir son modèle.
Tout cela excède le cadre du présent rapport, à l’exception de l’un des aspects majeurs de la stratégie chinoise : le recours intensif aux outils numériques sous toutes leurs formes et avec tous les types de finalités, y compris les plus intrusives, avec une ampleur inégalée non seulement dans le monde, mais aussi dans l’histoire. La Chine a, sans ambiguïté, privilégié la lutte contre la menace sanitaire par rapport à la protection des libertés individuelles, en particulier la liberté d’aller et venir et celle d’avoir une vie privée.
Si le modèle chinois n’est évidemment pas transposable aux pays occidentaux, on ne peut pas, pour autant, se satisfaire d’une simple posture d’indignation : la stratégie chinoise est, globalement, une grande réussite sur le plan sanitaire, avec officiellement 4 846 morts pour 1,4 milliard d’habitants, soit 3 morts par million d’habitants, quand la France seule compte plus de 100 000 morts, soit 1 633 morts par million d’habitants. Les chiffres officiels sont douteux, bien sûr, mais la maîtrise de la situation ne l’est pas — et, avec elle, la levée des restrictions et le retour à une vie économique et sociale normale. »
LE PASS SANITAIRE VIENT DE CHINE
Le rapport du Sénat souligne que la Chine est « le premier pays à lever les restrictions » car « dès le mois de mars 2020, la Chine a mis en place un dispositif analogue à ce qu’est aujourd’hui le “pass sanitaire”, adopté par la France et la plupart des pays européens. À l’époque, pourtant, il était de bon ton de s’inquiéter de la “surveillance généralisée” induite par un tel dispositif, de l’avènement d’une “dictature sanitaire” et du “virus de l’autoritarisme”. » (p. 15)
Et le rapport sénatorial de proposer : « Enfin, dans les situations de crise les plus extrêmes, les outils numériques pourraient permettre d’exercer un contrôle effectif, exhaustif et en temps réel du respect des restrictions par la population, assorti, le cas échéant, de sanctions dissuasives, et fondé sur une exploitation des données personnelles encore plus dérogatoire.
Ces outils sont les plus efficaces, mais aussi les plus attentatoires aux libertés, mais une fois de plus, il serait irresponsable de ne pas au moins les envisager, ne serait-ce que pour se convaincre de tout faire en amont pour ne pas en arriver là. De nombreux cas d’usages sont possibles, et notamment :
— Le contrôle des déplacements : bracelet électronique pour contrôler le respect de la quarantaine, désactivation du pass pour les transports en commun, détection automatique de la plaque d’immatriculation par les radars, portiques de contrôle dans les magasins, caméras thermiques dans les restaurants etc. ;
— Le contrôle de l’état de santé, via des objets connectés dont l’utilisation serait cette fois-ci obligatoire, et dont les données seraient exploitées à des fins de contrôle ;
— Le contrôle des fréquentations, par exemple aller voir un membre vulnérable de sa famille alors que l’on est contagieux ;
— Le contrôle des transactions, permettant par exemple d’imposer une amende automatique, de détecter un achat à caractère médical (pouvant suggérer soit une contamination, soit un acte de contrebande en période de pénurie), ou encore la poursuite illégale d’une activité professionnelle (commerce, etc.) en dépit des restrictions. » (p. 59)
[…]
Jean TERRIEN.