Rivarol n°3484 du 8/9/2021
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Rivarol n°3484 du 8/9/2021 (Papier)

Editorial

Présidentielle 2022 : ce n’est pas le vide, mais le trop plein !

CHAQUE JOUR QUI PASSE ou presque, on annonce une nouvelle candidature à la présidentielle dont le premier tour aura lieu le dimanche des Rameaux, le 10 avril 2022. Tant à gauche qu’à droite de l’échiquier politique, ce n’est pas le vide, mais le trop plein. Les prétentions et ambitions sont tellement nombreuses à ce stade qu’on ne peut exclure que le record de candidatures de la présidentielle de 2002 (seize) soit dépassé vingt ans plus tard pour peu que les édiles ne rechignent pas à accorder aux différents prétendants les précieux cinq cents paraphes. Qu’on en juge : à l’extrême gauche, on devrait retrouver dans sept mois les frères ennemis trotskystes Philippe Poutou du Nouveau Parti anticapitaliste et Nathalie Arthaud de Lutte ouvrière — comme quoi il est plus facile d’obtenir les parrainages de ce côté-là du spectre politique que du côté de la droite radicale : imagine-t-on en effet un Alain Soral, un Henry de Lesquen, un Yvan Benedetti ou un Hervé Ryssen obtenir les signatures requises, c’est tout simplement impensable, preuve que la gauche, toutes tendances confondues, bénéficie de privilèges, n’étant, elle, nullement diabolisée !  — 

A gauche, il y a également pléthore de prétendants : Fabien Roussel pour le Parti communiste qui, cette fois, a décidé de présenter un candidat, ce qu’il n’avait pas fait depuis 2007 avec Marie-George Buffet, Jean-Luc Mélenchon qui concourt pour la troisième fois consécutive — à l’instar de Nicolas Dupont-Aignan et de Marine Le Pen — mais qui semble en position moins favorable qu’il y a cinq ans d’autant qu’il est désormais la cible des organisations judéo-sionistes qui l’accusent d’antisémitisme, il faut le faire, à cause de ses positions sur la question israélo-palestinienne et sa critique du CRIF. On vient par ailleurs d’apprendre la candidature d’Arnaud Montebourg. Le maire de Paris, Mme Anne Hidalgo, s’apprête à entrer, elle aussi, dans la course au nom du Parti socialiste. Les Verts qui organisent une primaire le 16 septembre auront, eux également, un représentant, probablement Yannick Jadot. On voit mal dans ces conditions, sauf énorme surprise, comment la gauche officielle pourrait se qualifier pour le second tour. Mais c’est oublier que le président sortant est lui-même issu du Parti socialiste, qu’il fut ministre de l’Economie et des Finances sous Hollande et qu’on peut donc à bon droit le situer à gauche de l’échiquier, même si son discours, son programme et son positionnement ont réussi à réunir derrière lui la bourgeoisie de gauche et celle de droite. 

 

S’IL NE FAIT GUÈRE DE DOUTE actuellement qu’Emmanuel Macron sera candidat à sa succession, sauf si les sondages devenaient catastrophiques dans les mois qui viennent, comme ils le furent pour Hollande fin 2016, ce qui contraignit ce dernier à renoncer à une nouvelle candidature, la mort dans l’âme, preuve que la soupe est bonne à l’Elysée, et que le président sortant reste pour l’heure le mieux placé pour se succéder à lui-même, ce qui est un comble au vu de son quinquennat marqué par la crise des gilets jaunes, les confinements successifs, le pass sanitaire, les restrictions inédites et inouïes des libertés fondamentales, à “droite”, c’est également le trop plein. Les Républicains qui avaient été revigorés par les résultats des régionales et départementales se divisent à nouveau : le franc-maçon Xavier Bertrand, qui a violemment attaqué pour la saint-Louis à Chinon le maréchal Pétain dans son discours de rentrée, signe qu’il donne les gages attendus de lui par la police de la pensée, n’entend pas se plier à la règle des primaires que LR va probablement officialiser à la fin de ce mois, dès lors qu’aucun candidat ne se détache véritablement, ce qui laisse planer le spectre d’une double candidature de la “droite” dite républicaine : celle de Bertrand et celle du postulant qui sortira victorieux des primaires, qu’il s’appelle Pécresse, Barnier, Juvin ou Ciotti. Lequel s’est prononcé pour la reconnaissance par la France de Jérusalem comme capitale d’Israël. Preuve que les candidats que l’on dit les plus droitiers sont avant tout et sans exception de sinistres et abjectes serpillières judéoserviles. 

Une division de la “droite” parlementaire au premier tour de la présidentielle lui serait très certainement fatale. Car nous ne sommes plus à l’époque où le bloc de droite libérale réunissait à lui seul quelque 40 %, voire plus, des suffrages exprimés (comme au temps de Chaban et Giscard en 1974, de Giscard et Chirac en 1981, de Barre et Chirac en 1988 et encore de Chirac et Balladur en 1995). Aujourd’hui les Républicains pèsent au mieux 15 à 20 % des voix à une élection nationale. Ils ne peuvent donc s’offrir le luxe de la division et si leur candidat au printemps prochain obtenait 20 %, comme Fillon en 2017, ce qui apparut à l’époque comme un résultat désastreux, ils sabreraient certainement le champagne.

DANS LE CAMP POPULISTE, les candidatures sont pareillement très nombreuses. A ce stade, on en enregistre quatre, et probablement bientôt cinq. François Asselineau a depuis longtemps annoncé sa volonté de participer à l’élection reine de la Vème République, ce qui fut déjà le cas en 2017, mais il pourrait avoir plus de mal à cette fois à réunir les 500 paraphes du fait de son image écornée par des accusations de harcèlement et d’agression sexuels sur ses jeunes collaborateurs qui ont porté plainte et il est mis en examen dans ces dossiers particulièrement glauques où les enquêteurs ont retrouvé la trace de courriels très compromettants. Florian Philippot a lui aussi annoncé sa candidature, le 14 juillet dernier. Très affaibli depuis son départ forcé du Front national en 2017, il a récemment retrouvé des couleurs en adoptant depuis bientôt un an des positions publiques claires et radicales contre l’actuelle tyrannie covidesque et contre le pass sanitaire. Il défend le Frexit et les libertés contre toutes les restrictions et obligations pseudo-sanitaires. Qu’il le fasse avec sincérité ou par calcul afin de rebondir sur la scène politique, médiatique et électorale, on ne peut lui dénier une certaine constance depuis un an, une réelle aisance dans l’argumentation et il donne de sa personne car il est de toutes les manifestations, même si son profil républicain, gaulliste revendiqué, laïciste et plutôt LGBTiste (quoique discrètement) inspire de la défiance. Aura-t-il les 500 signatures ? C’est très loin d’être acquis car il n’a plus de mandat électif et ne dispose pas d’un réseau d’élus, ce qui rend sa tâche plus compliquée. Nicolas Dupont-Aignan tente, quant à lui, sa chance une troisième fois. Mais il n’est pas en position de force : il est en effet moins en pointe que Philippot sur la question de l’indépendance nationale et de la lutte contre la tyrannie sanitaire, même s’il la combat lui aussi.

Une très probable candidature d’Eric Zemmour lui réduirait considérablement son espace déjà fort limité. Car c’est en effet l’une des principales nouveautés de cette rentrée : le polémiste de Cnews devrait, sauf coup de théâtre, annoncer dans les jours ou les semaines qui viennent sa candidature à la magistrature suprême. Les instituts de sondage le créditent actuellement de 7 à 9 % des suffrages, ce qui n’est pas négligeable, alors même qu’il n’est pas encore en course. Il bénéficie d’une grande couverture médiatique (France Info lui a consacré ces jours-ci une émission, revenant en boucle, plutôt complaisante), ce qui devrait rendre prudents ceux qui pensent qu’il est un candidat radicalement anti-Système et d’une totale pureté d’engagement, et il pourrait représenter un danger réel tant pour le candidat des Républicains que pour Marine Le Pen, elle-même candidate pour la troisième fois consécutive et qui est sortie essorée des dernières régionales. Zemmour semble en effet prendre des voix à la partie la plus droitière de l’électorat LR et à une partie, elle aussi non négligeable, semble-t-il, de l’électorat du RN. Il faut dire que la non-candidature de Wauquiez et de Retailleau, tous deux de l’aile droite de LR, lui ouvre incontestablement un espace. Tout comme la fadeur, les reniements, les échecs et la médiocrité abyssale de la présidente du RN. Comment croire que dans des débats télévisuels Marine Le Pen ne serait pas étrillée par Zemmour et par Philippot qui savent manier leur rhétorique et connaissent par cœur les faiblesses de la benjamine de Jean-Marie Le Pen ? 

SI NOUS suivrons bien sûr avec attention ce qui va se passer dans les mois à venir, gardons-nous des illusions électorales qui débouchent invariablement sur la déception, le découragement et le désarroi. Evitons de nous diviser pour des questions contingentes. Le salut de la France, s’il a lieu, ne passera pas par les urnes. Gardons-nous aussi de croire en l’homme (ou en la femme) providentiel(le). Les hommes peuvent changer, varier, trahir, défaillir ou se révéler différents de ce que l’on pensait d’eux. Très souvent ils déçoivent et ils trompent et ne restent alors que de l’amertume et de l’aigreur. Restons fidèles aux principes, aux vertus, à la vérité. 

Le vrai motif de joie, c’est d’être en cohérence, chaque jour que Dieu fait, avec sa foi, ses convictions, son idéal. Tant dans ses engagements publics que dans sa vie privée. C’est d’essayer, avec la grâce divine, de se tenir droit et debout au milieu des ruines et des ténèbres, d’être fidèle, et persévérant, et de bonne humeur. Tâche certes difficile, mais ô combien exaltante et réjouissante. Là est le vrai bonheur. Le reste n’est que leurres, vanités et mirages.[…]

RIVAROL, <jeromebourbon@yahoo.fr>. 

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Billet hebdomadaire

Chronique de la France asservie et… résistante

Mélenchon est la cible de tous les sites juifs, dont la Ligue de défense juive, qui relaient un article de François Heilbronn, vice-président du mémorial de la Shoah, dont le titre est : « L’obsession juive et complotiste de Mélenchon ». Pensez, un de ses collaborateurs a été espionné par le Maroc à l’aide d’un logiciel fabriqué par une société privée israélienne. Du coup, commente l’auteur de la diatribe, « c’est un nouveau complot et une nouvelle agression de TOUT Israël contre sa personne et ses proches ». Florilège de « cette obsession maladive et complotiste » de Mélenchon et de ses propos nauséabonds : « Je suis hostile à tous les communautarismes. Celui du Crif est particulièrement agressif » ; « Génuflexion devant les ukases arrogants des communautaristes du CRIF, c’est non. Et non, c’est non » ; Et puis, « nous n’avons peur de personne. N’essayez pas de nous faire baisser les yeux. Peine perdue. Je voudrais dire au CRIF que cela commence à bien faire. Les balayages avec le rayon paralysant qui consiste à traiter tout le monde d’antisémite dès qu’on a l’audace de critiquer l’action d’un gouvernement, c’est insupportable, nous en avons assez » .

Et de critiquer Corbyn, le leader travailliste anglais, après sa défaite aux élections législatives : « Il a dû subir sans secours la grossière accusation d’antisémitisme à travers le grand rabbin d’Angleterre et les divers réseaux d’influence du Likoud. Au lieu de riposter, il a passé son temps à s’excuser et à donner des gages » ; et enfin, « La République, c’est le contraire des communautés agressives qui font la leçon au reste du pays ». Devant ces gravissimes accusations d’antisémitisme, le chef bolchevik a tenté d’allumer un contre-feu.

MÉLENCHON, UN FURIEUX ANTISÉMITE ?

Et Mélenchon de s’en prendre à la réédition de Mein Kampf par les éditions Fayard, avec ces fortes paroles : « Honte à la réédition de Mein Kampf. » L’édition critique de Mein Kampf intitulée « Historiciser le mal » a été publiée le mercredi 2 juin 2021, avec un tirage initial de 10 000 exemplaires, au prix dissuasif de 100 euros. Quasiment trois mois après sa sortie, sans aucune campagne de promotion, le livre est sur le point de franchir le cap des 9 000 exemplaires. Un second tirage a ainsi été lancé. Le magazine Le Point va jusqu’à qualifier le livre de « best-seller caché (pas casher) de l’été ». Pouquoi “caché” ? En fait, Fayard a tellement peur d’être accusé d’être une maison d’édition nationale-socialiste, qu’elle a veillé à ne faire aucune promotion autour du livre, les librairies ayant pour consigne de ne pas placer l’ouvrage sur la liste des meilleures ventes. Bref, il s’agissait pour Fayard de gagner de l’argent, mais discrètement. Pour éviter de faire hurler la confrérie de la souffrance éternelle, on changea le titre, devenu « Historiciser le Mal » et on doubla quasiment le volume du livre avec un appareil critique permettant de « déconstruire ce texte, ligne à ligne ». On ne sait pas trop ce que cela signifie, mais ça rassure. Mélenchon, quant à lui, soumis comme nous l’avons vu, à de lourdes accusations d’antisémitisme, y vit une occasion en or pour se refaire une virginité, rappelant qu’il avait, en 2015, rédigé une lettre ouverte à ce sujet, s’opposant à la réédition de Mein Kampf avec ce puissant argument : « Editer, c’est diffuser ». Et puis, une petite dénonciation, façon « heures les plus sombres de l’Histoire », ne pouvait pas faire de mal.

Pour se faire pardonner ses vilénies, il a rappelé que ce « livre abject » avait déjà été édité en France en 1938. Par qui ? Mais pardi, par la même maison Fayard qui est aussi, aujourd’hui, l’éditeur de Mélenchon pour son livre L’Ere du peuple ! Il serait dommage, dans ce torrent d’indignation, de ne pas évoquer Marine Le Pen, qui commençait à nous manquer. Que devient-elle ? Ça va, cet été elle a eu droit à un bel article dans Le Point, avec une photo où on la voit, prenant la pose, jouer de la batterie, gage de modernité. Oui mais, comme toujours, le diable se niche dans les détails. Certains internautes n’ont pu s’empêcher de repérer dans la bibliothèque en arrière-plan deux livres qui font un peu débat : l’un sur Adolf Hitler, l’autre sur Josef Goebbels. Du coup, ça couine quelque peu. C’est injuste, car Marine Le Pen a, après tout, le droit de se cultiver. Elle en a bien besoin. Mais en attendant, zut, encore raté pour le pèlerinage à Yad Vashem… […]

Robert SPIELER.