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Rivarol n°3498 du 15/12/2021 (Papier)

Editorial

Selon que vous serez Zemmour ou Bourbon, les

jugements de cour vous rendront blanc ou noir !

ENFIN UNE BONNE nouvelle : ce dimanche 12 décembre, la Nouvelle-Calédonie a dit une nouvelle fois non à l’indépendance (à 96,49 %) lors du troisième référendum consécutif d’autodétermination organisé dans ce magnifique territoire français du Pacifique Sud riche en minerais, ce qui devrait logiquement permettre de conserver durablement cette terre stratégiquement très précieuse, même s’il faut rester prudent quand on connaît les traîtres professionnels à la patrie qui nous dirigent depuis des décennies. Nous reviendrons bien sûr sur cet événement très important dans notre prochaine édition. Mais dans cet éditorial nous allons évoquer notre nouvelle condamnation judiciaire par la justice de la République pour délit de presse.

« Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir » écrivait déjà Jean de La Fontaine dans la célèbre fable Les Animaux malades de la peste. Les choses n’ont manifestement pas changé depuis le XVIIe siècle, bien au contraire. Le vendredi 10 décembre, votre serviteur a en effet été condamné par la XVIIe chambre du tribunal judiciaire de Paris présidée par David Mayel pour contestation de crime contre l’humanité à 8000 euros d’amende (avec possibilité d’emprisonnement en cas de non-paiement, car il s’agit de 100 jours-amende à 80 euros) pour avoir déclaré dans une vidéo du 3 octobre 2020 (laquelle a été définitivement supprimée, ainsi que la chaîne, par YouTube, le 18 décembre 2020, vive la censure !) très exactement ceci : « On ment souvent par omission en disant finalement que c’était la lutte contre les juifs, alors que le gouvernement français du maréchal Pétain s’est toujours opposé à ce qu’il y ait la moindre persécution ou atteinte quelconque aux juifs français ». Il s’agissait d’une brève déclaration orale faite à propos de la rafle du Vel d’Hiv et qui était une simple incise dans un raisonnement plus général sur les distinctions juridiques entre nationaux et étrangers puisque cette vidéo mensuelle réalisée avec mon intervieweur habituel, Florian Rouanet, abordait, comme chaque fois, de nombreux sujets d’actualité, à commencer par la récente et scandaleuse incarcération de l’essayiste Hervé Ryssen le 18 septembre 2020 à Fleury-Mérogis. 

OR, LE TRIBUNAL m’a reconnu coupable de négationnisme en ces termes : « Affirmer la conviction que les juifs français ont été sauvés par le maréchal Pétain contient à la fois la négation de la participation de ce dernier à la politique d’extermination des juifs menée par le régime nazi (en affirmant la bienveillance dont auraient bénéficié les juifs français sous l’impulsion du chef de l’Etat français) et de la mort des personnes qui ont succombé à ces exactions (ceux-ci n’ayant jamais fait l’objet “d’une atteinte quelconque”) ».

La loi nous interdit de jeter le discrédit sur le jugement et les attendus d’un tribunal. Nous nous abstiendrons donc de tout commentaire, sauf pour dire que les législations mémorielles, comme la loi Gayssot du 13 juillet 1990, conduisent les magistrats, dont ce n’est pourtant ni la fonction ni la spécialité, ni la compétence, à dire l’histoire, à se transformer en garants des vérités officielles et en censeurs des penseurs non conformistes, minoritaires ou dissidents et à condamner, y compris avec des peines de prison ferme (en cas de non-paiement de l’amende ou de paiement en dehors ou au-delà des délais de cent jours) des points de vue, des versions, des interprétations de l’histoire qui ne sont pas conformes à la vulgate. Or, il est évident qu’il n’y a pas d’unanimité historiographique sur cette question controversée. Le consensus entre historiens n’existe pas. 

Certes, pour des raisons politiquement correctes, la version de ces événements donnée par l’Américain Robert Paxton domine depuis quelques décennies dans les media audiovisuels et à l’université. Mais même aujourd’hui elle n’est pas exclusive, comme en témoignent les études et écrits du rabbin et historien israélien Alain Michel, peu suspect d’antisémitisme et d’antisionisme, repris par le journaliste et essayiste Eric Zemmour. Et jusqu’à Paxton la version selon laquelle le gouvernement du maréchal Pétain avait protégé et sauvé la plupart des juifs français (environ 90 à 95 % d’entre eux) était largement dominante, et même communément admise, de Robert et Raymond Aron à Henri Amouroux en passant par l’israélite Annie Kriegel qui était allée jusqu’à écrire que le gouvernement de Vichy avait même probablement fait davantage pour la protection des juifs français que pour la défense des intérêts de la France ! 

On voit donc que les discours, les points de vue et les éléments de langage ont bien changé en l’espace de quelques décennies. Et, à notre avis, beaucoup plus pour des raisons politiques, idéologiques et stratégiques (de volonté de culpabilisation des Français et de domination du lobby judéo-sioniste) que du fait de progrès historiographiques objectifs, sereins et indiscutables. 

MAIS CE n’est peut-être pas ce qui est le plus frappant dans le jugement du 10 décembre. Le plus étonnant, c’est que la même juridiction (la XVIIe chambre correctionnelle, celle de la presse) m’a condamné lourdement (bien que le Parquet eût requis une peine bien plus sévère encore : six mois d’emprisonnement ferme !) alors qu’Eric Zemmour a, lui, été totalement relaxé, blanchi, le 4 février dernier, il y a donc quelques mois seulement, pour avoir tenu des propos en tous points similaires. Le 21 octobre 2019, dans l’émission Face à l’info sur CNews, celui qui est désormais candidat à la présidentielle débattait avec Bernard-Henri Lévy de la guerre en Syrie. L’échange entre les deux coreligionnaires déviait sur l’implication des Etats-Unis dans les conflits internationaux, jusqu’à mentionner la Seconde Guerre mondiale.  « Un jour, dans une autre émission, vous avez osé dire que Pétain avait sauvé les juifs français. C’est une monstruosité, c’est du révisionnisme », déclarait alors BHL qui critique Zemmour dans les débats puis se réconcilie avec lui dans les restaurants casher ou à la synagogue, à l’instar de ces députés qui s’injurient dans les travées de l’Assemblée nationale, puis se tapent sur l’épaule à la buvette. Et Eric Zemmour de lui rétorquer lors du duel : « C’est encore une fois le réel, je suis désolé. ». 

Pour ces propos, Zemmour comparaissait donc le 9 décembre devant la XVIIe pour « contestation de crime contre l’humanité ». Lors de l’audience, le polémiste contestait cette accusation de “négationnisme”, tout en réitérant son propos, selon lequel « 90 % des juifs français ont été sauvés par le maréchal Pétain ». Le parquet de Paris avait requis 10 000 euros d’amende, mais, lors du jugement, rendu le 4 février 2021, le tribunal avait relaxé Zemmour, jugeant, ce qui est incroyable et pour le coup ne constitue en rien une considération juridique, que ces propos avaient été prononcés « à brûle-pourpoint lors d’un débat sur la Syrie ». Pour les magistrats de la XVIIe, Zemmour avait bien contesté un crime contre l’humanité en jugeant le maréchal Pétain protecteur des juifs français, mais le tribunal, plein d’aménité, avait totalement relaxé le sépharade au motif qu’il n’avait pas eu le temps de réfléchir, qu’il s’agissait d’un débat portant sur un autre sujet, qu’il s’agissait de propos prononcés « à brûle-pourpoint ». 

Celle-là, il fallait oser la sortir ! Alors que Zemmour est rompu à l’exercice des débats télévisés, qu’il maîtrise parfaitement la rhétorique, qu’il s’est exprimé de nombreuses fois sur le sujet, y compris par écrit, de manière pensée et réfléchie, dans son livre Le suicide français, c’est vraiment se moquer du monde. 

QU’ON NOUS COMPRENNE BIEN : nous sommes pour la liberté de l’esprit et nous trouverions en soi tout à fait normal et légitime qu’Eric Zemmour, comme tout un chacun, puisse s’exprimer librement et ne soit ni poursuivi ni condamné pour de libres propos relatifs à la Seconde Guerre mondiale, ou d’ailleurs à tout autre sujet. Mais ce qui est invraisemblable et choquant, c’est que lui soit relaxé (tant mieux pour lui, bien sûr) et moi lourdement condamné pour des propos parfaitement similaires. D’autant que j’avais expliqué aux magistrats, lors de l’audience, le 27 octobre dernier, que si j’assumais bien sûr tous mes propos, il s’agissait non pas d’une vidéo consacrée à la rafle du Vel d’Hiv, ni à la Seconde Guerre mondiale mais à différents sujets d’actualité et que mes déclarations, d’ailleurs nullement préméditées et préparées mais purement spontanées, n’étaient qu’une incidente du raisonnement, comme on peut d’ailleurs aisément le vérifier en visionnant la vidéo qui est aujourd’hui sur notre chaîne Odysee (puisque notre compte YouTube a été clôturé, bien malgré nous, il y a un an). Comme Eric Zemmour sera rejugé en appel le 20 janvier 2022 (il a d’ailleurs répété le 26 septembre 2021 que « Vichy a protégé les juifs français et donné les juifs étrangers », dans l’émission le Grand Rendez-Vous d’Europe 1 et CNews), on verra bientôt quelle sera la décision de la cour d’appel de Paris. Ce sera très intéressant à observer et à analyser.

Mais, en attendant, il est difficile de ne pas penser qu’il y a des citoyens plus égaux que d’autres et que, pour traiter librement de certaines questions, disposer d’une réelle liberté de parole, de manœuvre et d’action, il vaut mieux dans notre pays occupé, défiguré et asservi faire partie de certaines minorités ethniques, confessionnelles ou sexuelles. Dans leur République judéo-maçonnique, mieux vaut, semble-t-il, faire partie de l’opposition contrôlée plutôt qu’être un opposant véritable, mieux vaut être invité régulièrement derrière les petits écrans plutôt qu’en être totalement exclu, mieux vaut être un juif berbère maghrébin qu’un Français de souche blanc, catholique et fier de l’être. […]

RIVAROL, <jeromebourbon@yahoo.fr>. 

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Billet hebdomadaire

La Russie, les Etats-Unis et l’Ukraine : une dangereuse escalade

L’Ukraine désire intégrer l’OTAN tandis que celle-ci poursuit ses provocations près de la frontière russe. Une nouvelle occasion pour les Etats-Unis de raviver les tensions avec la Russie.

LA MISE EN GARDE DE POUTINE

Le 18 novembre dernier, Vladimir Poutine s’est exprimé devant des diplomates russes sur l’expansion de l’OTAN. Le président russe a déclaré que l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) devrait fournir des garanties sécuritaires à Moscou, soulignant que les bombardiers stratégiques des pays membres de l’Alliance volaient à 20 kilomètres des frontières de son pays, et que « cela dépassait vraiment la ligne rouge ». Il a évoqué les manœuvres militaires de l’OTAN en mer Noire : « Nous informons constamment l’Occident de nos préoccupations au sujet de l’élargissement de l’OTAN à l’Est et nous évoquons également nos propres lignes rouges, mais nos avertissements ont été complètement ignorés par nos partenaires occidentaux. »

Vladimir Poutine a ajouté que « les récents avertissements russes ont eu, cependant, un certain effet et ont suscité l’inquiétude de l’Occident ».

« Il y a deux points à souligner : le premier est que cet état d’inquiétude doit se maintenir le plus longtemps possible, afin qu’ils (pays membres de l’OTAN) évitent de penser à alimenter un conflit inutile sur nos frontières, et le deuxième point concerne le fait que la Russie puisse obtenir de l’OTAN des garanties de stabilité et de sécurité à long terme », a expliqué le président russe.

Lors d’une interview diffusée à la télévision russe le 13 novembre 2021, Poutine a déclaré que les manœuvres de l’Alliance atlantique interviennent à un moment où les media occidentaux ne cessent de répandre des allégations infondées sur l’intention de la Russie d’« envahir l’Ukraine ».

Selon le ministère ukrainien de la Défense, la Russie continue de renforcer sa présence militaire aux frontières de l’Ukraine.

Le 10 novembre dernier, Washington avait demandé à Moscou des “clarifications” sur les mouvements de troupes “inhabituels” près de la frontière russo-ukrainienne, mettant en garde la Russie contre le fait de reproduire la même « grave erreur » qu’en 2014, à l’origine alors du déclenchement de la guerre dans l’est de l’Ukraine.

Le porte-parole du Pentagone, John Kirby, avait appelé Moscou à « respecter les Accords de Minsk », qui prévoient notamment une démilitarisation de la frontière russo-ukrainienne.

UN DIALOGUE DE SOURDS

Le 7 décembre dernier, Vladimir Poutine s’est entretenu avec le Président des Etats-Unis, Joe Biden, sur le cas ukrainien. 

Durant ce dialogue, Joe Biden a menacé la Russie de « fortes sanctions » si elle envahissait l’Ukraine, et Poutine a exigé « des garanties juridiques sûres excluant un élargissement de l’Otan à l’Est ».

Le conseiller à la Sécurité nationale américain, Jake Sullivan, a déclaré que Biden n’a pas fait de « promesses ni de concessions » face aux demandes de Vladimir Poutine, qui voudrait en particulier que l’Otan ferme sa porte à l’Ukraine.

Le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov, a précisé, quant à lui, que « les soldats russes sont sur leur territoire, ils ne menacent personne, le président (Poutine) l’a dit ».

L’OTAN ET LA TACTIQUE DU SALAMI

Vladimir Poutine a dit à plusieurs reprises aux pays de l’OTAN, à commencer par les Etats-Unis, qu’il y avait une ligne rouge à ne pas dépasser. Et c’est justement cette ligne que l’OTAN est en train de franchir. G. Diesen, professeur à l’Université du sud-est de la Norvège et rédacteur de Russia in Global Affairs, a ainsi analysé la situation : « Les lignes rouges portent sur la dissuasion. On les dessine pour communiquer des intérêts de sécurité considérés comme cruciaux et les graves conséquences qui en résulteraient s’ils sont menacés. En substance, les ultimatums lancés par Moscou cherchent à empêcher l’OTAN de commettre une dangereuse erreur de calcul.

La dissuasion repose sur les trois “C” : capacité, crédibilité et communication. La Russie a la capacité militaire d’agir, si ces lignes rouges sont franchies. Elle a démontré la crédibilité de sa volonté d’agir face aux menaces. Et elle sait que l’information doit être communiquée clairement pour éviter que l’Occident ne fasse des faux pas qui nécessiteraient une riposte énergique. »

Quant aux agissements de l’OTAN vis-à-vis de la Russie, G. Diesen les qualifie de tactique du salami. « Comme l’indique le nom, la tactique du salami implique la conquête au moyen de la découpe progressive de tranches fines. Aucune action seule n’est si scandaleuse pour constituer un prétexte à la guerre. Mais un jour, vous vous réveillez pour voir combien de terrain vous avez perdu.

La tactique du salami est une option attrayante pour les acteurs expansionnistes comme l’OTAN, qui poursuit des expansions limitées à répétition, pour ainsi créer progressivement une nouvelle réalité sur le terrain. De telles tactiques évitent une escalade rapide et limite l’opposition, des alliés comme des adversaires : les plaintes des alliés peuvent être ridiculisées, et toute réponse des adversaires peut être dénoncée comme disproportionnée. »

C’est ainsi que Washington peut faire mine de s’offusquer des réponses, jusqu’ici modérées, de la Russie face aux manœuvres de l’OTAN. Quand la Russie se défendra militairement, elle sera présentée comme la force d’agression. 

Les différentes étapes des tactiques du salami ont été décrites par G. Diesen qu’il est utile ici de citer longuement pour comprendre la stratégie de l’OTAN : « L’OTAN est un maître de la tactique du salami. Initialement, ce bloc militaire avait promis à l’URSS, suivie par la Russie, de ne pas s’étendre d’un pouce vers l’Est. Par la suite, un “Partenariat pour la paix” a été établi et vendu aux Russes comme alternative à l’expansion, bien que ce “partenariat” soit finalement devenu un tremplin vers l’expansion de l’OTAN en alignant les forces armées des États d’Europe centrale et orientale sur les normes de l’OTAN.

Le bloc militaire s’est élargi en 1999 avec l’adhésion de la Pologne, de la Hongrie et de la République tchèque. Mais l’OTAN a assuré à la Russie que cela ne changerait pas radicalement l’équilibre des forces. En plus, l’OTAN a tenté d’atténuer les appréhensions de la Russie en proposant l’Acte fondateur OTAN-Russie sur les relations mutuelles, la coopération et la sécurité, Acte qui devait garantir qu’il n’y aurait pas de “stationnement permanent de forces de combat substantielles” dans les nouveaux États membres de l’OTAN.

Sautons rapidement quelques années en avant, et onze autres pays avaient rejoint le bloc. Il n’y avait plus aucune prétention à honorer l’Acte fondateur. Car des bases militaires et des missiles étaient en voie d’être stationnées en Pologne et en Roumanie, et l’OTAN avait déjà les yeux rivés sur l’Ukraine.

L’invasion de la Yougoslavie par l’OTAN, à laquelle s’est farouchement opposée la Russie, et illégale selon les normes internationales, a également suivi la tactique habituelle du salami. Après l’invasion, l’OTAN s’est créée une certaine couverture légale et le consentement implicite de la Russie en obtenant un mandat de l’ONU en juin 1999 pour l’occupation du Kossovo (territoire de la Yougoslavie) à la condition spécifique de maintenir l’intégrité territoriale de la Yougoslavie. Mais au lieu de cela, l’occupation a été utilisée pour changer les réalités sur le terrain, et, en 2008, la majorité des États membres ont reconnu l’indépendance du Kossovo, en violation du droit international. […]

Jean TERRIEN.