n°3506 du 16/2/2022
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Rivarol n°3506 du 16/2/2022 (Papier)

Editorial

Macron, l’homme lige de la révolution arc-en-ciel

ILS NE RECULENT DEVANT RIEN. Pour la Saint-Valentin les Jeunes avec Macron, le mouvement de jeunesse de la République en marche, ont lancé une campagne  destinée à lutter contre l’abstention pour l’élection présidentielle. La cible : les jeunes célibataires avec des affiches de nature quasiment pornographique diffusées sur trois applications de rencontres très fréquentées : Tinder, Bumble et Grindr. Auprès de BFMTV, un porte-parole des Jeunes avec Macron a évoqué la stratégie : créer un profil “Premium” sur chaque application, avec une affiche représentant un couple et un slogan « Je vote et toi ? ». Mais quels sont les “couples” en question ? Trois affiches ont été choisies, et elles ne doivent rien au hasard. Sur l’affiche de gauche, on voit un homme et une femme qui s’embrassent (jusque-là rien de contre-nature), sur celle au centre, deux hommes noirs se tiennent par la tête prêts à s’embrasser goulûment et sur celle gauche deux jeunes femmes blanches enlacées s’embrassent sur la bouche. Voilà la conception de l’amour et de la famille de la Macronie : un couple hétérosexuel et deux paires homosexuelles, l’une féminine (deux blanches), l’autre masculine (deux noirs).
Et les Jeunes avec Macron ne sont pas là à leur premier essai. Dans leur programme officiel qui est évidemment celui que portera le chef de l’Etat une fois officiellement candidat à sa succession, ils ont indiqué qu’il sera désormais possible pour tout un chacun de changer de sexe à partir de l’âge de 13 ans. Sachant que l’adolescence est généralement une période de la vie difficile, celle de la lente structuration du moi, de la puberté, et qu’il n’est pas rare à cette époque de la vie de se sentir mal dans sa peau, que l’on profite de cette fragilité, de cette faiblesse pour conduire des jeunes gens et des jeunes filles à se mutiler, à détruire leur vie, à briser leur destinée, à violenter et à nier la nature, en les encourageant à changer de sexe, d’identité, de prénom, de façon de s’habiller, est une folie et un crime. Or la Macronie défend et promeut ce crime. L’objectif, en accord avec les associations et mouvements transsexualistes qui ont leurs ronds de serviette dans les collèges et lycées de France et viennent déverser en toute impudeur et en totale impunité leur propagande immonde et abjecte sur nos têtes blondes et crépues, est de détruire notre jeunesse, de souiller son corps et son âme. La drogue et la pornographie de masse ne suffisaient pas, ils veulent aller encore plus loin. Et malheureusement beaucoup de parents démissionnaires sont incapables de défendre leur progéniture contre ce qui n’est ni plus ni moins qu’une forme d’assassinat de leurs enfants, une profonde destruction et un viol de leur être le plus intime, une offense odieuse au Créateur et à la nature, un attentat à la vie, à la santé de l’âme et du corps, au bon sens, à la raison.
Il ne faut pas prendre tout cela à la légère : rares aujourd’hui sont les collèges et les lycées où il n’y a pas des adolescents qui prétendent souffrir de dysphorie de genre et qui sont résolus à changer de sexe, qui sont en processus dit de transition ou de transidentité. Comme si c’était possible de changer de sexe, de genre. Il s’agit en réalité d’affreuses mutilations aux conséquences irréversibles. Qu’on ne vienne pas nous dire qu’il n’y a pas là une volonté satanique de détruire la famille, la société, l’individu dans son intimité la plus profonde. Peut-on envisager perspective plus cauchemardesque ?

NE NOUS FAISONS aucune illusion, un second mandat présidentiel de Macron conduira à la mise en œuvre à marche forcée des révolutions sociétales et anthropologiques les plus folles, les plus criminelles. Et comme il ne sera pas soumis à réélection puisque la Constitution limite désormais à deux quinquennats maximum les mandats de président de la République, Macron pourra encore plus facilement tout se permettre. Les cinq prochaines années risquent de voir la mise en œuvre législative non seulement du transsexualisme (qui commence déjà à se développer) dès la sortie de l’enfance, voire même avant, mais également de la gestation pour autrui, prolongement logique du “mariage” homosexuel et de la procréation médicalement assistée ouverte aux lesbiennes, où il s’agit de louer des utérus pour des paires homosexuelles (feu le cynique pédéraste Pierre Bergé ne disait-il pas qu’on pouvait louer des ventres au même titre qu’on loue des bras pour travailler ?), de l’euthanasie active et du suicide assisté, qui sont des marqueurs de gauche. Christiane Taubira à laquelle on doit le « mariage pour tous » s’est ainsi engagée, si elle était élue, à mettre en œuvre une nouvelle grande réforme affirmant « le droit de mourir dans la dignité », c’est-à-dire en réalité à légaliser l’euthanasie. On ne sort décidément pas du règne de la seringue : après celle pour lutter, dit-on, contre le covid, mais dont les effets secondaires sont loin d’être toujours anodins, voici l’injection pour tuer purement et simplement, au nom bien sûr de la dignité. Quand les politiciens et les media parlent de dignité, mieux vaut courir à toutes jambes. Car c’est en général pour justifier et promouvoir les pires ignominies.
Et d’ores et déjà nous allons avoir droit à un allongement des délais légaux pour avorter, de 12 à 14 semaines. Il y a quelques jours à peine, le 10 février, l’Assemblée nationale a en effet adopté en nouvelle lecture la proposition de loi « visant à renforcer le droit à l’avortement » et dont la mesure-phare (ou plutôt ténébreuse) étend les délais d’IVG de 12 à 14 semaines de grossesse. C’était 10 semaines au moment de la loi Veil (1975), cela fut porté à 12 semaines au moment de la loi Aubry (2001) et ce sera désormais 14 semaines. En attendant pire. Après un nouvel examen au Sénat le 16 février, le texte devrait être définitivement adopté le 23 février à l’Assemblée nationale, ouvrant la voie à sa promulgation. Ce sera l’une des dernières mesures du premier quinquennat de Macron, une des plus emblématiques : faciliter et démultiplier le massacre industriel des innocents. Cette responsabilité ne lui sera pas ôtée. Le gouvernement, de manière hypocrite, affirme qu’il s’en tiendra à la décision souveraine du Parlement, alors même qu’il a tout fait en sous-main pour que cette proposition de loi soit discutée et adoptée. Quel cynisme ! On notera à cet égard qu’aucun mouvement politique jouant la carte électorale aujourd’hui, qu’aucun candidat déclaré à la présidentielle et ayant quelque chance d’obtenir les 500 parrainages, ne propose de défendre la vie de la conception à la mort naturelle. Aucun n’entend en finir avec ces sacrifices humains à grande échelle. Aucun même ne propose d’en supprimer le remboursement à 100 % ou d’en restreindre l’accès et les conditions, ce qui serait de toute façon en soi largement insuffisant car toute vie innocente doit être protégée et sauvée. Mais ce qui est frappant et tristement révélateur, c’est qu’aucun n’est capable aujourd’hui de défendre, fût-ce la moindre restriction, à ce crime de masse. Tous disent qu’ils ne toucheront pas « aux droits des femmes » (de tuer le fruit de leurs entrailles). Et ces candidats prétendent néanmoins vouloir sauver la France, la civilisation. Quelle imposture ! Mais de quelle civilisation parlent-ils ? Celle qui tue massivement l’enfant innocent ne mérite pas le nom de civilisation mais celui de barbarie. Et dans une société où la mère ne protège plus le fruit de ses entrailles, comment s’étonner que les parents eux-mêmes ne s’opposent plus souvent à la mutilation de leurs enfants appelée pudiquement transition ou transidentité ?
LA RÉÉLECTION de Macron est hélas aujourd’hui probable, même s’il peut se passer bien des choses encore dans les dernières semaines de campagne. Le chef de l’Etat retarde au maximum son entrée officielle en campagne. Il a jusqu’à début mars et la fin de la collecte des parrainages pour le faire. Pourquoi se presserait-il ? De Gaulle et Mitterrand n’avaient annoncé leur volonté de se représenter qu’un mois seulement avant le premier tour, le 4 novembre 1965 pour le premier, le 22 mars 1988 pour le second. Cela leur avait plutôt réussi. En attendant, Macron peut se délecter du spectacle offert par ses concurrents : Pécresse est lâchée par plusieurs ténors des Républicains qui lui préfèrent le président sortant, Sarkozy dit pis que pendre d’elle en privé et souhaiterait en douce la réélection de Macron, ce qui lui permettrait égoïstement de rester le seul ancien président « de droite » vivant et donc de garder encore une certaine autorité sur son camp. Quant à Pécresse, son grand meeting le dimanche 12 février à Paris a été un naufrage. Très mauvaise oratrice, elle a lu sans talent un texte mal écrit, mal ficelé, sans souffle et sans grand dessein, avec une gestuelle et des expressions robotiques qui faisaient un effet catastrophique. Dans la mesure où dans la perspective du second tour, c’était Pécresse qu’il craignait le plus car c’est elle qui avait objectivement le plus de chance de l’emporter face à lui, le chef de l’Etat peut être heureux et soulagé. D’autant qu’à gauche la candidature de Mélenchon ne semble pas prendre cette fois comme il y a cinq ans, notamment parce qu’il est concurrencé cette fois par une candidature authentiquement communiste, celle de Fabien Roussel. Et à la “droite” de Macron, Pécresse, Marine Le Pen et Zemmour semblent pour l’heure scotchés chacun autour de 15 % et semblent avoir du mal à se détacher, à enclencher une vraie dynamique. La primaire sauvage (dans tous les sens du terme) entre la candidate du Rassemblement national et le chef de Reconquête produit des divisions et des haines fratricides de plus en plus meurtrières comme en témoignent les insultes et noms d’oiseaux qui pleuvent sur les réseaux sociaux, les accusations réciproques de trahisons entre les marinistes pur jus et les élus et cadres du RN rejoignant le camp de Zemmour et tout cela donne un côté politicien de tambouille électorale des plus déplorables et démobilisateurs. Macron peut donc avoir le sourire.
A l’heure actuelle, et sauf surprise de dernière minute toujours possible, tout semble en place pour que Macron se succède à lui-même. Il a, semble-t-il, pensé à tout. Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal — qui s’est bien gardé de rendre le moindre hommage au grand professeur Luc Montagnier (1922-2022) qui vient de décéder, probablement parce qu’il n’avait pas tenu sur le covid les déclarations conformistes qu’on attendait de lui —  a ainsi déclaré que le passe sanitaire pourrait être levé « fin mars ou début avril ». Soit quelques jours seulement avant le premier tour de la présidentielle fixé au 10 avril. Et avant sans doute de le remettre en vigueur après les élections législatives des 12 et 19 juin ? La Macronie prend décidément les électeurs pour des imbéciles. Mais le pire, hélas, c’est qu’elle n’a probablement pas tout à fait tort.

RIVAROL, <jeromebourbon@yahoo.fr>. 

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Billet hebdomadaire

Chronique de la France asservie et… résistante

Cette campagne de la présidentielle est décidément amusante. Les noms d’oiseaux volettent en escadrille dans tous les partis. C’est le cas chez les LR notamment, qui subissent une hémorragie (cf. Eric Woerth, président de la commission des Finances et ancien ministre du Budget de Sarkozy, ou Natacha Bouchart, le maire LR de Calais, qui rejoignent Emmanuel Macron, et ce n’est pas fini). Valérie Pécresse, critiquée quant à sa campagne par Rachida Dati, a du souci à se faire, lourdement menacée dans les sondages par Eric Zemmour et Marine Le Pen, « n’imprimant pas », elle doit subir les avanies de la redoutable Rachida Dati, maire du 7e arrondissement de Paris, qui s’en est pris avec une violence inouïe à son directeur de campagne, Patrick Stefanini qui l’avait quelque peu critiquée sur les plateaux de télévision quant à sa campagne des municipales de Paris. Or il faut savoir que Rachida est une teigneuse qu’il vaut mieux avoir la prudence d’approcher avec un gilet pare-balles renforcé. Du coup, le directeur de campagne eut droit aux doux qualificatifs de “looser”, de “déserteur” qui est « condamné pour emplois fictifs »…
Et Rachida de sortir la sulfateuse contre celui qui prétend être le grand expert ès campagnes électorales, ayant conseillé Chirac et Sarkozy. En fait, c’est un nul pour Rachida qui déclare : « Ils lui ont offert le gîte et le couvert, puisque le RPR de l’époque, jusqu’aux Républicains de ce jour, lui ont offert des circonscriptions en or partout en France, du nord au sud, de l’est à l’ouest, à Paris compris » et « il n’en a gagné aucune », a-t-elle martelé. « Il faut arrêter avec la légende qu’il a fait gagner des candidats ». Stefanini a tenté désespérément de se rattraper en osant un petit cirage de pompes, déclarant que, contrairement à ce qu’il avait dit une semaine plus tôt, la campagne des municipales de 2020 de Rachida avait été « courageuse et dynamique », l’« inspirant tous les jours ». Réponse très humaniste de l’ancienne garde des Sceaux, sans pitié : « il a rectifié ses propos de manière assez pathétique ». On voit chez LR une ambiance comparable à celle qui règne chez Marine Le Pen… Mais, au fait, où en sont les sondages qui créent un début de panique chez plusieurs candidats ?

Sondages : panique à bord

Dans le dernier sondage Ipsos, Zemmour (en progression de 2 points), est à 14 %, comme Marine Le Pen, qui chute de 3 points, Valérie Pécresse étant créditée de 16, 5 %, derrière Macron, 24 %. La dynamique semble actuellement du côté d’Eric Zemmour. Mélenchon est à 9 %, Jadot à 8 %, tandis que Hidalgo et Taubira sont à 3 %. Un naufrage ! Dans le dernier sondage Ifop, Marine Le Pen est à 17,5 %, Zemmour à 14,5 % et Pécresse à 15 %, Mélenchon se situant à 10,5 % et Jadot à 9 %, Taubira à 3 % et Hidalgo à 2 % ! Quant au dernier sondage BVA/Orange pour RTL du vendredi 11 février, le seul vraiment à la hausse selon les commentateurs est Éric Zemmour. Il gagne un point et demi et arrive à 14 %. Marine Le Pen, qui perd un point, est toujours devant, mais jusqu’à quand ? Valérie Pécresse, quant à elle, a du souci à se faire. Elle a perdu un point et demi pour s’établir à 14,5 %. Éric Zemmour talonne la candidate LR d’un demi-point. Eric Zemmour poursuit en fait une campagne totalement de premier tour, assumant de provoquer une forte hostilité, mais ce qui l’amène à bénéficier d’une certaine adhésion, tant dans des milieux de droite, disons radicale (sauf les plus judéocritiques), que chez les bourgeois versaillais ou chez les agriculteurs de la Nièvre. Ainsi Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuilly-sur-Seine, vient-il de déclarer sur RTL : « les électeurs de Neuilly se partagent pour un tiers en envisageant de voter Macron, un tiers pour Valérie Pécresse et un tiers pour Eric Zemmour ». En fait, notent les observateurs, Zemmour s’est inspiré des recettes de la campagne de 2017 d’Emmanuel Macron, de candidat se disant anti-système et qui bouscule tout, et depuis quelques semaines, il reprend les codes de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy jusqu’à piocher dans ses recettes.

RAVIER QUITTE MARINE LE PEN POUR ÉRIC ZEMMOUR

L’unique sénateur du RN, Stéphane Ravier, a officiellement rejoint Eric Zemmour le dimanche 13 février. Il l’a annoncé publiquement au grand jury Europe 1-Cnews. Il a aussitôt été propulsé après cette annonce responsable de Reconquête pour Marseille et s’est rendu après l’émission d’Europe 1 au siège de campagne parisien de Zemmour qui l’a chaleureusement reçu et où il a été ovationné par les militants zemmouriens qui lui ont fait une haie d’honneur en criant : à pleins poumons “Stéphane”, “Stéphane”, ce dont Ravier était ravi.
C’est la fin, somme toute logique et prévisible, d’un psychodrame d’une quinzaine de jours. L’origine officielle de la crise est le parrainage accordé à Eric Zemmour par Sophie Grech, une élue du groupe RN à la mairie de Marseille et à la région PACA, provoquant l’exclusion immédiate du parti de l’intéressée et une scission du groupe présidé par Stéphane Ravier (quatre marinistes, cinq raviéristes) à la demande de Marine Le Pen. Ravier refuse de se séparer de « son amie » Sophie Grech malgré les consignes du RN. L’ambiance est d’autant plus tendue que Ravier et le président du groupe mariniste, Franck Allisio, se haïssent méthodiquement. Une conversation téléphonique de la dernière chance, le lundi 7 février, avec le président par intérim Jordan Bardella, à la demande explicite de Ravier, devait appaiser la situation. Ce fut l’inverse. Ravier, au sortir de cette réunion supposée être de “conciliation”, dénonça un « coup de couteau dans le dos » et les “oukases” édictés depuis Paris, traitant Allisio d’« élément perturbateur et saccageur ».
Réplique des marinistes : le refus de Stéphane Ravier d’exclure la néo-zemmourienne Sophie Grech du groupe municipal RN à Marseille est « une tentative d’assassinat politique envers Marine Le Pen », dixit Allisio. Il est vrai que Ravier était déjà dans le collimateur depuis que le sournois, qui déjeunait fin novembre avec Marine Le Pen, ne l’avait à aucun moment informée que, quelques jours plus tard, il accueillerait Eric Zemmour à Marseille. Ce qui laisse supposer que Ravier, dépité de n’avoir pas été intégré au bureau exécutif du RN lors du congrès de Perpignan en juillet 2021 bien qu’il fût le seul sénateur RN et mal à l’aise avec l’actuelle ligne politique de la direction du RN et ses méthodes brutales de gestion des ressources humaines, avait préparé et orchestré son départ théâtralisé depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
La saga ne s’arrête pas là : le mercredi 9 février, Stéphane Ravier confirmait qu’il donnerait son parrainage à Marine Le Pen, sans toutefois exclure Sophie Grech. Il expliquait qu’en tant qu’homme d’honneur, ayant promis son parrainage à Marine Le Pen, il le lui donnerait. Habile voire machiavélique. Car en partie libéré du soupçon de trahison,  il n’a pas hésité à rejoindre Zemmour. Stéphane Ravier avait appelé les instances du parti à trancher entre lui et Franck Allisio. Elles tranchèrent bien sûr au profit du mariniste compulsif. Réplique de Stéphane Ravier qui avait réuni 150 militants devant sa permanence à Marseille le jeudi 10 février au soir : « Vous avez toujours pu compter sur moi, aujourd’hui c’est moi qui ai besoin de vous « , ajoutant vouloir « vous rencontrer pour vous expliquer les détails du coup de couteau dans le dos qui nous a été planté par Paris », poursuivant : « Jordan Bardella a fait savoir que Franck Allisio avait tout son soutien. Le choix a donc été fait, celui d’un bureaucrate parisien qui a saccagé 30 ans de travail à Marseille ». Et le sénateur des Bouches-du-Rhône d’en appeler au « peuple marseillais », de jouer Marseille contre Paris et d’annoncer qu’il se retirait « de toutes les instances parisiennes » du RN (du Bureau national ainsi que du Conseil national) et qu’il créait son mouvement local, Marseille d’abord. Dans les minutes qui suivaient, toutes les affiches et références au RN disparaissaient des murs de la permanence de Ravier…

UN COUP DE BOULE QUI FAIT DU BRUIT

Mais il aurait été surprenant que l’histoire s’arrêtât là. Après tout, nous sommes à Marseille. Le délégué des « Jeunes avec Marine Le Pen » dans les Bouches-du-Rhône, Enzo Alias, affirme, photo à l’appui sur Twitter, avoir reçu un coup de tête de la part de l’assistant parlementaire de Stéphane Ravier, Antoine Baudino, lors de cette réunion. Il a expliqué sur BFMTV, le nez quelque peu ensanglanté : « Je voulais juste écouter ce qu’allait dire Stéphane Ravier, même si je suis pas du tout d’accord avec ce qu’il dit, et là, son assistant parlementaire […] m’a mis un coup de boule en plein nez, juste avant que Stéphane Ravier n’arrive », concluant douloureusement par : « De véritables méthodes de voyous ! » Quelle bouillabaisse !

Quelle mythomane, cette Marine Le Pen !

Mon Dieu, que la séquence était émouvante ! Le 28 janvier dernier, Marine Le Pen a commenté avec émotion, sur CNews, chez Laurence Ferrari, la décision de Marion Maréchal, sa nièce, de ne pas la soutenir à la présidentielle, évoquant leur « relation particulière ». Les larmes aux yeux, elle a avoué à propos de cette trahison : « c’est brutal, c’est violent, c’est difficile pour moi ». Et d’ajouter qu’elle a été comme une mère pour Marion qui lui tourne aujourd’hui le dos. Marine Le Pen en effet assuré à propos de Marion Maréchal : « je l’ai élevée avec ma sœur pendant les premières années de sa vie ». Emouvant, certes, sauf que cette histoire est parfaitement fantaisiste. La soeur en question, Yann, par ailleurs mère de Marion, est folle de rage. Jean-Marie Le Pen, le grand-père de Marion, a mis les choses au point dans le JDD (Journal du dimanche) du 6 février, racontant que « Yann a élevé sa fille toute seule, Marine raconte des histoires ». Non, Marine n’a jamais changé les couches de Marion. Ce n’est pas beau de mentir, petite Marine !

Quelle ambiance chez les Le Pen !

L’Express, dans une enquête inédite dévoilée lundi 7 février, par la journaliste Camille Vigogne Le Coat, raconte cette petite réunion familiale chez les Le Pen, dimanche 30 janvier, pour célébrer la Chandeleur. On apprend que « Jean-Marie Le Pen a eu son rond de serviette, entouré de ses deux filles, Marie-Caroline et Marine, et de son ex-femme, Pierrette (86 ans), experte en pâte à crêpes ». L’omniprésence de Pierrette, l’experte en pâtes à crêpes, ne plaît d’ailleurs que très moyennement, et le terme est faible, à Jany Le Pen (89 ans) qui ne peut pas la supporter, pas davantage qu’elle ne souffre Marine (qui le lui rend bien). On apprend à la lecture de l’article que « ni Marion ni Yann (sœur de Marine et mère de Marion) n’étaient invitées ». Ambiance… L’article aborde aussi un sujet délicat. On sait que Jean-Marie Le Pen (93 ans) a été victime, il y a quelques jours, d’un AVC oculaire et hospitalisé. « Sans gravité », insiste son entourage. Il est d’ailleurs sorti de l’hôpital. L’Express raconte cependant que « dans les états-majors d’Eric Zemmour et de Marine Le Pen, l’éventualité de son décès pendant la campagne revient néanmoins comme une hypothèse que l’on émet à voix basse ». La question qu’ils se posent est celle-ci : à qui profiterait électoralement sa disparition ? Marine Le Pen, en tout cas, se la pose, avec le tact et la sensibilité qu’on lui connaît : comment gérer ce deuil, événement aussi familial que politique, s’il advenait avant l’élection ? En tout cas, elle espère que son père « ne sera pas présent » lors de son couronnement de présidente de la République. Voici ses propos tenus au micro de France Inter. Elle concède, qu’en cas de victoire, son premier appel serait pour son géniteur mais ajoute : « j’espère qu’il ne sera pas présent pour ne pas qu’il me tanne pendant toute la soirée ». Quelle belle et édifiante famille décidément !

RN : pourquoi partent-ils tous ?

Marine Le Pen a renoncé tout à coup à la suppression de la double nationalité, suscitant l’incompréhension et même l’indignation de la plupart des militants du RN, et sans même en parler auparavant en bureau politique, sans qu’il y ait eu le moindre débat ou la moindre étude sur la question. « J’ai évolué », explique-t-elle gravement. Le Monde a révélé les raisons de son “évolution” et l’histoire mérite d’être racontée in extenso. Je cite l’article du quotidien : « Printemps 2021. Un parfum de légumes mijotés flotte dans sa cuisine. Ce dimanche d’avril, à La Celle-Saint-Cloud (Yvelines), Marine Le Pen prépare un couscous merguez. Son invitée arrive. Voix douce, ligne athlétique et coupe afro, Rachel Kahn a publié l’essai Racée (L’Observatoire, 2021) qui étrille ce qu’elle nomme la “pensée victimaire” ». Mais qui est Rachel Kahn ? Elle est née à Tours d’un père gambien musulman et d’une mère juive d’origine polonaise. Tout pour plaire à Marine. Rachel coordonne un groupe de travail de La République en marche sur l’immigration, l’intégration et la laïcité pour la future campagne d’Emmanuel Macron, après avoir travaillé voilà quelques années auprès du président PS du conseil régional d’Île-de-France, le rocardien Jean-Paul Huchon. Le ministre chargé de la citoyenneté, Marlène Schiappa, l’a faite marraine du Prix de la laïcité ; le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, lui a remis le Prix littéraire des droits de l’homme. En juillet, elle avait vu son essai couronné du Prix du livre politique à l’Assemblée nationale, où elle avait fustigé « une colonisation woke et racialiste », et prôné « une identité infinie en relation avec l’autre ». C’est beau comme du Verlaine… Oui mais, Rachel Kahn eut à subir une avalanche d’attaques venues d’une partie de la gauche. Et voici la séquence émotion racontée par Le Monde : le 16 mars, Rachel Khan reçoit un SMS. Son expéditeur, Marine Le Pen, lui confie son « sempiternel sentiment d’injustice qui [l]’étreint devant tant de méchanceté et de sectarisme » (elle s’y connaît en méchanceté et en sectarisme !) « Je volerais bien à ton secours, mais pas sûr que ça n’aggrave pas la situation. Nous t’assurons de notre soutien, même discrètement. » Signé : « Marine Le Pen ». Et c’est ainsi que Rachel Kahn fut invitée à déjeuner en avril 2021 par Marine Le Pen dans un climat, raconte le quotidien, « de grande cordialité entre ces deux femmes qu’a priori tout oppose ». Et c’est ainsi que, poursuit Le Monde, Marine Le Pen « lissa son discours sur l’identité pour amadouer la gauche républicaine ». Et sans doute aussi la communauté juive car beaucoup d’israélites ont à la fois en France la nationalité française et la nationalité israélienne. C’est ainsi que Marine Le Pen renonça à la suppression de la double nationalité sans que quiconque n’en fût informé au sein de son parti. Et c’est ainsi que la parricide quinquagénaire disparaîtra dans les poubelles de l’Histoire… […]

Robert SPIELER.