Rivarol n°3507 du 23/2/2022
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Rivarol n°3507 du 23/2/2022 (Papier)

Editorial

Ce qu’on ne vous dit pas à propos du Grand Remplacement

LA MACRONIE NE RECULE DEVANT RIEN pour ouvrir la voie à une société de plus en plus mortifère. Et de ce point de vue la crise du covid 19 et la tyrannie sanitaire dont elle a été le théâtre et le prétexte favorise ses desseins. De même que l’on facilite les procédures et que l’on raccourcit les délais pour divorcer, de même que le Parlement a voté la possibilité de changer de patronyme sans aucune raison, au moins une fois dans sa vie, ce qui détruit encore davantage la famille, le rattachement à des racines et efface encore un peu plus la figure du père décidément honnie, de même qu’a été légalisée la PMA sans père, voici que par un décret publié le 19 février il est désormais possible d’avorter en téléconsultation jusqu’à neuf semaines d’aménorrhée. Mise en place pendant le confinement en 2020, cette mesure consistant à permettre aux femmes voulant avorter d’être reçues en téléconsultation par un médecin ou une sage-femme et de pouvoir retirer leur prescription mortifère dans une pharmacie proche de leur domicile et d’avorter seules chez elles avait été présentée comme provisoire. C’est toujours ainsi que les tenants de la culture de mort et du meurtre de masse procèdent : on présente des mesures objectivement criminelles comme expérimentales, transitoires, à l’essai et finalement non seulement on les inscrit dans la durée mais on en aggrave sans cesse la nocivité et l’horreur. Le délai de l’avortement médicamenteux à domicile est donc officiellement et définitivement rallongé, passant de cinq à sept semaines de grossesse, soit de sept à neuf semaines d’aménorrhée. Tout est fait, on le voit, pour faciliter, favoriser, démultiplier l’accès à l’avortement. Et naturellement on ment de manière éhontée en faisant croire aux femmes que l’acte en lui-même est anodin et n’a rien de traumatisant. Or, une jeune femme ayant hélas avorté à domicile confiait ces jours-ci sur Twitter que, contrairement à ce qu’on lui avait dit, ces avortements à domicile ne s’apparentent nullement au simple fait de prendre un cachet : « Hier, j’ai avorté. Et je crois qu’il faut que j’en parle parce que ce que j’ai vécu est finalement très loin de l’idée quez j’en avais. […] J’ai l’impression qu’on cache une partie de la violence du procédé. » Eh oui, tuer un être humain, la chair de sa chair, le fruit de ses entrailles, c’est tout sauf un acte anodin, cela ne peut se réduire à prendre un cachet et se dire : après, c’est fini, on passe à autre chose. Il y a un mensonge énorme dans la propagande abortive qui est de faire croire que pratiquer une IVG, comme ils disent, c’est un acte banal, sans conséquence, comme prendre le métro ou faire ses courses.
Et ils vont toujours plus loin dans l’horreur et la folie : ce mercredi 23 février, l’Assemblée nationale vote en dernière lecture la proposition de loi du député, Madame Albane Gaillot, qui étend les délais pour avorter, cette fois-ci de manière chirurgicale, de douze à quatorze semaines de grossesse. La loi sera promulguée dans les jours qui viennent. Un allongement des délais qui conduit à écraser la tête du fœtus, à s’acharner sur lui pour qu’il meure alors qu’il a déjà tout d’un être humain, un cerveau, un cœur qui bat et qui ne demande qu’à aimer et à être aimé, des bras et des jambes, une âme immortelle. Les parents sont toujours émerveillés de la première échographie de leur enfant où déjà se dessine un petit homme, où prend forme dans le ventre de la mère leur progéniture, ce qui sera leur plus grand bonheur, leur plus grande fierté, où l’échographiste donne à entendre les battements du cœur du bébé.

ON NOUS PARLE beaucoup pendant cette campagne électorale du Grand Remplacement. Le bigame Eric Zemmour en fait le cœur, le centre de ses discours et de ses préoccupations. Valérie Pécresse elle-même a employé à plusieurs reprises ce terme pour essayer de retenir ses électeurs tentés par la thématique de l’ancien journaliste. Désormais Jordan Bardella, président par intérim du Rassemblement national, utilise également ce concept que rejetait pourtant il y a peu encore Marine Le Pen qui y voyait sottement la marque d’un esprit complotiste. Mais ce qu’aucun des candidats à la présidentielle ne dit, c’est qu’il n’y aurait pas de Grand Remplacement, ou plus exactement que ce phénomène n’atteindrait pas l’importance, la gravité qu’il revêt s’il n’y avait pas chaque année en France l’avortement, c’est-à-dire le froid assassinat, d’environ 220 000 enfants français parfaitement viables et éliminés, sacrifiés sur l’autel de l’individualisme, de l’irresponsabilité, d’un égoïsme monstrueux, d’un refus de la vie et de la transmission.
Or ni Valérie Pécresse, ni Marine Le Pen, ni Eric Zemmour, ni aucun autre candidat susceptible d’obtenir d’ici le 4 mars les 500 précieux parrainages ne remet en question, même à la marge, ce permis de tuer, ces assassinats industriels. Pas plus qu’ils n’entendent limiter, restreindre, décourager la contraception de masse qui, elle aussi, est mortifère. Zemmour et Le Pen se sont publiquement prononcés pour la gratuité de la pilule pour les jeunes femmes jusqu’à 25 ans. Drôle de façon de vouloir lutter contre le Grand Remplacement. Car si les jeunes Françaises, les jeunes Européennes ne veulent plus d’enfants, à cause des contraintes que les grossesses et les naissances engendrent, alors, immigration ou pas, nous sommes perdus. Et c’est bien le problème actuellement : le refus de la vie. Lorsque j’étais au lycée à la fin des années quatre-vingt, j’étais déjà étonné de la façon dont on nous parlait de la grossesse qui était presque assimilée à une maladie, à un danger, à un grand malheur. Et les médecins qui venaient faire l’apologie du préservatif masculin censé protéger du sida insistaient surtout déjà sur les dangers d’avoir un bébé. On nous répétait qu’il fallait nous protéger avec le port de ce plastique infâme, comme on nous dit aujourd’hui de la même façon qu’il faut nous protéger avec le port du masque sur la bouche et sur le nez mais en réalité c’est la même logique mortifère et contre-nature qui est à l’œuvre : le refus de la vie, de l’engagement, de la transmission, du don de soi, le fait de considérer l’autre, non comme une personne à aimer, avec laquelle on peut construire quelque chose de solide, de sain, de durable, d’authentique si l’on s’entend bien et que l’on a des convictions communes, des centres d’intérêt semblables, mais comme un danger potentiel qu’il faut fuir ou dont il faut se défier en se protégeant par le port de masques ou de condoms. On est là à des années-lumière d’une société civilisée, raffinée, conquérante, pleine de vitalité, de joie, d’espérance, d’enthousiasme, qui aime et diffuse la vie, qui n’hésite pas à risquer, à se donner, à se sublimer, à se dépasser, à se transcender.

CERTES l’immigration massive que nous subissons à jets continus depuis des décennies est une menace sérieuse pour l’avenir de notre peuple, de notre nation, de notre continent, de notre civilisation. Mais il est plus grave encore que la submersion extérieure, c’est la subversion intérieure. Il y a un danger plus périlleux que les agressions externes, c’est la dissolution, l’effondrement, la démission interne, le suicide assisté.  Les Canadiens français, bien que dominés politiquement, ont résisté au Québec pendant plusieurs siècles face aux assauts du Canada anglophone et protestant grâce à leur foi catholique profonde, à leur vitalité démographique, à leur conscience nationale, à leur rayonnement spirituel. Mais tout s’est effondré à partir de la révolution tranquille de 1960 et des années et décennies qui ont suivi. De même les Espagnols catholiques ont mis plusieurs siècles à reconquérir leur intégrité et souveraineté territoriales lors de la Reconquista, mais ils y ont parfaitement réussi, précisément parce qu’ils avaient conservé de fortes convictions religieuses et nationales, qu’ils croyaient en eux-mêmes, à la justesse, à la noblesse de leur cause. On peut être minoritaire à un moment donné dans son pays, c’est certes un grand malheur qu’il ne faut souhaiter à personne. On peut toujours espérer reconquérir ce qui a été momentanément perdu, et en attendant conserver ce qui peut l’être, refuser le métissage, l’abdication de sa foi, de ses convictions, de son idéal. Mais si l’on n’a plus aucune certitude, aucune colonne vertébrale, aucune racine à laquelle se rattacher, si l’on ne sait plus d’où l’on vient, qui l’on est, où l’on va, si l’on n’a aucun attachement à la terre d’où nous venons et où nous retournerons, si l’on ne sait plus si l’on est un homme ou une femme, si demain on peut décider de changer de patronyme, de genre, d’identité, d’orientation sexuelle, de partenaire, de nationalité, de religion, comme l’on change de chemise, si l’on refuse absolument le principe de la transmission, de la vie, alors il n’y a plus aucun avenir, plus aucun espoir possible. Il n’est plus qu’à tirer l’échelle.
Macron règne actuellement sur les ruines de la gauche et de la droite non pas seulement à cause de la faiblesse et de la médiocrité de ses concurrents, et de l’atomisation, de l’éparpillement de l’offre politique mais aussi parce que les autres partis, les autres candidats, tout autant qu’ils sont, ne proposent en rien une réforme intellectuelle, morale et spirituelle. Ils ne sont en rien une véritable alternative au macronisme cosmopolite et mortifère. Aucun n’appelle, et pour cause, à une révolution des âmes, précisément parce qu’ils n’ont en eux aucune flamme, aucune doctrine, aucun principe directeur. Il n’est que de voir leur vie, leur parcours, leur profil, leur carrière pour s’en convaincre. Plus d’un quart des Français disent actuellement qu’ils ne se déplaceront pas pour voter lors de la présidentielle. Beaucoup de nos compatriotes considèrent cette campagne morne et sans intérêt. Mais comment pourrait-il en aller autrement lorsque l’essentiel est mis de côté, nié, occulté ? Car ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre mais de nourriture qui réchauffe le cœur, élève l’esprit, dilate les volontés, éclaire les intelligences et rassasie l’âme.

RIVAROL, <jeromebourbon@yahoo.fr>. 

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Billet hebdomadaire

Chronique de la France asservie et… résistante

L’eurodéputé et membre dirigeant du RN, membre du bureau exécutif, ancien secrétaire général du parti (2014-2017), porte-parole de la candidate Marine Le Pen, Nicolas Bay, a été suspendu mardi 15 février de toutes ses fonctions au sein du parti, qui l’accuse de “sabotage” au profit d’Eric Zemmour qu’il est soupçonné de vouloir rallier. Il est accusé par son propre parti de transmettre des « éléments stratégiques et confidentiels » au camp ennemi. Il est vrai que, récemment encore, il se montrait, interrogé par des journalistes, très ambigu quant à son soutien à Marine Le Pen. Le bureau exécutif, dont faisait partie l’eurodéputé, a écrit dans un message aux cadres du mouvement : « Nous avons eu confirmation que Nicolas Bay, profitant de sa présence dans les plus hautes instances de la campagne, transmet depuis des mois des éléments stratégiques et confidentiels à notre concurrent direct Eric Zemmour. Ceci a permis à plusieurs reprises le parasitage des événements de la campagne (il est vrai que Zemmour, informé (par qui ?) du projet de Marine Le Pen de se rendre aux Sables- d’Olonne honorer la statue de Saint-Michel menacée d’être démantelée sur injonction du tribunal administratif de Nantes saisi par la Fédération de la Libre Pensée locale, lui avait grillé la politesse en s’y rendant le premier). Ce comportement parfaitement immoral s’analyse en un véritable sabotage », a ajouté la direction du parti qui pense avoir démasqué le traître en la personne de Nicolas Bay. « En urgence, le bureau exécutif du RN a pris la décision de le suspendre de son porte-parolat de campagne ainsi que de toutes ses autres responsabilités », lit-on. Nicolas Bay a aussitôt réfuté sur Twitter l’accusation jugée “grossière”. « Ne participant à aucune instance de la direction de campagne, comment aurais-je pu connaître et transmettre de prétendues “informations stratégiques” », interroge-t-il.
Concernant les reproches faits par Marine Le Pen envers certains soutiens “nazis” d’Eric Zemmour, Nicolas Bay a réfuté des « accusations grotesques et fausses ». « Elle utilise les arguments de la gauche qu’elle a subis, que notre camp n’a cessé de subir, des attaques et des outrances dont elle est encore régulièrement victime, à tort. Elle est frappée d’un syndrome de Stockholm idéologique » lui a-t-il reproché dans une interview au Figaro. Nicolas Bay affirme qu’« il y a évidemment un problème dans la gestion. Ça relève plus du fonctionnement d’une secte que du fonctionnement d’un parti politique mature. Et je le dis avec une certaine gravité […] C’est un fonctionnement avec des dérives un peu sectaires. Au fond, cela traduit un problème de fonctionnement : le refus de toute forme de débat interne et de tout fonctionnement normal des instances, l’intolérance à la moindre critique — fût-elle constructive —, l’imperméabilité à la moindre remise en cause, et, in fine, les procès en sorcellerie et les bûchers dressés », confirmant sur le plateau de BFMTV le jeudi 17 février que « le fonctionnement du RN relève plus d’une secte que d’un parti mature » et répétant qu’il avait déposé plainte contre la candidate du RN pour ses « mensonges diffamatoires ».

“LE RN EST UNE SECTE”

Il est vrai qu’avant cette décision, Nicolas Bay avait eu l’insolence de réclamer dans un tweet une “explication” de la direction du parti sur les récents départs du mouvement vers Eric Zemmour, déclarant : « J’ai demandé la réunion du bureau exécutif du RN : une explication franche est non seulement nécessaire, mais aussi urgente. La direction du RN ne peut pas continuer à ignorer la crise que nous traversons ». Quelques minutes plus tard, le traître supposé, démasqué, était viré manu militari. L’ambiance au sein du parti mariniste, ou du moins ce qu’il en reste, est totalement paranoïaque. Marine Le Pen a dénoncé, le visage fermé, et manifestement exaspérée, en marge d’un déplacement dans l’Aisne, de « véritables campagnes de sabotage en interne », après le ralliement de l’unique sénateur RN Stéphane Ravier, de quatre eurodéputés (Gilbert Collard, Jérôme Rivière, la Guadeloupéenne Maxette Pirbakas et désormais Nicolas Bay) et d’une dizaine de conseillers régionaux à Eric Zemmour. Sans nommer Nicolas Bay, Marine Le Pen a « demandé à ceux qui opèrent la stratégie de la limace de bien vouloir accélérer leurs départs […] parce que la limace est lente mais aussi parce qu’elle est poisseuse ».

“PETIT MOUSTIQUE, LIMACE POISSEUSE, FRUIT POURRI” : LES INSULTES FUSENT AU RN

Mais comment faire fuir les limaces sans haine et sans violence ? Donnons de petits conseils à Marine Le Pen. Une décoction de feuilles de fougère aigle ou grande fougère (Pteridium aquilinum) pulvérisée pure régulièrement sera un bon antilimaces, lit-on sur Wikipédia. Il y a aussi le Zyklon B, mais il s’agit d’un produit qui est, pour des raisons mystérieuses, assez infréquentable. « Secouer un arbre pour que les fruits pourris tombent, c’est finalement une bonne chose. Ça régénère la vitalité », estime, quant à lui, Laurent Jacobelli, porte-parole de Marine Le Pen, qui qualifie avec amour Nicolas Bay de « petit moustique ». Le « petit moustique » a donc annoncé son ralliement à Zemmour lors de son déplacement en Normandie où Nicolas Bay est conseiller régional et qui était jusque-là président du groupe RN. Gilbert Collard, quant à lui, ironise : « Il y en aura d’autres, ça va être le Rassemblement National nid d’espions. On n’a plus James Bond, on a maintenant James Bay ! C’est la dernière trouvaille du Rassemblement national. J’espère qu’ils ne vont pas sombrer dans le syndrome de La Havane qui fait qu’on entend des bruits de criquet ou des ultra-sons surpuissants. Cela devient très grave. Je ne sais comment, avec la charité qui m’habite, les aider. J’hésite entre la tisane et le Tranxene ». Pour le président d’honneur de Reconquête qui n’a pas sa langue dans sa poche, cette accusation « prend des proportions hallucinantes » au vu de la longue carrière politique de Nicolas Bay au Rassemblement National depuis 30 ans (on peut reprocher beaucoup de choses à Nicolas Bay, mais celui-ci est pour l’essentiel resté toujours fidèle à ses idées. Collard oublie toutefois de mentionner les dix ans de Nicolas Bay au MNR de 1999 à 2008).
Et Gilbert Collard de poursuivre : « L’accuser d’être la Mata Hari du Rassemblement National, c’est quand même forcer un peu le trait. Il est bien évident que le Rassemblement National fait semblant de chasser quelqu’un qui est parti, pour sauver l’honneur. C’est un peu du Labiche : je ne veux pas être cocu, donc je quitte ma femme. » Et d’après lui, ce départ du RN vers Reconquête ne sera pas le seul. Gilbert Collard évoque aussi les raisons de fond qui expliquent tous ces départs. Et des raisons, Gilbert Collard en voit plusieurs, notamment celles liées à la présidente du Rassemblement National Marine Le Pen : « C’est une ambiance, c’est un climat, c’est une atmosphère, ce sont des rivalités, ce sont des méchancetés, ce sont des crises idéologiques qui ne sont pas tranchées, c’est une exigence d’admiration de Marine dans des conditions qui ne sont pas acceptables par des gens comme moi ou comme Nicolas, on n’a pas été formés pour ça. » Commentaire amusé de notre ami Arnaud Robert : « Ça va devenir compliqué de former un gouvernement RN »… L’eurodéputé Jérôme Rivière qui a rejoint Eric Zemmour ajoute : « ce n’est plus le Rassemblement national, mais le rétrécissement national »… Quant à Damien Rieu, ex-communicant du RN fraîchement recruté par Éric Zemmour, il accuse son ancien parti de virer à la « secte fanatique ». Un cadre du RN qui s’apprête à rejoindre Reconquête ! prophétise, quant à lui : « Ça va craquer de partout. »
Gilbert Collard, décidément en forme, a ajouté, réagissant au communiqué du bureau exécutif du RN accusant Nicolas Bay de transmettre des éléments stratégiques essentiels de la campagne au concurrent Eric Zemmour : « Franchement il n’y a rien à transmettre de stratégique au Rassemblement national parce qu’il n’y a pas de stratégie. » Et Collard de conseiller tendrement à Marine Le Pen de « ne pas piétiner ceux qui lui ont permis d’être au petit niveau où elle est ».
Robert Ménard s’est évidemment lui aussi exprimé sur la question. Il ne peut pas en effet s’en empêcher. Et il était important de connaître l’avis autorisé de l’édile biterrois. Que dit le maire ? Voici : « Tout ça me semble être une espèce de mauvais feuilleton, une série B. C’est invraisemblable. C’est le degré zéro de la politique », a-t-il commenté, dénonçant des « règlements de compte sectaires ». On découvre que Ménard, qui a des “copains” (ou ex-“copains”) partout, est aussi « très copain » de Nicolas Bay, comme il le fut de Zemmour, avant de soutenir Marine Le Pen après avoir poussé l’ancien journaliste à s’engager contre… elle ! L’édile biterrois, en petit Salomon de Prisunic, a déclaré (et on peut bien sûr le croire sur parole) : « Je suis très copain avec Nicolas Bay, que j’aime beaucoup et pour qui j’ai beaucoup d’estime, mais qui devrait être franc du collier. Il y a un mois qu’il aurait dû dire qu’il rejoint Éric Zemmour ». Et d’ajouter à destination de Marine Le Pen qui a dû apprécier de bénéficier d’un tel soutien de poids : « D’un autre côté, il y a toute une rhétorique : “Espionnage”, “traître”, qui a un parfum stalinien. Tout cela ne rime à rien ». Il conclut douloureusement avec ce constat : « Tous les trois jours, on sort du chapeau quelqu’un pour dire qu’il lâche Marine Le Pen. » A qui la faute ? En attendant, Robert Ménard, qui a tout compris, a réaffirmé son soutien à Marine Le Pen. Il lui a donné son parrainage, ainsi que son épouse (la quatrième au compteur !) Emmanuelle Ménard. « Je constate que Marine s’améliore (interdit de rire), qu’elle fait une bonne campagne (re-interdit de rire) Je voterai pour elle. »
L’assistant parlementaire de Nicolas Bay, Bastien Frimas, a eu cette considération amusante sur Twitter : « C’est à croire que Marine Le Pen est capable d’exclure ses propres chats du RN s’ils se mettent à ronronner devant une interview de Zemmour… » Réplique du tac-au-tac sur Twitter d’Enzo Alias, responsable des Jeunes avec Marine des Bouches-du-Rhône auquel l’assistant parlementaire de Stéphane Ravier aurait donné un violent coup de boule (voir notre précédente chronique qui, au vu des événements, a désormais une dimension médicale) : « Des attaques aussi mesquines alors que (l’assistant de Nicolas Bay) paye ses factures grâce à Marine Le Pen, ces gens n’ont pas de face. » On voit qu’on atteint là un très haut niveau d’argumentation. Cela rappelle les grandes heures de la crise aiguë entre lepénistes et mégrétistes. Alors qu’après la scission de 1998-1999, feu François Brigneau (1919-2012) avait écrit un livre intitulé Jean-Marie m’a tuer, allusion explicite aux lettres de sang « Omar m’a tuer » écrites avec son doigt par la victime agonisante d’un assassinat sur le mur de son garage et accusant ainsi son jardinier marocain de l’avoir éliminée, Jean-Marie Le Pen avait alors rétorqué : « Brigneau, je l’ai surtout fait bouffer », allusion aux chroniques très bien rémunérées que donnait chaque semaine le brillant journaliste et écrivain dans National-Hebdo, l’hebdomadaire officieux du Front national de 1984 à 2008. On le voit, dans la droite nationale, on sait être parfaitement élégant !

NICOLAS BAY OFFICIALISE SON RALLIEMENT À ERIC ZEMMOUR

Au lendemain de la suspension de ses fonctions au sein du Rassemblement national (RN), Nicolas Bay a annoncé sans surprise, mercredi 16 février, qu’il « s’engageait pleinement » auprès du candidat à l’élection présidentielle, Eric Zemmour. Accusé par le RN de “déloyauté”, Nicolas Bay explique que la « vraie infidélité » à l’égard des électeurs est de « renoncer à dénoncer le carcan de la Cour européenne des droits de l’homme, à la sortie de Schengen, à la fin de la binationalité, accepter la PMA sans père. Ces multiples revirements et reculades ont contribué à démobiliser nos électeurs et constituent, pour le coup, une vraie infidélité à leur égard », estime-t-il. Marine Le Pen, qui critique la “brutalité” des propositions d’Eric Zemmour, « fait une confusion entre extrémisme et radicalité. Quand notre pays est au bord du gouffre, les mesures à mettre en œuvre sont forcément radicales. Je ne pense pas qu’on extirpera l’islamisme de Roubaix ou qu’on libérera les quartiers nord de Marseille des trafiquants de drogue avec des demi-mesures », ajoute Nicolas Bay. Et ce dernier d’asséner : « En cherchant en permanence à amadouer la gauche morale, je pense que l’on commet une erreur politique mais aussi tactique. Et on voit désormais que la candidature de Marine Le Pen suscite une certaine indifférence. »
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Robert SPIELER.