Rivarol n°3511 du 23/3/2022
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Rivarol n°3511 du 23/3/2022 (Papier)

Editorial

Après la Nouvelle-Calédonie, Macron
essaie-t-il aussi de brader la Corse ?

A L’OCCASION de la cérémonie organisée le 20 mars pour les dix ans des attentats de Toulouse et de Montauban, Emmanuel Macron a osé déclarer dans son allocution : « L’antisémitisme et l’antisionisme sont les ennemis de notre République ». Au moins les choses sont-elles claires. En tenant ces propos, le chef de l’Etat candidat à sa succession inscrit ses pas dans ceux de Manuel Valls qui, alors ministre de l’Intérieur de François Hollande, avait affirmé en 2014, en marge de l’affaire Dieudonné, que « les juifs sont l’avant-garde de la République ». On ne saurait mieux illustrer à quel point la synagogue est consubstantielle à la République comme le catholicisme l’était à la France royale et traditionnelle. Et cette réalité est de plus en plus prégnante car il y a quelques décennies il était encore possible de critiquer fortement l’entité sioniste, voire de remettre en question sa légitimité historique, politique et juridique sans être accusé d’antisémitisme.
Nous évoquions la semaine dernière la dissolution en Conseil des ministres de plusieurs organisations pro-palestiniennes, simplement coupables de dénoncer les crimes de l’Eretz à l’égard des Palestiniens, l’association Comité Action Palestine et le Collectif Palestine vaincra. L’Exécutif ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin et pourrait interdire prochainement, à la demande expresse du lobby judéo-sioniste toujours aussi insatiable, d’autres associations comme CAPJPO EuroPalestine (Coordination des Appels pour une Paix juste au Proche-Orient), l’Association France Palestine Solidarité, l’Union juive française pour la paix, BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions) qui milite pour le boycott de l’Etat d’Israël en tant qu’occupant et colonisateur. Après la criminalisation du révisionnisme historique, on franchit une étape supplémentaire dans l’oppression avec la diabolisation de la cause palestinienne, de l’antisionisme officiellement assimilé désormais à l’antisémitisme. Renaud, dont l’anticonformisme n’est pas la principale vertu, ne se risquerait plus à chanter aujourd’hui « Palestiniens et Arméniens témoignent du fond de leur tombeau qu’un génocide c’est masculin » (Miss Maggie, 1985). En trente-sept ans les choses ont bien changé et les libertés fortement reculé.

CE PHÉNOMÈNE n’est pas purement français puisque « l’insupportable police juive de la pensée » (dixit feu Annie Kriegel) n’a de cesse de se renforcer dans tout l’Occident. Dernier exemple en date, le 17 mars, en pleine guerre d’Ukraine, le Conseil de l’Europe n’a rien trouvé de plus urgent que d’appeler « les gouvernements européens à assurer la commémoration de l’Holocauste pour combattre l’antisémitisme ». La recommandation du Conseil de l’Europe, un machin mondialiste et supranational, vise à « prévenir de futurs crimes contre l’humanité (pas moins ! Mais, notez-le, pas ceux commis quotidiennement en Palestine occupée !) Le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe a adopté très officiellement une « Recommandation relative à la transmission de la mémoire de l’Holocauste et à la prévention des crimes contre l’humanité ». La “recommandation” invite les 46 Etats membres de l’Organisation à « promouvoir l’enseignement et l’apprentissage de l’histoire de l’Holocauste et à transmettre la mémoire de l’Holocauste et des crimes commis par les nazis, leurs complices et leurs collaborateurs, dans le cadre de l’éducation et des politiques publiques ». Le texte d’un conformisme consternant et d’une judéoservilité non moins absolue souligne « le caractère exceptionnel de la destruction de la communauté juive européenne, tout en reconnaissant les autres victimes du nazisme et des autres crimes de masse du XXe siècle. » Etant donné qu’« il y a de moins en moins de survivants de l’Holocauste (on avait plutôt l’impression contraire !) pour apporter un témoignage direct », le Conseil de l’Europe propose « une approche interdisciplinaire de la mémoire, comprenant les documents historiques, les lieux de mémoire, les médias, la musique, l’art et la littérature ». Saluant la “recommandation” qui témoigne en effet d’un courage inouï, la Secrétaire générale, Marija Pejčinović Burić, a déclaré avec grandiloquence : « Apprendre et enseigner l’Holocauste, c’est vital pour prévenir de futurs crimes contre l’humanité. À l’heure où l’antisémitisme s’aggrave, il ne faut ménager aucun effort pour nous souvenir des victimes et faire en sorte que le souvenir se perpétue à l’avenir. Il s’agit d’une part essentielle de notre responsabilité collective de protéger les Juifs et la vie juive en Europe. Cela fait partie de nos valeurs européennes communes ».
On le voit, toute critique d’un certain lobby ou de l’entité sioniste est assimilable désormais à un potentiel crime contre l’humanité. La tribune du Monde du 7 mars (voir RIV. numéros 3509 et 3510) contre RIVAROL ne dit pas autre chose puisqu’elle nous accuse, de manière ahurissante et complètement arbitraire (on croit cauchemarder tant l’accusation est stupéfiante et grossière), de « faire le lit des génocidaires, d’insulter les rescapés, les familles des victimes et leur mémoire ». On voit à quel point leur République est une idéologie mortifère qui repose sur le déni du réel et sur la diabolisation, la criminalisation des ennemis de l’intérieur. Il y a une logique épuratrice à l’œuvre dans le discours républicain depuis la Révolution française, et cette dimension qui parfois semble s’estomper finit toujours par rejaillir et légitime à l’avance une répression foudroyante contre ceux désignés comme des ennemis à abattre, des pourvoyeurs de haine, des disciples de la discrimination. On exclut au nom du refus de l’exclusion. On tyrannise au nom du refus de la tyrannie.

QUAND LES POUVOIRS PUBLICS ne récitent pas servilement le catéchisme holocaustique et n’enseignent pas la morale (unilatéralement) antiraciste, ils commémorent, ils glorifient des actes de trahison de gouvernements indignes, comme les accords d’Evian de mars 1962. Macron a décidément fait fort cette semaine. Mais il n’en est pas à sa première initiative dans ce domaine puisqu’il avait déjà déclaré lors de la campagne présidentielle de 2017 que la colonisation française en Algérie avait été un crime contre l’humanité. Notez-le bien : pas même un simple crime, mais carrément un crime contre l’humanité. Ce qui, si les mots ont un sens, ouvre la voie à des réparations morales et financières. On le voit, on reste prisonnier de la jurisprudence de Nuremberg. Laquelle ne cesse de nous pousser au suicide en imposant une autoflagellation mortifère.
Or, il était criminel de larguer totalement les possessions françaises. Sans doute des ajustements devaient-ils être faits, des évolutions juridiques, administratives et politiques pouvaient-elles être mises en œuvre mais il eût fallu absolument garder au moins le Sahara avec son pétrole et son gaz naturel. A l’heure où se pose avec gravité la question de notre dépendance énergétique, à l’heure où les prix du gaz et de l’essence explosent, on mesure à quel point ce fut une folie de tout brader comme l’a fait De Gaulle en 1961-1962 sans rien obtenir en contrepartie. On nous parle ad nauseam de la lucidité de l’homme de Colombey, de sa prescience, de sa vision, de sa volonté d’assurer la grandeur de la France mais en réalité c’est tout le contraire qu’il faut dénoncer chez lui. Il a rapetissé notre pays, l’a rétréci au lavage et il n’a nullement œuvré à notre indépendance énergétique qui eût pu être assurée avec le maintien du Sahara dans le giron tricolore. Il y avait 36 façons de traiter l’affaire algérienne, il a fallu que De Gaulle choisisse la 37e, la pire : le bradage total sans rien obtenir en échange pour notre pays.

SES SUCCESSEURS s’inscrivent résolument dans ses pas : après avoir tout tenté (heureusement en vain jusque-là) pour larguer la Nouvelle-Calédonie riche en nickels et qui, avec les autres confettis d’Empire, nous permet d’avoir le deuxième domaine maritime au monde, voilà que Macron s’est dit prêt à accorder l’autonomie à la Corse, premier pas là aussi vers l’indépendance, et donc vers le largage de l’île de Beauté, ce qui est une infamie. Et pourquoi pas demain l’abandon du Pays basque et après-demain de tout ou partie de la Bretagne ? La faiblesse entraîne d’autres faiblesses, une abdication en suscite d’autres. Il n’est rien de pire qu’un pouvoir faible avec les forts et cruel avec les faibles.
Un gouvernement digne de ce nom doit veiller jalousement à l’intégrité territoriale du pays dont il a la charge et ne pas participer à son affaiblissement, à son morcellement, à son démantèlement. Il a suffi de quelques manifestations violentes de jeunes Corses indépendantistes protestant contre l’agression en prison par un codétenu allogène d’Yvan Colonna, responsable de l’assassinat le 6 février 1998 du préfet Erignac, pour que Macron, au lieu de rétablir l’ordre et le calme, évoque officiellement l’autonomie de ces deux départements français. C’est un scandale absolu. Il suffit que quelques jeunes excités s’agitent, hurlent, menacent, détruisent et pillent des bâtiments officiels, brûlent ostensiblement des drapeaux français pour que le chef de l’Etat cède à la violence et d’une certaine manière l’encourage, la récompense. C’est insupportable. On est là exactement dans la même politique que De Gaulle avec le FLN algérien, que Rocard, porteur de valises du FLN, avec le FLNKS kanak pour la Nouvelle-Calédonie. Ce sont des comportements antinationaux qui s’assimilent à une véritable traîtrise, à une forfaiture. Las ils ne sont jamais punis. Ni par Thémis ni par le peuple qui reconduit toujours les mêmes. Il est pourtant clair, en politique comme dans la vie, qu’il faut savoir se montrer ferme et inflexible quand l’essentiel est en jeu. Voire conquérant quand on le peut car qui n’avance pas recule, qui n’amasse pas dissipe, qui ne s’impose pas, qui ne se fait pas respecter est immanquablement condamné à la défaite, à la soumission et à la servitude. Comme en atteste invariablement l’histoire des peuples, des nations, des empires et des civilisations.

RIVAROL, <jeromebourbon@yahoo.fr>. 

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Billet hebdomadaire

L’Holodomor, la naissance dans le sang de l’Ukraine

Les mamans vous le diront : les naissances se font dans la douleur et le sang. Il en est de même de la naissance des peuples. La Vendée, qui n’avait été qu’une partie du Poitou sans identité, à tel point que son nom fut choisi au dernier moment (à l’origine, elle devait s’appeler les Deux-Lays, mais pour éviter les jeux de mots faciles contre ses élus (« les deux laids »), on lui donna le nom d’une obscure rivière d’à peine 80 kilomètres), construisit son identité dans le sang du génocide de 1793-94. Il en est de même pour l’Ukraine, unie charnellement à la Russie mais dont l’acte de naissance a été rédigé dans les souffrances de l’Holodomor de 1932, le pire génocide du 20e siècle en Europe.
Le génocide ukrainien a été reconnu par une décision de justice de la Cour d’appel de Kiev le 13 janvier 2010 présidée par Viktor M. Skavronik et en ont été tenus responsables Iossif Vissarionovitch Djougachvili, alias “Staline”, Viatcheslav Mikhaïlovitch Skriabine alias “Molotov”, Lazare Moïsseïevitch Kaganovitch, Pavel Petrovich Postyshev, Stanisław Vikentyevich Kosior, Vlas Yakovlevich Chubar et Mendel Markovich Khatayevych. De ce gang, seul Chubar était ukrainien. Les autres étaient soit juifs (Kaganovitch, Khatayevych, Kosior), soit mariés à des juives (Molotov, Staline), Postyshev étant russe. Kosior, Chubar et Postyshev furent liquidés lors des purges staliniennes le 26 février 1939 après avoir été torturés par le bourreau en chef de Staline, le lieutenant du NKVD Boris Veniaminovich Rodos, lui-même juif comme l’autre tortionnaire de personnalités, Lev Aronovich Shvartzman. Comme sous Staline on avait le sens de la famille, le fils Postyshev — réputé aussi fanatique que son père — fut liquidé à 23 ans le 26 août 1938 et la fille Kosior, 16 ans, fut violée en présence de son père pour le forcer à signer des aveux. Ces génocidaires furent bien sûr réhabilités en 1955.
Si la date officielle du déclanchement de l’Holodomor a été le 7 août 1932, ce dernier avait déjà de facto démarré en 1930. En 1932, plus de 77 % des exploitations paysannes d’Ukraine étaient déjà collectivisées (contre 60 % en Russie et 48 % en Biélorussie). Par ailleurs, la paysannerie ukrainienne était déjà brisée et terrorisée par la dékoulakisation (liquidation des paysans aisés), qui eut lieu en 1930-1931. Entre 300 000 et 500 000 paysans, y compris des enfants, avaient été massacrés en Ukraine pendant cette première étape de la collectivisation, et environ 1 500 000 furent déportés en Sibérie. Pout Lénine et Staline : « Les koulaks sont des parasites…il faut soulever les masses contre eux et les anéantir tous en tant que classe, ces maudits…Et pas de pitié ! Ce ne sont pas des hommes, ces créatures-là… Les koulaks ne sont pas des êtres humains ».
La situation s’emballa à partir de janvier 1932. Le 15, Kosior organisa l’adoption d’une résolution du Politburo « Sur les réquisitions de céréales ». Le 1er février Kosior et Chubar signèrent et envoyèrent aux comités régionaux, municipaux et de district la directive « Sur les semences » selon laquelle les kolkhozes ukrainiens refusaient l’aide aux semences, qui sera adoptée le 17 mars. Le 29 du même mois, Kosior fit adopter par le Politburo la déportation de Polissya de 5 000 familles vers des colonies spéciales pour la construction de carrières de pierre et d’argile et de 5 000 autres familles hors d’Ukraine. Le 6 juillet 1932, le Politburo du Comité central du CPU à Kharkov adopte la résolution « Sur le quota de réquisition de céréale » et l’adoption d’un quota de réquisition de céréales de 356 millions de pouds (5,83 millions de tonnes) qui dépassait de loin la capacité réelle du paysan ukrainien. Le 25, Kaganovitch et Molotov ordonnaient l’intensification de l’enlèvement des céréales, l’interdiction du commerce et la répression brutale contre les paysans affamés. Le 7 août, c’est la fameuse « loi des épis », de son nom complet « Résolution sur la protection de la propriété des entreprises d’État, des kolkhozes et des coopératives et le renforcement de la fonction publique », qui punit de dix ans de déportation, voire de la peine de mort, « tout vol ou dilapidation de la propriété socialiste », y compris le simple vol de quelques épis dans un champ.

UNE FAMINE SCIEMMENT ORGANISÉE

Le 2 août 1932, Molotov fixe un quota de réquisition qui dépasse de 100 millions de pounds (1,64 million de tonnes) la capacité ukrainienne. Le 9, Kosior signe la résolution « sur les mesures de lutte contre la spéculation céréalière » qui obligeait les organes répressifs du GPU et de la police à assurer le retrait complet du marché des vendeurs de céréales et de farine et l’utilisation de répression (arrestation, confiscation), renforcée par celle du 20 « sur le rythme insatisfaisant des réquisitions de céréales » signée de Kaganovitch. Une pluie de mesures aggravant les réquisitions fut signée les 18 et 23 septembre et les 23, 29 et 30 octobre. La phase répressive s’intensifia le 6 novembre quand Kosior imposa un blocus commercial dans la plupart des régions d’Ukraine. Le 11, les « listes noires » étaient instaurées : cessation immédiate des livraisons de marchandises, la cessation totale du commerce coopératif et l’enlèvement des magasins concernés de toutes les marchandises présentes ; interdiction totale du commerce des kolkhozes ; cessation de toute forme d’emprunt, remboursement anticipé d’emprunts et autres engagements financiers ; contrôles et purges des kolkhozes ; réquisitions supplémentaires de viande d’une norme de 15 mois pour la viande et d’une norme d’un an pour les pommes de terre. Dans l’oblast de Vinnytsia, la liste noire comprenait 8 districts, 44 kolkhozes, 42 villages d’agriculteurs individuels ; dans l’oblast de Tchernihiv — 13 kolkhozes, 38 villages, 1646 agriculteurs individuels ; dans l’oblast de Donetsk — 12 kolkhozes, 6 villages, 2 conseils de village, 25 agriculteurs individuels ; dans l’oblast de Dnipropetrovsk — 228 kolkhozes dans 44 districts ; dans l’oblast de Kiev — 51 kolkhozes dans 48 villages et 19 districts ; dans l’oblast de Kharkov — 23 kolkhozes dans 16 villages et 9 districts ; dans l’oblast d’Odessa — 12 kolkhozes dans 9 districts. Le 1er décembre 1932, Kosior établit une directive qui exigeait que les céréales fussent retirées des campagnes avant le 15 janvier 1933 et 2 jours plus tard, Chubar fit interdire la vente de pommes de terre et de viande. Le 22 janvier 1933, Molotov fit de l’Ukraine un gigantesque camp d’extermination en légiférant « sur la prévention de l’exode massif des paysans affamés pour la nourriture », interdisant la sortie des paysans d’Ukraine et bloquait les frontières du pays par le biais d’unités militaires. Cette interdiction privait consciemment les paysans ukrainiens affamés de la possibilité d’obtenir la nourriture dont ils avaient besoin pour survivre au-delà du territoire frappé par la famine et les condamnait à la mort.
Alors que le génocide bat son plein, les B’naï B’rith ne trouvèrent comme reproche à l’URSS que la baisse de la pratique religieuse juive (article Les Juifs en Crimée, février 1932) mais signalent avec ravissement la sur-représentation des Juifs dans les instances dirigeantes du communisme ukrainien… Par le biais du Joint Distribution Committee, la communauté juive américaine finança à hauteur de 17,3 millions de dollars la création de 180 villages juifs en Ukraine et en Crimée sur des terres volées aux paysans chrétiens. On comprend mieux quand on sait que Lazare Kaganovitch était très lié à Etienne Mercier (de la banque Rothschild), l’un des meneurs du Mouvement Synarchique d’Empire (financé par les aciéries Lambert-Ribot), la banque Lazard et la banque Worms.[…]

Henri de FERSAN.