Rivarol n°3521 du 1/6/2022 (Papier)
Editorial
Exclusion de la commission paritaire,
suppression du compte Paypal, attaque du site :
RIVAROL dans la tempête !
RUDE SEMAINE pour l’hebdomadaire de l’opposition nationale et européenne qui, en quelques jours, a fait face à un record d’adversité. Le 23 mai, sans que nous ayons reçu au préalable le moindre avertissement ni reçu une quelconque explication, notre compte Paypal que nous avons depuis plus de dix ans et à propos duquel nous n’avions jamais rencontré jusque-là la moindre difficulté était supprimé. Il n’est plus possible de procéder au moindre paiement par Paypal ni de transférer de l’argent. Nous n’avons reçu aucun courriel ni aucune lettre ni aucun texto nous signifiant cette décision, ni nous l’expliquant. C’est pourquoi nous ne nous sommes pas rendus compte immédiatement de cette suppression. Ce sont des lecteurs, qui ne pouvant plus régler leurs achats par Paypal, ont attiré notre attention. Et en effet, en se rendant sur notre compte désormais inactif et inutilisable, on peut trouver en tout petit le message laconique et lacunaire suivant : « Après vérification, nous avons décidé de restreindre définitivement votre compte en raison de risques potentiels. Vous ne pourrez plus mener à bien vos activités sur Paypal ».
De quelle vérification s’agit-il ? Mystère. Paypal a régulièrement et systématiquement prélevé les commissions qu’il prend sur chaque commande. Il n’y a jamais eu le moindre souci. On ne nous a jamais fait le moindre grief. Il s’agit donc manifestement d’une décision politique. Des groupes judéo-sionistes, dont BTA (Balance ton antisémite) et la Brigade juive (tout un programme !) avaient plastronné qu’il ferait fermer notre compte. Manifestement ils ont tenu parole. On résiste difficilement aux exigences de Likoudniks fanatisés, experts dans l’odieux chantage à l’antisémitisme qui, à l’avance, assure de presque toutes les victoires tant la lâcheté est généralisée parmi les hommes de notre temps. Si l’on se dirige sur le lien en bleu « voir les détails », voici ce qui est indiqué : « Vous ne pouvez plus utiliser Paypal. Chez Paypal, nous prenons la sécurité de nos clients très au sérieux (Peut-on davantage se moquer du monde ? Qu’a à voir dans tout cela la sécurité des utilisateurs ?). Nous avons remarqué une activité sur votre compte qui n’est pas conforme à nos conditions d’utilisation. Nous ne pouvons donc plus vous proposer les services Paypal. Vous ne pouvez plus ni envoyer ni recevoir de l’argent. Votre solde sera suspendu pendant 180 jours. Une fois ce délai écoulé, nous vous enverrons un email vous expliquant comment transférer votre argent. » Oui, car non seulement l’accès à Paypal nous est brutalement coupé sans préavis ni avertissement et sans explication claire, mais de plus l’organisme garde le solde. Pendant six mois ! C’est ainsi que des personnes ont parfois perdu des milliers d’euros, voire davantage. Heureusement, sentant depuis longtemps le coup venir, nous avions mis en place un transfert quotidien du solde de Paypal vers notre compte bancaire, de sorte que ne reste bloquée par Paypal pour six mois que la modique somme de… 2,56 euros ! Dans cette affaire on l’a échappé belle ! Il ne sera donc plus possible de faire des dons ou de passer des commandes sur notre site rivarol.com par Paypal. Il faudra régler par carte bancaire, virement ou alors nous envoyer des chèques à notre siège social parisien, 19 avenue d’Italie, dans le treizième arrondissement.
A PEINE avions-nous enregistré cette suppression, nous assure-t-on définitive, de la possibilité de paiement par Paypal que nous nous rendions compte, dans la nuit de vendredi à samedi, que le site rivarol.com était indisponible. Il faisait d’évidence l’objet d’une attaque. Il n’était plus accessible, ni aux acheteurs ni aux administrateurs. Il était indiqué seulement : « error 500 », ce qui ne nous renseignait guère. La fin de semaine, comme vous vous en doutez, a été longue, interminable, l’angoisse augmentant devant la durée de l’indisponibilité du site. Fort heureusement, nos techniciens ont réglé le problème ce lundi dans la matinée et nous en ont expliqué l’origine et la nature : selon eux, le blocage du site ne venait pas directement de notre hébergeur, le site rivarol.com a été la cible pendant tout le week-end de l’Ascension d’une attaque massive et puissante de pirates informatiques par déni de service (DDoS) qui consiste à générer un nombre très important de connexions simultanées pour surcharger le site et le rendre inaccessible. Mais d’après nos techniciens qui nous en ont donné l’assurance, les données du site n’ont pas été piratées. Vous pouvez donc réaliser, comme vous le faisiez jusque-là, vos achats en toute tranquillité sur notre site. Nous réfléchissons toutefois dès maintenant à mettre en œuvre une protection et une sécurisation encore plus importantes du site. Il faut absolument faire tout notre possible pour neutraliser à l’avenir, autant que faire se peut, tout piratage informatique, même si ce n’est pas facile.
Là encore, on sait d’où le coup est parti. Ne cherchez pas, ce sont toujours les mêmes réseaux qui, sûrs de leur toute-puissance et de leur totale impunité, se permettent tout : là on assassine une grande journaliste palestinienne et chrétienne, on attaque sauvagement le convoi funéraire, on renverse son cercueil, ici on fait des visuels où un directeur de journal est allongé dans un cercueil (nous avons porté plainte pour menaces de mort dans cette affaire, nous sommes décidés à ne plus rien laisser passer), on crie haut et fort qu’on va obtenir la perte de l’agrément de la CPPAP, puis l’interdiction de la vente en kiosque, puis l’interdiction pure et simple du journal, puis l’embastillement de son directeur mis dans un cercueil avec des flammes dévorantes autour de lui.
LA DÉCISION la plus lourde de conséquence pour l’avenir de RIVAROL, pour l’état de ses finances, c’est bien sûr, ne nous le cachons pas, le retrait de l’agrément de la commission paritaire des publications et agences de presse. Ce n’est certes pas une surprise, tant depuis 2019 la pression exercée sur la CPPAP était forte. Elle a résisté un certain temps, sans doute encore quelque peu attachée à l’indépendance et à la liberté de la presse, convaincue sans doute aussi que retirer cet agrément à notre hebdomadaire, c’était ouvrir une dangereuse boîte de Pandore (des internautes qui se réjouissent bruyamment de cette décision réclament déjà sur les réseaux sociaux l’application d’une semblable mesure au quotidien numérique France soir, voire à l’hebdomadaire Valeurs actuelles, la logique révolutionnaire de l’épuration ne connaissant aucune limite, alors même que ces deux titres ne sont nullement anti-sionistes ni judéocritiques). Mais ce qui a emporté la décision, c’est la tribune des époux Klarsfeld et de trente-deux autres personnalités dans le quotidien Le Monde daté du 8 mars 2022. Cette pétition sonnait comme un rappel à l’ordre pour le ministère de la Culture en général où sévissait encore Roselyne Bachelot et pour la commission paritaire et sa présidente, conseiller d’Etat, Laurence Franceschini, en particulier. Et pour être sûrs d’emporter la décision, les signataires n’avaient pas lésiné, en centrant la question autour de la lutte si nécessaire contre l’antisémitisme et en accusant RIVAROL de pousser à la commission de crimes contre l’humanité, pas moins (cocasse de la part de soutiens fanatiques de Tsahal et de tous ses crimes, eux, quotidiens et bien réels !) : « En niant les faits historiques, osaient-ils écrire, RIVAROL fait le lit des génocidaires, insulte les rescapés, les familles des victimes et leur mémoire. » Comment peut-on aller plus loin dans le mensonge, la démesure et la folie furieuse ? Quant aux négationnistes, ce sont ceux-là mêmes qui nient les crimes affreux de l’entité sioniste. Mais contre ce négationnisme-là, lui bien réel, on ne prend bien sûr aucune disposition réglementaire, on ne lance pas de campagnes de presse, on n’édicte aucune sanction. Bien au contraire.
Nous publions dans ce numéro l’intégralité de la lettre que nous avions envoyée fin avril à la commission paritaire sollicitant un entretien et faisant entendre nos arguments, de manière posée et courtoise. La seule réponse que nous avons eue, c’est la notification du refus de notre agrément par voie postale ce lundi 30 mai, notification que nous publions également en totalité. Les journalistes de la grande presse, les signataires de la tribune du Monde contre nous étaient, eux, au courant depuis environ une semaine. Manifestement la commission les a prévenus, signe de sa connivence, mais elle n’a pas trouvé le temps de signifier à l’intéressé sa décision, ou plutôt l’exécution servile de la volonté des Likoudniks Stéphanie Share, Tristan Mendès France, Klarsfeld et consorts. L’appareil d’Etat n’est en effet aujourd’hui que l’exécuteur des basses œuvres du lobby judéo-sioniste. Il ne sert qu’à cela, il n’est là que pour ce faire. On l’a vu encore récemment dans l’affaire Fristot, dans les dossiers Dieudonné et Soral, dans les procès qui nous sont faits régumlièrement ainsi qu’à tous les esprits libres.
Alors même que nous avions communiqué à la commission paritaire toutes nos coordonnées, téléphoniques, postales et électroniques, elle nous a superbement ignorés. Et il s’agissait pourtant de décider de notre (possible) mise à mort, ce qui n’est tout de même pas rien. Mais cela aussi en dit long sur les temps que nous vivons. On ne respecte même plus les formes de la politesse la plus élémentaire. Notre civilisation européenne et chrétienne est engloutie. On traite les adversaires, les contradicteurs, les indésirables à l’israélienne : on tue, on écrase, on humilie, on mutile, on détruit sans vergogne, sans aucun problème de conscience. Notre publication, bien que très ancienne, est modeste (quelques milliers de lecteurs au numéro et d’abonnés tout au plus), pauvre, ne reçoit d’aide ni de grands mécènes, ni de banques, ni de groupes industriels, ne reçoit et n’a jamais reçu aucune subvention (qu’elle n’a d’ailleurs jamais réclamée), mais en tant qu’hebdomadaire d’information politique et générale, paraissant avec une régularité de métronome depuis janvier 1951, elle bénéficiait jusque-là du régime économique de la presse lui permettant, comme à la quasi-totalité des titres, de bénéficier de taux de TVA réduits (à 2,1 % au lieu de 20 %) et de tarifs postaux préférentiels (trois à quatre fois moindres que le tarif normal). Comme on ne pouvait pas faire pression sur les annonceurs puisque RIVAROL ne passe pas de publicité, le seul biais qu’ont trouvé ceux aspirant de toutes leurs forces à notre mort est le retrait de l’agrément de la commission paritaire. C’est aussi simple que cela. Et comme ils sont puissants, qu’ils savent exercer une pression efficace sur l’Exécutif (encore une fois le chantage à l’antisémitisme est le plus universel des passe-partout permettant d’ouvrir toutes les serrures, jusqu’aux coffres-forts des banques suisses et aux comptes en banque de la SNCF), la victoire sans gloire leur était par avance acquise.
NOUS SOMMES PETITS mais pour nous écraser, nous écrabouiller, nous lapider, on prend les grands moyens. Il est une époque où notre existence était encore tolérée, supportée, cette période est désormais révolue. Le Lobby ne souffre plus le moindre chuchotement qui n’émane pas de lui, ou qui n’est pas entièrement contrôlé par lui. Ivre de sa puissance, ivre de haine et de rage (c’était déjà le cas dans l’Evangile et les Actes des Apôtres, il faut les relire pendant ce temps pascal, tout y est dit. Il n’y rien à y ajouter, rien à y retrancher. Les méchants n’ont pas changé depuis et ils ne changeront pas, pensez, ils voulaient mettre à mort Lazare ressuscité par le Christ, difficile d’aller plus loin dans l’ignominie et la cruauté !), le Lobby n’admet pas le moindre bourdonnement d’un insecte qu’il faut aussitôt écraser au napalm, comme on fait passer les enfants palestiniens sous les roues ensanglantées des chars de Tsahal.
La lecture de la notification de la CPPAP ne laisse pas de frapper : la commission s’est donné la peine d’éplucher les sept exemplaires de RIVAROL que nous lui avions envoyés à sa demande, ceux de la mi-mars à la fin avril 2022, et elle n’y a trouvé que des choses répréhensibles. Selon elle, qui a manifestement des pudeurs de jeune fille quand il s’agit de RIVAROL mais qui n’en a aucune quand il s’agit de subventionner grassement Charlie Hebdo dont on ne compte plus les représentations blasphématoires, scatologiques, pornographiques, absolument ignobles du Christ, de la Vierge, de la Sainte Trinité et des saints (et qui s’en prend aussi bassement, de manière ordurière, au prophète des musulmans, ce qui ne peut qu’exciter à la haine et heurter gravement les convictions religieuses, de manière préméditée, de millions de mahométans, favorisant volontairement les tensions et la guerre civile dans notre pays), on n’a pas le droit de parler de l’entité sioniste (la seule utilisation de cette expression semble donner des sueurs froides à la commission paritaire !), de la banque Rothschild, de l’homosexualité, de la franc-maçonnerie, de l’avortement, du lobby gay, du lobby judéo-sioniste (sauf pour en dire du bien naturellement, ce qui est le propre de la tyrannie car du tyran on ne peut parler, sauf pour tresser ses louanges). Si on fait la liste exhaustive de tout ce qui nous est reproché tout à coup par la CPPAP, on s’aperçoit qu’on ne peut plus rien dire, plus rien écrire sur des sujets pourtant fondamentaux. Comment après cela, osent-ils, les uns et les autres, se réclamer de la sacro-sainte liberté de la presse alors qu’ils la foulent au pied, qu’il l’assassinent, qu’il l’exterminent ?
QUE FAIRE désormais ? Résister, se battre, faire le dos rond et garder le calme des vieilles troupes. Et ne comptons que sur nous-mêmes. Même dans ce qu’il est convenu d’appeler le camp national, ne nous berçons pas d’illusions, nous n’aurons quasiment aucun soutien, à quelques rares et courageuses exceptions près. La possibilité qu’on puisse les accuser de défendre un journal jugé négationniste et antisémite les tétanise, les paralyse. Pauvres gens ! Pas étonnant qu’avec de telles larves on perde toutes les batailles depuis plus de deux cents ans ! Les faux frères se manifestent déjà, nous attaquant de manière perfide, en faisant croire à un soutien. Il n’est rien de pire ici-bas que les tartufes et les traîtres qui n’apparaissent à la lumière que lorsqu’ils sont opérationnels et qu’ils peuvent nuire le plus possible. Mais cela n’a pas d’importance. Ces misérables révèlent seulement ce qu’ils sont, ce qu’ils veulent et ce qu’ils valent. Ils ne nous intéressent pas. Ce n’est somme toute que fétu que vent emporte. C’est dans l’épreuve que l’on voit qui sont et où sont les vrais amis, et en général on n’est pas déçu du voyage !
Nous allons, quant à nous, nous battre comme des lions. Tous azimuts. Avec énergie et détermination. Sur le plan judiciaire. En introduisant une procédure de référé demandant la suspension de la décision de la CPPAP. C’est une procédure d’urgence. La décision prend généralement un mois environ. Et nous attaquons également la décision au fond devant la justice administrative en déposant ce que l’on appelle une requête en annulation, d’abord devant le tribunal administratif de Paris, puis, le cas échéant, devant la cour administrative d’appel de Paris, puis devant le Conseil d’Etat, puis, si c’est nécessaire, en dernière instance, devant la cour européenne des droits de l’homme. Mais cela risque pour le coup de prendre des années vu la lenteur de la justice. Et aucune de ces procédures n’est suspensive. Seul le référé suspension nous permettrait de retrouver rapidement nos droits. Nous allons également attaquer Paypal car il est scandaleux qu’on nous supprime cette possibilité de paiement alors que nous n’avons manqué à aucune de nos obligations. Nous vous tiendrons naturellement au courant de l’avancée de ces procédures.
Si le référé suspension ne nous donne pas satisfaction, nous serons alors contraints, non seulement bien sûr de réaliser des économies partout où c’est possible, même si nous avons déjà fortement allégé les charges de structure (nous n’avons pas de locaux, nous avons externalisé la comptabilité, nous nous occupons nous-même du fichier abonnés, et nous n’avons actuellement que deux salariés, un auto-entrepreneur et quelques pigistes) et nous devrons augmenter, tant que la victoire n’est pas obtenue en justice, le prix du numéro en kiosque et les tarifs des abonnements, même si nous maintiendrons en toutes hypothèses pour les personnes en grande difficulté qui ne peuvent pas consentir à un effort supplémentaire un abonnement à prix modique. Les autres seront appelées à faire un effort de quelques euros supplémentaires par mois (quatre ou cinq tout au plus en tout, et peut-être moins), ce qui n’est certes pas totalement négligeable mais ce qui est moins qu’un paquet de cigarettes ou qu’un ticket de cinéma. Nous n’aurons probablement pas d’autre solution si nous voulons sauver RIVAROL et pérenniser son existence. Le Système et les faux amis seraient tellement heureux que nous disparaissions qu’il nous faut absolument tenir contre vents et marées. Etre et durer, telle est la devise des parachutistes.
PLUS QUE JAMAIS, dans ces heures difficiles, douloureuses, nous comptons sur votre soutien. Non seulement matériel bien sûr, mais aussi sur vos prières, pour ceux parmi nos lecteurs qui sont croyants. Et aussi sur celles de leurs enfants, tant la prière des petits est puissante sur le Cœur de Dieu, alors même que nous entrons dans le mois du Sacré-Cœur. Il n’est pas anodin que ces difficultés qui se surajoutent les unes aux autres arrivent au moment de l’Ascension. Comme s’il nous fallait plus que jamais comprendre que si, sur Terre, nous devons sans cesse combattre, lutter, résister, rester vaillamment sur le pont — c’est le martyre quotidien du devoir d’état —, pour garder la paix à la plus fine pointe de l’âme, nous devons d’ores et déjà habiter en esprit les demeures célestes. Là où il n’y ni LICRA ni CPPAP ni BTA ni SOS Racisme ni injustice ni infamie ni inversion entre le bien et le mal ni révolution arc-en-ciel ni laideur ni méchanceté ni ignorance ni lassitude ni maladie ni souffrance ni trahison ni duplicité. Là où toute persécution, tout tumulte, toute agitation cessent, pour laisser place dans une éternité bienheureuse au repos, à la paix, à la joie, dans le face-à-face et le cœur à cœur de la vision béatifique. Bon courage à tous, sursum corda. On continue le combat. Avec plus d’énergie que jamais. Les pieds sur Terre et les yeux levés au Ciel.
Bonne et sainte fête de Pentecôte.
RIVAROL, <jeromebourbon@yahoo.fr>.
Billet hebdomadaire
Pap-Blanquer : arc-en-ciel bifrons
Faut constater que la nomination de Pap Ndiaye au ministère de l’Education Nationale fait causer. Assez pour couper la marijane sous le pied de Mélenchon. Les gauchistes en sont tout chose, de devoir approuver Macron. Les autres piaillent. On parle de « président caméléon ». Le Figaro crie à la « rupture » avec Jean-Michel Blanquer, qui occupa la rue de Grenelle cinq ans. Ils sont à côté de la plaque. On nage au contraire en pleine continuité. Et Manu Macol est parfaitement cohérent, d’ailleurs fondamentalement d’accord avec Jean-Luc, bonnet arc-en-ciel et arc-en-ciel bonnet. Voyons ça.
Pour commencer, Zemmour a raison, Pap Ndiaye aurait dû s’appeler Corinne. D’autres l’ont fait : Félix Houphouët-Boigny, Léopold Senghor, Christiane Taubira. Ce n’est tout de même pas dur de s’appeler comme un Français. Pap ! On n’a pas idée ! Et ne croyez pas que la question du prénom soit frivole. Il faut seulement comprendre comment elle se pose : elle ne mesure pas le degré d’intégration d’un individu, elle indique ce à quoi il s’intègre. Gaston Monnerville était président du Sénat, deuxième personnage de la république française, Pap Ndiaye est ministre de l’arc-en-ciel en France : entrez, entrez, on vous prend comme vous êtes, on vous juxtapose en attendant de disparaître soi-même, la France n’est plus qu’un territoire sur lequel vit une population dont la composition ethnique et culturelle varie sans cesse à grande vitesse, et qui pour l’instant parle encore un peu français. Pap en est un symbole.
Revenons donc à lui, puisque Pap il y a. A vue de nez, M. Ndiaye est quatre choses : ministre, noir, militant racisé, historien bardé de signes d’autorité comme Porthos l’était de son baudrier, agrégé d’histoire, enseignant à l’école des hautes études en sciences sociales, directeur du musée de l’histoire de l’immigration à la Porte dorée, président du Fonds Images de la diversité, professeur à Sciences Po. Commençons l’étude de cet important par sa fonction de ministre. Elle vient de lui échoir, il n’y a pas donc grand-chose à en dire. Une seule question s’est posée : est-il vraiment l’opposé de Blanquer ? Olivier Wieviroka le prétendait déjà quand Pap fut nommé en 2021 à la Porte Dorée : « Le chef de l’Etat voulait lancer un signal politique pour contrebalancer les positions des ministres Jean-Michel Blanquer [éducation], Frédérique Vidal [enseignement supérieur] et Gérald Darmanin [intérieur] ». Les contrebalancer en quoi ? Ces trois personnages avaient parlé « d’islamo-gauchisme » et de« wokisme ». Pap Ndiaye leur répondait sur France Inter que « le terme islamo-gauchisme ne désigne aucune réalité dans l’Université. C’est une manière de stigmatiser des courants de recherche […] Ce sont des recherches tout à fait importantes qui irriguent la recherche internationale et il serait catastrophique de les mettre à l’index, même s’il peut y avoir des problèmes avec des formes de crispation identitaire, avec des formes de sectarisme parfois, mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain ». Quant au wokisme, il en donnait la définition suivante dans le Monde en janvier 2021 : « être woke, c’est être conscientisé, vigilant, engagé. Cette expression argotique a cheminé dans le monde africain-américain à partir des années 1960 ». Et d’ajouter six mois plus tard, toujours dans le Monde qu’il partageait « la plupart des causes » des militants incriminés « comme le féminisme, la lutte pour la protection de l’environnement ou l’antiracisme ».
Si l’on s’en tient à l’écorce des choses, Pap Ndiaye semble donc l’anti-Blanquer, ce que leur faciès confirme, bouille ronde café au lait succédant à crâne de Yéti chauve blême. Mais ce n’est qu’apparence, due à deux mots lancés dans la presse grand public : “islamo-gauchisme » et “wokisme ». Deux mots flous et mal définis dont la fonction est de masquer deux réalités mortelles : l’immigrationnisme et la révolution arc-en-ciel. Relisons en effet Pap Ndiaye. La définition qu’il donne de woke est exacte, et cet “éveil’ chez les noirs américains, historiquement lié à Black Lives Matter, ne s’étendait qu’à une revendication sociale liée à la race, avec notamment une relecture systématiquement biaisée de l’Histoire. Les autres “causes” qui se sont rajoutées depuis 2020, que rappelle Ndiaye, dessinent une autre réalité, que nous connaissons bien : la révolution arc-en-ciel, avec sa composante “anti-raciste”, sa composante “climat-pandémies”, et sa composante “lgbtq”, chacune représentée par son drapeau arc-en-ciel. Pap Ndiaye, homme de gauche internationaliste qui se flatte de s’être en partie formé aux Etats-Unis, se revendique donc sans ambiguïté de l’arc-en-ciel. En cela, il ne rompt pas avec l’ère Blanquer, il la continue, il l’explicite, il en présente la face noire après la face blanche.
Voici pour l’établir quelques extraits d’un portrait que je traçais de l’ancien patron administratif de l’Education nationale le lendemain de sa nomination au ministère voilà cinq ans. C’est « l’un des mandarins, l’un des piliers du diplodocus de l’Education nationale, dont les connaissances et les brillantes idées se sont perdues dans la fièvre réformatrice permanente du ministère sans jamais amener la moindre amélioration sensible d’ensemble. » Sans doute proposait-il quelques réformes de bon sens, et la droite espérait-elle de sa part une remise en ordre. Mais pour aller où ? « Il a écrit son dernier livre, L’école de demain, en collaboration avec l’institut Montaigne, club de pensée mondialiste lancé en 2000 par Claude Bébéar, alors PDG d’Axa. […] Il n’est pas seulement l’ami de François Baroin depuis le CM2, mais le biographe très empathique du père de celui-ci, Michel Baroin, ancien grand maître du Grand Orient de France, auquel il a consacré son premier livre Michel Baroin, les secrets d’une influence. Il est sans doute, comme il le dit de son ami François, un « maçon sans tablier » (Cela entre) en résonance avec ses mots fétiches, “république’, “respect’, confiance’, “bonheur’. En rendant son “excellence’ à « l’école républicaine », le nouveau ministre de l’éducation nationale entend rétablir la confiance du peuple envers l’Etat qui lui dispense sa pâtée et refaire de l’école une efficace machine à formater les esprits ». Les lacunes relevées dans ses déclarations d’intention indiquent dans quel sens ira ce formatage : « Nulle remise en cause du caractère idéologique et révolutionnaire des sciences de la vie et de la Terre, sur l’idéologie du genre et sur l’orientation LGBT friendly de l’éducation nationale. Celle-ci continuera à former de petits révolutionnaires acquis à l’idéologie mondialiste : la différence est qu’ils sauront désormais lire et écrire, ce qui rassurera leur grand-mère qui a voté Fillon. » Sous le nappage de chocolat, noir ou blanc, on trouve le même praliné arc-en-ciel.
D’ailleurs Pap est noir comme je suis pape. Il ne l’est devenu que sur le tard, en se découvrant black « à vingt-cinq ans ». Quand on lit sa bio, on retrouve les mêmes caractéristiques que dans celle de Blanquer, ce sont les mêmes rejetons de la bourgeoisie enseignante de gauche — il s’est d’ailleurs mis en concubinage avec la sociologue Jeanne Lazarus, arrière-petite-fille du général Mangin, l’un des patrons de nos troupes noires. Question : Ndiaye est-il plus noir ou plus prof ? Plus sénégalais ou plus de gauche ? D’extrême gauche ? Il a milité dans les années 1980 à Convergences socialistes avec Cambadélis et d’autres trotskistes lambertistes. De toutes les pesanteurs dont il est l’intersection, quelles sont les plus déterminantes ? Lui-même se définit comme « républicain de souche ». Traduisons : pour lui la France est un simple état de droit, un ensemble de “valeurs” et de lois, qu’il faut constamment améliorer en le débarrassant des “discriminations”, l’identité n’étant qu’un fantasme essentialiste. Quant à sa négritude, ce n’est pas celle de Senghor, qu’il juge “essentialiste” en ce qu’elle « insiste sur les qualités propres à l’homme noir », c’est plutôt celle d’Aimé Césaire : pour lui, les noirs sont « un groupe qui est défini par le regard qui est posé sur lui, un regard lesté de considérations historiques ». Il se réclame aussi du psychiatre martiniquais pro-FLN Frantz Fanon, l’un des pères du tiers-mondisme qui a inspiré les idéologues décoloniaux. […]
HANNIBAL.