Rivarol n°3525 du 29/6/2022
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Rivarol n°3525 du 29/6/2022 (Papier)

Editorial

Les députés français veulent inscrire
l’avortement dans la Constitution !

A PEINE la Cour suprême des Etats-Unis avait-elle inversé le 24 juin sa jurisprudence, en renonçant au droit fédéral à l’avortement 49 ans après le tristement célèbre arrêt Roe contre Wade de 1973 et en laissant aux cinquante Etats américains la liberté de légiférer sur cette question fondamentale (voir l’article de Scipion de Salm en pages centrales) que les députés français se faisaient fort de graver dans le marbre constitutionnel, de sanctuariser (ce qui est un mot particulièrement déplacé quand on sait de quoi il s’agit) l’assassinat de millions d’enfants à naître dans le ventre de leur mère. Jusque-là la proposition d’inscrire dans la Constitution le droit à l’IVG était une mesure-phare de la France insoumise qui l’avait intégrée dans son programme présidentiel en 2017 et de nouveau en 2022.
La constitutionnalisation de l’IVG avait par ailleurs déjà été mise sur la table de l’Assemblée en 2018 par la France insoumise et en 2019 par le Parti socialiste, mais la décision, vendredi, de la Cour suprême de ne plus garantir au niveau fédéral « le droit à l’avortement » (qui est en réalité le droit de tuer le fruit de ses entrailles, crime atroce s’il en est !) a conduit les députés et le gouvernement à aller encore plus loin et plus fort dans l’horreur. Inclure le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution afin d’en garantir la pérennité, voilà ce que proposent de concert Aurore Bergé, la présidente du groupe Renaissance, sa collègue de La France insoumise, Mathilde Panot, aussitôt soutenue par le Premier ministre, Elisabeth Borne.

Y-A-T-IL TOUTEFOIS des oppositions au sein du Parlement devant cette nouvelle avancée de la culture de mort ? Pensez-vous ! Contrairement aux Etats-Unis, il n’y a plus de droite en France. Les Républicains et le Rassemblement national sont totalement soumis au totalitarisme de la gauche. Les Républicains qui représentent officiellement la droite parlementaire sont incapables de prendre une position claire et unanime sur le sujet mais penchent pour le vote de cette proposition de loi visant à constitutionnaliser « le droit à l’IVG », c’est-à-dire en France le droit de tuer jusqu’à 14 semaines de grossesse les fœtus, ce qui oblige à fracasser sauvagement dans le sein de la mère le crâne du bébé avant de l’aspirer. Voilà ce dont on parle, voilà l’horreur absolue, voilà la barbarie dont il s’agit. Interrogée sur la question, Marine Le Pen, l’air pincée, a dit qu’elle aussi voterait ce texte, avec les 89 députés RN, s’il était soumis à la représentation nationale. Quant au président par intérim du Rassemblement national, le juvénile Jordan Bardella, qui fait toujours où lui dit de faire sa maîtresse, il a tweeté : « Aucun mouvement politique sérieux ne remet en cause en France la loi Veil, acquis à protéger ». Et Marine le Pen a surenchéri deux heures plus tard, déclarant que « le RN n’a jamais attenté au droit des femmes à recourir à l’IVG ». Le tout avec un graphique du vote montrant que la majorité présidentielle s’était, en revanche, opposée à « sanctuariser ce droit » dans la Constitution en 2018, ainsi que le demandait la France insoumise. Autrement dit la benjamine de Jean-Marie Le Pen se veut encore plus à gauche que la Macronie sur la question de l’avortement. Mais si c’est pour voter comme tous les autres parlementaires sur des sujets aussi fondamentaux, à quoi sert-il d’avoir 89 députés RN ? A rien. Qu’il en ait 1, 10, 100, 200 ou 300, cela ne change rien.
C’est d’ailleurs pourquoi le Système n’a nullement diabolisé les candidats du RN entre les deux tours des législatives puisque le RN est désormais favorable à l’avortement, au “mariage” homosexuel, à la PMA, à la loi Pleven et à la loi Gayssot, à l’Union européenne et à l’euro, à Schengen et à la Cour européenne des droits de l’homme, à la laïcité, à la parité et à la mixité raciale. Il ne représente aucun danger, aucune menace pour l’Etablissement. On le diabolise encore un peu pour des raisons purement électorales et de maintien de parts du gâteau comme lors du second tour de la présidentielle : c’était nécessaire qu’il fît encore un peu peur pour que Macron fût réélu pour cinq ans, mais, à la vérité, il n’incarne en rien une alternative au Système en place dont il épouse désormais les idées, les mots d’ordre, les tabous. Cette révolution s’est faite sous la houlette de Marine Le Pen depuis 20 ans, depuis 2002 quand elle s’était dite favorable au maintien de la loi Veil, c’est-à-dire au « droit à l’avortement », contrairement au programme officiel du FN de l’époque. Depuis cette période, les plateaux de télévision et les antennes de radio lui sont grandes ouvertes. Elle a donné les gages nécessaires. Elle fera de même peu après avec la Shoah. Elle en a fait des tonnes sur « la barbarie nazie » et elle cautionne la barbarie, elle active, actuelle et continue, consistant à assassiner par millions des enfants parfaitement sains et viables dans le ventre de leur mère.

COMMENT prétendre défendre la nation, œuvrer à sa pérennité lorsqu’on approuve l’avortement de masse et qu’on entend même constitutionnaliser ce “droit” ? Et comment prétendre lutter contre le Grand Remplacement lorsqu’on promeut ce qui en est le principal moteur : 220 000 enfants tués par an, plus de 10 millions en 47 ans ? Il est vrai que Marine Le Pen n’a rien trouvé de mieux que de choisir l’homosexualiste Sébastien Chenu, fondateur de Gay-Lib et organisateur de gigantesques Gay Pride, comme l’Europride de Marseille il y a quelques années, comme candidat du RN à la présidence de l’Assemblée nationale et elle a imposé un autre homosexualiste et militant LGBT, Jean-Philippe Tangui, transfuge de Debout la France, pour la présidence de la stratégique commission des Finances. Sur 89 députés, elle n’a donc rien trouvé de mieux que ces deux folles. Il est loin décidément le temps où le FN, avec Martine Lehideux, défendait la famille et le mariage entre un homme et une femme ! Qu’avons-nous subi comme avanies pour avoir écrit dès 2010 que Marine Le Pen était entourée d’arrivistes sans scrupule et d’invertis notoires ? Nous ne disions pourtant que la vérité qui est de plus en plus criante pour qui veut voir.
On comprend dans ces conditions qu’une députée macroniste a pu déclarer que le gouvernement était prêt à accepter, sur des textes de loi, les voix du RN. Le très gauchiste et très haineux Eric Dupond-Moretti, ministre de la Justice de Macron, a dit publiquement des choses similaires, considérant le RN comme un partenaire possible. Quant au président du Sénat, le franc-maçon, Gérard Larcher, il a déclaré que la présidence de la commission des Finances devait échoir au RN, premier groupe de l’opposition en nombre de députés. On est loin là du cordon sanitaire qui fut mis en place entre 1986 et 1988 autour des 35 députés FN conduits par Jean-Marie Le Pen. On est loin surtout du programme de gouvernement du FN de 2002, Pour un avenir français, qui avait pour propositions l’abrogation des lois Veil, Pleven et Gayssot, du Pacs, la sortie de l’Union européenne, la défense de la liberté d’expression. Marine Le Pen, c’était le rôle qui lui a été attribué et qu’elle a parfaitement rempli, était de désactiver le cœur nucléaire du FN, d’en renier les fondamentaux, bref de faire du FN devenu RN un parti comme les autres. Elle y a parfaitement réussi avec l’aide des media et hélas de son… père !

LA DÉCISION historique de la Cour suprême doit toutefois nous remplir d’espérance. Certes rien n’est définitivement gagné, et on peut compter sur le camp de la culture de mort pour pousser des cris d’orfraie et essayer d’imposer l’IVG partout où ils le peuvent aux Etats-Unis, mais ce succès certes partiel prouve que lorsqu’on est fidèle à ses convictions, à ses certitudes, à ses principes, on peut remporter des victoires, même tardives, même inattendues. C’est pourquoi il faut toujours se battre. Comme des lions. Il n’est en effet que les batailles que l’on ne mène pas, et que l’on ne conduit pas jusqu’au bout, qu’on est sûr de perdre. Et il faut pareillement refuser toute diminution, tout attiédissement, toute compromission sur les principes, sur la foi et sur la morale.  
Dans la bataille pour le vrai, le bien, le beau, dans le service de Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie, aucune concession n’est possible, aucun abandon n’est acceptable, aucun retard n’est excusable. Et vivre selon ses principes, c’est finalement ce qui peut rendre un homme heureux, même ici-bas. Car, comme l’écrivait Paul Bourget : « à force de vivre contrairement à ce que l’on pense, l’on finit par penser comme l’on vit ». Et le grand saint Augustin disait déjà des siècles auparavant : « A force de tout voir on finit par tout supporter… A force de tout supporter on finit par tout tolérer… A force de tout tolérer on finit par tout accepter… A force de tout accepter on finit par tout approuver ! » C’est bien le drame de notre temps. Soyons, quant à nous, libres, droits et debout !

RIVAROL, <jeromebourbon@yahoo.fr>. 

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Billet hebdomadaire

Entretien avec François Belliot : l’impostureRudy Reichstadt

François Belliot est l’auteur de Guerre en Syrie, en deux volumes (2015 et 2016), aux éditions Sigest, et de Massacre de Charlie Hebdo, l’enquête impossible. Avec L’anticonspirationnisme mis à nu à travers l’imposture Rudy Reichstadt aux éditions du Retour aux Sources (2021), il donne la première cartographie des réseaux qui agissent dans l’ombre contre la liberté d’expression.

RIVAROL : Il y a une énigme Rudy Reichstadt. On ne sait pas grand-chose de lui et pourtant il est devenu un “gourou” de l’anti-complotisme médiatique en quelques années et il est à l’origine, avec d’autres, de la perte d’agrément de la commission paritaire pour notre hebdomadaire, puisqu’il a mené une campagne très active et haineuse pendant deux ans sur les réseaux sociaux contre RIVAROL. Qu’avez-vous découvert sur son parcours personnel ?

François BELLIOT : A proprement parler je n’ai rien “découvert”. Tout ce qui se trouve dans mon livre sur le compte de cette obsédante figure de l’anticomplosphère existe sous une forme éparse sur la toile, et si certaines informations sont plus difficiles à trouver que d’autres, pour l’interprétation tout est surtout affaire de patience, de méthode, de mise en perspective, et aussi il faut bien le dire d’expérience car le personnage et le sujet dont il est l’emblème sont à première vue aussi énigmatiques que le sphinx de Gizeh ou les Moais de l‘île de Pâques.
Sur son parcours, voilà au moins ce que nous savons et pouvons dire : il est diplômé de l’IEP d’Aix en-Provence au début des années 2000, écrit son premier article en 2004, dans lequel perce déjà son tropisme néoconservateur et délateur, contre un ouvrage de son professeur de l’IEP Vincent Geisser dans la revue Prochoix de Caroline Fourest ; il crée le site Conspiracy Watch l’année suivante en 2005, sous la forme d’un blog rudimentaire hébergé par le site du Courrier international, dans lequel il commence à relayer des articles contre les théories du complot suscitées par les attentats du 11-Septembre 2001, contre Alain Soral, Dieudonné, Étienne Chouard, Kemi Seba, Jean-Marie le Pen, Jean-Marie Bigard, pour la version officielle du génocide rwandais qui met tout sur le dos des Hutus…
Il publie également quelques articles dans la revue des néoconservateurs français — les seuls à avoir soutenu l’illégale et impopulaire invasion de l’Irak en 2003 —, le meilleur des mondes. Ce n’est qu’à partir de 2011 qu’il commence à être sollicité comme expert des complotistes et des théories du complot, dans le journal le Monde notamment, par exemple sur la si limpide inhumation en pleine mer depuis un porte-avion du cadavre de Ben Laden ou la tout aussi limpide affaire Mohamed Merah d’avril 2012. A l’époque il participe à deux séminaires de la Règle du jeu du criminel de guerre Bernard-Henri Lévy.
En 2013 il participe en tant qu’expert à un documentaire de Caroline Fourest sur « les Obsédés du Complot » sur France 5. On peut dire qu’il prend son envol l’année 2014, qui commence sur les chapeaux de roue avec l’affaire Dieudonné ; on le voit notamment en mars entrer à l’Observatoire des Radicalisations Politiques — présidé par le chroniqueur israélophile de Charlie Hebdo Jean-Yves Camus —, une émanation de la très socialiste Fondation Jean Jaurès, dirigée depuis 2000 par l’ex strauss-kahnien et néo-macroniste Gilles Finchelstein. L’année 2015 est pour Rudy Reichstadt celle de la consécration : dans le sillage du massacre de Charlie Hebdo, il parvient à attirer l’attention de la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem lors d’une réunion communautaire antiraciste, et obtient dans la foulée, on ne sait comment, un emploi de délégué de signature à la mairie de Paris. En février 2016 ; signe de son irrésistible ascension, il est le monsieur loyal d’une sorte de Grenelle des théories du complot organisé, sous l’égide de l’Éducation Nationale, au muséum d’histoire naturelle de Paris, auquel participent tous ses frères et sœurs anti-conspirationnistes depuis des années, les Thomas Huchon, Gérald Bronner, Sophie Mazet, Aurélie Ledoux… Pour l’année 2016 je relèverais encore un voyage en Israël en compagnie du délégué de la DILCRA, Gilles Clavreul, pour « deux jours d’échanges et de partage de retours d’expérience en matière de lutte contre l’antisémitisme et le racisme ». Je ne sache pas qu’il ait eu la curiosité de rencontrer des Palestiniens en cette occasion pour discuter des graves problèmes de racisme et d’antisémitisme auxquels ils sont quotidiennement exposés de la part des Juifs sionistes, ashkénazes d’origine pour la plupart, et animés par un logiciel ouvertement génocidaire.

R. : Qui soutient et finance la nébuleuse anti-conspirationniste ?

F. B. : J’allais y venir… Pour ce qui concerne l’ensemble de la nébuleuse anti-conspirationniste, il faudrait répondre au cas par cas. Pour nous borner au cas de Rudy, la réponse est très simple : à partir de 2017, Conspiracy Watch se professionnalise, le blog un peu rudimentaire hébergé par le Courrier international entre en métamorphose, et il obtient le statut de service de presse et le financement de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah (FMS), qui ne lui a jamais fait défaut depuis.
J’ignore quel est le montant du soutien, mais il est affiché dans les comptes-rendus annuels de la Fondation que chacun peut consulter sur internet. Maintenant, sans parler de soutien financier, on peut parler sans polémique d’appui moral et politique : il crève les yeux que l’ensemble de la mouvance anti-conspirationniste, que je qualifie d’escroquerie intellectuelle en bande organisée, est soutenue à bout de bras par les différents organes de la communauté juive organisée et ses innombrables acronymes. Il suffit de faire un tour sur les sites communautaires pour se rendre compte de ce tropisme extraordinaire. Un autre indice du reste est qu’il est à peu près immanquable que les auteurs anti-conspirationnistes assimilent la lutte contre les théories du complot à la lutte contre l’antisémitisme. Il n’existe aucun autre exemple d’un tel couplage.
Pour en terminer avec son parcours, depuis 2015 jusqu’à nos jours, Rudy Reichstadt a pris une importance croissante dans les médias au point d’y être devenu omniprésent et incontournable dès qu’une « théorie du complot » dangereuse pour la démocratie — si parfaite, si transparente, si irréprochable — et le vivre-ensemble, pointe le bout de son nez, l’exemple le plus emblématique étant sans conteste la récente séquence Covid qui s’est ouverte en mars 2020, tout au long de laquelle il a apporté son soutien indéfectible aux décisions du gouvernement, justifiant tout, y compris les revirements et palinodies les plus indigestes comme celles sur le port du masque ou l’obligation vaccinale — et traitant systématiquement de complotistes tous les réfractaires à ces injonctions contradictoires

R. : Quels sont les parcours des contributeurs autour du site Conspiracy Watch ?
 
F. B. : Si l’on se base sur l’ours du site internet, Rudy n’est assisté dans sa sainte tâche que par une seule personne, l’“historienne” Valérie Igounet, qui a construit toute sa carrière sur la lutte contre la si mal nommée “extrême-droite”, le Front National, et contre le révisionnisme historique, et qui a publiquement évoqué comme un fait d’armes le fait d’avoir volé des documents dans la bibliothèque de Maurice Bardèche, en profitant de son grand âge et d’une absence prolongée de ce dernier aux toilettes.
Sinon l’élaboration du site, sa mise en page travaillée, la quantité d’articles relayés ou rédigés, sa veille hebdomadaire du conspirationnisme qui lui permet de lister tout ce qui peut être tamponné « théorie du complot », représente une quantité de travail inimaginable pour un homme seul. Il est évident qu’il existe de nombreux contributeurs, occasionnels ou à temps-plein, mais suivant une tradition intellectuelle propre à cette pègre, ils ne haïssent rien tant que de prendre la lumière. On peut au moins faire remarquer que le milieu anti-conspirationniste, plus généralement, est un milieu très fermé dans lequel n’entre pas qui veut.
Les Tristan Mendès France, Caroline Fourest, Thomas Huchon, Sophie Mazet, Gérald Brönner, Raphaël Enthoven… sont à l’évidence des gens qui travaillent en équipe, d’une façon ou d’une autre. On les retrouve toujours ensemble dans les émissions auxquelles ils participent très régulièrement en l’absence de tout contradicteur. Ils sont toujours d’accord, se félicitent, se serrent les coudes. C’est une famille dont on parle, une famille indéfectiblement unie et soudée dans sa sainte et inconditionnelle croisade contre les théories du complot et les complotistes, toujours traités dans le cadre d’un discours dont il faut bien noter que dans son essence il est de structure raciste et imbibé par la haine jusqu’au trognon — son principe structurant n’est pas celui de la dream team de Mickaël Jordan ou du grand Barça de Pep Guardiola.

R. : Comment le concept d’anti-conspirationnisme est-il né ? Quelle est son utilité dans la stratégie des tenants du Nouvel ordre mondial ?

F. B. : En vérité c’est un concept extrêmement ancien que l’on pourrait faire remonter à la Révolution Française : dès le XIXe siècle on peut trouver des textes anti-conspirationnistes à la signature parfaitement identifiable, mais pour prendre une borne plus contemporaine et significative, il faut citer l’ouvrage de Richard Hofstadter, le style Paranoïde, publié en 1964. Il s’agit d’une analyse du positionnement du candidat antisystème Barry Goldwater, sorte d’ancêtre de Donald Trump, défait lors de l’élection présidentielle de 1964 par Lyndon Johnson — couplée à une critique du sénateur Joseph Mc Carthy qui dénonçait en son temps un complot communiste aux États-Unis, ce qui avec le recul n’est pas tout à fait infondé si l’on a en tête par exemple le parcours d’un Alger Hiss — l’angle d’attaque de Hofstadter est celui de la psychologie et de la psychiatrisation des “conspis”. Le titre seul de l’ouvrage suffit à la limite à comprendre l’approche : les conspis sont des sortes de fous, paranoïaques, animés par des intentions inavouables, qu’il faut traiter comme de grands malades, et leurs arguments et exposés factuels ne doivent jamais être pris en compte. Cette approche psychiatrisante est encore très prisée de nos jours par les auteurs anti-conspirationnistes qui rivalisent d’ingéniosité sadique pour décrypter les motivations et le mode de fonctionnement des “conspirationnistes”.
Pour revenir à Hofstadter, remarquons que son livre paraît un an après l’assassinat du président Kennedy à Dallas, événement capital de l’après-Seconde Guerre mondiale et qui marque le véritable essor du “conspirationnisme” aux États-Unis, qu’il faut immédiatement requalifier en « scepticisme de masse engendré par l’escroquerie démocratique ».[…]

Entretien réalisé par Monika BERCHVOK.


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