Rivarol n°3541 du 16/11/2022
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Rivarol n°3541 du 16/11/2022 (Papier)

Editorial

Vincent Reynouard capturé et emprisonné en Ecosse !

CETTE FOIS-CI, il n’a pas réussi à leur échapper. Alors que, le 25 octobre 2021, il avait pu glisser entre les doigts de la police britannique venue l’arrêter en bas de son modeste domicile du Grand Londres, en sortant à toute vitesse par l’arrière de l’immeuble, en courant en toute hâte comme Forrest Gump, et en trompant ainsi la vigilance des deux inspecteurs, hélas il n’en a pas été de même ce jeudi 10 novembre où il a été capturé à cinq heures du matin, dans la petite chambre d’hôte qu’il louait sous une fausse identité, depuis onze mois, en payant en espèces, dans les environs d’Anstruther, un charmant petit port de pêche situé sur la côte est de l’Ecosse, à une heure et demie au nord d’Edimbourg, à quelques kilomètres de la très jolie ville de Saint Andrews. Après avoir erré pendant plusieurs semaines, changé de cachette, dormi dans des lieux sales et sordides, parfois menacé par une faune interlope, Vincent Reynouard, privé de quasiment tous ses livres et documents, ainsi que de ses effets personnels, avait finalement réussi à trouver cette chambre d’hôte à la mi-décembre 2021 en lisant une annonce. Ce travailleur infatigable passait ses journées et une grande partie de ses nuits (il dort en moyenne quatre heures par jour !), après avoir fait du vélo très tôt chaque matin jusqu’à la mer du Nord, proche d’une dizaine de kilomètres du lieu où il avait temporairement trouvé refuge, à la rédaction d’un livre actualisé et fortement complété sur le drame d’Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944.
Ironie du sort, lorsqu’il avait été interpellé le 25 octobre 2021, il mettait la dernière main à une brochure sur cette affaire. Cette fois-ci, il venait de terminer et de faire envoyer à l’impression un livre de près de cinq cents pages sur Oradour, un ouvrage où, disait-il, il y aurait non seulement des approfondissements mais des révélations explosives. Ce livre devrait en principe être disponible d’ici quelques semaines, sauf nouveau rebondissement. Vincent savait que, tôt ou tard, il serait capturé, c’est pourquoi il avait décidé de mettre les bouchées doubles. Il avait entrepris, parallèlement au livre sur Oradour, de rédiger un ouvrage relatant toute l’histoire du XXème siècle, et particulièrement la genèse, le déroulement et les conséquences des deux conflits mondiaux, et approfondissant plus de trente ans de recherches et de travaux révisionnistes. Il en était quasiment à la conclusion et à la minutieuse relecture lorsqu’il a été arrêté brusquement dans son élan par cette capture policière. Il s’intéressait également de près à l’actualité et il nous avait ainsi envoyé, quelques dizaines d’heures seulement avant son arrestation, deux articles pour RIVAROL, l’un sur le dossier Lola, l’autre, plus bref, sous forme de droit aux lettres, sur l’affaire Grégoire de Fournas, que nous avons publiés intégralement dans notre précédent numéro. Enfin, il participait chaque semaine depuis plusieurs mois à l’émission radiophonique de Démocratie participative de Boris Le Lay. Et l’arrestation de Vincent fait évidemment redoubler les craintes concernant Le Lay car si les autorités françaises ont réussi à retrouver et capturer Reynouard dans un coin perdu de l’Ecosse, en obtenant la participation active de la justice et de la police écossaises, on ne saurait exclure qu’elles puissent un jour, peut-être moins lointain qu’on ne l’imagine, mettre la main sur le principal animateur de Démocratie participative, déjà condamné à près de douze ans de prison ferme dans notre pays pour diverses infractions aux lois Gayssot et Pleven.

L’ARRESTATION de Vincent Reynouard dans l’Ecosse profonde est destinée à frapper les esprits. La LICRA, qui s’est ouvertement réjouie de cette arrestation, comme de nombreux sites et blogs communautaires, a tweeté le 13 novembre : « Le délinquant Reynouard arrêté en Ecosse. Un message adressé à tous ceux qui pensent qu’une fuite à l’étranger les met à l’abri des poursuites en France ou de la prison. Cela prend le temps qu’il faut mais à la fin ils répondent de leurs actes. » On ne saurait être plus clair. Le Lobby ne pratique ni pardon ni oubli et va jusqu’à faire poursuivre des centenaires en fauteuil roulant, comme l’Allemand Josef Schütz condamné le 28 juin dernier ans à cinq ans de prison ferme — à 101 ans ! — alors qu’il avait été simple ouvrier agricole s’occupant exclusivement de la plante et de l’entretien des arbres dans un camp de concentration il y a quatre-vingts ans !
Pourtant, le militant révisionniste quinquagénaire (il a 53 ans) n’avait commis aucune imprudence notoire. Son ordinateur était équipé d’un VPN (un réseau privé virtuel) qui, en principe, ne permet pas de localiser l’utilisateur, et pour ses rares communications téléphoniques et électroniques (à trois ou quatre amis ou membres de sa famille tout au plus), il utilisait exclusivement le réseau Signal qu’on dit pourtant très protecteur. Il faut croire que ces protections ne sont pas aussi sûres que ce que l’on dit ou que ce que l’on croit souvent dans nos milieux. Et surtout cela signifie que la police n’a pas fait les choses à moitié pour traquer, cerner et capturer le “délinquant” de la pensée. Les policiers qui ont arrêté Vincent à l’heure du laitier le jeudi 10 novembre lui ont dit d’ailleurs qu’ils avaient mis « les grands moyens » pour le retrouver. On les croit volontiers. Un renseignement “français” (de qui et de quoi s’agit-il ?) aurait permis de localiser Vincent en Ecosse cet automne. C’est-à-dire tout récemment. Vincent Reynouard a été traqué comme s’il était un terroriste faisant exploser des bombes. Mais en réalité le Système craint peut-être davantage les bombes historiques et politiques que constituent souvent ses écrits et ses vidéos car, ne l’oublions pas, la Shoah (et tout ce qui l’entoure) est la clé de voûte du Système mondial. D’ailleurs, si tel n’était pas le cas, croit-on que l’on aurait déployé tant de moyens dispendieux, fait pression sur la justice et la police britanniques, procédé très probablement à de longues écoutes, à une surveillance étroite, à un espionnage de chaque instant, à une traque incessante ? Car Vincent n’était et n’est en réalité une menace pour personne. Isolé, quasiment privé de tout, sans un sou, quasiment sans vêtement, sans compte bancaire, sans salaire, sans emploi, sans avenir, sans espoir de retraite, sans couverture sociale, il était dans une situation de grande précarité, ne vivant que de dons (puisqu’il ne pouvait plus, par sécurité,0 donner de cours particuliers depuis sa fuite du 25 octobre 2021), objectivement il ne représentait aucun danger. Il a d’ailleurs un nombre relativement limité de suiveurs et de soutiens sur les réseaux sociaux. Et il y a encore moins de sympathisants révisionnistes au Royaume-Uni qu’en France. Mais la police de la pensée qui ne cesse de se renforcer et d’étendre ses monstrueux tentacules ne permet plus, ne serait-ce que le bourdonnement d’un moustique, il faut l’écraser sans pitié, comme les chars israéliens le font régulièrement avec les enfants palestiniens, sorte de Gavroches modernes équipés seulement d’un modeste caillou face à l’engin de mort, face à l’oppresseur, et animés de la volonté inflexible de vivre enfin libres et debout après tant d’humiliations, de vexations, d’injustices et de crimes que la puissance occupante multiplie en toute impunité et en toute bonne conscience, protégée et sanctuarisée par une Mémoire dogmatisée.
VINCENT REYNOUARD est actuellement incarcéré à la prison d’Edimbourg en Ecosse. Il nous fait savoir qu’il va bien, que son moral est bon, que ses conditions de détention sont très correctes et qu’il s’entend bien avec son actuel compagnon de cellule, même si celui-ci hélas laisse allumer toute la journée la télévision et se gave d’émissions de télé-réalité. Or la télévision perpétuellement allumée et au son bruyant n’est ni plus ni moins qu’une forme de torture. Vincent a refusé son extradition et bénéficie pour l’heure de l’aide d’une avocate écossaise commise d’office. La prochaine audience pour statuer sur son extradition aura lieu en principe le jeudi 24 novembre. Le procureur a refusé une première demande de mise en liberté compte tenu du risque de fuite du militant révisionniste. Si la loi britannique était appliquée, Vincent devrait être libéré et en aucun cas être extradé vers la France. Il n’y a pas en effet de délit de “négationnisme” au Royaume-Uni. Il n’y a pas d’équivalent de la loi Gayssot. Le général Jean-Philippe Reiland, à la tête de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité (OCLCH), qui pilotait sa traque et qui se félicite ouvertement de son arrestation — à l’époque les généraux gagnaient leurs étoiles sur le champ de bataille, aujourd’hui ils les glanent grâce à Oradour-sur-Glane, ils les obtiennent en traquant impitoyablement les nationalistes et les révisionnistes, en se faisant les lamentables kapos de la police de la pensée, autres temps, autres mœurs ! —, reconnaît lui-même des « difficultés juridiques » pour son incarcération et pour son extradition, puisque le délit pour lequel Vincent Reynouard a été condamné en France n’existe pas en Grande-Bretagne. Mais qu’importe ! Ils ne sont pas à cela près ! Comme le disait feu le professeur Faurisson « en matière de révisionnisme historique, il n’y a ni foi, ni loi, ni droit ». Rappelons-nous également l’affaire Papon en 1999 : le nonagénaire avait cru pouvoir trouver refuge en Suisse. Au mépris de toute procédure, et alors même que cela prend des mois voire des années pour obtenir l’extradition de dangereux terroristes ou de délinquants sexuels, Maurice Papon avait été renvoyé le jour même en avion en France. La présidente de la Confédération helvétique de l’époque avait alors tenu une conférence de presse dans laquelle elle avait déclaré de manière très révélatrice : « La Confédération helvétique ne veut NI NE PEUT garder sur son territoire un homme condamné pour crimes contre l’humanité ». De la même manière, pourrions-nous ajouter, la Confédération helvétique ne veut ni ne peut protéger les coffres-forts de ses banques lorsque les grandes organisations juives lui demandent des comptes, en espèces sonnantes et trébuchantes !  Il n’y a même pas besoin de les braquer, il suffit de réclamer et de se servir !
Le militant révisionniste a été arrêté en vertu d’un mandat d’arrêt, en date du 25 juin 2021, émanant de la France, à la suite de sa condamnation par la cour d’appel de Caen le 17 juin 2015 à un an de prison ferme (arrêt confirmé le 21 juin 2016 par la cour de cassation) pour une vidéo de 2014, aujourd’hui supprimée et donc introuvable, à l’occasion du 70e anniversaire du Débarquement sur les plages de Normandie. Etaient stigmatisés dans cette vidéo la propagande scolaire, le lavage de cerveaux des enfants et des adolescents mais aucun discours de haine, contrairement à ce qui est dit, n’était prononcé. D’ailleurs, tous ceux qui connaissent bien Vincent Reynouard savent que c’est une crème, qu’il est d’une extrême gentillesse, qu’il est incapable de haine, de vengeance et de méchanceté envers qui que ce soit, fût-ce envers ses contradicteurs les plus acharnés, les plus injustes et les plus véhéments, et même si l’on peut contester à bon droit certaines de ses positions et déclarations, et notamment son évolution religieuse et philosophique depuis une dizaine d’années, il n’en reste pas moins qu’il a accompli en matière de révisionnisme une œuvre considérable, monumentale, qu’il n’a jamais appelé à la haine ou à la violence (il a toujours fait siennes des positions pacifistes) et que la persécution qu’il subit depuis plusieurs décennies et qui ne cesse de s’aggraver, au point de devenir complètement délirante, doit être publiquement dénoncée. On peut d’ailleurs regretter, mais là aussi c’est une signe de l’époque, qu’aucune personnalité d’envergure n’ait jusque-là dénoncé le sort injuste et cruel qui lui est fait. Ni parmi les intellectuels, ni parmi les politiques, ni parmi les clercs, ni parmi les écrivains. C’est à cela aussi qu’on mesure le déclin du courage que dénonçait déjà de manière magistrale le grand Soljenitsyne dans son discours de Harvard en 1975 !

DEPUIS qu’il s’est exilé en Grande-Bretagne le 16 juin 2015, ce qui lui aura quand même permis de gagner sept ans de liberté, au mois relative — car est-on vraiment libre lorsqu’on est sans cesse traqué et dans la crainte d’une arrestation pouvant survenir à tout moment, n’importe où, n’importe quand, n’importe comment ? —, Vincent Reynouard avait été condamné en tout (en comptant l’arrêt de la cour d’appel de Caen) à 27 mois de prison ferme. S’il était extradé, il devrait normalement pouvoir faire opposition à ces jugements car il était absent, à l’étranger. Mais rien ne dit qu’il serait moins lourdement condamné en cas de nouveaux procès. C’est sur sa condamnation par la cour d’appel de Caen à un an de prison le 17 juin 2015 que s’appuie le général Reiland pour demander à l’Ecosse l’extradition de Vincent car, selon lui, il fallait une peine d’au moins un an ferme pour que la police et la justice de Sa Gracieuse Majesté acceptassent de coopérer étroitement et de participer activement à la traque du militant révisionniste actuellement le plus actif et l’un des plus prolifiques.
Vincent Reynouard, dont nous vous donnerons des nouvelles régulièrement, pour autant que l’on en ait, et dont nous vous communiquerons l’adresse postale où l’on peut lui écrire, lorsqu’elle sera durablement fixée, et dont nous recenserons chaque semaine par un visuel les semaines de détention, pour dénoncer cette injustice insupportable, comme nous l’avions déjà fait pour lui, lors de sa précédente incarcération à Bruxelles, puis à Valenciennes, du 9 juillet 2010 au 5 avril 2011, puis pour l’essayiste Hervé Ryssen, incarcéré, lui, sept mois à la prison de Fleury-Mérogis, du 18 septembre 2020 au 17 avril 2021, n’est toutefois pas le seul actuellement à subir les foudres de la répression, même s’il est actuellement le plus persécuté.

NOTRE AMI René-Louis Berclaz, courageux directeur du Courrier du continent et rédacteur du très documenté Bocage Info donnant avec une régularité de métronome des nouvelles exhaustives du révisionnisme et des révisionnistes dans le monde entier, a été perquisitionné à son domicile suisse le 14 octobre dernier et la police lui a saisi son ordinateur mis sous scellés. De sorte que notre ami ne peut plus rédiger les très intéressantes et fort précieuses dépêches de Bocage Info, tant que son ordinateur ne lui sera pas rendu (si toutefois lui est rendu un jour !) car les adresses électroniques des quelque 500 correspondants de Bocage se trouvaient à l’intérieur. La police helvétique a agi à la suite d’une plainte de la CICAD, la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation, dénonçant plusieurs articles du Courrier du Continent. La CICAD a utilisé une ruse assez indigne, un de ses membres, se faisant appeler Didier Deharme, s’étant abonné en mars dernier au bulletin de notre ami, en ayant recours à une adresse postale discrète et fort peu connue, mais existant bel et bien, de la CICAD pour se faire envoyer chaque mois la revue et en ne tarissant pas d’éloges dans un courriel du 9 mars 2022 adressé à Berclaz : « Je vous remercie d’avance et souhaite, par la même occasion, vous exprimer toute ma gratitude pour le travail essentiel que vous accomplissez. »  En réalité, c’était un moyen de lire le bulletin pour traquer tous les textes, tous les passages pouvant être poursuivis devant la justice helvétique à cause de leur caractère prétendument haineux.
Dans l’attente de son procès, René-Louis Berclaz, privé de son principal outil de travail, aujourd’hui sous séquestre, a été contraint de réduire à quatre pages le Courrier du Continent dont il est bon de rappeler la pertinente devise : « Quand la vérité n’est pas libre, la liberté n’est pas vraie ». Pour ceux qui veulent fort justement aider le courageux Berclaz, nous vous donnons les coordonnées de son bulletin : Les Editions de Cassandra, case postale 46, CH-3960 Sierre. Suisse. Son adresse électronique pour le joindre est : editionsde cassandra@yahoo.fr

SI L’ON AJOUTE à ce tableau déjà sombre que des révisionnistes sont également persécutés en Italie, comme l’avocat Edoardo Longo, emprisonné à la suite d’un mandat de dépôt du Parquet de Trieste depuis le 19 juillet 2022 et pour une durée de quatre ans et 12 jours, pas moins (!), et même aux Etats-Unis, comme Germar Rudolf, actuellement menacé d’extradition vers l’Allemagne où il risque jusqu’à quinze ans de prison ferme, sans oublier l’identitaire et néo-droitiste Pierre Krebs dont l’ordinateur a été saisi ces derniers jours à son domicile en Allemagne par des policiers hystériques qui l’ont brutalisé, passé à tabac et blessé, on se dit que leur monde est décidément une vaste prison et un cauchemar en grandeur nature.
Pour résister vaillamment et durablement à ce rouleau compresseur, il faudra plus que jamais, comme le disait Robert Faurisson, qui savait de quoi il parlait, non pas seulement des hommes intrépides mais des hommes héroïques. Que Dieu, dans Son infinie miséricorde, nous y aide puissamment


RIVAROL, <jeromebourbon@yahoo.fr>.

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Billet hebdomadaire

Le chancelier et le patronat allemands à Pékin, un tournant décisif ?

Ces derniers mois, nous avons, dans les colonnes de RIVAROL, suivi et analysé les causes et les conséquences de la dégringolade économique de l’Allemagne, victime de la politique américaine dont un des objectifs est, depuis plusieurs années, de rompre les liens géoénergétiques entre la Russie et l’Allemagne. La destruction des gazoducs Nord Stream 1 et 2 est une attaque états-unienne visant directement l’économie allemande.
Mais le patronat allemand a finalement réagi. Les patrons de Volkswagen, BMW, Siemens, Adidas, Bayer, Deutsche Bank et d’autres (douze au total), ont emmené le chancelier Scholz — et non pas le contraire — à Pékin pour rencontrer le président chinois Xi Jinping. D’après des sources du milieu d’affaire allemand, Scholz et le patronat sont allés à Pékin pour « définir essentiellement les étapes préparatoires à la conclusion d’un accord de paix avec la Russie, avec la Chine comme messager privilégié. »

LES LIENS ÉCONOMIQUES SINO-ALLEMANDS

Le site de l’agence de presse Zhongxin (China News) rappelle quelques chiffres sur les rapports économiques qu’entretiennent l’Allemagne et la Chine. « La Chine est le principal partenaire commercial de l’Allemagne depuis six années consécutives, et les données de l’Office fédéral des statistiques montrent qu’en 2021, les importations de l’Allemagne en provenance de Chine ont augmenté de 20,8 % par rapport à 2020, et que les exportations vers la Chine ont augmenté de 8,1 % par rapport à 2020. Dans le contexte de l’épidémie mondiale qui fait rage et du retour du protectionnisme, il n’a pas été facile pour le volume des échanges entre l’Allemagne et la Chine d’inverser la tendance et d’atteindre un nouveau sommet… En octobre, le gouvernement allemand a officiellement approuvé l’acquisition d’une partie du terminal à conteneurs “Fortuna” de la société de stockage et de logistique du port de Hambourg par le groupe chinois COSCO Shipping Group. »
Il s’agit du plus grand port allemand dont la Chine a acheté 24,9 % du capital.
D’après le ministère chinois du Commerce, de janvier à août de cette année, les investissements de l’Union européenne en Chine ont augmenté de 123,7 % en glissement annuel.
La Chine est depuis six ans le premier partenaire commercial de l’Allemagne. Elle était en 2021 son premier fournisseur et son second marché à l’exportation loin derrière les États-Unis. En Allemagne, un million d’emplois dépendent directement des exportations vers la Chine. Plus de 5 000 entreprises allemandes ont des intérêts en Chine, y compris les principaux constructeurs automobiles qui y exportent jusqu’à 40 % de leur production comme Volkswagen. Les secteurs et les entreprises concernés sont nombreux, comme le géant allemand Siemens ou le leader européen de la chimie, le groupe allemand BASF.
S’adressant aux médias, le président du conseil d’administration de BASF Europe, Martin Brudermüller, qui accompagnait Scholz, a déclaré que la visite en Chine était un « bon signe », qui montre que « nous sommes ouverts au dialogue » et que « nous le sommes continuellement. Nous sommes toujours intéressés par les contacts avec la Chine ». Il a aussi récemment mis en garde contre le « Chine bashing ».

UN VIRAGE STRATÉGIQUE

Rappelons quelques faits qui expliquent ce début de virage allemand. À la suite d’un vote du Congrès d’août 2017, Countering American Adversaries Through Sanctions Act (« Loi sur la lutte contre les adversaires de l’Amérique par les sanctions »), les États-Unis menaçaient de mettre en œuvre des sanctions visant à bloquer le projet russo-allemand Nord Stream 2. En novembre 2021 — trois mois avant l’intervention russe en Ukraine —, un document classifié qui a été rendu public a révélé des négociations entre Washington et Berlin pour éviter les sanctions américaines concernant le gazoduc russe Nord Stream 2 qui allait fournir principalement l’Allemagne.
Ce document indique que Berlin a exhorté les membres du Congrès américain à ne pas sanctionner le gazoduc Nord Stream 2, ce qui reviendrait, nous le constatons aujourd’hui, à sanctionner l’économie allemande.
L’on peut également lire dans ce document classifié que « depuis l’annexion illégale de la Crimée par la Russie et les actions de la Russie dans l’est de l’Ukraine, qui ont marqué un tournant dans les relations avec la Russie, l’Allemagne a amené l’Union européenne à s’aligner sur les États-Unis en matière de sanctions contre la Russie et a été le fer de lance de la création de plusieurs régimes de sanctions liés à la Russie dans l’Union européenne et au niveau national. L’Allemagne a envoyé des signaux forts à Moscou lorsqu’elle a constaté que la Russie enfreignait le droit international, même au prix de l’acceptation d’une tension sur les relations germano-russes, mais elle a maintenu les canaux de dialogue ouverts. »
L’administration Biden a, dans un premier temps, renoncé aux sanctions à l’encontre de l’opérateur du gazoduc et a conclu un accord avec l’Allemagne en juillet 2021, mais en novembre de la même année, les Américains ont imposé de nouvelles sanctions à l’encontre de la société russe Transadria Ltd et de son navire.
Le 8 novembre 2021, un groupe de républicains du Sénat américain a déclaré qu’il avait introduit une législation qui imposerait des sanctions obligatoires au Nord Stream 2.
En décembre 2021, le nouveau gouvernement allemand de coalition SPD/Les Verts/Parti libéral-démocrate, prend les rênes du pouvoir et accompagne le sabotage américain de l’économie allemande. Le 7 février 2022, Joe Biden a publiquement annoncé que les États-Unis mettraient un terme à Nord Stream 2 si la Russie envahissait l’Ukraine : « Si la Russie envahit (l’Ukraine), cela veut dire des chars et des troupes qui traversent la frontière de l’Ukraine, encore une fois. Alors il n’y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin. Nous vous promettons que nous pourrons le faire. »
Le document classifié de novembre 2021 indique que les Allemands avaient mis en garde les Américains contre les conséquences néfastes de telles sanctions : « Les sanctions américaines visant Nord Stream 2 saperaient l’engagement pris envers l’Allemagne dans la déclaration conjointe, affaibliraient la crédibilité du gouvernement américain et mettraient en péril les réalisations de la déclaration conjointe, notamment les dispositions en faveur de l’Ukraine. Elles porteraient finalement atteinte à l’unité transatlantique. »
Il semble que ce n’était pas des paroles en l’air de Berlin. Les États-Unis, par la politique de sanction et surtout par la destruction des gazoducs, se sont attaqués aux intérêts vitaux de l’Allemagne. Une Allemagne qui a été traumatisée par l’effondrement économique des années 1920 causé par le traité de Versailles : les dommages de guerre, le pillage du pays par ses adversaires, le chômage de masse, les emprunts, la politique de la planche à billet, l’hyperinflation, l’appauvrissement de tous les Allemands, y compris de la bourgeoisie.
Les Américains ont poussé le patronat allemand dans ses derniers retranchements. Il n’avait plus que deux issues : la mort ou un virage stratégique. Et visiblement, c’est la seconde option qui a été choisie, instinct de survie oblige. Certes, plusieurs dizaines d’entreprises allemandes prévoient de s’installer aux États-Unis pour bénéficier d’un coût de l’énergie plus faible que dans l’Europe sous sanctions américaines, mais on ne peut pas délocaliser toute l’Allemagne pour sauver son industrie. Quant à Olaf Scholz, il a dû subir une énorme pression du puissant patronat allemand qui est le véritable maître de Berlin.
Selon l’analyste politique Pepe Escobar, le patronat allemand, qui a emmené Scholz dans ses bagages à Pékin, « tente peut-être d’entamer un processus long et alambiqué visant à remplacer les États-Unis par la Chine comme allié clé. Il ne faut jamais oublier que le premier terminal de commerce/connectivité de la BRI (La Banque des règlements internationaux) dans l’UE est l’Allemagne (la vallée de la Ruhr) »
Selon une source des milieux d’affaire allemands, citée par Escobar, « si cet effort est couronné de succès, l’Allemagne, la Chine et la Russie pourront s’allier et chasser les États-Unis d’Europe. »
En politique, il faut être réaliste, et ne pas verser dans un optimisme excessif. Les Américains n’ont pas l’intention de se laisser chasser d’Europe sans réagir. Mais il y a des signes frappants, comme la déclaration de Scholz (qui n’a rien d’un chancelier de fer) dans les médias chinois la veille de son arrivée à Pékin ; il a indiqué que l’Allemagne n’a pas l’intention de se découpler de l’empire du Milieu et que rien ne justifie « les appels de certains à isoler la Chine. ». Si le très veule Scholz, qui s’est couché devant les Américains, rechigne tout à coup à obéir au maître d’outre-Atlantique, c’est parce qu’il parle au nom du patronat allemand que l’on ne peut pas calmer avec un revenu universel en guise de dédommagement. C’est une question de vie ou de mort économique.
D’ailleurs, Emmanuel Macron a demandé à Scholz de l’accompagner à Pékin, sans doute pour saboter le voyage. Mais il n’y a qu’en France où l’on parle du couple franco-allemand ; les Allemands n’ont jamais entendu parler de ce couple imaginaire. Scholz a alors dit à Macron de rester dans sa niche. Mais le larbin de Rothschild n’est plus à une humiliation près.
Lors de la visite de Scholz, le président XI Zinping a été très clair quant aux objectifs de la Chine en Allemagne et en Europe et aux conditions d’un partenariat viable. Le président chinois a ainsi souligné que « la confiance mutuelle politique est facile à détruire mais difficile à reconstruire, et qu’elle doit être entretenue par les deux parties ». Le message de Pékin envoyé à Berlin est le suivant : si vous voulez que l’on vous prenne au sérieux, ne laissez pas les États-Unis vous dicter votre ligne géopolitique et géoéconomique.
Le média chinois News CN a ainsi rapporté que « Xi Zinping a souligné que les relations Chine-Europe sont une question de stabilité et de prospérité mondiales pour l’Asie et l’Europe, et qu’il vaut la peine pour les deux parties de travailler dur pour les maintenir et les développer. La Chine a toujours considéré l’Europe comme un partenaire stratégique global, soutient l’autonomie stratégique de l’UE, espère la stabilité et la prospérité de l’Europe et insiste sur le fait que les relations Chine-Europe ne soient pas ciblées, dépendantes ou soumises à une tierce partie. »
La tierce partie étant l’Amérique. […]


Jean TERRIEN.