Rivarol n°3546 du 21/12/2022 au 3/1/2023
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Rivarol n°3546 du 21/12/2022 au 3/1/2023 (Papier)

Editorial

Le mystère de Noël, antidote à notre monde désorienté

DÉCEPTION pour Macron qui comptait sur la victoire des Bleus au Qatar pour se hausser du col et gagner une dizaine de points dans les sondages, comme ce fut le cas pour Chirac en 1998, l’équipe dite de France a finalement perdu aux tirs aux buts face à l’Argentine le dimanche 18 décembre. Elle ne sera donc pas une deuxième fois consécutive championne du monde. Le sport professionnel télévisé, on ne le dira jamais assez, est non seulement un moyen de détourner la population des vrais enjeux et des réels problèmes (depuis la Rome antique la devise panem et circenses n’a rien perdu de son actualité), mais aussi de l’endoctriner, de lui faire accepter tout particulièrement le Grand Remplacement. Le cinéma, la publicité, le sport, bref l’industrie du divertissement, sont des armes de destruction massive de notre identité, de nos traditions, de notre morale, de notre civilisation. Il ne faut pas en sous-estimer les effets dévastateurs sur les consciences, les mœurs et les mentalités.
Pendant que le peuple se gavait de spectacles télévisés où des joueurs gagnent des fortunes indécentes simplement pour frapper dans un ballon rond, le laïcisme continuait à montrer son visage hideux. Pendant que les pouvoirs publics en font des tonnes pour la fête juive d’Hanoucca, célébrée cette année du dimanche 18 au lundi 26 décembre, fête dite des lumières — alors même que le judaïsme talmudique est tout entier dans les ténèbres et dans le mensonge, rejetant obstinément la divinité du Christ — et que le vice-président du CRIF, l’analphabète et excité Gil Taieb, qui, décidément, n’en rate pas une, voit, lui, modestement, les lumières d’Hanoucca qui « éclairent toute l’humanité » (sic) comme « le symbole de la résistance juive face aux antisémites et aux obscurantistes qui jonchent l’Histoire », la justice administrative sanctionne les rares édiles qui souhaitent installer des crèches de Noël dans leur commune. Le 14 décembre, le tribunal administratif de Montpellier a ainsi enjoint au maire de Béziers, le pourtant très judéophile et ultra-sioniste Robert Ménard, de retirer la crèche qu’il avait installée dans l’hôtel de Ville sous astreinte de 100 euros par jour de retard. Les magistrats saisis par la Ligue des droits de l’homme (LDH) considèrent que « cette installation dans l’enceinte d’un bâtiment public méconnaît les dispositions de l’article 28 de la loi du 9 décembre 1905 et les exigences attachées au principe de neutralité des personnes publiques ». La LDH, la Fédération de la Libre Pensée et autres organisations maçonniques ne trouvent en revanche rien à redire au viol du « principe de neutralité » lorsque Hanoucca est triomphalement fêté dans les rues de nos villes, avec la participation active des municipalités. Mais il est vrai que la République étant par essence judéo-maçonnique, il y a finalement là une certaine logique ! Rappelons que le Conseil d’Etat, dans un arrêt du 9 décembre 2016, a interdit toutes les crèches en France dans l’espace public, sauf rares exceptions. Dans la même veine, la cour administrative de Nantes, le 16 septembre 2022, a ordonné à la ville des Sables-d’Olonne, en Vendée, de démonter la statue de Saint-Michel placée sur le parvis de l’église éponyme. Thémis s’en prend donc au Saint Archange protecteur de la France et à la Crèche.

FAUT-IL que ce Divin Enfant, bien que tout petit, muet et sans défense, indispose considérablement les puissants de ce monde pour qu’ils s’acharnent à le chasser, à le pourchasser, à le faire disparaître, toutes affaires cessantes, des lieux publics avec un fanatisme impressionnant ? Certes ce n’est pas d’aujourd’hui que la Sainte Famille est signe de contradiction et qu’elle suscite un déchaînement de haines. Déjà, à Bethléem, il n’y avait pas de place pour elle à l’hôtellerie, puis il a fallu s’exiler en Egypte pour fuir les persécutions d’Hérode et on sait comment, tout au long de sa vie publique, le Christ a dû faire face à une haine grandissante, aveugle et incompréhensible, qui culminera le Vendredi Saint avec le crime des crimes, le déicide (et non la “shoah”), de la part de ceux qui rejetaient son message évangélique et refusaient sa Divinité.
Aujourd’hui comme hier, il n’y a pas de place pour Lui et pour ses disciples. Lorsque la LICRA, et d’autres associations analogues, déclarent qu’il n’y a pas de droit de cité en République pour des personnalités, des mouvements, des associations, des publications qui sont « homophobes, transphobes, antisémites et racistes », cela veut dire en réalité, si on décrypte ce vocabulaire de guerre civile, à base d’affreux néologismes, qu’il n’y a pas ou qu’il n’y a plus de place en France pour tous ceux qui veulent rester fidèles en tous points à la doctrine et à la morale chrétiennes.
Il n’y a plus de droit de cité, il n’y a plus de place dans notre pays pour ceux qui défendent la morale naturelle et la famille traditionnelle, qui s’opposent aux folies chaque jour plus grandes du lobby LGBT promues par l’Etat, l’ONU, l’Union européenne, les ONG, les institutions internationales, et presque tous les partis politiques, car c’est de l’homophobie, un délit passible d’un an de prison ferme et de 45 000 euros d’amende.
Il n’y a plus de droit de cité, plus de place dans notre pays pour ceux qui refusent la propagande pro-transgenre à l’école, les prétendus changements de sexe qui ne sont en réalité que d’affreuses mutilations et des insultes inouïes à la nature et au Créateur car c’est de la transphobie, un délit passible d’un an de prison ferme et de 45 000 euros d’amende.
Il n’y a plus de droit de cité, plus de place dans notre pays pour ceux qui dénoncent le sort cruel et inhumain fait depuis plus de 70 ans au peuple palestinien privé de sa terre, de ses droits, de ses biens, de tout avenir et de toute dignité, pour ceux qui rejettent « l’influence puissance et nocive du lobby juif » (dixit feu François Mitterrand), critiquent le rôle détestable du CRIF et de la LICRA, pour ceux qui veulent rester fidèles à la doctrine catholique sur le nouvel Israël (théologie dite de la substitution) et rejettent donc logiquement la légitimité de la criminelle entité sioniste, car c’est de l’antisémitisme, un délit passible d’un an de prison ferme et de 45 000 euros d’amende.
Il n’y a pas de droit de cité, pas de place dans notre pays (et bien au-delà) pour les chercheurs et historiens révisionnistes qui sont pourchassés, ruinés, exilés, embastillés et pour tous ceux qui défendent leur liberté de recherche, d’expression et de publication, considérant que la parole et l’écrit devraient être totalement libres en matière de controverse historique, car c’est du négationnisme, un délit passible d’un an de prison ferme et de 45 000 euros d’amende.
Il n’y a pas de droit de cité, pas de place dans notre pays pour un Français non renié, fidèle à sa terre, à son sang, à sa race, à sa foi, à son histoire, à ses racines, à sa lignée, car c’est du racisme, un délit passible d’un an de prison ferme et de 45 000 euros d’amende.
Et c’est ainsi que nous sommes dépossédés, que l’on ne peut plus rien dire, sauf à risquer la ruine et la prison, que l’autocensure se généralise, que la tyrannie progresse, que l’immoralité explose, que ce qui est contre-nature fait la loi, bref que Satan mène le bal.

LE MONDE dans lequel nous vivons repose sur le rejet fanatique du Créteur et de la Création, et c’est pourquoi il est chaque jour davantage invivable, irrespirable. Il s’oppose frontalement à la vie, à la vérité, à la vraie liberté. Les puissants d’aujourd’hui ne souhaitent pas d’abord conquérir des villes, des cités, des territoires, ils veulent asservir les consciences, lobotomiser les cerveaux, empoisonner les intelligences, domestiquer les volontés, assécher les cœurs, assassiner les âmes. Le Grand Remplacement n’est pas seulement celui des populations, il est aussi et plus encore celui des âmes. Les puissants qui nous tyrannisent et nous tympanisent ne souffrent pas qu’un homme naisse, grandisse, que son esprit se développe, que son âme se nourrisse, que son cœur se dilate devant les grandes vérités, devant les mystères de notre foi. Ils ne supportent pas que l’on vive tout simplement, qu’un homme et une femme se rencontrent, s’aiment, se marient, fondent une famille (il ne faut plus avoir de progéniture pour des raisons écologiques, nous dit-on, car un enfant européen pollue !), aient un chez soi (l’ancienne ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, a expliqué qu’il faudrait en finir avec les maisons individuelles !), fassent leur devoir d’état, se dévouent, prient, se sanctifient, aiment et défendent le bien, le beau, le vrai. Leur Système ne promeut que le vice, la laideur et le crime. Il repose sur l’inversion, la déjection et l’abjection.
Ce que ce Système contre-nature et mortifère déteste par-dessus tout, c’est la vie. La vie qui naît, rayonne, se diffuse, se transmet, se donne, et parfois se sacrifie. Il abomine Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie, qui donne Sa Vie sur la Croix et transmet Sa Vie par Sa grâce. Leur société n’est pas seulement désincarnée, elle réalise une contre-Incarnation qui rejette la civilisation du Verbe incarné, du Dieu qui se fait homme et qui a vécu en tout, comme nous, à l’exception du péché. Le Christ est né, il a grelotté, il a eu faim, il a eu soif, il a appris un métier, celui de charpentier, a manié la varlope et le rabot comme son père nourricier, il a marché longuement, s’est fatigué pour nous chercher, s’est assis sur le puits de la Samaritaine, a pleuré sur la mort de Lazare et sur Jérusalem qui l’avait méprisé, il a souri au jeune homme riche, pris des morceaux de poisson, partagé l’agneau pascal. C’est ce modèle parfait de vie, simple, belle, aimante, rayonnante, que leur système mortifère veut détruire. Il s’agit pour lui de conduire le maximum d’âmes à la perdition.

LA SIMPLE VUE du Divin Enfant, de sa sainte Mère et de son père adoptif est insupportable à ceux qui ont en main les leviers de commande de ce pays, et au-delà de l’Occident. Car la Sainte Famille représente par excellence tout ce qu’ils combattent, tout ce qu’ils exècrent, tout ce qu’ils haïssent.
l La pureté et l’innocence alors qu’ils scandalisent et pervertissent l’enfance et la jeunesse dès le plus jeune âge, promeuvent toutes les perversions, toutes les déviances, de la Gay Pride aux transgenres en passant par ces réalités sordides cachées derrière d’affreux acronymes IVG, Pacs, PMA, GPA, et par la diffusion, chaque jour plus massive, à la télévision et sur la Toile, de la pornographie et la promotion de l’adultère.
l La fidélité, la permanence dans l’être et dans la grâce alors que nous vivons dans la société de l’évanescence, de la fugacité, du mouchoir jetable, dans le monde de l’immédiateté, de l’individualisme, du subjectivisme, de l’égoïsme et de l’égocentrisme, le monde où l’on peut changer, du jour au lendemain, sans aucun problème, de sexe, de partenaire, de conviction, de religion, d’organisation, d’“orientation sexuelle”, où l’on peut sans cesse se réinventer, se transformer, refaire sa vie comme si l’on avait ici-bas plusieurs vies.
l L’humilité alors que nous vivons dans un monde livré à toutes les infatuations de l’orgueil, à l’étalement de toutes les vanités, à la boursouflure des ego. Un phénomène considérablement aggravé avec l’omniprésence des réseaux sociaux et des écrans.
l La pauvreté et la simplicité alors que ceux qui nous dirigent et nous oppriment ne pensent qu’à s’enrichir toujours davantage au détriment des plus modestes, au détriment de la nature, de la tempérance, de la justice et du bon sens. Nous vivons dans un univers où l’on peut gagner des millions en un instant dans des jeux télévisés stupides, où des fortunes se font et se défont par un simple clic en spéculant à la Bourse alors que tant de gens, à la douleur muette, et invisibles sur les petits et les grands écrans, n’ont même pas de quoi vivre décemment.
l Le silence et la discrétion des humbles vertus domestiques alors que notre monde ne vit que de bruit, de fureur médiatique, de clameurs du stade, de cris et de hurlements et qu’il est, selon la juste expression de Georges Bernanos, une conspiration permanente contre toute forme de vie intérieure, contre toute aspiration à la méditation et à la contemplation. Il faut toujours qu’il y ait du bruit, agressif et dissonant, une musique assommante dans les magasins, dans les restaurants, dans les transports en commun, dans les stations-services et jusque dans les rues. Comme si l’homme moderne avait peur du silence, qui permet de réfléchir, de méditer, de lire, de prier, de contempler.
l L’esprit de prière et d’oraison face à l’irréligion actuelle. Un univers sans Dieu, celui dans lequel nous vivons, est un monde dans lequel nous étouffons, où l’air manque à nos poumons. Pour retrouver de l’oxygène, le grand calme qui apaise nos alarmes, le silence qui dissipe nos tempêtes intérieures, la force qui redonne l’ardeur au combat, quoi de mieux que de contempler la crèche et de faire revivre en nous et autour de nous l’esprit de Noël ?
l L’amour de la vérité et de la sincérité alors que les puissants du moment sont faux et fourbes, que mentir pour eux est une deuxième nature, et qu’ils ne cessent de tromper, de leurrer, de manipuler, de fourvoyer par le trucage des chiffres, des statistiques, de l’histoire, de la mémoire, de la médecine, par les promesses non tenues, les engagements violés sans vergogne, les trahisons tant des idées qu’ils sont censés défendre pour se faire élire que des hommes qui les ont aidés à faire carrière ?
l L’intransigeance sur les principes alors que l’homme moderne n’a aucune colonne vertébrale et que ses seules valeurs sont matérielles et mobilières. Nous vivons dans un chaos social et moral effrayant. La société actuelle est complètement déstructurée, atomisée, éclatée, les familles qui sont pourtant le fondement de la nation, sont actuellement profondément divisées, décomposées, “recomposées”. La morale qui était il y a peu encore la règle commune qui fixait les limites, disait le bien et le mal, et que l’on apprenait à l’école, au catéchisme et dans le foyer domestique, est aujourd’hui ignorée, délaissée, méprisée, jetée aux oubliettes.
l L’amour qui dilate le cœur et la vie qui se donne, loin de toutes les formes d’égoïsme et de mépris d’autrui du monde moderne, loin d’une culture de mort où l’on en est à vouloir constitutionnaliser un prétendu droit à l’avortement, c’est-à-dire le permis de tuer, de déchiqueter, d’écraser, d’aspirer un être humain ayant un corps et une âme immortelle. Et le Parlement s’apprête également à légaliser en 2023 l’euthanasie active et le suicide assisté. Ils vont demander à des soignants de donner la mort à l’opposé de leur fonction, de leur mission, de leur obligation fonctionnelle. Et on parle également de légaliser la drogue, ce produit mortifère qui pervertit et qui détruit.
A l’inverse, dans la crèche de Bethléem, Jésus et Marie caressent, protègent, bercent, contemplent l’Enfant Jésus qui leur sourit, leur obéit et leur donne tout son amour. Lors de sa vie publique, le Christ n’aura de cesse de guérir les corps et les âmes, de faire le bien autour de lui. Rien en effet n’est plus étranger au christianisme que ce Dieu des philosophes, ce grand horloger qui, du haut de sa grandeur et de son immensité, dédaigne de se pencher sur les misères de l’humanité et de panser ses plaies. Notre Dieu est un Dieu d’amour qui se donne et se sacrifie pour nous soigner et nous sauver. Pour nous enseigner et nous éclairer. Toute Sa Vie, le Christ est venu nous chercher, nous ouvrant les bras depuis son berceau à Bethléem jusqu’à sa Croix au Golgotha. Il s’est exilé dans le désert, est monté sur la barque pour traverser le fleuve, a gravi les montagnes pour nous faire connaître sa loi d’Amour. Et c’est surtout sur ces sommets qu’il est venu nous parler et accomplir les plus grands actes de Sa Vie. Comme l’écrivait Mgr Tissier, un prélat du XIXe siècle, « c’est sur une montagne qu’au début de sa mission publique, il a vaincu le démon ; c’est sur la montagne des Béatitudes qu’Il a proclamé la Loi nouvelle ; sur une montagne qu’on a voulu le faire roi, sur la montagne du Thabor qu’Il s’est transfiguré, sur la montagne du Calvaire qu’Il est mort pour nous, sur le mont des Oliviers qu’Il a pris son vol vers son Père. »

SI NOTRE MONDE moderne n’est plus à même de comprendre le message de la Crèche, ayons à cœur, quant à nous, de défendre cette tradition toute simple, la crèche de Noël et ses santons, qui expriment de manière si simple et si compréhensible les saints mystères de notre religion, nourrissent notre foi, enflamment notre espérance, ravivent notre charité. La lumière n’est pas faite pour être mise sous le boisseau. L’Enfant-Dieu est venu pour nous changer, nous transformer, nous sauver. Le Christ nous a rouvert le Ciel par Sa Passion, Sa Résurrection et Son Ascension. Pour peu que nous écoutions son message, que nous le mettions en pratique, que nous combattions pour le beau, le bien, le vrai, en nous et autour de nous, quelles que soient les épreuves ici-bas, l’Enfer et ses suppôts ne pourront nous vaincre.
Au milieu des ténèbres actuelles et des ruines qui partout s’accumulent, conservons à la plus fine pointe de l’âme, grâce à la méditation du mystère de Noël, la paix et la joie. Pas la paix de Pilate qui refuse de combattre les injustices et les ignominies pour ne pas avoir de problème, pour garder son confort et qui n’est au final que compromission, égoïsme, faiblesse et lâcheté. Mais celle de l’Auteur de la Vie, du Prince de la Paix. Celle du risque pris, du devoir accompli, de la bonne conscience, de la fidélité aux principes, du combat contre toutes les formes de mensonge, d’imposture et d’injustice, de l’amour vécu et partagé, de la vie qui se donne et se sacrifie.
Et faisons enfin grandir en nous la joie, pas celle, factice, trompeuse et éphémère du monde, laquelle débouche toujours sur la tristesse, la dissipation et la désillusion, mais cette joie chrétienne, pleine de confiance et d’abandon, simple et profonde, qui apaise et guérit, comble et irradie, vivifie et fortifie, calme et rassasie, et que rien ni personne ne pourra nous enlever.
Haut les cœurs ! Courage et persévérance ! Joyeuses et saintes fêtes de Noël à tous !


RIVAROL, <jeromebourbon@yahoo.fr>.

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Billet hebdomadaire

L’antifascisme, panacée d’une République folle

On n’a pas idée à quel point la République peut aller dans l’action pour se défendre, c’est-à-dire pour défendre tout un personnel (dans lequel les élus sont une minorité mais servent de bouclier) et pour attaquer, persécuter, affaiblir, éliminer, éteindre le tison ardent du nationalisme. Finalement les nationalistes, durant ces 150 dernières années, n’auront été laissés un peu tranquilles seulement dans les périodes de guerre quand l’Union sacrée exigeait, imposait, la concorde entre les citoyens et quand le camp nationaliste atténuait ses critiques à l’encontre du personnel politique au nom de la défense nationale. Bref, les nationalistes ne reçoivent pas de coups quand ils n’impriment plus ou plus que très peu leur marque de fabrique. Hors ces périodes où le temps est comme suspendu, les nationalistes constituent la cible favorite du Système.
D’abord parce que le nationalisme est un courant politique qui s’oppose à l’argent roi, à la Banque souveraine, à la corruption, au règne de l’or. Evidemment s’oppose-t-il aux nuées républicaines qui offrent automatiquement le pouvoir politique à des gens pour qui le pays réel n’existe pas ou ne doit plus exister, et cela au bénéfice de lois inventées devant réguler les activités d’un peuple tout autant imaginé et donc qu’il faudrait absolument déraciner.
Cependant à cette voix dérangeante qui épingle en temps réel les agissements néfastes d’un personnel défendant parfois des causes et des intérêts qui s’opposent à angle droit à la salubrité publique et à la préservation de la patrie, s’ajoute une autre raison motivant les officiels à taper sur ce qu’ils appellent sans modération l’extrême droite. Cette mouvance sert d’épouvantail au Système qui l’agite quand il en a besoin. Quand il a besoin d’inquiéter le peuple qu’il dit sous la menace de la bête fasciste, afin de le ramener en masse sous son aile. Ou plus grossièrement, quand il désire divertir le peuple quand celui-ci a tendance à se poser trop de questions en fixant son attention sur des événements ou des phénomènes que la bonne République aimerait qu’il oublie un peu.

L’ACTION FRANÇAISE DE MAURRAS SOUS LES COUPS DE L’ANTI-FASCISME

L’histoire de l’Action française et de ses satellites illustre cette capacité républicaine à utiliser la force de l’ennemi pour croître, avant de le frapper et de le neutraliser.
Si Maurras et l’AF avaient échappé à la répression et à la dissolution après le 6 février 34, les émeutes de la place de la Concorde furent l’événement qui permit à toute la gauche de se rassembler dans un Front populaire galvanisé par l’antifascisme et qui remportera les élections de 1936 en agitant à la fois ce chiffon rouge (le fascisme, voilà l’ennemi !) et le drapeau rouge. Un grand succès du Système puisqu’il lui permit de repousser la droite nationale et pro-italienne tout en contrôlant le Parti communiste à l’intérieur du Front populaire. Ensuite, pour faire tenir cette coalition composée, hormis du PCF, de la SFIO et des Radicaux, Léon Blum ne s’est pas privé d’attaquer le principal mouvement nationaliste, l’Action française, et d’attiser la propagande antifasciste.
L’actualité de l’Italie fasciste envahissant l’Ethiopie, les menaces de guerre faites par Blum à Mussolini et, surtout, la campagne de presse très violente de Maurras contre ces velléités belliqueuses, donnèrent le prétexte à la République pour durcir son contrôle sur l’ensemble des nationalistes (interdiction de regroupement, de manifestations, perquisitions innombrables au cours du mois d’octobre 1936) et pour envoyer en prison le 20 octobre 1936 Charles Maurras, qui y resta 8 mois et demi, jusqu’au 6 juillet 1937.

PAS DE VICTIMISATION PROFITABLE POUR LES “FASCISTES” !

Maurras pensait, avant son embastillement, que son incarcération profiterait au camp national qui se lèverait devant cette injustice, qui se renforcerait. Il n’en fut rien malgré l’émotion et le dégoût des nationalistes devant l’oppression exercée par l’Anti-France sur leur représentant emblématique. Ce mois d’octobre 1936 fut cependant l’occasion pour Maurras d’écrire quelques-uns de ses plus incisifs articles contre la République et son personnel. Des propos parfois violents qui aujourd’hui seraient encore plus sévèrement jugés par Thémis. « Mis à la porte de l’Ecole normale supérieure pour pédérastie, exclu d’un examen de licence pour tricherie et fraude, écrit Maurras le 9 octobre 1936 dans l’Action française, le nommé Léon Blum dispose ainsi du pouvoir de molester nos honnêtes Français, de violer leur domicile, de limiter l’exercice de leurs droits de citoyens. Cela ne pourrait pas arriver dans un pays normal où les barrières sociales et politiques sauraient défendre à des tarés indésirables l’accès d’un certain nombre de fonctions en vue… Mais la démocratie républicaine ne saurait permettre à la France les précautions logiques ni les réactions naturelles des pays normaux. En France, comme ailleurs, la démocratie recrute ses chefs préférés aux bouches des égouts et aux marges du code. La basse moralité d’un Blum eût autrefois opposé quelques difficultés à son ascension. Dans ce régime de pourris, il a avancé en tant que pourri. » Le régime appelait Blum, « l’aspirait, le marquait pour son service, comme il s’élançait, lui, à la rencontre du régime. La Constitution d’Antiphysie (autrement dit Contre-Nature) élit ses préférés dans le clan des invertis. » Chaque jour, en ce mois fatidique pour lui, Maurras se déchaîne sur Blum (qu’il appelle « le chameau », parfois « la chamelle »), dont la personnalité, qu’il considère comme abjecte, n’est que l’image de la République et de son programme en cours. Mais Maurras, dont la pensée toute logique était d’une splendide limpidité, ne pouvait que reconnaître la solidité du « ciment de l’antifascisme ».

LE CIMENT DE L’ANTIFASCISME

En réalité, cet antifascisme “français” sera virulent en France même, dès la prise du pouvoir du Duce à Rome en 1922. Le microcosme libertaire, très actif à Paris depuis plus de 50 ans, tout comme la gauche marxiste et internationaliste, en firent une crise nerveuse. C’est cette fièvre antifasciste qui explique une multitude d’assassinats de camelots du roi dont celui de leur chef, Marius Plateau, en 1923 (il y a presque un siècle jour pour jour) perpétré par l’azimutée Germaine Berton (qui aurait préféré « se faire » Maurras ou Léon Daudet ; elle prit la vie du plus gros qu’elle put) excitée par l’actualité italienne et ce fascisme qui devait beaucoup à la pensée de Maurras. Les troupes de Maurras n’étaient d’ailleurs pas insensibles à l’aventure des faisceaux, si bien que, quelques mois plus tard, un trio de camelots attaqua des orateurs de la Ligue des Droits de l’Homme dont Marc Sangnier à qui on voulut faire avaler quelques gouttes de la fameuse huile de ricin qui contraria les intestins de tant de communistes italiens.
Il existait en effet à cette époque une véritable vie nationaliste, avec des accents de fascisme, entre les deux guerres, une vie qui donnait une légitimité à ses adversaires. Mais aujourd’hui ? […]

François-Xavier ROCHETTE.