Rivarol n°3563 du 26/4/2023
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Rivarol n°3563 du 26/4/2023 (Papier)

Editorial

Les 10 ans du “mariage” homosexuel

LE 23 AVRIL 2023, il y a tout juste dix ans, le Parlement français adoptait la loi autorisant le “mariage” homosexuel et le droit à l’adoption d’enfants pour les paires d’invertis. C’était une promesse de campagne du candidat socialiste François Hollande. Il s’était engagé à réaliser cet engagement dans l’année suivant son accession à l’Elysée en mai 2012. Il a tenu sa promesse car, contrairement à la droite qui n’applique généralement pas aux responsabilités le programme qu’elle a présenté devant les électeurs (qu’on songe à la réforme du code de la nationalité, une des principales propositions de la plate-forme RPR-UDF en 1986 et qui a été abandonnée en rase campagne par le gouvernement de cohabitation dirigé par Jacques Chirac après l’affaire Malik Oussekine), la gauche, elle, met le plus souvent en œuvre, et pour le pire, son programme. Mitterrand a ainsi appliqué sous sa présidence 86 des 110 propositions qu’il avait faites lors de sa campagne de 1981. Ce qui est considérable. On ne saurait en dire autant de la “droite” parlementaire qui, de surcroît, selon le principe du cliquet, ne remet jamais en question une réforme adoptée par la gauche et s’y soumet même généralement avec enthousiasme quelques années plus tard. C’est particulièrement le cas pour les questions dites sociétales. Les droites (ou ce qui en tient lieu — car il n’y a plus de droite au sens strict en France aujourd’hui, aucun mouvement électoral ne défendant actuellement la patrie, la famille, les bonnes mœurs et les traditions) — étaient toutes ou presque opposées au Pacs en 1999, puis au “mariage” homosexuel en 2012-2013. Elles s’y sont toutes ralliées depuis, y compris le Rassemblement national.
On n’imagine pas aujourd’hui un candidat à la présidence de la République disposant des cinq cents signatures s’engager à l’abrogation du « mariage pour tous » et on l’imagine encore moins remettre en question le Pacte civil de solidarité. Il y eut pourtant des manifestations massives dans les rues organisées en 1999 contre le Pacs, notamment (mais pas seulement) à l’appel de Christine Boutin, il y eut des rassemblements encore plus imposants  contre le projet de loi Taubira en 2012-2013. Ce furent les défilés très pacifiques et fort nombreux de la Manif pour tous. Que reste-t-il de tout cela aujourd’hui ? Rien. Absolument rien. Beaucoup d’élus qui défilaient avec leur écharpe tricolore contre l’ouverture du mariage aux invertis, et donc contre sa dénaturation, car traditionnellement le mariage c’est l’union d’un homme et d’une femme, et ce en principe jusqu’à la mort de l’un des deux, ont depuis célébré, sans problème de conscience apparent, dans leurs mairies de nombreux “mariages” homosexuels. Et beaucoup d’élus de “droite”, dont la calamiteuse Valérie Pécresse, ont même pris soin d’effacer des réseaux sociaux et de leurs sites Internet ce qu’ils avaient dit et écrit au moment du Pacs en 1999 et au moment du “mariage pour tous” en 2012-2013. Beaucoup ont même fait depuis leur mea culpa, à commencer par des ministres de l’actuel gouvernement, alors à l’UMP, comme Gérald Darmanin ou Christophe Béchu.

INTERROGÉE complaisamment par France Inter à l’occasion des dix ans de l’adoption du « mariage pour tous », puisqu’elle était à l’époque ministre de la Justice du gouvernement Ayrault et qu’elle présenta alors ce projet de loi qui porte son nom, Christiane Taubira affirme triomphalement qu’en dix ans « la société a vraiment absorbé cette réforme ». Hélas, il est difficile de lui donner tort sur ce point. Qui aujourd’hui, parmi les grands mouvements existants, se battrait contre cette réforme détestable et immorale ? Et si elle était soumise à référendum (ce qui ne risque pas d’arriver), le résultat hélas ne ferait guère de doute. Le matraquage médiatique, scolaire, éducatif a fait son œuvre. Depuis près de vingt-cinq ans et les premiers débats sur le Pacs, on assiste en effet à une offensive généralisée du lobby LGBT appuyée, activée, soutenue par les gouvernements successifs, à commencer bien sûr par ceux de gauche. Tout y passe : la propagande intensive et systématique dans les écoles, les invertis forcément sympathiques, gentils et nombreux dans les films et séries télévisées, voire dans les publicités, pour banaliser l’homosexualité et changer les mentalités, la victimisation permanente des invertis, comme pour les juifs et les immigrés, avec l’introduction en 2004, Chirac regnante, dans le code pénal d’un nouveau délit ahurissant, l’homophobie, passible d’un an de prison ferme et de 45 000 euros d’amende. Si le matraquage en faveur du lobby LGBT a été efficace, et le reste plus que jamais, la tiédeur des opposants d’alors, leur résignation fort rapide, ont également favorisé l’acceptation tacite, silencieuse, passive de l’inacceptable. Il faut en effet des convictions fortes et un courage certain pour résister à ce rouleau compresseur qui va toujours plus loin dans l’horreur car cette machine infernale ne s’arrête jamais : après le Pacs, il y a eu le mariage pour tous et le droit à l’adoption. Puis ce fut la PMA (procréation médicalement assistée) ouverte aux lesbiennes et on parle désormais de la légalisation de la GPA (gestation pour autrui), déjà largement pratiquée dans les faits. Les revendications vont toujours plus loin dans la folie : après « l’orientation sexuelle » et les droits chaque jour plus nombreux accordés aux invertis, voilà désormais que l’on s’en prend directement à l’identité de genre, avec le phénomène transsexualiste qui fait des ravages dans l’enfance et la jeunesse. C’est d’ailleurs l’objectif avec la complicité active des gouvernants, des grands media, du ministère de l’Education nationale. Dans les années 1980, des députés scandinaves Verts ou d’extrême gauche votaient au Parlement européen des motions pour les droits des homosexuels et des transsexuels. Ce qui paraissait à l’époque des initiatives marginales de gauchistes isolés et azimutés est entré très officiellement dans les législations de la plupart des pays d’Europe et d’Occident. Et ce en à peine une génération, ce qui n’est rien au regard de l’histoire, du temps long. Tout est allé très vite, trop vite.
C’est d’ailleurs l’un des drames de notre temps : la vitesse, l’accélération continue qui empêche de se poser, de réfléchir, qui brise toutes les digues, neutralise toutes les résistances, ringardise toutes les oppositions. Et comme pour « la lutte contre le racisme et l’antisémitisme », on a fait voter et on applique dans toute sa rigueur une législation d’exception contre tous ceux qui se hasardent encore à défendre sans ambages la morale naturelle et la famille traditionnelle. On les traite d’homophobes, de lesbophobes, de transphobes, délits sanctionnés pénalement. Et un organisme gouvernemental persécute ouvertement toutes les personnes attachées aux bonnes mœurs et qui les défendent publiquement : c’est la DILCRAH : Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT. Tous les mots ont un sens. Il ne s’agit pas de la haine contre les homosexuels ou contre l’homosexualité. Il s’agit de la haine anti-LGBT. Il s’agit en réalité de délégitimer, de diaboliser, de criminaliser toute forme de contestation, ou même de simple réticence, à l’égard de n’importe quelle revendication, y compris les plus démentes et les plus criminelles, du lobby LGBT. Car qu’y a-t-il de plus effrayant que de procéder à une mutilation de son corps, généralement irréversible, au nom de la transsexualité ? On critique avec raison l’excision, on considère qu’il s’agit là d’une pratique barbare à dénoncer et à proscrire. Mais quelle est la différence fondamentale avec les mutilations génitales induites par le phénomène dit de transition de genre ou de transidentité ?

COMME TOUJOURS, la révolution procède par étapes. C’est la technique du salami ou celle du voleur chinois.  Au moment du Pacs, le ministre de la Justice de l’époque, la socialiste Elisabeth Guigou, certifiait à la tribune de l’Assemblée nationale que cette réforme n’était nullement le prélude au “mariage” homosexuel. On sait ce qu’il advint quelques années plus tard de ces déclarations péremptoires. De même, au moment de la loi Taubira, on nous assurait qu’ouvrir le droit à l’adoption d’enfants pour les “couples” homosexuels ne déboucherait pas sur la légalisation de la PMA pour les lesbiennes et de la GPA pour les sodomites. C’est évidemment le contraire qui s’est produit. La transgression appelle la transgression, le mal nourrit le mal et l’abdication des principes, de la défense intransigeante et invariable du bien, du beau, du vrai conduit graduellement mais immanquablement aux pires horreurs, aux perversions et aux déviations les plus innommables.
Ce qui est vrai de l’homosexualisme le fut aussi de la contraception et de l’avortement : on prétendit légaliser la pilule en 1967, entre autres pour diminuer le nombre d’avortements (alors clandestins). C’est le contraire qui se produisit. Puis, au moment du vote de la loi Veil en novembre 1974, on se garda bien d’évoquer ouvertement un « droit à l’avortement ». On évoquait des conditions « de détresse » qui n’étaient d’ailleurs nullement définies (et pour cause !), on rendait obligatoire un entretien avec un professionnel de santé destiné en principe à faire prendre conscience à la jeune femme du caractère non anodin de l’acte qu’elle s’apprêtait à commettre. Tout cela bien sûr qui n’était destiné qu’à emporter l’adhésion des élus réticents à voter cette législation mortifère et criminelle, qu’à leur donner bonne conscience à bon compte, a été totalement balayé. L’avortement est désormais un droit qui va être dans quelques mois protégé par la Constitution. Le droit de tuer un innocent, de le démembrer, de fracasser son crâne est dans leur République un droit inaliénable, constitutionnel, intangible. C’est cela, ce n’est pas autre chose, les valeurs de la République tant vantées, tant célébrées de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen !  Et le fœtus qui pouvait être légalement mis à mort jusqu’à 10 semaines de grossesse peut l’être aujourd’hui jusqu’à 14, après l’avoir été jusqu’à 12 ! Et l’avortement (y compris tout ce qui l’accompagne et le précède, les échographies, le séjour à l’hôpital, etc.) est remboursé à 100 % par la Sécurité sociale. A la différence des lunettes chez l’opticien ou du dentiste. C’est cela, c’est d’abord cela, leur République, leur Système, leur régime. Il ne faut jamais l’oublier.[…]


RIVAROL, <jeromebourbon@yahoo.fr>.

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Billet hebdomadaire

Planning familial : quand la révolution dévore ses parents

Le planning familial évolue sans cesse et son site internet vaut d’être découvert. Voici comme il se définit : « Mouvement féministe et d’éducation populaire, le Planning familial milite pour le droit à l’éducation à la sexualité, à la contraception, à l’avortement, l’égalité des droits entre les femmes et les hommes et combat toutes formes de violences et de discriminations. » Et de préciser : « Le Planning familial est le plus grand réseau associatif et militant à offrir des services de santé sexuelle en France ». Le Mouvement français pour le planning familial s’est prévalu et se prévaut toujours, depuis sa fondation en 1956 sous le nom de « maternité heureuse », des « progrès » qu’il a contribué à faire advenir, à commencer par l’autorisation de la pilule contraceptive en 1967 par la loi Neuwirth, son premier objectif. Affilié dès 1958 à l’International Planned Parenthood Federation, il en partage la doctrine malthusienne, et, sous le nom de « contrôle des naissances », vise à réduire celles-ci par tous les moyens, avortement compris.
Cette culture de mort présentée comme un progrès des vivants a gardé jusqu’à ses premiers succès une allure modérée sans doute due aux origines protestantes des militantes d’origine. Puis, après 1968, le mouvement se lie à la gauche syndicale et politique et se lâche à l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand. Il a glissé depuis de plus en plus vers la gauche, mais demeure une association reconnue et subventionnée par l’Etat. Devant ses abus manifestes, François Fillon a tenté d’y mettre un frein en 2009, annonçant une diminution de 42 % des subventions. Aussitôt, le Planning a lancé une pétition pour le dénoncer, qu’ont signée 140 000 personnes. François Fillon recule. En 2017, le planning familial appellera à ne pas voter Le Pen. C’est donc une association qui pense bien, un des piliers historiques de la révolution arc-en-ciel.


Mais rien ne va plus depuis quelques années entre les différents féminismes et les différents progressismes qui animaient son combat, et notre confrère le Point vient de publier une tribune signée par un collectif d’intellectuels et de médecins qui dénonce, avec une caustique brutalité, « les absurdités scientifiques du Planning ». Elle commence sans ambiguïté : « C’est avec le plus grand sérieux que le Planning familial, organisme d’éducation populaire, nous assume des absurdités scientifiques ». Et d’en énumérer quelques-unes. D’abord cette affiche dont nous avions parlé à l’été 2022, représentant deux hommes tendrement enlacés, dont l’un au ventre tout rond, avec cette légende : « Au Planning, on sait que des hommes aussi peuvent être enceints ». Puis vient le « lexique trans » de l’association, avec quelques définitions : « Sexe : Construit social basé sur des observations moyennes des différences biologiques entre les genres. Il est communément admis scientifiquement que le sexe est un spectre. Peut également désigner l’appareil génital. » Assignation à la naissance : А la naissance, les médecins décident, selon des normes de longueur du pénis/clitoris, si l’individu est un garçon ou une fille. Changer de sexe : Les caractéristiques sexuelles de personnes, qu’elles soient cis ou trans, ne sont pas binaires et peuvent changer tout au long de leur vie ». Les signataires s’autorisent un peu d’ironie facile : « Nous serions heureux de connaître la “science” qui admet que chez l’Homo sapiens le sexe est un spectre. Il y a probablement confusion avec les crépidules ou autres animaux changeant naturellement de sexe au cours de leur vie. Nous serions également heureux de connaître la longueur critique de l’organe sexuel permettant de différencier un garçon d’une fille. »
Quant à moi, j’étais curieux de mieux connaître ce « lexique trans », rangé non par ordre alphabétique comme nous autres dinosaures en avons l’habitude, mais « dans l’optique d’un apprentissage progressif, chaque terme donnant les clefs pour comprendre les termes suivants ». On comprend vite, dès la troisième entrée, l’esprit général de la chose : « Genre : Classe sociale construite culturellement. En Occident, cela admet deux catégories, dont une dominée : les femmes ; et une dominante : les hommes. » Il faut attendre pourtant la douzième ou treizième définition pour être complètement largué et ne plus entraver que dalle. On n’en continue pas moins à se promener, pour le plaisir de l’exotisme et du monstrueux, parmi les parterres de ce jardin du non-sens, les stealth, dicklit, Ladyck, Morinom et autres TERF. Avant de buter enfin sur les « termes à ne pas utiliser », Mâle/femelle, Masculin/ féminin, ou, plus surprenant, Changer de genre : « Une personne trans ne change généralement pas d’identité de genre ; elle l’affirme, la révèle ou l’assume. Dans une approche matérialiste du terme genre, en tant que classe sociale, le “genre” d’une personne trans n’est jamais tout à fait du genre femme ou homme, puisque cela peut dépendre de ce que son interlocuteurice (sic) sait ou perçoit. » Bon sang, mais c’est bien sûr !


Ce qui fait peur, c’est que le planning familial est habilité à donner des conférences aux écoliers, collégiens et lycéens ! Plus, avec deux autres associations, il a poursuivi l’Etat en justice pour le contraindre à généraliser l’éducation sexuelle à l’Ecole ! Cela révulse les signataires de la tribune qui demandent le retrait de l’autorisation en attendant la refonte de l’association, les formations qu’il dispense constituant en l’état « un danger pour la santé publique », des enfants et adolescents. Et d’expliquer : « L’adolescence est un séisme physiologique, morphologique et psychologique. Dans cette période critique, l’adolescent est fragilisé, en proie au doute. Il recherche des appuis auprès de ses pairs mais aussi auprès de sources diverses, malheureusement pas forcément fiables ou bien intentionnées. C’est cette fragilité qu’exploitent les réseaux (si peu) sociaux où les contre-vérités foisonnent. » La tribune déplore les « résultats désastreux » qu’a mesurés une récente enquête de l’IFOP pour les Fondations Jean-Jaurès et Reboot sur le manque d’esprit critique des jeunes de 11 à 24 ans, dont 16 % croient que la terre est plate (29 % pour les fans de TikTok). Selon la tribune, ces mêmes réseaux véhiculent « les messages outranciers incitant enfants et adolescents à changer de sexe. D’où l’effarante explosion des demandes de transition chez les jeunes, les filles surtout, que les pays occidentaux connaissent depuis quelques années. » […]

HANNIBAL.