Rivarol n°3566 du 17/5/2023
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Rivarol n°3566 du 17/5/2023 (Papier)

Editorial

Moussa Darmanin se fait mousser en interdisant sept événements à Paris : halte à la tyrannie !

IL NE S’AGIT PLUS désormais de simple répression mais d’un régime d’oppression. A force de dérives liberticides, l’Exécutif met en place une véritable tyrannie. Les décisions arbitraires de manifestations, de rassemblements, de colloques sont tellement stupéfiantes qu’on les aurait cru inimaginables il y a encore quelques années. Qu’un préfet de police sur l’ordre du ministre de l’Intérieur interdise purement et simplement toutes les manifestations à Paris en l’honneur de sainte Jeanne d’Arc lors de sa fête nationale le deuxième dimanche de mai est ahurissant. Qu’il interdise un colloque et un forum dont les thématiques et les participants ne lui plaisent pas est proprement hallucinant. Et c’est pourtant bien ce qui s’est passé ces derniers jours. Le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, dont le nom passera peut-être à la postérité, mais sans doute pas pour les raisons qu’il imagine, a officiellement interdit sept manifestations le vendredi 12 mai, des événements qui devaient avoir lieu dans la capitale soit le samedi 13, soit le dimanche 14.
Pas moins de sept arrêtés ont été pris pour interdire préventivement des manifestations dites d’extrême droite ou d’ultra-droite. Ces notions n’ont rien de juridique et sont extensibles à l’infini, mais qu’importe, il s’agit d’empêcher ses adversaires politiques de s’exprimer, de s’organiser, et même simplement de déposer une offrande florale à la Sainte de la Patrie le jour de sa Fête nationale pourtant reconnue officiellement par la République depuis 1920. On ignorait jusque-là que déposer un bouquet de fleurs pouvait être un geste révolutionnaire, subversif ! Dans une circulaire adressée aux quelque 36 000 maires de France, le Premier ministre lui-même avait demandé aux édiles de pavoiser les bâtiments publics le dimanche 14 mai, jour de la Fête de Jeanne d’Arc mais les organisations et personnalités jugées d’extrême droite ou d’ultra-droite n’ont pas le droit de rendre un hommage à la Pucelle d’Orléans. C’est ainsi.

QUELLES SONT les manifestations qui ont été interdites ? Il n’est pas inutile de les citer toutes pour se souvenir de ce qui s’est passé et qui est inouï, effarant, stupéfiant. Un rassemblement de gilets jaunes prévu samedi 13 mai a été interdit par le préfet de police. Aucun recours n’a ensuite été déposé devant la justice par les organisateurs. Des personnes se sont malgré tout rassemblées samedi et certaines ont été interpellées. En quoi les gilets jaunes sont-ils affiliés à l’extrême droite ou à l’ultra-droite ? Il faudrait le démontrer. La préfecture de police ne s’en est pas donné la peine. La manifestation a été interdite à cause de risques de troubles à l’ordre public. Ce qui est étrange, c’est qu’il y avait une quinzaine de manifestations qui ont pu se dérouler normalement le week-end dernier, dont une Marche pour la paix et la fraternité. En effet, à l’occasion de la Journée internationale du Vivre Ensemble en Paix, à l’initiative de l’ONU, la Coordination interconvictionnelle (sic !) du Grand Paris (CINPA), avec l’association Aisa et les Scouts musulmans de France ( !), a organisé une marche dans Paris, pour la paix et pour la fraternité, le dimanche 14 mai, de 10h à 16h, en partant de la Place de la République. Ce rassemblement n’a posé aucune difficulté à la préfecture, mais pas une manifestation des gilets jaunes. C’est le règne de l’arbitraire !
En sus de cette brimade à l’égard des gilets jaunes, six manifestations dites abusivement d’ultra-droite ont été interdites. La manifestation de l’association Place d’Armes, composé d’anciens militaires, a été interdite, le référé déposé en urgence n’ayant pas abouti. Là aussi, des personnes ont cependant manifesté et certaines ont été interpellées. Devaient participer à cet événement des personnalités comme Bruno Gollnisch, Alain Escada ou l’écrivain Renaud Camus. Autre interdiction : celle visant la manifestation du mouvement souverainiste et « de réveil patriotique » “Penser la France’” prévue le dimanche 14 mai dans la capitale. Une décision acceptée bon gré mal gré par les organisateurs. « Les clubs “Penser la France” ont décidé d’annuler cette manifestation sur la voie publique sans la contester devant le juge des référés, qui ne sert à rien dans la France d’Emmanuel Macron » a indiqué le mouvement dans un sobre communiqué.

ONT ÉGALEMENT ÉTÉ INTERDITS par le préfet de police de Paris le colloque de l’Action française à l’Espace Charenton dans le 12e arrondissement le samedi 13 mai et le défilé de l’AF officielle le lendemain. Ces deux interdictions ont toutefois été suspendues par le tribunal administratif de Paris — saisi par les organisateurs — qui les a jugées illégales. Le préfet de police avait également pris un arrêté d’interdiction de l’hommage statique à Jeanne d’Arc prévu par les Nationalistes le dimanche 14 mai de 9h30 à 10h place des Pyramides au pied de la statue équestre de la Sainte. Mais, ce qui prouve à quel point ces fonctionnaires de la préfecture de police sont des pieds nickelés,  ils ont oublié dans un premier temps d’interdire également le Forum de l’Europe organisé de 13h30 à 18h30  le 13 mai par les Nationalistes. Ce n’est que le samedi soir, vers 18h, alors que le Forum était sur le point de s’achever, qu’un arrêté a été pris par la préfecture pour l’interdire. Il était évidemment trop tard et il a pu donc se tenir jusqu’au bout comme prévu.
A noter que ce sont les journalistes de Libération agissant en zélés auxiliaires de la police (et de la police de la pensée) qui ont prévenu par leurs articles et leurs tweets la préfecture de police de son regrettable oubli : toutes les manifestations de l’extrême droite avaient en effet été frappées d’interdiction, sauf celle-ci qui avait été malencontreusement oubliée ! A ce niveau-là, on n’a plus affaire à des journalistes, à des hommes de plume mais à de vils délateurs. Ce qui en dit long sur ce qu’est devenue aujourd’hui la presse. On a perdu toute dignité, tout respect minimal du contradicteur, de l’adversaire, tout souci de l’objectivité, toute grandeur, toute magnanimité, tout amour de la vérité, de la mesure et du bon sens. Il y a des choses qui ne se font pas, et néanmoins on ne respecte plus la moindre règle de décence aujourd’hui. On se félicite ouvertement que des opposants politiques ne puissent pas s’exprimer, tenir un colloque, une réunion, déposer des fleurs devant une statue. On mesure à quel point l’amour de la liberté et le sens moral ont reculé dans notre pays. Et ne nous y trompons pas : ce qui s’est passé avec le covid et la tyrannie sanitaire qui en a été le prétexte pendant plus de deux ans a considérablement aggravé la situation. Nos libertés fondamentales ont été bafouées, la liberté de circulation, de réunion, de culte, et désormais on n’hésite pas à interdire préventivement tout ce qui est susceptible de gêner le pouvoir, les puissants du moment.

L’ORIGINE directe de toutes ces interdictions, c’est le rassemblement silencieux à la mémoire de Sébastien Deyzieu, militant nationaliste tombé d’un toit le 9 mai 1994 alors qu’il était pourchassé par la police de Pasqua après une manifestation contre l’impérialisme américain.  La gauche s’est en effet émue que, lors de ce rassemblement totalement pacifique et légal et où il n’y a pas eu la moindre atteinte aux biens ni aux personnes, des croix celtiques aient été arborées, des manifestants aient été habillés de noir et, pour certains d’entre eux, masqués. On ne sache pas qu’il soit désormais interdit de porter certaines couleurs. Pour un deuil, le noir est plutôt bien adapté, que l’on sache. Quant au port du masque, les députés ne manquent pas de culot, alors même que l’on nous a contraints pendant deux ans à en porter un pour sortir de chez soi et qu’on était sanctionné si on ne le mettait pas ou s’il ne couvrait pas en entier la bouche et le nez. De qui se moque-t-on ? Toujours est-il que cette manifestation pacifique réunissant plus de 500 jeunes gens et jeunes filles à Paris le samedi 6 mai a provoqué une hystérie de la classe politico-médiatique qui a conduit le ministre de l’Intérieur, Gérald Moussa Darmanin, désireux de se faire mousser, à demander au préfet de police de Paris d’interdire désormais systématiquement toutes les manifestations d’extrême droite et d’ultra-droite, pas seulement celles dans la rue, mais également tout colloque, forum, etc. C’est la gauche et l’extrême gauche qui, à chaque manifestation, détruisent le mobilier urbain, mettent le feu à des poubelles, à des bâtiments publics, à des commissariats, à des tribunaux, à une enceinte de mairie, à des kiosques à journaux. C’est la gauche et l’extrême gauche qui agressent des passants, des policiers, les blessant parfois grièvement, jetant des cocktails Molotov et autres engins incendiaires, qui mettent des rues et des quartiers entiers à feu et à sang quand elles manifestent et c’est l’extrême droite, ou prétendue telle, qu’on interdit préventivement pour risques de troubles à l’ordre public alors qu’elle est parfaitement pacifique et que ces manifestations ont toujours lieu sans dégradation, sans destruction, sans atteinte aux biens ou aux personnes. Et il y a des heurts, c’est uniquement lorsqu’il y a des contre-manifestants, des antifascistes qui viennent volontairement la provoquer, perturber ses manifestations, agresser ses militants et sympathisants.  Telle est la réalité que tout le monde connaît.
Et pourtant cela n’empêche pas la classe politique et les media audiovisuels de répéter, contre l’évidence des faits, que c’est l’extrême droite qui est dangereuse, violente, terroriste, criminogène. Et pour pouvoir interdire de manière préventive tout rassemblement dit d’extrême droite, les pouvoirs publics ont trouvé une astuce : il ne s’agit plus seulement de prévenir les troubles matériels à l’ordre public mais également « les troubles immatériels ». Et là on peut mettre absolument tout ce que l’on veut. Dans le décret d’interdiction de la manifestation des Nationalistes, il est ainsi question de risque d’atteinte à la tradition républicaine et aux principes de la Déclaration des droits de l’homme. Et hélas cette interdiction a, elle, été confirmée le samedi 13 mai au soir par les juges administratifs de Paris qui, siégeant collégialement (à trois, ce qui ne se fait que pour les dossiers jugés très importants), ont considéré que le préfet de police avait à bon droit interdit le rassemblement statique des Nationalistes devant la statue de Jeanne d’Arc à cause du risque que soient tenus des “propos” ou que soient exécutés des “gestes” contraires à « la tradition républicaine » ! Alors même que dans le défilé de l’AF finalement maintenu le dimanche 14 mai, on pouvait entendre comme slogans, d’ailleurs sympathiques : « A bas la République ! A mort la Gueuse ! » Comprenne qui pourra !

LE TRIBUNAL ADMINISTRATIF a mis en avant dans sa décision les condamnations d’Yvan Benedetti, chef des Nationalistes, pour négationnisme en 2021 et contestation de crimes contre l’humanité en 2022, alors même que ces condamnations sont frappées d’appel et ne lui sont donc pas applicables. C’est le règne du Père Ubu ! Et cela ne s’arrête pas là : pour avoir déposé une magnifique offrande florale à la statue de Jeanne d’Arc sise dans le 13e arrondissement de Paris, au 41 boulevard Saint-Marcel, puis pour avoir déposé ce même bouquet dans l’après-midi Place des Pyramides, Yvan Benedetti est convoqué le mardi 23 mai à 14h par la sûreté territoriale de Paris, qui n’a manifestement rien de plus urgent à faire, pour « l’organisation d’une manifestation interdite et d’une injure publique, faits commis à Paris le 14 mai 2023 ». Un délit puni de six mois d’emprisonnement et de 7500 euros d’amende ! Au fou !
Le plus grave dans cette affaire, c’est que la décision du tribunal administratif de Paris validant l’interdiction de manifester pour les Nationalistes à cause d’un risque de « trouble public immatériel » peut créer un redoutable précédent permettant désormais aux pouvoirs publics d’interdire préventivement toute manifestation de ses véritables opposants, par exemple un hommage au Maréchal Pétain, un camp d’été, un déjeuner, un colloque, une conférence, une marche, un dépôt de gerbes, un apéritif dinatoire, tout et n’importe quoi. Le préfet de police ne s’y est pas trompé, qui a salué aussitôt sur BFMTV, « la décision du tribunal administratif qui a retenu le risque que soient tenus des propos incitant à la haine ou à la discrimination raciale. Ce jugement ouvre la voie à de futures interdictions de manifestation d’ultra-droite ». C’est le règne de l’arbitraire et l’entrée de plain-pied dans ce qu’il faut bien appeler une véritable tyrannie. Laquelle n’est dénoncée aujourd’hui par aucune force politique représentée au Parlement, les proches de Marine Le Pen se félicitant même ouvertement devant les micros et les caméras des actuelles interdictions préfectorales. Voilà où nous en sommes dans un pays qui inscrit au fronton de ses monuments officiels le mot Liberté. Mais on sait que, pour la République, depuis ses origines, la liberté ne vaut pas pour ceux qu’elle désigne arbitrairement, et de manière très extensive, comme ennemis de la Liberté.[…]


RIVAROL, <jeromebourbon@yahoo.fr>.

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Charles, roi-traître arc-en-ciel

avaient chacune son génie politique, sa “politeia”, c’était clair aux yeux de tous, Grecs ou barbares. C’est vrai de tous les peuples. Rome fonda vite son histoire sur la haine des rois, sa fibre fut républicaine. La France, au contraire, était un royaume, la royauté est son gouvernement naturel et sain, ni l’empire, ni la république n’ont donné de bons résultats. L’Angleterre, avec les quelques territoires qu’elle s’est acquis sous le nom de Royaume-Uni, a gardé la forme monarchique. Elle en fait profession et en tire profit, comme on vient de le voir deux fois en huit mois, avec l’enterrement de la feue reine Elisabeth et le couronnement de son fils Charles III. Ces deux circonstances ont donné lieu à beaucoup de pompe, à des fastes mondialement épiés à la télévision (9 millions de spectateurs rien qu’en France), qui ont repu les amateurs de décorum. La presse a trouvé la chose « heureuse et glorieuse » Les chancelleries ont donné un concert d’amabilités diplomatiques, et le public, y compris républicain, s’est attendri en répétant les mots rite, éternel et stabilité. Le dimanche, il y a eu un after, avec concert et buffet. Bref ce fut un grand spectacle auprès duquel Hollywood, ses Cecil B. DeMille et ses Darryl F. Zanuck paraissent petits bras. Même des esprits sérieux se sont surpris à s’émouvoir quand, faisant écho au premier discours du roi Charles III prononcé en septembre 2022 (« je m’engage à vous servir avec loyauté, respect et amour »), le nouveau prince de Galles, William, a interrompu le concert pour célébrer le devoir de “service” que doivent les Windsor à la Grande- Bretagne. Hélas, tout cela n’est que mensonge et comédie : Charles, aggravant une pente prise par sa mère, est l’exemple même de la trahison d’une nation par son roi, plus éclatante encore que la trahison de la nation par la république, parce que c’est le symbole même de l’unité et de l’identité qui soumet son peuple à la révolution arc-en-ciel, on va le voir.
Si quarante rois ont fait la France, aidé de quelques milliers d’évêques et de millions de laboureurs, soldats, moines, artisans et marchands, c’est bien sûr qu’ils n’ont cessé d’agrandir leur « pré carré », mais c’est surtout qu’en dépit des légendes noires ils ont su dans l’ensemble respecter leur peuple en se soumettant aux lois fondamentales du royaume qui limitaient leur pouvoir mieux que ne le fait une constitution, dont on viole facilement l’esprit ou la lettre. L’une de ces lois fondamentales était la catholicité, voilà pourquoi Henri IV dut se convertir pour régner. Les rois les plus puissants n’étaient pas libres de changer les coutumes ni les croyances, et Louis XIV ne se serait jamais permis de mettre dans la loi le « mariage pour tous », ce qu’a osé sans hésiter le principule Hollande. Hé bien Charles, à la suite de sa mère, mais plus vite et plus fort, se lance dans l’imitation de François Hollande plutôt que dans celle de Louis XIV. Roi d’Angleterre, d’Irlande, du pays de Galles et d’Ecosse, chef nominal de l’Eglise anglicane, il va mener les îles britanniques vers un avenir si multi-ethnique, multireligieux, multi-genre, et climato-conforme, bref, si ouvert que George Soros osait à peine en rêver. La forme de son couronnement confirme à ce sujet ses déclarations passées et présage les nouveaux pas qu’on attend de lui.


Contrairement à ce qu’avait demandé naguère un évêque anglican à la chambre des lords, il n’y a pas eu finalement de lecture du Coran lors de la cérémonie du couronnement à Westminster, mais, pour la première fois, des représentants des religions juive, hindouiste, sikh, musulmane et bouddhiste ont tenu un rôle actif. Ils ont ainsi prononcé les paroles suivantes : « En tant que voisins dans la foi, nous reconnaissons la valeur du service public […] Nous sommes unis avec les personnes de toutes les fois et de toutes les croyances dans l’action de grâces et dans le service à vos côtés pour le bien commun ». Et le Premier ministre, l’hindou Rishi Sunak, a lu un extrait de la Bible. Selon l’archevêque de Cantorbéry, Justin Welby, docteur honoris causa de « l’université catholique » de Paris, ces « nouveaux éléments […] reflètent la diversité de notre société contemporaine ». Il a d’ailleurs introduit le serment du roi par cette phrase : « L’Eglise reconnue par la loi dont vous promettrez de maintenir les fondements […] cherchera à favoriser un environnement dans lequel les personnes de toutes confessions et croyances pourront vivre librement. » Cela montre, dans un lieu de culte qui se veut chrétien et lors d’une cérémonie qui se dit chrétienne, une propension manifeste à l’indifférence religieuse, sinon au syncrétisme. […]

HANNIBAL.