Rivarol n°3568 du 31/5/2023
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Rivarol n°3568 du 31/5/2023 (Papier)

Editorial

L’ère de l’oppression et de la tyrannie

QUI EÛT DIT qu’un jour il soit impossible en France de se réunir pacifiquement et amicalement dans le cadre d’un banquet célébrant, dans la joie et la bonne humeur, l’anniversaire d’un journal d’opinion ? Qui eût dit qu’un colloque, qu’un forum, qu’un hommage à Sainte Jeanne d’Arc, qu’une simple offrande florale à la Sainte de la Patrie soient formellement interdits car jugés gravement attentatoires aux valeurs de la République, à la tradition républicaine ? C’est pourtant bien la situation dramatique et ubuesque que nous connaissons aujourd’hui et qui eût paru inimaginable il y a encore seulement quelques années. Ce n’est pas hélas un mauvais rêve, un fruit de l’imagination, c’est la réalité concrète et sordide que nous vivons douloureusement. Jusqu’à quand ? Dieu seul le sait, mais il ne faut pas se bercer d’illusions et se voiler la face : il est fort probable hélas que, dans la logique répressive, oppressive et tyrannique que nous connaissons, s’inscriront dans la durée ces interdictions préventives, comme il y a eu naguère des guerres préventives. On l’a vu en 2003 contre l’Irak de Saddam Hussein accusé de manière mensongère et calomniatrice de posséder des « armes de destruction massive » ; on se souvient de la fiole brandie par Colin Powell et censée contenir un produit d’une dangerosité extrême et de la destruction méthodique subséquente de ce pays et des centaines de milliers de morts causés par une guerre en tous points injustifiable, inique et criminelle.
L’heure est désormais aux interdictions préventives de tout ce qui déplaît au pouvoir en place et qui est qualifié d’extrême droite ou d’ultra-droite. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Moussa Darmanin, dans sa circulaire du 9 mai 2023, a en effet enjoint aux préfets, et pas simplement à celui de Paris, lorsque « tout militant d’ultra-droite ou d’extrême droite ou toute association ou collectif, à Paris comme partout sur le territoire, déposera des déclarations de manifestations » (semblables à celle du GUD du samedi 6 mai dans la capitale en mémoire du militant nationaliste Sébastien Deyzieu) de prendre « des arrêtés d’interdiction ». Et manifestement les préfets lui ont obéi au doigt et à l’œil puisque, pour la seule capitale, huit manifestations patriotiques ou nationalistes ont été interdites à ce jour, dont une des gilets jaunes. Pas seulement des manifestations de rue mais même de simples colloques réunissant des intellectuels, des écrivains, des journalistes. C’est ahurissant.

Mais ce qui est encore plus grave, c’est que le juge administratif a validé cette interdiction préventive dans le cas des Nationalistes d’Yvan Benedetti en arguant notamment de sa condamnation (pourtant frappée d’appel) pour révisionnisme et donc de la possibilité que pourraient être tenus des propos ou effectués des gestes incitant à la haine raciale ou religieuse et contraires à la tradition républicaine. Les Nationalistes d’Yvan Benedetti et les organisateurs de la réunion interdite de l’Iliade ont saisi sur le fond le juge administratif. Il sera intéressant d’observer ce sur quoi débouchent ces différents recours. Il était important de les déposer car il faut toujours se battre jusqu’au bout dans la vie.
Toutefois, nous ne sommes guère optimistes quant à l’issue de ces légitimes démarches lorsqu’on se souvient que la justice administrative a confirmé sans difficulté ni problème apparent de conscience toutes les atteintes à la liberté de circulation, de réunion, de manifestation et de culte pendant la crise covidesque et que le Conseil d’Etat avait auparavant validé, le 9 janvier 2014, l’interdiction préventive d’un spectacle de Dieudonné intitulé Le Mur et qui devait être donné à Nantes. Trois heures seulement après que le juge administratif de Nantes eut autorisé la tenue du spectacle qui devait avoir lieu le soir même, le Conseil d’Etat, dans un arrêt signé par Olivier Stirn, un ancien ministricule socialiste, arrière-petit-neveu d’Alfred Dreyfus (cela ne s’invente pas !) interdisait la représentation, de concert avec le ministre de l’Intérieur de l’époque, l’affreux Manuel Valls, en arguant du fait que Dieudonné avait déjà été condamné pour “négationnisme” et qu’il y avait donc une forte présomption que des propos contraires à la loi et aux valeurs républicaines soient tenus pendant le spectacle.

C’était évidemment ouvrir la voie à l’arbitraire le plus total. Et c’est cette jurisprudence Dieudonné qui est actuellement utilisée par Darmanin et par les juges administratifs, comme l’explique et le décortique excellemment d’un point de vue juridique Me Eric Delcroix dans un article paru sur Polemia et intitulé : « De Dieudonné à Dominique Venner, la liberté d’expression face à un scandale judiciaire et politique ».
A la vérité, ce sont toutes les lois dites antiracistes et mémorielles qui ont permis cette situation profondément anormale qui nous enfonce chaque jour davantage dans l’oppression, la tyrannie et le chaos. La matrice de toutes ces législations liberticides après-guerre, c’est la loi Pleven, qui a plus d’un demi-siècle désormais (elle date du 1er juillet 1972). Et ces lois d’exception (Gayssot, Lellouche, Perben...) n’ont fait que s’empiler depuis, réduisant toujours davantage la liberté d’expression, d’opinion, de recherche et désormais de manifestation, même si, après le montage de Carpentras, pendant plusieurs mois, beaucoup d’événements et de manifestations patriotiques, dont la fête de Jeanne d’Arc en 1990 et 1991, avaient été interdits par les pouvoirs publics, au nom de ce que le socialiste Jean-Christophe Cambadélis avait alors appelé le nécessaire « harcèlement démocratique » contre « l’extrême droite ». Mais cette fois-ci les interdictions pourraient s’inscrire dans la durée au nom du principe révolutionnaire « pas de liberté pour les ennemis de la liberté ». C’est en effet la logique de l’idéologie républicaine des droits de l’homme réactivée et aggravée par la jurisprudence de Nuremberg et qui débouche toujours sur la loi des suspects et la Terreur.
 
ON NE S’EN REND pas suffisamment compte mais les graves problèmes auxquels sont aujourd’hui confrontés notre pays et notre peuple sont en effet en très grande partie la conséquence directe de la jurisprudence de Nuremberg. Entend-on lutter contre l’immigration de masse et organiser graduellement le retour des immigrés extra-européens dans leur pays d’origine, aussitôt est-on accusé de vouloir déporter les étrangers comme naguère l’on déportait les juifs et donc de perpétrer un crime abominable. Souhaite-t-on défendre la famille, la natalité française et les valeurs traditionnelles, aussitôt est-on soupçonné de pétainisme, idéologie jugée criminelle car, nous dit-on, complice des nazis et antisémite. Juge-t-on déraisonnables les demandes des dirigeants de la communauté juive, et de Klarsfeld en particulier, de condamner la France pour son attitude, nous assure-t-on, criminelle pendant la guerre à l’égard des juifs, l’on est considéré comme des monstres n’ayant aucune compassion, aucune empathie envers les « victimes de la Shoah ». Souhaite-t-on une politique vraiment répressive contre le crime, le rétablissement de la peine de mort pour les assassins, l’on est accusé de vouloir instaurer un régime totalitaire, source des crimes les plus horribles. Proteste-t-on contre l’ouverture excessive des frontières, la décadence morale (théorie du genre, homosexualisme militant, transsexualisme, avortement et pornographie de masse, euthanasie et suicide assisté), le règne de l’étranger, aussitôt est-on accusé de reprendre le discours en vogue pendant les heures les plus sombres de notre histoire dont on sait où elles ont mené…
Si nous n’avons plus de défenses immunitaires pour nous défendre contre les agressions externes et la dissolution interne, contre la submersion et la subversion, si la nation, les familles, l’armée, les corps intermédiaire sont en état de décomposition avancée, voire de putréfaction, si plus rien ne semble avoir de sens, si nous sommes désarmés, dépossédés, submergés, en voie d’être remplacés, si les mouvements patriotiques sont dissous les uns après les autres, si leurs activités et leur militantisme sont entravés voire interdits, comme c’est notoirement le cas aujourd’hui, c’est la conséquence directe de l’idéologie des droits de l’homme dont la jurisprudence de Nuremberg est le ciment et le garant le plus puissant.
Ce que les Français ne savent pas, c’est que nous avons été rendus impuissants et que la situation ne peut que s’aggraver. On ne citera jamais assez les pages magnifiques du grand Maurice Bardèche dans son monumental Nuremberg ou la Terre Promise écrit en 1948 il y a tout juste soixante-quinze ans. Le beau-frère de Robert Brasillach avait tout compris. Qu’on nous permette de le citer un peu longuement car son diagnostic n’a rien perdu de son acuité, bien au contraire au vu des événements actuels :
« Le monde est désormais démocratique à perpétuité. Il est démocratique par décision de justice. Désormais un précédent judiciaire pèse sur toute espèce de renaissance nationale. […] La décision de Nuremberg consiste à faire une sélection préalable entre les partis. Les uns sont légitimes et les autres suspects. Les uns sont dans la ligne de l’esprit démocratique et ils ont le droit en conséquence de prendre le pouvoir et d’avoir un plan concerté, car on est sûr que ce plan concerté ne menacera jamais la démocratie et la paix. Les autres, au contraire, n’ont pas le droit au pouvoir et par conséquent il est inutile qu’ils existent : il est entendu qu’ils contiennent en germe toutes sortes de crimes contre la paix et l’humanité. […] Il y a dans ce simple énoncé un principe d’ingérence. Or, cette ingérence a ceci de particulier qu’elle ne traduit pas, ou du moins, ne semble pas traduire une volonté identifiable. Ce n’est pas telle grande puissance en particulier ou tel groupe de grandes puissances qui s ‘oppose à la reconstitution des mouvements nationalistes, c’est une entité beaucoup plus vague, c’est une entéléchie sans pouvoirs ni bureaux, c’est la conscience de l’humanité. Cela, personne ne sait exactement ce que c’est. Mais cette voie de l’humanité est bien commode. Cette puissance anonyme n’est qu’un principe d’impuissance. Elle n’impose rien, elle ne prétend rien imposer. Qu’un mouvement analogue au national-socialisme se reconstitue demain, il est bien sûr que l’ONU n’interviendra pas pour en demander la suppression. Mais la conscience universelle approuvera tout gouvernement qui prononcerait l’interdiction d’un tel parti, ou, pour sa commodité, de tout parti qu’il accuserait de ressembler au national-socialisme. Toute résurrection nationale, toute politique de l’énergie ou simplement de la propreté, est ainsi frappée de suspicion. On a donné une entorse aux consciences et maintenant on nous regarde boiter. Qui a fait cela ? Qui a voulu cela ? C’est Personne comme criait le Cyclope. Le super-Etat n’existe pas, mais les vetos du super-Etat existent : ils sont dans le verdict de Nuremberg. Le super-Etat fait le mal qu’il peut faire avant d’être capable de rendre des services. Le mal qu’il peut faire c’est de nous désarmer contre tout, contre ses ennemis aussi bien que contre les nôtres. C’est une situation singulière. Nous sommes désarmés et menacés par une idée et rien d’autre qu’une idée. Rien n’est interdit, mais nous sommes prévenus qu’une certaine orientation n’est pas bonne. Nous sommes invités à préparer en nous certaines sympathies et à installer en nous plusieurs refus définitifs.
On nous apprend à conjuguer des verbes, comme aux enfants : « […] M. Roosevelt est un grand citoyen du monde, M. Jean-Richard Bloch est un grand écrivain […] », et inversement : « Je ne serai jamais raciste, j’aimerai bien M. Kriegel-Valrimont, je maudirai éternellement les SS, Charles Maurras et Je Suis Partout. » Et ceux dont l’esprit n’est pas susceptible de ces sympathies ou qui rejettent ces refus ? Ceux dont le cœur répond à d’autres appels, ceux dont l’esprit ne pense qu’à travers d’autres catégories, ceux qui sont faits autrement ? J’ai la même impression ici qu’en lisant certains textes marxistes : ces gens-là n’ont pas le cerveau fait comme le mien, c’est une autre race. Et ce rapprochement nous met sur la voie. Il y a un monde clos de l’idéalisme démocratique qui est du même ordre que le monde clos du marxisme. Ce n’est pas étonnant si leurs méthodes arrivent à coïncider, si leur justice finit par être la même bien que les mots n’aient pas chez eux le même sens. C’est aussi une religion. C’est la même entreprise sur les âmes. Quand ils condamnent le nationalisme, ils savent bien ce qu’ils font. C’est le fondement de leur Loi. Ils condamnent notre vérité, ils la déclarent radicalement fausse. Ils condamnent notre sentiment, nos racines même, notre manière la plus profonde de voir et de sentir. Ils nous expliquent que notre cerveau n’est pas fait comme il faut : nous avons un cerveau de barbares. » (pages 50 à 54, Les Sept couleurs, 1948) Il n’y a rien à ajouter à ces lignes prophétiques qui n’ont pas pris une ride. […]


RIVAROL, <jeromebourbon@yahoo.fr>.

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Billet hebdomadaire

C’est 1984 en 2023 !

C’est l’émoi dans le landerneau politique. Tous les commentateurs et employés du système se mettent au diapason : la société est devenue violente, c’est nouveau, c’est tout frais, les guibolles flageolent, ça grince, la colère monte, mais c’est quoi cette décadence, où va-t-on, non mais oh !
Cette fantastique prise de conscience aurait débuté timidement avec l’incendie volontaire des deux automobiles du maire de Saint-Brevin en Loire-Atlantique, Yannick Morez, en mars dernier. Une victime emblématique pour le pouvoir car, selon le récit imprimé par les media, elle aurait été la cible de la haine, soit de la catégorie de personnes estampillée d’extrême droite pour la simple raison qu’elle s’oppose à l’immigration massive et à l’installation locale de clandestins. Puisqu’une partie de cette mouvance a protesté contre l’accueil XXL de migrants à Saint-Brevin, elle est forcément la responsable et la coupable de la combustion des deux voitures du maire (médecin généraliste depuis plus de trente ans) qui furent incendiées durant la nuit. Et comme l’épouvantable xénophobie s’échauffe avant de tuer, c’est, bien sûr, tout naturellement que le maire échaudé a envoyé sa démission au préfet, dans le but évident de sauvegarder sa sécurité et celle de sa famille, avant qu’il ne soit trop tard. Ou le KKK version chouanne au pays de Gilles de Rais !
Deuxième étape de cette prétendue prise de conscience de la néo-barbarie de nos chères élites : l’agression du petit-neveu de Brigitte Macron, Jean-Baptiste Trogneux, perpétrée à Amiens, devant la chocolaterie “familiale”, par un marginal qui crut intelligent de manifester devant sa boutique, en compagnie d’une dizaine de cas sociaux, après un discours de Macron qui les ulcéra. Une action stupide commise par des jeunes écervelés qui, objectivement, sert le pouvoir tant elle est injustifiée et injustifiable.
Troisième fait qui expliquerait le nouveau sentiment d’insécurité de nos élus : le décès de trois jeunes policiers de Roubaix percutés par un chauffard délinquant drogué et alcoolisé.
Enfin le point d’orgue de cette triste série d’événements (au demeurant disparates dans leur gravité) : la mort tragique d’une infirmière poignardée à plusieurs reprises par un malade mental (suivi pour schizophrénie depuis 1985) à Reims. C’est cette affaire qui déclencha la réaction de l’exécutif et du président de la République dorénavant effrayé, Emmanuel Macron. Le lendemain de ce fait divers (qui est davantage la conséquence de l’effondrement de la psychiatrie française que de la néo-barbarie, le forcené étant clairement psychotique depuis quarante ans !), l’oncle des petits Trogneux d’Amiens, qui avait indubitablement préparé son coup, déclara (le 23 mai) lors du Conseil des ministres : « Il faut être intraitable sur le fond. Aucune violence n’est légitime, qu’elle soit verbale ou contre les personnes. Il faut travailler en profondeur pour contrer ce processus de décivilisation ».

VOUS AVEZ DIT  “DÉCIVILISATION” ?

Le mot était lancé, “décivilisation”. Certainement pas par hasard, répétons-le, tant le vocable est connoté dans le microcosme intellectuel et politique. Il est en effet difficile de croire que le régiment de conseillers de Macron ignorait à quoi renvoie le mot, comme il ne pouvait ignorer que la journaillerie allait assurément commenter son usage présidentiel. Cette sortie est préméditée. Le Monde écrivait le 24 mai à ce propos : « Depuis quelques années, ce terme de “décivilisation” a surtout été beaucoup utilisé au sein des droites extrêmes, souvent pour dénoncer l’immigration, et dans une partie de la droite, avec des acceptions variables. Renaud Camus, écrivain d’extrême droite, en avait fait le titre d’un de ses livres en 2011, quelques mois après avoir relancé le concept complotiste de “grand remplacement”. Bruno Retailleau, président des sénateurs Les Républicains (LR) ou David Lisnard, président de l’Association des maires de France, l’ont déjà mentionné alors que Nicolas Sarkozy, du temps de sa présidence, avait évoqué l’importance de retrouver une “politique de civilisation” lors de ses vœux du 31 décembre 2007. Une ambition floue abandonnée au bout de quelques semaines par l’ancien chef de l’Etat. »
Elle l’est, préméditée, cette sortie, parce que le pouvoir, représenté par le communicant Macron en France, a mis en branle, depuis une grosse dizaine d’années, en Occident tout du moins, une nouvelle politique d’ingénierie sociale que l’on dirait tirée tout droit de 1984 de George Orwell. Cette nouvelle manière de diriger les peuples est radicale puisqu’elle consiste littéralement à les décontenancer, à les perdre, à les désorienter, à leur faire comprendre que la seule chose qu’ils savent est qu’ils ne savent rien en définitive. On assiste à un lavage de cerveaux collectif qui rend folle une minorité pensante mais qui démobilise l’immense majorité des gens fatigués par la complexité des nouveaux phénomènes socio-politiques et géopolitiques qui défilent devant leurs yeux, et où ils ne voient aucune cohérence.
Les choses sont, elles sont, tout simplement, c’est ainsi, c’est comme ça. Incapable d’appréhender cette grande mécanique de sidération montée par le système, la masse se résout à vivre avec son temps sans chercher à comprendre les causes profondes du changement, encore moins à prévoir tant bien que mal la suite des événements. Une partie du peuple (l’autre ne s’intéresse plus à rien) va suivre l’actualité officielle pour des raisons pratiques. Faut-il se vacciner, faut-il faire le plein d’essence demain, faut-il partir à l’étranger pour passer de bonnes vacances, quel temps fait-il ce week-end ? Le reste est devenu insaisissable pour les masses. Mais, malgré tout, comme dans 1984, et même si tout est devenu trouble, si l’histoire change de sens brusquement, ou si elle prend des chemins de traverse, la masse continue à adopter la novlangue du système et tout ce qu’elle recouvre, quand bien même ce qu’elle recouvre serait la noirceur même. Quand neuneu Trogneux est bousculé, quand deux voitures brûlent mystérieusement à l’ombre de la haine de l’extrême droite de l’espace, tonton Macron parle de décivilisation. Un terme, nous le voyons, qui signifie tout et son contraire, la civilisation, selon nos décideurs, ne correspondant pas au mot entendu par les honnêtes hommes.
La décivilisation se traduit, certes, toujours, par la violence (et Macron a parlé de décivilisation en réagissant à cette violence) de plus en plus gratuite mais cette violence n’est que l’ultime conséquence de causes profondes qu’il convient de circonscrire pour l’éradiquer. Or, dans son discours du 23 mai, Emmanuel Macron a énoncé la liste des principales causes qui expliqueraient, selon lui, la violence décivilisationnelle. Sans surprise, s’est exprimé là aussi, là encore, le ministère de la vérité. « Les racines du problème sont multifactorielles et sont anciennes », décrypte Big Brother, avant d’énumérer le plus sérieusement du monde, la responsabilité des réseaux sociaux, les conséquences des sous-investissements dans l’éducation nationale depuis des décennies, mais aussi (il faut se pincer pour y croire), l’influence du climat politique avec une « trumpisation des esprits et un dénigrement du réel ». Demain, nous fera-t-on croire que le fou furieux, défoncé à la cocaïne et à d’autres cocktails festifs, qui roule à 130 km/h en pleine ville avant de pulvériser des innocents sur un passage piéton, aura été conditionné par l’extrême droite, par le complotisme ou par l’antisionisme ? On n’en est pas loin, je vous l’assure, et tout cela est parfaitement orwellien.
La décivilisation est donc un mot qui peut faire plaisir à droite, mais qui n’est employé que pour faire avancer un programme qui s’oppose à angle droit à la civilisation.
Nulle trace de décivilisation dans le discours élyséen quand une petite Maelys ou une petite Lola subissent le pire. Pas de décivilisation non plus quand des “œuvres” ouvertement pédophiles sont exposées et promues dans des établissements culturels et politiques placés sous l’égide de la République ! D’ailleurs, 1984 est si bien notre temps qu’il n’y a ni décivilisation, ni pédophilie dans cette affaire-là selon les officiels du ministère de la vérité répondant à la colère de citoyens vomissant cette démonstration d’extrême perversité. Il ne s’agirait pas de pédophilie mais de grand art par lequel seraient dénoncées les horreurs de la guerre.

DEUX PLUS DEUX FONT CINQ

Impossible ici de ne pas penser au passage du grand livre d’Orwell quand le haut-fonctionnaire du ministère de l’amour, O’Brien, torture Winston Smith pour lui faire perdre le sens des réalités. Montrant quatre doigts à Winston, qui n’en voit donc que quatre, O’Brien le supplicie jusqu’à ce qu’il soit convaincu d’en voir cinq. Convaincu plus précisément du bienfait de sa volonté d’en voir cinq, même s’il sait encore, tout au fond de lui-même, qu’il n’y en a que quatre. C’est ainsi que l’on accède à l’état de la « double pensée ». Deux plus deux font quatre mais, parfois, deux plus deux font cinq.
Les créations de la Suissesse peintureuse Miriam Cahn sont pédophiles, néanmoins les ministères de l’Amour et de la Vérité nous exhortent à voir autre chose dans ses peintures abjectes. A la fin, lasse, l’opposition se tait, les révoltés n’ont plus de bile à dégueuler, et l’idée que deux plus deux puissent faire cinq persiste.
Rappelons-nous de l’incendie traumatique de Notre-Dame de Paris. Il est scientifiquement impossible que des poutres en chêne de plus de 800 ans prennent feu à cause d’un mégot de cigarette. Même un chalumeau n’aurait pu faire l’affaire. Mais rien n’y fit, et la vérité officielle repose sur la cause d’un tison de tabac. Du reste, il nous semble que l’incendie de Notre-Dame, certainement volontaire et systémique, constitue le symbole par excellence de la décivilisation qui se déchaîne en France.

CE N’EST PLUS UN TRAVESTI, C’EST UNE FEMME !

Autre symptôme spectaculaire de la décivilisation, perçu cependant par nos élites et le ministère de l’Amour comme une formidable avancée civilisationnelle : le relativisme sexuel ou le développement empirique de la théorie des genres. Prenez un homme, chauve, pourvu d’une voix de Stentor, d’une pilosité dense et drue et de tous ses attributs. Même dénué de ces caractéristiques, il restera un homme s’il possède les chromosomes XY. Pourtant, dorénavant, si l’individu XY, barbu ou non, décide, comme s’il était son propre ministère de la Vérité, qu’il est une femme parce qu’il l’a décidé ainsi, le système, trop heureux de pouvoir si facilement éloigner encore davantage les hommes de la réalité via la participation à cette subversion de gens déséquilibrés (qu’on ne cherche plus à aider mais à conforter dans leur délire), abonde dans son sens, l’encourage et criminalise tous ceux refusant obstinément de soupirer que deux et deux font cinq et qu’un individu aux chromosomes XY puisse être une femme. N’est-elle pas en premier lieu ici, la décivilisation ? N’est-elle pas aussi et surtout présente quand la nature même du monde est déniée sous les auspices de l’Intelligentsia qui prétend œuvrer contre la décadence de notre civilisation ?  […]

François-Xavier ROCHETTE.