Rivarol n°3569 du 7/6/2023
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Rivarol n°3569 du 7/6/2023 (Papier)

Editorial

Pourquoi le Système diabolise le Maréchal Pétain

PLU DE SOIXANTE-DIX ANS  après sa mort, le lundi 23 juillet 1951 à l’île d’Yeu, on ne parle dans l’actualité que du Maréchal. Pour le diaboliser bien sûr. Le Premier ministre, désavoué par Macron, affirme ainsi que le RN est « l’héritier de Pétain », au grand dam de Marine Le Pen et de Jordan Bardella qui jugent scandaleuse et ignominieuse une telle accusation, tant eux aussi participent activement à la diabolisation du Maréchal, de sa vie, de son œuvre, de son régime, de la politique qu’il a menée, des principes qu’il a défendus, et ne veulent en aucun cas être confondus, si peu que ce soit, avec le chef de l’Etat français. Car, dans ce règne du mensonge et de l’imposture tous azimuts, le Maréchal Pétain doit être unanimement considéré comme un traître. Ainsi le serinent les media. Ainsi le répètent les manuels. Car si le personnage de Louis XVI a été en partie réhabilité, il n’en va pas de même de Philippe Pétain. Est-ce parce qu’il s’agit d’un passé plus récent et que les passions ne se sont pas encore apaisées ? Nous ne le pensons pas. C’est bien plutôt parce que le régime que nous subissons depuis 1945 tire sa légitimité de la disqualification politique, morale, intellectuelle et judiciaire du pétainisme et ne reconnaît donc aucun mérite au Maréchal. Au contraire. Plus ce régime s’enfonce dans le scandale, plus il manifeste sa nocivité, sa malfaisance intrinsèque, plus il se montre tyrannique, injuste, cruel, plus il éprouve le besoin de diaboliser la personne, l’action et la pensée du Maréchal. C’est pour lui une question de survie. Il doit sans cesse réactiver la haine dont il est sorti et qui le fait vivre.
Et logiquement la diabolisation de Philippe Pétain, due essentiellement au traitement de la question juive sous Vichy (nous vivons sous la domination de ce puissant lobby), s’étend jusqu’aux vertus qu’il a promues, jusqu’aux principes qu’il a fait siens, jusqu’à la célèbre devise de l’Etat français. De sorte que quiconque entend défendre la patrie, exalter le travail, honorer la famille, promouvoir la religion est aussitôt traité de pétainiste. C’est-à-dire dans le langage médiatique de complice des nazis et de la solution finale. C’est ainsi que le régime en place installe une terreur intellectuelle qui compromet toute renaissance nationale. Alors que l’action menée pendant quatre ans par le Maréchal reste à bien des égards un modèle. Il n’est en effet pas difficile de voir où nous ont conduits ceux qui ont pris l’exact contrepied de ce qu’a tenté l’Etat français de 1940 à 1944.

LE MARÉCHAL avait honoré le travail, en avait rappelé dans ses discours l’éminente dignité. C’est, disait-il, « le moyen le plus noble et le plus digne que nous ayons de devenir maîtres de notre sort ». La Révolution nationale était inséparable dans son esprit de la Révolution sociale. Aussi la Charte du travail définissait-elle, dans une perspective neuve et hardie, les rapports entre patrons et salariés dans la communauté de l’entreprise, en rejetant à la fois le dogme ruineux de la lutte des classes et le dévergondage d’un libéralisme incontrôlé. Vichy institua le 1er Mai fête du travail et des travailleurs afin d’œuvrer à « l’union et à l’amitié » de tous les Français.
Or, après soixante-dix-neuf ans de régime gaullo-communiste, qui a encore l’amour du travail bien fait ? On décourage de travailler. En faisant miroiter un revenu universel de quelques centaines d’euros distribués comme une pitance en échange de la servilité du récipiendaire. En multipliant des aides et des allocations distribuées sans discernement ni contrôle. En empêchant même les gens de travailler, en le leur interdisant sous peine d’amende et de prison, ce qui est inouï, comme on l’a vu pendant les confinements successifs, pour toute une série de professions, et singulièrement celles du secteur tertiaire. En prélevant sur les revenus des sommes telles qu’on décourage l’effort et qu’on tue l’initiative. En transformant les entrepreneurs, comme naguère les paysans, en serfs modernes en les privant de toute vraie liberté et en leur versant de petites aides pour les neutraliser et les faire vivoter. En permettant de gagner facilement des gains substantiels grâce à des jeux qui ne cessent de croître en nombre et en imbécillité : « Qui veut gagner des millions ? », tel est significativement le titre d’un divertissement télévisé. Or, la civilisation de loisirs n’a jamais rien créé. Elle est un signe de décadence.

LE  MARÉCHAL avait promu la famille. En créant la Fête des Mères. En encourageant moralement et matériellement les familles nombreuses. Le fameux baby boom n’a-t-il pas commencé sous son régime ? C’est que, disait le chef de l’Etat, « l’individu n’existe que par la famille dont il reçoit avec la vie, tous les moyens de vivre ». Et, ajoutait-il, « les époques où l’individualisme a fait loi sont celles qui comptent le moins d’individualités véritables ». Que ne dirait-il aujourd’hui, alors que l’institution familiale est parodiée, éclatée, décomposée, recomposée, que s’élabore un nouveau droit de la famille ouvert à toutes les perversions, à toutes les excentricités, que l’on a introduit officiellement dans l’enseignement dès la rentrée scolaire 2011 la folle théorie des gender selon laquelle l’identité sexuelle est librement choisie par l’individu, que des groupes LGBtistes vont dans des classes de mineurs faire sans vergogne l’apologie des sexualités déviantes, que l’on encourage le changement de sexe qui n’est en réalité qu’une affreuse mutilation, généralement irréversible, que l’on a légalisé et remboursé la contraception, l’avortement, le Pacs, le “mariage” homosexuel, la PMA désormais ouverte aux lesbiennes, que deux femmes peuvent être très officiellement considérées comme les deux parents de l’enfant, que l’on peut créer des chimères animal-homme ?
A quoi sert-il à l’homme grâce aux techniques nouvelles de fabriquer la vie s’il en a perdu le sens ? On a fait croire qu’il était obsolète de parler d’engagement, de parole donnée, de fidélité, de loyauté, d’honneur, d’effort, de dévouement et de sacrifice. Moyennant quoi, on a précipité le malheur des gens : dépressions, drogue, divorces, suicides, actes de barbarie sans nombre, jusqu’à des actes d’anthropophagie, y compris en France, tels sont les fruits amers de la perte des principes et des repères les plus élémentaires.

LE MARÉCHAL avait défendu la patrie. Qui l’a mieux aimée, qui l’a plus servie que lui ? Et qui en a été aussi peu, aussi mal récompensé ? Car il n’avait pas besoin de se faire comme De Gaulle « une certaine idée de la France », il l’aimait charnellement. Intensément. Il en aimait les routes. Ah ces routes du pays d’Artois mystérieuses, changeantes, pleines du pas des hommes ! Ce fils de paysans aimait la terre de France, il aimait les paysages, les forêts, les coteaux de notre pays. Il en aimait les gens. D’où sa volonté d’économiser les vies humaines lors de la Première Guerre mondiale. D’où son souci constant d’améliorer les conditions de vie de ses chers Poilus. En ne laissant rien au hasard. En veillant à la qualité de la cuisine, de l’hygiène, à la mise en œuvre effective des permissions. En remontant le moral des troupes.
Car, à la différence d’un général de brigade à titre temporaire, il n’a jamais désespéré des Français ; il ne les a jamais traités de “veaux” ; même lorsqu’à son retour en France en avril 1945 bien peu de nos compatriotes sont venus le soutenir, lui dire leur sympathie, leur gratitude ; que restait-il alors des quelque cinq cent mille Parisiens qui s’étaient pressés pour l’acclamer quelques mois plus tôt ? Même quand il fut abandonné de (presque) tous, il n’a jamais douté de son peuple, ne l’a jamais méprisé.

QUI PEUT sérieusement douter que le Maréchal ait servi au mieux les intérêts de la France, qu’il ait essayé d’adoucir au maximum les souffrances de ses compatriotes dans des conditions extrêmement difficiles ? Un court instant, il a même réussi ce miracle de rassembler autour de sa personne et de son action tous les Français, eux si naturellement enclins aux divisions et aux discordes. L’ambition et l’orgueil de quelques-uns, les aléas de la guerre, les passions humaines n’ont hélas pas permis de maintenir une unité nationale qui ne s’est toujours pas reconstituée.
Depuis, ses successeurs à la tête de l’Etat ont bradé son héritage sans vergogne ni remords de conscience. Le drapeau national qu’il avait maintenu malgré les contraintes de la défaite et de l’Occupation, et qui figurait autrefois dans tous les dictionnaires à la première place est désormais relégué à la soixantième entre la Finlande et le Gabon tandis que l’emblème européiste à douze étoiles, signe de la sujétion de notre pays à une structure supranationale et mondialiste, occupe le premier rang du protocole. L’empire colonial qu’il avait maintenu intact a été démembré, dépecé dix ans à peine après sa mort par celui-là même qui l’accusait d’avoir trahi les intérêts français.
 
LE MARÉCHAL laissait une France française (lorsque les actualités de l’époque nous montrent les voyages du chef de l’Etat français en province, l’on observe des gens de tous âges, de toutes conditions, mais tous leucodermes !) ; aujourd’hui elle est métissée, mélanisée, défigurée. Et elle s’est aussi américanisée en même temps que marxisée, tout à la fois laïcisée et islamisée. S’il n’est plus d’armée étrangère qui occupe militairement notre pays, il est d’autres formes d’occupation. Plus insidieuses, plus redoutables. Celle d’une immigration de masse qui en détruit la substance corporelle, culturelle et spirituelle. Celle d’une idéologie mortifère qui promeut le désordre, qui exhorte à la haine et qui ne se complaît que dans le vice, la laideur et la destruction. Et si la France n’a pas connu récemment de grandes défaites militaires, il est d’autres défaites. Plus pernicieuses, plus angoissantes encore. Celles qui consistent à abdiquer son idéal de grandeur et de générosité, à ne plus croire en son destin, à ne plus avoir la force de haïr « ces mensonges qui nous ont fait tant de mal ». A ne plus avoir l’énergie de lutter activement contre la tyrannie : politique, idéologique, sanitaire, moderniste, holocaustique.
Le Maréchal laissait une jeunesse belle, fière et ardente qu’il avait contribué à éduquer à travers les Chantiers de jeunesse, Uriage, les Centres de jeunes travailleurs. Il disait de l’école française qu’elle ne devait plus « prétendre à la neutralité ». Car, ajoutait-il, « la vie n’est pas neutre ; elle consiste à prendre parti hardiment. Il n’y a pas de neutralité possible entre le vrai et le faux, entre le bien et le mal, entre la santé et la maladie, entre l’ordre et le désordre, entre la France et l’Anti-France ».
Les puissants qui nous gouvernent ont compris le danger que pouvait représenter une jeunesse croyant en un idéal. Alors ils ont fait tout ce qui était possible pour l’affaiblir, l’avilir, la pervertir. Par l’étalage nauséabond de la pornographie. Par la promotion de toutes les déviances. Par la diffusion de la drogue. Par une école et des media qui lui apprennent la haine de la France, l’oubli de son passé, de ses racines, qui lui enseignent qu’on peut changer d’identité et d’orientation sexuelles.

CE N’EST pas un hasard si aujourd’hui tous les politiciens, de Mélenchon à Marine Le Pen, de Macron à Bardella, exècrent le Maréchal. Il représente en effet par excellence tout ce qu’ils haïssent, tout ce dont ils sont dépourvus : l’honneur, la fidélité, la loyauté, le désintéressement, le souci du bien commun, le sens du sacrifice, le service de la patrie, l’oubli et le don de soi jusqu’au martyre. Le Maréchal Pétain fut assurément notre dernier vrai chef d’Etat. Après lui, nous n’avons eu que des cloportes conduisant notre peuple à la ruine et à la servitude et notre pays au crépuscule et au tombeau. […]


RIVAROL, <jeromebourbon@yahoo.fr>.

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Billet hebdomadaire

Nouvelle crise politique majeure au Kossovo

Après la crise des plaques minéralogiques automobiles nationales kossovares, que les autorités albanaises avaient voulu imposer à la minorité serbe en 2022, laquelle a pu conserver in fine à titre provisoire ses plaques serbes, le Kossovo subit à présent une nouvelle crise, celle des conseils municipaux du nord du territoire. Dans ces derniers cantons serbes, Pristina veut désormais installer des maires et des conseillers municipaux albanais, et exclusivement albanais, ce que refusent absolument les Serbes locaux. Ils avaient boycotté le dernier scrutin municipal du 23 avril 2023 organisé par Pristina, et n’avaient donc voté que les 4 % d’Albanais de cette dernière région serbe, peuplée de 100 000 habitants, dite des « Quatre-Municipalités ». Ces Albanais ne résident en outre pas toujours sur place, voire pas du tout. Les forces d’occupation de l’OTAN, à la demande explicite du Premier ministre kossovar-albanais Albin Kurti, ont bien sûr mis en place manu militari ces maires et conseillers albanais dans les mairies, ce qui a provoqué de violentes émeutes, avec quelques morts et des dizaines de blessés, bien davantage parmi les manifestants serbes que parmi la soldatesque étrangère. L’Albanie, comme la Serbie, ont été obligées de soutenir leurs frères ethniques concernés. Le ton est monté très vite, à nouveau, entre Pristina et Belgrade. Faut-il craindre pour autant, presque un quart de siècle après le drame de 1999, une nouvelle guerre ?

LES AUTORITES ALBANAISES
DU KOSSOVO CHERCHENT
L’AFFRONTEMENT

Le Kossovo est depuis l’intervention armée de l’OTAN en 1999 un protectorat de fait de cette alliance. Le statut international onusien, puis l’indépendance théorique formelle de 2008, n’y ont rien changé. Le petit pays balkanique, de 1,5 à 1,8 million d’habitants — du fait du marasme économique, l’émigration est très forte, dans toute les communautés —, est désormais peuplé entre 90 % et 95 % d’Albanais ethnique, massivement, sinon tous, musulmans ; ils aspirent à court terme à prendre le contrôle de l’intégralité du Kossovo, puis à terme, à réaliser la “réunification” (de leur point de vue) avec l’Albanie. Or, le Kossovo est incontestablement le berceau historique de la Serbie, et a été couramment nommée « Vieille Serbie » jusqu’au vingtième siècle ; les Serbes ont été progressivement remplacés à partir du XVIIe par des Albanais, favorisés comme musulmans par les autorités ottomanes, car réputés a priori plus loyaux envers Istanbul que des chrétiens, et ce phénomène a été accéléré du temps de la Yougoslavie communiste de Tito, le dictateur ethniquement croate craignant plus que tout une mainmise des Serbes sur sa fédération, et a donc tout fait pour favoriser les Albanais au Kossovo.
Ces tensions belligènes entre Albanais et Serbes remontent donc à plus de quatre siècles. Toute “réconciliation” est illusoire. Certains experts prédisent régulièrement une explosion générale des Balkans, non seulement au Kossovo, mais même en Bosnie-Herzégovine — où les Serbes sont maintenus de force dans un Etat musulman dont ils ne veulent pas —, voire en Macédoine et au Monténégro, Etats fragiles, avec des minorités albanaises significatives. Le président turc Erdogan, est, actuellement, après le tremblement de terre de février 2023, dans une phase relativement calme. Cependant, il a été aussi capable, jusqu’en janvier 2023, de menacer explicitement d’invasion militaire la Grèce ou la Bulgarie, et il n’est pas totalement impossible qu’il exécute ces menaces un jour.
Dans le cas précis du Kossovo, les contextes nationaux serbes et internationaux sont en juin 2023 particulièrement dangereux. Le président serbe Vucic est confronté à une forte contestation dans la rue, à cause de la multiplication de meurtres de masse, ayant fait des dizaines de morts, commis par des adolescents instables — le dernier en date ayant été perpétré le 3 mai 2023 —, dans un pays traditionnellement très armé. Il existe un débat culturel dans la société serbe entre une minorité bruyante pacifiste, et une majorité prônant un contrôle effectif d’une jeunesse fragile abandonnée à des influences corruptrices étrangères, mais conservant l’idéal de la nation en armes. Vucic, qui appartient fondamentalement au deuxième camp, au moins sur le papier, au patriotisme nettement plus marqué, ne peut donc absolument pas se permettre d’abandonner à leur triste sort les Serbes du Kossovo ; ce serait suicidaire politiquement, de façon générale et particulièrement dans ce contexte ; d’aucuns soutiennent qu’il serait particulièrement tenté de se reconstruire une popularité en se livrant à des démonstrations d’intransigeance patriotique. L’opinion publique serbe reste perméable à l’idée de solidarité panslave et panorthodoxe avec la Russie ; une réécriture de l’Histoire dans une perspective communisante ou socialisante, exaltant les partisans de la Deuxième Guerre mondiale et l’URSS, co-libératrice de la Serbie — en complément du mythe des partisans serbes ou “yougoslaves”, seuls libérateurs du territoire — de l’occupation allemande (1941-1944) renforce cette affinité.
Vucic est fort embarrassé sur ce plan, car, d’après des fuites involontaires états-uniennes, il a fait livrer des munitions d’artillerie fabriquées par des usines serbes à l’Ukraine, à rebours des sentiments dominants de son opinion publique. Le peuple serbe ne veut pas forcément de guerre, qu’il aurait toutes les chances de perdre à nouveau contre l’OTAN et ses auxiliaires balkaniques, mais il oscille entre franche solidarité de principe et neutralité favorable à la Russie. En Serbie l’OTAN est toujours particulièrement détestée pour ses guerres menées contre les Serbes, en Bosnie-Herzégovine en 1995, et au Kossovo en 1999, campagne aérienne longue qui avait mené à la destruction complète des infrastructures routières et industrielles de la Serbie, destructions massives dont une bonne part de l’industrie, en particulier lourde, ne s’est toujours pas remise. Vucic, apostat du nationalisme, ne se cachait guère il y a quelques années de sa volonté de voir la Serbie adhérer sur le long terme à l’Union Européenne et à l’OTAN, y voyant comme une fatalité historique, à gérer au mieux, et un intérêt économique évident ; les voisins croates et bulgares, dont les pays sont membres de l’UE et de l’OTAN, au niveau de vie grossièrement comparable, vers 1985, sont désormais beaucoup plus riches, du moins relativement. Ce n’est vraiment plus d’actualité.
Par opportunisme, Vucic est revenu à des sentiments publics pour le moins de défiance envers  l’OTAN et de sympathie envers la Russie. Ainsi, il a à nouveau menacé — et il l’avait déjà fait sans exécuter son propos guerrier, l’été dernier — d’envoyer l’armée serbe soutenir les Serbes du Nord du Kossovo.

L’AGRESSIVITÉ STRUCTURELLE DE L’OTAN CONTRE LES SERBES

Les pays de l’OTAN ont soutenu obstinément les Albanais du Kossovo. Ils ont dénoncé la “violence” des manifestants serbes. Elle est certes indéniable, mais qui l’a provoquée ? Le président Macron s’est permis une remarque, en soi pertinente, sur l’irresponsabilité des autorités de Pristina, qui ont causé délibérément une nouvelle crise. Ce propos restera toutefois sans conséquences pratiques. Les Albanais du Kossovo savent pertinemment ce qu’ils font. Ils font tout pour provoquer une insurrection des Serbes du Nord du Kossovo. Ils l’espèrent. On imagine sans peine, dans le contexte culturel évoqué, des miliciens locaux serbes brandissant des drapeaux russes, et recevant tout le soutien verbal de Poutine. Or, l’aide éventuelle, militaire ou économique, de la Russie à la Serbie ne peut être que de facto fort réduite, sinon nulle, avec une Russie consacrant toutes ses ressources militaires à la guerre en Ukraine, et des pays voisins de la Serbie tous intégrés à l’OTAN, alliance hostile à la Russie. S’il ne s’agit pas encore de membres officiels, le Kossovo et la Bosnie-Herzégovine sont toujours des protectorats de fait de l’OTAN. Physiquement, une aide russe militaire significative ne pourrait que très difficilement passer à travers des frontières toutes fermées et contrôlées.
Les Etats-Unis et leurs vassaux de l’OTAN, dans le contexte de la guerre en Ukraine, ne pourraient faire autrement que d’intervenir militairement, ce qui, les miliciens albanais y veillant, devrait chasser les derniers Serbes du Kossovo. Les Albanais du Kossovo réclament même les cantons frontaliers, à l’Est du Kossovo, situés en Serbie, de Presevo, majoritairement peuplés d’Albanais ; il avait été sérieusement question, il y a quelques années, d’un échange territorial volontaire entre Belgrade et Pristina, mais les députés nationalistes des deux côtés auraient empêché toute majorité dans les parlements pour une ratification éventuelle, et des référendums nationaux n’auraient pas eu vraisemblablement davantage de succès.
Il existe au sein de l’OTAN un lobby surexcité antiserbe, qui réclame le démantèlement de ce qui reste de la Serbie, avec la consolidation du Kossovo sur tout son territoire historique, agrandi de Presevo, voire l’indépendance de la Vojvodine. La Vojvodine, ancienne république yougoslave autonome au sein de la Serbie jusqu’en 1990, est historiquement en large partie ethniquement hongroise, mais les Hongrois ont émigré en masse depuis plus de 30 ans en Hongrie voisine ; les Serbes y sont donc de fait très majoritaires désormais. Les plus maximalistes des antiserbes souhaitent l’indépendance ou plutôt le rattachement à la Bosnie-Herzégovine, de l’ancien Sandjak de Novi-Pazar, peuplé encore aujourd’hui majoritairement de Bosniaques musulmans ; le problème est que la moitié du Sandjak se trouve désormais au Monténégro, petit Etat côtier indépendant membre de l’OTAN, qu’il serait hors de question d’amputer. Mais, tous ces réaménagements territoriaux antiserbes ont fait l’objet de discussions publiques, et sont justifiés, ce qui n’est d’ailleurs pas nouveau, mais plus que jamais, par la “nécessité” de détruire le seul “allié”, — “allié” du reste psychologique, ou rêvé, d’un côté comme de l’autre, beaucoup plus que réel —, de la Russie au cœur des pays de l’OTAN, avec une OTAN étendue à toute l’Europe de l’Est et Balkanique.
On le voit, les vastes mouvements et transferts de population et les différences d’indice de fécondité entre différentes ethnies (les Albanais musulmans ayant plus d’enfants que les Serbes orthodoxes) au sein d’un même territoire peuvent conduire au pire, au chaos, à l’anarchie et à la guerre. Une nation, un territoire, une cité multiethniques, multiculturels et multiconfessionnels sont généralement multiconflictuels. Et hélas on peut compter sur l’OTAN et ses alliés dans le cas du Kossovo pour aggraver et envenimer les choses. […]

Scipion de SALM.