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Rivarol n°3572 du 28/6/2023 (Papier)

Editorial

La droite nationale interdite de manifestations,
la faune LGBT promue dans ses exhibitions

TOUT UN SYMBOLE ! L’annuelle Gay Pride, rebaptisée désormais Marche des Fiertés LGBT, dont la première édition parisienne, alors squelettique, date de 1977, s’est ébranlée dans la capitale le samedi 24 juin, jour d’une des plus grandes fêtes de l’année liturgique puisqu’il s’agit de la célébration de la Naissance de Saint Jean-Baptiste. Autrefois, cette solennité qui s’assimilait à une véritable Noël d’été, prélude de la naissance du Christ et tout entière orientée vers elle, donnait lieu à de vastes réjouissances populaires. On y célébrait trois messes comme à Noël et c’était fête chômée. De très nombreuses églises en France portent le nom du Précurseur et les parents chrétiens aimaient autrefois donner le nom de Jean-Baptiste à leur aîné ou, à tout le moins, à l’un de leurs garçons. Les traditionnels feux de la Saint-Jean, allumés sur les hauteurs des villages, des bourgs, des hameaux, des cités, complétaient heureusement la solennité liturgique en soulignant le symbole de la lumière qui paraît dans la nuit. Saint Augustin, mieux que tout autre, a analysé subtilement dans les situations respectives du 24 juin et du 25 décembre le symbole d’un rapport essentiel entre les deux solennités : la naissance de Saint Jean se célèbre au moment où les jours commencent à diminuer et celle du Christ au moment où ils s’allongent, image touchante et pénétrante de l’humilité du Précurseur qui s’efface devant Celui qu’il annonce et dont l’influence ne fera que grandir : « Il faut qu’il croise et que moi je diminue ; je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale » s’écriait celui qui disait aux Juifs : « je suis la voix qui crie dans le désert ». Vox clamantis in deserto.
Aux magnifiques feux de la Saint-Jean qui réchauffaient les cœurs et dilataient les âmes se substituent dans nos métropoles déchristianisées et apostates les feux de l’Enfer avec l’exhibitionnisme vomitif et répulsif de toute une population dégénérée, décérébrée, souvent très jeune et de souche, ayant perdu tout sens moral, toute élévation spirituelle, toute pudeur, tout bon sens et tout bon goût. Aux cantiques populaires que chantaient de tout leur cœur les paroissiens réunis autour d’un feu chaleureux au point culminant du village font place les borborygmes des musiques (ou prétendues telles) modernes qui consistent à émettre des bruits dissonants et non à élever l’âme.  Là où on se réunissait jadis autour du feu au sommet des collines ou des montagnes pour exprimer sa foi, son espérance, sa charité, pour unir symboliquement le Ciel et la Terre, pour agir en enfants de lumière, on descend aujourd’hui dans les bas-fonds des backrooms et autres caves souterraines et sordides pour se livrer dans le noir aux pires dépravations, pour se complaire dans le vice et la laideur. Là où on pensait à nos fins dernières, à l’éternité, à la vision béatifique, au dépassement de soi, là où l’on sentait son cœur brûler, à l’instar des pèlerins d’Emmaüs entendant le Christ leur expliquer les Ecritures le long du chemin, il ne s’agit que de la satisfaction d’un instant, d’une jouissance fugace ne débouchant au final que sur la tristesse, la morbidité, le mal-être et le remords. Autres temps, autres mœurs !

CONTRAIREMENT aux manifestations dites d’extrême droite ou d’ultra-droite qui sont interdites les unes après les autres par la préfecture de police, sur ordre du ministère de l’Intérieur, contrairement à notre banquet rivarolien qui devait se tenir précisément le 24 juin à Paris et qui n’a pu avoir lieu à cause de la tyrannie en marche, alors qu’il était prévu depuis près de six mois et que tout était prêt, les efforts pour l’organiser ayant été fort nombreux et ayant hélas été réalisés en vain, contrairement à tant de manifestations de la mouvance nationale et nationaliste interdites constamment depuis près de deux mois maintenant, tant à Paris qu’en province (la dernière en date est celle organisée par le Parti de la France le samedi 24 juin Place Beauvau pour protester contre la répression en cours et qui a été interdite par le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, la veille même de l’événement (lire en page 2 l’interview de Thomas Joly, Président du Parti de la France dont le recours a été rejeté, hélas sans surprise, par le tribunal administratif de Paris), la Marche des Fiertés LGBT est, elle, autorisée et subventionnée par les pouvoirs publics.
Mieux, elle est promue par toutes les autorités, toutes les institutions officielles. Elle est parrainée et subventionnée par la mairie de Paris, par le conseil général, par le conseil régional d’Ile-de-France. Elle est applaudie par le gouvernement, le Premier Ministre, le président de la République, qui publie chaque année des communiqués officiels pour saluer l’événement et son caractère éminemment républicain, l’Assemblée nationale qui a déjà été recouverte en son entier du drapeau arc-en-ciel, symbole de la communauté LGBT. Un organisme gouvernemental officiel, financé par les contribuables, défend ouvertement et sans limites toutes les revendications de la mafia rose, y compris les plus exorbitantes, et poursuit pénalement ceux qui s’y opposent. Il s’agit de la DILCRAH, Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT.  Le ministère de l’Education nationale promeut, encourage, parraine, subventionne, généralise la venue d’associations LGBTistes, homosexualistes et transexualistes dans les établissements scolaires, dans les collèges et les lycées. Ce qui donne lieu chez les mineurs à une explosion des demandes de changements de sexe, qui ne sont en réalité que de cruelles et sordides mutilations généralement irréversibles. Les enfants des maternelles et du primaire sont également matraqués par des livres, manuels et recueils d’histoires vantant les relations homosexuelles et la transition de genre. Désormais, des mairies, des bibliothèques et des médiathèques municipales font venir de plus en plus souvent des drag queens pour que ces travestis lisent des contes à des enfants de 2, 3, 4 ou 5 ans, les maquillent, les touchent, les embrassent, les étreignent, les encouragent eux aussi à se travestir dans la vie de tous les jours. Les dessins animés, les feuilletons, les séries télévisées sur Netflix donnent à voir de plus en plus des paires homosexuelles, des transsexuels, cherchent à promouvoir et à banaliser ce qui autrefois était considéré par tous les manuels de morale et par le catéchisme comme des déviances d’une exceptionnelle gravité à proscrire absolument. On n’en parlait même pas en général tellement cela était l’objet d’une réprobation générale et unanime instinctive.

DE MÊME qu’il existe des législations d’exception pour empêcher le peuple français, ou sa composante la plus lucide, de résister au rouleau compresseur de la submersion migratoire (c’est la loi Pleven qui assimile depuis 1972 toute expression de préférence nationale, tout rejet de l’immigration de masse à du racisme, un délit condamné pénalement), et pour paralyser la libre recherche et la libre expression des révisionnistes (c’est la loi Gayssot qui punit d’un an de prison ferme et de 45 000 euros d’amende la contestation de l’existence de crimes contre l’humanité, et même depuis janvier 2017 de crimes de guerre), de même a été créé en 2004 un ahurissant délit d’homophobie qui sanctionne pénalement toute critique de l’homofolie, tout attachement revendiqué à la famille traditionnelle et à la morale naturelle.
Voilà le monde de fous et de dégénérés, de démons et de déments, dans lequel nous devons essayer de vivre. Ou plutôt de survivre. Nous avons fait le choix, quant à nous, de ne rien lâcher, de dénoncer haut et fort tous ces mensonges qui nous font tant de mal, tout ce vice, toute cette laideur, ce règne de l’inversion et de la subversion. Car l’autocensure participe de cette tyrannie, la favorise, l’accroît, l’aggrave, l’inscrit dans le marbre.
Alors que nous étouffons, que nous asphyxions, que l’air manque cruellement à nos poumons — dans quel état sera le monde, dans quel état sera notre pays, notre continent d’ici dix à vingt ans au rythme où vont les choses ? Tout cela va devenir absolument invivable tant il est vrai qu’un monde sans Dieu est totalement irrespirable —, le mieux que nous ayons à faire, et c’est d’ailleurs la seule liberté qui nous reste encore, est de ne pas se taire, de chercher, de servir et de dire humblement et sans peur la vérité. A temps et à contretemps. Dût-on crier nous aussi dans le désert.[…]

RIVAROL,<jeromebourbon@yahoo.fr>.

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Billet hebdomadaire

Un coup d’Etat avorté en Russie !

Le vendredi 23 juin 2023, Prigojine, le très médiatique chef de la milice privée Wagner, jusqu’ici sous contrat avec l’armée russe, très active en Ukraine, et secondairement en Centrafrique et au Mali, a décidé de déclencher un véritable coup d’Etat contre le président Poutine. Le samedi 24 juin ont eu lieu les prises de contrôle de Rostov et de Belgorod, avec une marche des colonnes armées de Wagner vers Moscou, via Voronej, prise au passage, avec peu de combats. Le président Poutine a dénoncé dans son allocution du samedi 24 juin au matin une trahison pure et simple. La menace, même si elle n’a duré qu’un jour ou deux, a donc été prise au sérieux.

UNE COLONNE ARMÉE DE WAGNER MARCHANT SUR MOSCOU !

La parole de Poutine a été plutôt rare durant cette période de guerre en Ukraine, et avec un discours se voulant toujours confiant, calme et optimiste, assurant d’abord d’un triomphe rapide de la Russie, puis d’une victoire certaine sur le temps long. Le président russe a été ébranlé manifestement ce jour-là, a employé un mode dramatique rare dans son expression avec des allusions claires au défaitisme révolutionnaire léniniste de 1917, qui avait provoqué l’effondrement intérieur de la Russie, et imposé sa défaite sur le front, d’où les pertes des Pays Baltes et de l’Ukraine au traité de Brest-Litovsk de mars 1918. Poutine, s’il admire Staline, conteste Lénine, pour ce fait historique majeur, la trahison pure et simple de la Russie en guerre en 1917.
La menace a pu sembler d’autant plus sérieuse que la pression militaire a été doublée par un programme politique clair, développé par Prigojine et ses soutiens. Prigojine aurait mis fin à la guerre, imposant à son pays l’évacuation du Sud-Est occupé de l’Ukraine, y compris le Donbass, ne conservant que la Crimée. Cela correspond assez exactement aux propositions considérées comme sérieuses par les diplomates états-uniens, par opposition aux discours maximalistes prononcés ici à Washington comme à Kiev, réclamant le retour à l’Ukraine de la Crimée, voire le versement de dommages de guerre considérables à l’Ukraine, sinon l’éclatement de la Russie elle-même. A défaut de pouvoir décemment s’autoproclamer président, étant un mercenaire putschiste, Prigojine aurait volontiers sorti l’opposant Navalny de sa prison. Navalny a fait savoir qu’il acceptait de coopérer avec Prigojine — certainement interdits, les portables circulent quand même dans les prisons russes ! —, et, par hypothèse, aurait pu faire un président par intérim décent, et pour les Russes, et pour l’étranger. Les choses se seraient-elles passées ainsi si Prigojine avait réussi ? On ne le saura jamais. A défaut de voir Prigojine prendre Moscou et s’imposer à toute la Russie, des désordres internes graves dans ce pays, voire un début de guerre civile, auraient certainement provoqué l’effondrement de l’armée russe en Ukraine. Si l’arrière de l’armée russe en Ukraine avait été désorganisé, la logistique en nourriture et en munitions n’arrivant plus aux premières lignes, l’armée russe n’aurait plus été capable de se défendre face à l’offensive ukrainienne en cours. C’était d’ailleurs sans doute là le but principal suivi par les probables soutiens dans les services occidentaux, états-uniens en particulier, de Prigojine.
Pourtant, Prigojine, promu pendant 24 heures « héros de la Liberté » dans les pays de l’OTAN, n’était pas du tout un ancien opposant démocrate ou libéral opposé à Poutine, ou même un opposant à la guerre en Ukraine. Bien au contraire, il était un ami personnel de Poutine depuis les années 1990, il était le cuisinier de son restaurant préféré à Saint-Pétersbourg. Cela expliquerait l’autonomie réelle de sa force Wagner, rétrospectivement une erreur évidente, et sa liberté de parole rare en Russie, du moins en temps de guerre. Jusqu’il y a fort peu, un mois tout au plus, Prigojine était un soutien enthousiaste de Poutine et de la guerre en Ukraine — tragédie en cours depuis le 24 février 2022 —, critiquant au plus quelques dysfonctionnements dans l’approvisionnement en munitions des forces russes, ou des tactiques d’assaut sur le terrain, pas forcément à tort. Il y a un mois et demi, il avait bâti toute une communication nationaliste russe de temps de guerre sur la prise de Bakhmout, laborieuse, très longue, mais effective, conquise par sa milice Wagner.
Ainsi, il est pour le moins étonnant que Prigojine se soit rendu compte subitement d’une forme de devoir civique lui imposant de se rebeller contre Poutine et contre la guerre en Ukraine. Le moment de cette révolte a été aussi particulièrement suspect, celui de l’offensive ukrainienne massive en cours contre les lignes russes. Une révolte, en temps de guerre, contre son gouvernement, quoi que l’on en pense, relève de la trahison pure et simple. Depuis quelques jours, Prigojine avait multiplié les discours défaitistes, affirmant que la Russie était en train de perdre la guerre en Ukraine, et de surcroît une guerre inutile et illégitime. Or, s’il est vrai que la propagande de guerre est assez contestable à Moscou — avec la mise en avant permanente d’un péril “néonazi” peu crédible ou très exagéré sous un président ukrainien Zelensky, juif, shoahtique et sioniste —, tout comme son symétrique à Kiev et dans l’OTAN, la Russie défend ce qui lui apparaît être ses intérêts nationaux vitaux en Ukraine ; si l’armée russe a rencontré des difficultés très significatives dans sa guerre, subi des pertes, elle n’était pas en train de s’effondrer pour autant en ce mois de juin 2023, et a jusqu’ici remarquablement résisté à l’offensive ukrainienne en cours dans la région de Zaporijjia.
Aussi faut-il considérer la tentative de coup d’Etat de Prigojine comme une probable opération de déstabilisation de la CIA, destinée à semer la zizanie en Russie, et à provoquer par voie de conséquence l’effondrement des lignes russes en Ukraine. Interrogée par des journalistes états-uniens, pour une fois pas trop serviles et un peu curieux, la CIA a avoué avoir été au courant, depuis deux semaines, des projets de mutinerie de Prigojine. La CIA ne peut pas avouer explicitement une tentative de renversement d’un gouvernement étranger, ce qui ressemblerait trop à ce que l’on lui reproche couramment a posteriori, comme le renversement du président Allende au Chili en 1973, et a fortiori celui d’une puissance nucléaire majeure, cette déclaration ressemble à un aveu implicite, qui contraste avec les démentis peu crédibles habituels dans ce type de situations.

UN EFFONDREMENT BRUTAL DE LA TENTATIVE DE COUP D’ÉTAT

Enfin, la tentative de coup d’Etat de Prigojine s’est effondrée brutalement le samedi 25 juin. Prigojine a subitement annoncé vers 20 heures (heure de Moscou) avoir accepté la médiation du président biélorusse Loukachenko, et renoncé à marcher sur Moscou, tout comme à l’ensemble de son projet de renversement du gouvernement russe, moyennant une amnistie complète pour lui-même et ses hommes, et un exil pour sa personne en Biélorussie. Les 20 000 contractuels de Wagner, sauf les quelques chefs autour de Prigojine, peuvent choisir de signer un contrat direct avec l’armée russe ; ils y sont encouragés par Prigojine comme par Poutine. L’armée russe a vraiment besoin de soldats en Ukraine.
Cet effondrement de la menace en quelques heures, sinon en quelques minutes, a parfois étonné. C’est en fait pourtant la norme technique des putschs, aux tentatives si nombreuses en Espagne au XIXe siècle, en Amérique latine aux XIXe et XXe siècles, et plus récemment en Afrique. La règle générale est que soit l’opération réussit en quelques heures, soit elle échoue tout aussi rapidement. Les tentatives de coups d’Etat débouchant sur de vraies guerres civiles de plusieurs mois ou de plusieurs années, comme en Espagne en juillet 1936, ou au Soudan depuis avril 2023, sont des exceptions confirmant la règle.
On ne doutera pas, a priori, dans le contexte actuel, de l’amnistie réelle pour les hommes et les officiers de Wagner choisissant l’intégration pure et simple dans l’armée russe, et volontaires pour continuer à se battre en Ukraine. On doutera en revanche de la longueur de l’espérance de vie de Prigojine, qui sera vraisemblablement assassiné sous peu, ce dont il ne peut qu’être conscient. Sa mort ne serait pas absolument immédiate, pour éviter une nouvelle mutinerie de ses hommes, mais à terme, elle semble quasiment certaine. De même, la CIA a intérêt à le faire taire définitivement, surtout qu’il ne lui sert plus à rien désormais. Dès le dimanche 25 juin, dans les discours des pays de l’OTAN, il est redevenu un « criminel de guerre », et, nouveauté, un « putschiste d’extrême droite ». L’extrême droite nationaliste, en Russie comme ailleurs, est pourtant totalement incompatible avec le défaitisme révolutionnaire, et l’extrême droite russe réclame l’annexion par la force de toute l’Ukraine —ainsi que de la Biélorussie, des Pays Baltes, de la Moldavie, du Kazakhstan —, avec une vraie mobilisation générale et une guerre totale. Nous mentionnons cette position, et son incompatibilité avec le programme défaitiste du 24 juin de Prigojine, pour éclairer nos lecteurs, nous n’y adhérons évidemment pas. Nous souhaitons avant tout la paix en Ukraine, et les revendications maximalistes d’un côté comme de l’autre n’y contribuent absolument pas. Si la CIA faisait assassiner Prigojine à Minsk, elle mettrait ce meurtre politique, avec quelque crédibilité, sur le compte de la vengeance de Poutine.
Le coup d’Etat de Prigojine a échoué, très vraisemblablement, faute de ralliements attendus dans l’armée ou dans les milices tchétchènes de Kadyrov — au contraire restées des soutiens zélés de Poutine dans la crise —. Prigojine a choisi de renoncer in extremis à un assaut sur Moscou, qui, même réussi par hypothèse optimiste, aurait débouché sur une impasse politique et aurait probablement été précédé d’un bain de sang. Il aurait négocié, en bon chef de mercenaires, si l’on ose dire, le meilleur sort possible pour ses hommes. Prigojine aurait aussi obtenu la promesse du renvoi de sa bête noire, le ministre de la Défense Choïgou —-les deux hommes se détestent publiquement depuis de nombreux mois —, qui, de toute façon, devrait prochainement être remercié pour son peu de contrôle réel des forces militaires russes, et pour un bilan très discuté en interne de la guerre qu’il mène en Ukraine.

QUELLES CONSÉQUENCES À PRÉVOIR ?

Ces deux journées folles ont incontestablement fragilisé le pouvoir de Poutine, au moins en apparence et à court terme. A long terme, la milice Wagner, qui est en cours de dissolution, ne menacera plus le Kremlin. Il est aussi probable que les autres milices, potentiellement dangereuses, à commencer par les Tchétchènes, seront davantage contrôlées. S’il l’avait voulu, ces derniers jours, Kadyrov aurait pu s’emparer de tout le Nord du Caucase, au-delà de la seule Tchétchénie ; il s’en est certainement rendu compte, comme Poutine également.
La dimension psychologique de l’événement a été forte pour l’Ukraine et pour l’OTAN : le fameux effondrement intérieur russe, tant promis et tant espéré depuis mars 2022, assurant leur victoire en Ukraine, a failli avoir lieu. Il est toutefois probable qu’un événement de ce type ne se renouvellera pas. Même si Poutine paraissait vraiment trop affaibli politiquement, s’il était renversé par des militaires putschistes, ce serait non pas sur un programme de défaitisme révolutionnaire, mais de guerre totale, que les acteurs soient des nationalistes, des néocommunistes, ou un mélange bizarre, et typiquement russe, des deux. Après cette tragi-comédie, qui n’a causé qu’une trentaine de morts au plus, semble-t-il, aucun effondrement du front russe en Ukraine n’a été observé. La logique de guerre semble devoir plus que jamais l’emporter. Il reste la question de l’avenir de Wagner en Afrique, au Mali et en Centrafrique en particulier : les mercenaires russes resteraient-ils en place, sous la même société Wagner devenue de droit biélorusse, ou sous un autre nom, sous un statut de droit russe ? Cette dernière hypothèse est a priori la plus probable. […]


Scipion de SALM.