Rivarol n°3581 du 27/9/2023
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Rivarol n°3581 du 27/9/2023 (Papier)

Editorial

Bergoglio fourrier de la submersion

LORS DE SON VOYAGE à Marseille, les 22 et 23 septembre, sans surprise, Bergoglio-François a exhorté à la submersion de notre pays et de notre continent sans aucune limite ni restriction. Au lieu d’encourager et d’aider à fixer les populations extra-européennes dans leur pays et continent d’origine, en exhortant à la réalisation de projets industriels et à la mise en œuvre d’activités concrètes susceptibles de les occuper, de les nourrir et de leur permettre de bénéficier de conditions de vie, de travail et de logement décentes dans leur pays natal, celui de leur famille et de leurs ancêtres (c’est cela, la vraie charité !), le successeur de Benoît XVI n’a eu de cesse au contraire de culpabiliser les Français et les Européens pas assez généreux dans leur accueil de millions de migrants et de les inciter à accueillir à bras ouverts, sans aucune réserve, sans aucune condition, toutes les personnes issues du Maghreb ou de l’Afrique subsaharienne ou d’autres contrées et désireuses de s’installer durablement sur le Vieux Continent. Dans un long discours prononcé devant une assemblée de “mitrés” du pourtour méditerranéen et devant le président Macron, Bergoglio a développé une nouvelle fois, et de façon encore plus explicite, radicale voire caricaturale que d’habitude, sa pensée profonde sur les migrations. Pour lui, « la solution n’est pas de rejeter mais d’assurer un grand nombre d’entrées légales et régulières, durables grâce à un accueil équitable de la part du continent européen, dans le cadre d’une collaboration avec les pays d’origine. » Alors même que nous accueillons déjà, de manière plus que déraisonnable, des centaines de milliers d’immigrés légaux chaque année. Sans compter les clandestins.
A aucun moment, l’homme en blanc — qui considère que c’est l’Union européenne qui doit d’abord gérer ses flux, ce qui en dit long quand on connaît les positions de Bruxelles sur le sujet et montre que Bergoglio ne fait aucun cas du principe national — n’a dit qu’il vaudrait mieux pour ces peuples rester dans leur pays qu’il faudrait aider et développer, à travers des réalisations concrètes, des projets crédibles et ambitieux, de nature agricole, industrielle ou commerciale, et non pas donner en pure perte de l’argent à des potentats locaux qui ne se servent quasiment jamais de cette manne pour le développement de leur pays et les besoins légitimes de leur peuple. A aucun moment Bergoglio n’a souligné que créer artificiellement des millions de déracinés, qui ne sont de nulle part, et qui sont autant de nomades, ne peut conduire qu’à des catastrophes multiples, que l’immigration massive est par nature criminogène, ruineuse, qu’elle pèse d’un poids considérable sur les finances du pays d’accueil, qu’elle pose des problèmes considérables, et bien souvent insurmontables, à l’école, au travail, dans la rue, qu’elle participe à l’accroissement du chômage, de la dette, de l’insécurité au quotidien, qu’elle est nocive tant pour les migrants eux-mêmes, déracinés et dépourvus de repères, que pour les autochtones.  A aucun moment il n’a dit que faire venir par millions des populations d’autres cultures, d’autres ethnies, d’autres religions n’est pas sans grand danger et sans grave difficulté pour l’équilibre harmonieux de la nation, pour la paix et la concorde civile, pour la perpétuation des nations et peuples européens. A aucun moment il n’a dit que cette immigration massive qui participe objectivement à une forme de Grand Remplacement accroît fortement la délinquance et la criminalité (dont le trafic de drogue et toutes formes de violences), comme en témoigne la population dans les prisons en France où les détenus sont massivement (à plus de 90 %) étrangers ou d’origine étrangère.

MAIS TELLE N’EST PAS la préoccupation de l’intrus du Vatican qui professe : « Ceux qui risquent leur vie en mer n’envahissent pas, ils cherchent l’hospitalité. Quant à l’urgence, le phénomène migratoire n’est pas tant une urgence momentanée, toujours bonne à susciter une propagande alarmiste, mais un fait de notre temps, un processus qui concerne trois continents autour de la Méditerranée et qui doit être géré avec une sage prévoyance, avec une responsabilité européenne capable de faire face aux difficultés objectives. » François Zéro a voulu aller encore plus loin en tançant ouvertement ceux qui pensent non sans raison qu’il y a  déjà trop de migrants en Europe, leur annonçant une “tragédie” et « un naufrage de civilisation », pas moins, s’ils s’interposent face à ces arrivées. Dans un discours très politique (où est dans toute cette propagande la défense de la foi et de la doctrine chrétiennes ?), il a lancé : « Dire “assez”, c’est au contraire fermer les yeux. Tenter maintenant de “se sauver” se transformera demain en tragédie. » Il va jusqu’à dire que « les générations futures nous remercieront pour avoir su créer les conditions d’une intégration indispensable. Elles nous accuseront pour n’avoir favorisé que des assimilations stériles. » Car il est pour l’intégration et non pour l’assimilation, cela aussi mérite d’être souligné.
Pour Bergoglio, « l’intégration est difficile, mais clairvoyante. » Quelles que soient « les difficultés d’accueil, de protection, de promotion et d’intégration » qui sont « sous les yeux de tous », François Zéro ne voit pas d’autre issue que l’accueil sans aucune limite des immigrés. « L’intégration prépare l’avenir qui, qu’on le veuille ou non, se fera ensemble ou ne sera pas ; l’assimilation, qui ne tient pas compte des différences et reste rigide dans ses paradigmes, fait prévaloir l’idée sur la réalité et compromet l’avenir en augmentant les distances et en provoquant la ghettoïsation, qui engendre hostilité et intolérance. » Il a résumé sa pensée d’une phrase : « nous avons besoin de fraternité comme de pain », comme si ces migrations massives et permanentes favorisaient la fraternité entre les hommes alors qu’au contraire les sociétés multiculturelles sont multiconflictuelles comme toute l’histoire le démontre. Pour Bergoglio, il faut que la « mare nostrum », expression latine désignant la mer Méditerranée, ne devienne pas une « mare mortuum », une mer des morts. Il ne faut pas que « la Méditerranée, berceau de la civilisation, se transforme en tombeau de la dignité. » Pour finir, il a plaidé pour que « la Méditerranée redevienne un laboratoire de paix. Car telle est sa vocation : être un lieu où des pays et des réalités différentes se rencontrent sur la base de l’humanité que nous partageons tous, et non d’idéologies qui opposent. » Avant d’ajouter, enfin : « Oui, la Méditerranée exprime une pensée qui n’est pas uniforme ni idéologique, mais polyédrique et adhérente à la réalité ; une pensée vitale, ouverte et conciliante : une pensée communautaire. Nous avons besoin de cela dans les circonstances actuelles, où des nationalismes archaïques et belliqueux veulent faire disparaître le rêve de la communauté des nations ! » En prononçant ces paroles très claires, en condamnant sans nuance le nationalisme comme une doctrine archaïque et belliqueuse, alors qu’il ne s’agit que de la défense des siens, de la volonté de sauvegarde d’un patrimoine matériel et immatériel plurimillénaire, Bergoglio montre qu’il est un agent actif du mondialisme et du cosmopolitisme, un promoteur fanatique et obstiné de ce que l’ami Hannibal appelle fort justement « la révolution arc-en-ciel ».
Laquelle nous détruit de deux manières : de l’extérieur par la submersion et de l’intérieur par la subversion. Or, en apôtre de cette révolution globaliste, François Zéro défend logiquement les droits illimités des migrants et les droits des LGBT. C’est très clair à travers son “encyclique” Amoris laetitia, à travers les synodes successifs œuvrant à la révolution, à la destruction de la conception traditionnelle de la famille, du mariage, de la chasteté, à travers ses déclarations provocatrices savamment calculées comme « qui suis-je pour juger les gays ? », sa réception enthousiaste au Vatican de groupes ouvertement LGBT avec lesquels il se laisse prendre complaisamment en photo, son compagnonnage avec un prêtre italien homosexuel ouvertement favorable au “mariage” inverti et auquel il a donné ostensiblement la main, l’image étant parfois plus forte que la parole. Et alors que Macron met la dernière main à un projet de loi légalisant l’euthanasie et le suicide assisté et où il s’agit d’imposer aux unités de soins palliatifs de proposer aux patients, comme « offre de soins » (sic !), le suicide assisté, sachant que les soignants, comme leur nom l’indique, sont faits pour soigner et non pour donner la mort (nous vivons vraiment une période d’inversion satanique dans tous les domaines, cela donne le tournis voire la chair de poule !), Bergoglio n’a quasiment rien trouvé à redire à cette initiative criminelle. Il n’en a pas dit un mot publiquement devant Macron, alors qu’il en avait l’occasion et le devoir, non plus, semble-t-il, qu’en privé. Il a attendu son retour en avion pour exprimer brièvement et pudiquement sa pensée sur le sujet devant des journalistes. N’est-ce pas là se moquer du monde ? Mais il est vrai qu’il n’était pas à Marseille pour défendre la vie des vieillards — alors que lui-même va sur ses 87 ans et qu’il n’est plus très fringant —, et rappeler les principes catholiques sur la défense de la vie de la conception à la mort naturelle, il était là pour briser les dernières digues à la submersion migratoire totale et définitive de notre pays et de notre continent en faisant la leçon à tous ceux, parmi les baptisés, qui ne sont pas pleinement enthousiastes à l’idée d’être submergés et remplacés. Et il n’était là que pour ça. Il n’est venu qu’à cette fin.

ON MESURE une nouvelle fois à quel point depuis Vatican II les occupants illégitimes du siège de Pierre se comportent objectivement comme des fourriers de la subversion, des agents actifs et zélés du mondialisme. Si les millions de baptisés catholiques résistaient de toute leur force au rouleau compresseur mondialiste, babélien, luciférien, qui détruit les nations, les races, les familles, les individus, la religion, la morale, les attachements légitimes à sa terre, à son terroir, à ses aïeux, à ses racines, à son sol, à son sang, à son Dieu, ce serait incontestablement une force considérable, une résistance très significative, un obstacle réel sur le chemin de la gouvernance planétaire et de l’arasement des nations, des traditions, de la perte des repères moraux et familiaux et du simple bon sens. Mais hélas la secte conciliaire depuis plus de soixante ans participe activement, elle aussi, à la liquidation de tout un héritage, tant sur le plan temporel que spirituel, avec les dérives doctrinales, morales, liturgiques et disciplinaires que l’on connaît depuis Jean XXIII et Vatican II, mais aussi politiques avec l’acceptation enthousiaste, voire la promotion, de mai 68, du féminisme (avec la parité), de l’antiracisme unilatéral (qui détruit nos défenses immunitaires), de la contre-religion de la Shoah (qui se substitue à la Croix, à la religion du Golgotha), de l’écologisme mondialiste, de l’immigrationnisme mortifère, du droitdel’hommisme suicidaire, de toutes les modes détestables que l’on nous impose et qui corrompent, dissolvent, subvertissent et décivilisent.

Et il ne faut pas compter sur le septuagénaire Charles III, le roi d’Angleterre, reçu ces jours-ci en grande pompe en France, et particulièrement dans la galerie des glaces du château de Versailles, pour tenir un discours moins convenu, plus digne et plus courageux. Lui aussi, d’un conformisme absolu, n’a eu de cesse de souligner dans son allocution l’urgence et la nécessité impérieuse de lutter pour le climat, pour la planète, reprenant le discours onusien habituel. Il en était presque à nous parler de l’importance du tri sélectif pour les ordures ménagères ! Voilà où nous en sommes ! Voilà le niveau des préoccupations et des allocutions des chefs d’Etat et de gouvernement actuels ! En revanche, Charles III n’a pas eu un mot pour défendre l’héritage et l’homogénéité corporelle, culturelle et spirituelle de nos vieilles nations européennes menacées dans leur existence même. Pas plus que Bergoglio, il n’a dénoncé le fait d’encourager les enfants et les adolescents à s’interroger sur leur genre, sur leur identité, sur leur « orientation sexuelle ». Pas plus que Bergoglio, il ne trouve rien à redire aux mutilations souvent irréversibles induites par les phénomènes dits de transition ou de transidentité. Pas plus que Bergoglio, il n’a dénoncé les dangers de la drogue et de la pornographie. Pas plus que Bergoglio, il n’a exhorté à la constitution de familles saines, nombreuses, pieuses et soudées (François Zéro avait d’ailleurs dénoncé, très élégamment, il y a quelques années, ces mères catholiques « qui pondent comme des lapins » (sic ), il doit largement préférer les gays et transsexuels du Marais, souvent complètement camés !)

C’EST AUSSI À CELA qu’on mesure la laideur de notre temps : lorsque des chefs d’Etat ou des dignitaires religieux (ou ce qui en tient lieu) en viennent à ne plus défendre la religion, la famille, la patrie, la morale naturelle et la famille traditionnelle, lorsqu’ils se font les auxiliaires zélés de la submersion et de la subversion, lorsqu’ils conduisent nos pays et nos peuples à la ruine et à la dissolution, au lieu d’aider à maintenir, à préserver, à embellir, à fortifier ce qui doit l’être, la foi, la nation, la famille, les vertus domestiques et nationales, c’est que nous vivons une période de ténèbres sans précédent par son ampleur, sa profondeur, son étendue, son intensité. Mais à nous, malgré tout, avec la grâce de Dieu, en dépit de la noirceur du temps présent, de résister vaillamment, par notre détermination tranquille à défendre le bien, le beau, le vrai, et grâce à nos lectures, nos prières, notre engagement, nos amitiés, notre foi, notre ardeur, la méditation assidue de la vie des saints, des héros et des martyrs, de respirer au milieu des abîmes l’air des cimes.[…]

RIVAROL,<jeromebourbon@yahoo.fr>.

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Billet hebdomadaire

Introduction à la monnaie numérique : stade final avant l’abattoir ?

Le démon de Laplace : « Une intelligence qui, à un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée, la position respective des êtres qui la composent, si d’ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l’analyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l’Univers, et ceux du plus léger atome. Rien ne serait incertain pour elle, et l’avenir comme le passé seraient présents à ses yeux. »

Pierre-Simon de Laplace.

Ce que l’on peut appeler sommairement la dématérialisation des échanges, des services et de l’information, soit la croissance de l’empire de l’informatique, du numérique, la dilatation exponentielle de l’univers Internet, a franchi une étape irréversible dans le sens où l’humanité en est devenue dépendante. Ce n’est pas nouveau mais on a tous le sentiment que l’emprise du numérique se durcit sur nous, aussi sûrement qu’elle s’accomplit d’une manière indolore, voire inconsciemment, comme si cette pente faisait partie de la nature de l’homme.
Ce numérisme intégral, ce digitalisme de tous les instants évolue en effet avec le concours de tous les consommateurs connectés qui, par leurs clics incessants, qui sont autant de feedbacks (de retours d’informations), alimentent la matrice artificielle en milliards de données. Plus l’internaute est actif sur la toile, plus il interagit sur les réseaux sociaux, plus ses affinités, ses goûts, ses centres d’intérêt, ses préoccupations du moment sont pris en considération par Internet qui ne connaît aucune frontière entre ses innombrables sites. Si bien que désormais, plus qu’hier et moins que demain, l’Internaute est soumis non seulement à une publicité ciblée mais également à toute une offre d’informations, d’articles d’actualité ou d’opinion (autorisée) épousant exclusivement ses goûts et penchants cristallisés à un moment M. Un cercle vicieux s’installe très rapidement (un cercle vertueux pour les commerçants et les faiseurs d’opinions calibrés) puisque l’Internaute se verra proposer un choix qualitativement limité d’offres informationnelles, commerciales, artistiques ou ludiques, et dont les limites se rétréciront à chaque fois qu’il ouvrira une page faisant partie de ces propositions qui lui apparaissent par la magie des algorithmes. Une pente glissante qui n’est pas toujours perçue comme telle par l’Internaute. Et quand elle l’est, rarement la considère-t-il comme un mal puisque, généralement, ce rétrécissement qualitatif que l’on retrouve sur les moteurs de recherche, sur les réseaux sociaux ou sur des sites de partages vidéos lui fait gagner du temps puisqu’“on” lui propose d’emblée, souvent, ce qu’il attend, du moins ce qui fut de son goût dans le passé. Pensons par exemple au mastodonte YouTube qui proposera à son utilisateur régulier, après l’écoute ou le visionnage d’un document, d’autres titres, d’autres vidéos, d’autres morceaux de musique, du même auteur, du même chroniqueur, du même chanteur, du même groupe.
Ironie, à l’heure où l’on nous parle de sérendipité, de cette façon de vivre en dehors des sentiers battus dans l’espoir de découvrir par hasard, qui sait, notre chemin de Damas, jamais l’espace des possibles n’a été aussi rabougri. Peut-être est-il exagéré de parler de prison mentale pour parler de ce phénomène qui, à première vue, ne relève pas de la théorie du complot. Il n’est cependant pas irrationnel de se demander comment un peuple qui n’a pas un goût prononcé pour la recherche de la vérité, pour la bonne curiosité, pourrait échapper au totalitarisme si on lui ôte la possibilité même de rencontrer par hasard la vérité. Comme le peuple n’est pas de nature aventureuse, curieuse, dubitative, il perd sa dernière chance de délivrance, il perd par cette perte du hasard la dernière chance de se soustraire à la pesanteur de la doxa fabriquée par le pouvoir.
Internet, à ses débuts, proposait à ses utilisateurs tous les paysages possibles, toutes les nuances, toutes les opinions, sans que de savants algorithmes ne camouflent les interdits derrière la toile de la Toile. Ces dernières années, la niche est tombée sur le chien : la dynamique Internet perdure mais sans ce supplément de liberté, alors que la presse papier non subventionnée est en train de disparaître à la vitesse de la lumière. Le dernier des Mohicans, RIVAROL, n’est pas attaqué tous azimuts pour rien. Il représente en effet le dernier grain de sable pouvant contrarier la machine à moudre les esprits. Comment le pouvoir pourrait-il accepter encore longtemps qu’un journal comme RIVAROL soit exposé en kiosque à la vue de tous ceux ayant encore des yeux alors qu’il détonne dans cet univers de mensonges ? Vendu librement en presse, le dernier journal indépendant peut être remarqué par hasard et feuilleté par n’importe qui. C’est cela la sérendipité. Et la sérendipité ne peut plus exister si le pouvoir étouffe systématiquement les dernières voix se voulant libres alors que dans le même temps les algorithmes niveleurs d’Internet et de la société transhumaniste écrèment la communauté des penseurs. Il est des maladies mortelles indolores, la numérisation des sociétés en est une.

ACCÉLÉRATION DE L’ABRUTISSEMENT DES MASSES

Les peuples, en République, ont toujours été, de tous temps, composés de diverses catégories d’individus. La majorité a toujours été suiviste. Elle a toujours été menée par une clique, parfois infime, vers là où elle voulait la mener. Parfois jusqu’au sacrifice suprême comme lors de la Grande Guerre où le peuple français a été saigné à blanc. Cela aurait dû être l’ultime leçon. La minorité consciente, la minorité instruite et éveillée du peuple, celle se situant entre la masse « que l’on mène » et le pouvoir, aura certainement réussi à épargner à la France le renouvellement d’un tel massacre quelques lustres plus tard. Elle l’aura réussi parce qu’elle sera parvenue à irriguer toute une mouvance de sa science, de sa haute politique, de ses leçons à travers des livres et des journaux quotidiens et hebdomadaires qui parvenaient à percer dans le monde médiatique malgré les écueils que le pouvoir dressait sur son chemin. Oui, les peuples s’étaient faits avoir en 1914 parce que la minorité intellectuelle indépendante des sectes et de la haute banque s’était elle-même fait avoir, d’abord en n’imaginant pas la durée et l’intensité de la guerre, en n’imaginant pas l’épouvantable hémorragie nationale qui allait modifier à jamais l’aspect de la France. L’Union sacrée était un piège, elle en paya le prix fort. Mais la grande leçon fut tirée à ce moment-là : l’avenir de l’intelligence ne pourra se faire que par sa totale indépendance vis-à-vis des puissances de l’argent (de l’Or disaient nos anciens) et de la République. L’intelligence devra ainsi se soustraire à la mécanique commerciale qui régit la production et la consommation des marchandises, mais aussi à la propagande du pouvoir. Il en va de la survie des peuples, ni plus ni moins.

UN COMBAT À MORT CONTRE LA PLOUTOCRATIE

Comment lutter contre la ploutocratie ? On ne peut le faire en vivant nu dans les bois. Avant de pouvoir un jour déjouer ses manœuvres, il faut les observer, les décortiquer et les décrire. Aussi doit-on disposer de temps pour ce faire, et d’analystes mais aussi de journalistes et de vulgarisateurs, et donc de supports indépendants, de journaux, de revues, avec des versions papier si possible s’ils devaient devenir, par nécessité, des samizdats. Et ce travail ne peut être accompli sans argent, sans l’argent donné par les éveillés qui n’ont ni le temps ni le savoir-faire pour participer à cette tâche. L’argent qui alimente les derniers organes indépendants politiques (et RIVAROL est le premier d’entre eux) provient exclusivement de particuliers, anonymes, désireux pour la plupart d’entre eux de préserver le sceau du secret qui enveloppe leurs dons. La meilleure façon de rester discret, la seule façon de garantir son anonymat à 100 %, est de verser ses oboles en cash. Mais voilà, la monnaie papier n’est-elle pas programmée à disparaître, et avec elle, disons-le tout net, l’intraçabilité des opérations pécuniaires des citoyens du monde entier ?
Nous venons de le voir, l’enjeu est énorme. Après la quasi-complète disparition de l’appétence pour l’intelligence (politique) au sein des masses, la question n’est ni plus ni moins celle de savoir si, demain, une minorité active, une minorité dissidente, pourra tout simplement exister, vivre, respirer et proposer cette alternative que d’aucuns souhaitent ardemment en leur for intérieur mais qui seront perclus de peur à l’idée d’apparaître comme des outsiders aux yeux du pouvoir omniscient.

LA CONSOMMATION ET LA CAPTATION DES ESPRITS

Si l’homme est un animal politique, il est d’abord dans l’ordre de ses besoins un homo consumans. Un consommateur qui peut dépasser cet état de survie quand ses besoins primaires sont assurés, s’il a appris cependant à avoir des convictions. Mais dans une société consumériste, de loisirs, dans une société où le bougisme des modes est la règle, dans une société où l’esprit des individus est constamment assailli par la publicité, tapageuse comme subliminale, où l’esprit est toujours occupé par le travail, la fiction, les discussions superficielles et les rencontres de même type, les voyages incessants, dans une telle société « de confort » où Netflix fournit des émotions à la carte, où vivre consiste à s’occuper « au mieux » en attendant la mort, ne pèse pas lourd, devant ces réjouissances, le choix d’une vie consacrée au combat politique, a fortiori quand l’un des moteurs de cette lutte est la remise en cause de cette postmodernité-là.
Ces propos liminaires ne sont pas encore suffisants pour rendre compte du péril imminent qui menace l’humanité tout entière avec l’implacable mise en place de la monnaie numérique, annoncée en Occident et déjà expérimentée en Chine mais aussi en Russie. Aussi n’est-il pas douteux que nous nous pencherons dans les prochaines semaines et les prochains mois sur ce sujet brûlant, et d’abord dans notre prochain numéro.

POURQUOI TOUTES LES BANQUES CENTRALES DU MONDE DÉSIRENT-ELLES LEUR MONNAIE NUMÉRIQUE ?

Encore une fois, faut-il le répéter, le projet de monnaie numérique ne relève ni de la théorie du complot ni d’un accès de tyrannie que l’on ne pourrait observer qu’en Corée du Nord puisque la chose est d’ores et déjà promue par la Banque de France, la Banque centrale européenne et la FED américaine avec l’appui clair et net de Biden depuis mars 2022. Toutes ces banques vendent, louent, leur monnaie numérique en utilisant le même prétexte. Les particuliers et les acteurs économiques ayant un goût prononcé pour les transactions numériques, les banques centrales auraient eu l’idée de fabriquer une monnaie dématérialisée permettant des transactions instantanées et permettant tout achat comme le permet en théorie la monnaie papier. La numérisation appelle la numérisation.
Pour utiliser la monnaie numérique, il ne sera pas nécessaire de disposer d’un compte bancaire (d’être client d’une banque privée). Ainsi cette monnaie pourra-t-elle se substituer aux billets et aux pièces parmi les publics précaires ne disposant ni de chéquier ni de carte bleue. Une monnaie pour tous et pour tout dont l’utilisation sera garantie par la loi qui interdira à tout commerçant de la refuser comme moyen de paiement. Nous pouvons donc aujourd’hui être sûrs que la monnaie numérique (qui ne souffrira pas de la spéculation telle que celle subie par les monnaies électroniques “privées”) remplacera, ou plutôt fera disparaître, à brève échéance, l’argent liquide, et de fait la seule monnaie non automatiquement traçable. Certes, les banques centrales jurent que l’argent liquide restera disponible pour échanger, pour faire des dons ou autres. Pourtant sa disparition est programmée et aussi certaine que le fut celle des cabines téléphoniques dès que le portable se démocratisa. Demain les masses n’utiliseront plus de cash. Et ceux qui persisteront à le faire seront nécessairement à leurs yeux et à ceux du pouvoir engagé vers la voie de l’omniscience, des gens qui ont des choses à cacher. A partir de ce moment, à partir de cette idée et alors que le dernier des misérables n’aura plus besoin d’argent liquide pour survivre, pourquoi le pouvoir, dira-t-on, continuerait-il à fabriquer du cash, onéreux dans sa production et sa distribution, et dangereux (pensons aux convoyeurs de fonds et aux petits commerçants braqués) par la convoitise qu’elle provoque chez les bandits.
C’est précisément parce que la monnaie numérique remplacera assurément l’argent liquide dans les faits qu’elle constitue une chose monstrueuse qui menacera la vie privée des gens mais aussi, carrément, leurs dernières chances de liberté.
La semaine prochaine, dans RIVAROL, nous verrons comment l’Occident se verra très bientôt imposer la monnaie numérique. Des voix s’opposent en effet à sa mise en place, notamment et surtout aux Etats-Unis où le courant libertarien pèse sensiblement sur l’opinion. Nous verrons de quelle manière le pouvoir va marginaliser cette opposition. Nous verrons encore à quel point la résistance à l’avènement de cette monnaie est cruciale, et que jamais la mise en esclavage de l’humanité tout entière n’a été aussi proche. Car il est facile de comprendre que lorsqu’il n’existera plus que la monnaie numérique (ce qui est leur but évident), on pourra couper totalement les vivres aux dissidents, à tous ceux qui sont jugés réfractaires, dangereux, irrécupérables par le Système en place. Façon de tuer radicalement toute forme d’opposition et de contestation. […]

François-Xavier ROCHETTE.