Rivarol n°3583 du 11/10/2023
Version papier

Rivarol n°3583 du 11/10/2023 (Papier)

Editorial

L’entité sioniste frappée en plein cœur : hypocrisie et hystérie tous azimuts !

RUDE SEMAINE pour le Lobby ! Le 3 octobre, on apprenait la mort du journaliste communautaire Jean-Pierre Elkabbach. Le 6 octobre, les tribunaux administratifs de Montpellier et de Bordeaux annulaient les arrêtés d’interdiction du spectacle de Dieudonné Sous Bracelet au nom de la liberté d’expression, au grand dam des associations communautaires et du gouvernement, et on apprenait également le 4 octobre que l’humoriste était relaxé par la cour d’appel de Paris alors qu’il était poursuivi pour injure raciste par “l’Afro-yiddish” Rachel Kahn. Mais c’est surtout l’attaque surprise du Hamas au sud de l’entité sioniste, à l’aube du samedi 7 octobre, cinquante ans et un jour après le début de la guerre du Kippour et jour de la solennité de Notre-Dame du Rosaire, qui a stupéfait l’entité sioniste et ses partisans. A moins qu’on ait laissé faire les assaillants pour mieux massacrer par la suite les Palestiniens, dans une sorte de 11-Septembre bis, ce qui n’est pas en soi impossible. Il y a quelques mois, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, déclarait : « L’Autorité palestinienne est notre fardeau, le Hamas est notre chance ». On dénombre plus de 700 morts du côté israélien et plus de 2150 blessés, dont 200 dans un état grave, d’après le dernier bilan. La riposte de l’entité n’a pas tardé.
Le Premier ministre sioniste, Benjamin Netanyahu, a fait couper le gaz, l’électricité et l’eau courante dans toute la bande de Gaza, ce qui risque de conduire à de terribles souffrances, voire à une mort atroce, ses habitants (plus de deux millions) alors même que Gaza est déjà un camp de concentration à ciel ouvert. Le ministre israélien de la Défense, Yoav Galant, un proche de Netanyahu, a parlé « d’animaux humains » (sic !) pour désigner les Palestiniens. Il est vrai que, dans le Talmud, tous les non-juifs sont assimilés à des animaux ! Et il y a une semaine le ministre de la Sécurité nationale israélien, Ben-Gvir, avait banalisé le fait que les Juifs religieux crachent sur les Chrétiens quand ils les croisent dans la rue. Une phrase à méditer par tous ceux qui considèrent les Juifs comme « nos frères aînés dans la Foi » !

DEPUIS CETTE attaque d’ampleur du Hamas, la quasi-totalité des média et de la classe politique en France, en Europe et en Occident, s’aligne inconditionnellement sur l’entité sioniste et utilise sans retenue les éléments de langage des Likoudniks. L’attaque des combattants palestiniens est considérée invariablement comme un acte terroriste, contrairement à la politique de l’entité sioniste à l’égard des Palestiniens depuis trois quarts de siècle. L’entité sioniste a le droit de voler et d’occuper illégalement des territoires, d’humilier, de brimer, de brider, d’exproprier et de persécuter tout un peuple, en lui déniant tout droit, en le dépossédant de tout, en ayant construit un long et haut mur pour l’isoler, en revanche les Palestiniens n’ont qu’un seul droit : se laisser massacrer en silence. On a l’impression en ce moment de revivre l’unanimisme soviétoïde que l’on a connu en 2015 au moment des attentats contre Charlie Hebdo. Si l’on ne soutenait pas cette publication abjecte, on était suspect de complaisance avec le terrorisme, ce qui est absurde. De la même manière, actuellement, si l’on ne soutient pas inconditionnellement l’entité sioniste, si l’on ne considère pas que le camp palestinien, et lui seul, a tous les torts, on est accusé d’apologie de terrorisme, pas moins ! La LICRA exige ainsi la dissolution de tous les mouvements qui soutiennent la résistance palestinienne et les poursuit en justice pour apologie de terrorisme, un délit qui, rappelons-le, est puni de sept ans de prison ferme et de 100 000 euros d’amende s’il est commis sur les réseaux sociaux.
Au lieu d’analyser froidement, objectivement, calmement, sans passion, la situation actuelle, d’en chercher les causes, d’en prévoir les conséquences, d’en évaluer les responsabilités, on nage en pleine hystérie. Que l’on ne puisse que déplorer les souffrances atroces que provoquent les guerres, les conflits armés et manifester sa compassion envers TOUTES les victimes de TOUTES les parties en présence, à commencer bien sûr par les civils qui payent durement dans leur chair et dans leur âme le prix de ce conflit sans fin est une évidence. Mais ce n’est pas une raison pour s’aligner servilement sur l’entité sioniste comme le font quasiment tous les media et les politiques en Occident. Macron a cru bon de rédiger un tweet en hébreu le 7 octobre, Ursula Van der Leyen a projeté le drapeau sioniste sur la façade de la Commission européenne, Anne Hidalgo a fait éteindre dimanche soir en signe de deuil et en hommage à toutes les victimes israéliennes la tour Eiffel (elle ne l’a jamais fait pour les Palestiniens régulièrement massacrés à Gaza, non plus que pour les Arméniens) et ce lundi soir, « en solidarité avec les Israéliens », la Tour Eiffel est éclairée aux couleurs du drapeau de l’entité. L’Assemblée nationale, ce même lundi soir, est également illuminée aux couleurs d’Israël. Et une minute de silence est observée le mardi 10 octobre par la représentation nationale pour les victimes israéliennes. Mais, attention, pas pour les victimes palestiniennes qui se comptent déjà par centaines (en nombre de tués par Tsahal) et par milliers (en nombre de blessés). On peut craindre le pire pour les Palestiniens, Netanyahu ayant annoncé, l’œil mauvais, une « vengeance totale » et une « guerre longue ».

IL EST CONSTERNANT de voir cette écœurante servilité des gouvernements occidentaux, des media et de la classe politique qui se rangent sans réserve, sans nuance, sans restriction du côté de l’oppresseur sioniste et n’ont pas le moindre mot de compassion ou de compréhension pour les Palestiniens. On se range du côté du plus fort, du plus bruyant, du plus influent, du plus puissant. Qu’on écoute la radio ou qu’on regarde la télévision, de Cnews à BFM, c’est partout Radio Shalom, c’est Tel Aviv-sur-Seine ! Et qu’on lise un journal, de Valeurs actuelles au Figaro, du JDD au Monde, partout n’est donné et repris le plus souvent que le point de vue des dirigeants israéliens et des associations communautaires. Et que dire des partis politiques qui en rajoutent dans le soutien frénétique à l’entité sioniste et la diabolisation de la cause palestinienne ? D’Eric Ciotti à Marine Le Pen, d’Olivier Faure à Eric Zemmour — qui montre dans cette affaire qu’il n’est en réalité qu’un Likoudnik, qui se soucie beaucoup plus des intérêts de l’entité sioniste que de la France —, c’est le même discours insupportable d’allégeance à une puissance étrangère, à un Etat terroriste et mafieux. Car le terrorisme d’Etat, cela existe. Bombarder régulièrement des quartiers entiers, tuer des hommes, des femmes et des enfants sans aucun problème de conscience, détruire et raser des maisons, des récoltes, des vergers, couper l’eau courante et l’électricité, pousser tout un peuple au désespoir, n’est-ce pas du terrorisme d’Etat ?
Il y a dans cette accusation de terrorisme à l’égard des Palestiniens beaucoup d’hypocrisie. La LICRA ne fait-elle pas régulièrement et sans aucune réserve l’éloge de la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale ? Or que faisaient les résistants sinon résister à un occupant ? Et s’ils venaient à capturer un occupant ou un collaborateur, les Résistants ne faisaient généralement pas dans la dentelle. Y aurait-il alors une résistance légitime ? Celle pendant la dernière guerre ou celle du FLN algérien contre les Français en Algérie. Et une résistance illégitime ? Celle des Palestiniens face à l’occupation et à la colonisation israéliennes. De qui se moque-t-on ? De même les bombes qui s’écrasent sur Gaza seraient légitimes mais pas les roquettes touchant l’entité sioniste ? Au nom de quelle morale, de quel principe ? On aimerait le savoir. Ce deux poids deux mesures est insupportable. Il est contraire à la justice et à la vérité. Et il est choquant de voir ceux qui prétendent lutter ici contre le Grand Remplacement se solidariser avec l’entité sioniste. Car en Palestine occupée ce ne sont pas les Palestiniens les envahisseurs, que l’on sache !
Ce sont les mêmes qui nous parlent sans cesse de l’importation, selon eux inadmissible, du conflit israélo-palestinien en France qui en rajoutent dans le soutien fanatique et exalté à l’entité sioniste au point actuellement d’organiser partout dans le pays des manifestations en faveur de l’Etat hébreu et de faire interdire toutes celles en faveur des Palestiniens. Ce sont les mêmes qui sont contre le port d’armes et la légitime défense en France qui justifient par avance les opérations de représailles les plus inhumaines. Ce sont les mêmes qui parlent sans cesse des droits de l’homme, du respect du droit et des conventions internationales qui légitiment la privation pour tout un peuple de ses libertés et de ses droits fondamentaux. Ce sont les mêmes qui parlent sans cesse de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité — au point de traquer des vieillards centenaires, impotents et inoffensifs — et qui refusent de les voir et de les désigner comme tels lorsque c’est le peuple palestinien qui en est victime.

JAMAIS SANS DOUTE n’avait été aussi manifeste le fait que l’Occident entier est lui aussi un territoire occupé. Les décideurs, les médias, les partis sont quasiment tous sous contrôle. Et gare à ceux qui expriment, même modérément, un point de vue différent ou discordant. Ils sont délégitimés, criminalisés. Ils n’ont plus droit de cité. Le président de la LICRA, Mario Stasi, les traite d’« authentiques salopards » ! A n’en pas douter, la répression va encore se renforcer, s’aggraver, s’intensifier à l’égard de tous les esprits libres et à l’égard des rares publications qui refusent de s’aligner sur la pensée unique. L’air va devenir de plus en plus irrespirable. L’oxygène manque à nos poumons. L’étau se resserre. La tyrannie avance. Inexorablement.
Ce n’est pas seulement les Palestiniens qui sont dépossédés, humiliés, écrasés, criminalisés, ce sont tous les hommes libres — et hélas il n’y en a plus beaucoup dans un monde peuplé de lâches et de larves — qui entendent penser par eux-mêmes, qui écoutent la voix de leur conscience et qui refusent la manipulation, le grégarisme, rejettent le mensonge, l’imposture, combattent l’hypocrisie, l’hystérie et la tyrannie, sous toutes leurs formes. Quoi qu’il en coûte.[…]

RIVAROL,<jeromebourbon@yahoo.fr>.

6,00 €
TTC
Quantité
6,00 €

Billet hebdomadaire

Elkabbach, l’homme du pouvoir, et des copains

Le Juif d’Oran, animateur de la République, présenté comme journaliste alors qu’il n’a jamais écrit une ligne sérieuse de toute son existence (il n’a publié aucun article), le dénommé Jean-Pierre Elkabbach, est parti un 3 octobre, comme son grand ami Bernard Tapie (en 2021), avec tous ses petits secrets.
Sa disparition, plus encore que celle de son copain escroc, ne sera pas passée inaperçue. Le défunt a en effet eu droit à un concert de louanges. Aucune personnalité politique et journalistique n’a voulu manquer de célébrer JPE (29 septembre 1937 à Oran- 3 octobre 2023 à Paris), comme ils disent, tant que son corps était encore chaud et moite. Même des gens qui le méprisaient cordialement se sont prêtés à l’exercice comme en témoignent nombre d’anciens employés de France-Télévision qu’il avait congédiés ou mis au placard au temps de sa présidence tyrannique, ou comme la mièvre Marine Le Pen qu’il a ridiculisée en 2015, qui ont pratiqué les contorsions d’usage.
On le voit, ces hommages et ces condoléances, qui débordent des media, relèvent des simples et viles mœurs républicaines. Elles sont fausses et le premier concerné l’aurait su (mais ne l’aurait certainement pas avoué tant il était orgueilleux), lui qui, au lendemain du décès de son camarade escroc Bernard Tapie, vilipendait tous ceux qui pleuraient des larmes de crocodile à l’annonce de son trépas. Elkabbach était en 2021, déjà, très malade, si malade qu’il n’avait peut-être plus la lucidité nécessaire au respect des plus élémentaires règles systémiques. Celles en l’occurrence de ne pas écorner l’image d’un docile agent du pouvoir, même en étrillant les hypocrites, ou plutôt, surtout en étrillant les hypocrites, ce qui est une façon de mettre en exergue les critiques circonstanciées que l’on pourrait faire à son encontre. Pas de bévue de ce genre avec sa mort à lui. Tout le monde adorait cette andouille (qui était haïe par ceux qui ont eu à subir sa méchanceté comme Paul Amar), tout le monde le considérait comme un immense “travailleur” alors que des petites mains lui confectionnaient des fiches, et la momie Michel Drucker déclara qu’il « était le plus grand intervieweur du monde », lui, Elkabbach, El calebasse, le maracas des studios, la nullité objective, lourde et crâneuse, incapable d’approfondir le moindre sujet, incapable de rebondir intelligemment sur les propos argumentés de son interlocuteur.
Bien sûr, cet individu médiocre et surfait, fasciné par l’argent, et le pouvoir de l’ombre qu’il aurait aimé pratiquer sans en subir les risques, se voyait comme un personnage charismatique après avoir inventé son regard de cocker perfectionné devant son miroir, et s’être abonné au port de l’écharpe. Finalement, sa notoriété doit beaucoup à Thierry Le Luron qui s’était inspiré des répliques de Georges Marchais commises à son endroit pour créer son fameux « Taisez-vous Elkabbach ». Un injonction, devenue culte, qui fut son assurance-vie, la garantie que son nom restât dans l’esprit des Français dans les années 1980, quand il était absent des plateaux télé (jusqu’en 1990). Cet homme, sans talent, sans réelle culture, devint quelqu’un par le seul fait de sa médiatisation, comme un Drucker, comme un Guy Lux, comme un Jean-Luc Delarue. Mais voilà, comment monsieur Elkabbach a-t-il pu s’introduire dans le PAF au sein de l’ORTF, à 23 ans alors qu’il avait passé ses années d’étudiants à fréquenter les théâtres et qu’il n’a obtenu aucun diplôme à leur terme ?

LE MYSTÈRE DE SON INTRONISATION

On sait que son père, fils de rabbin (Haïm, le même prénom officiel que Jean-Pierre), avait “réussi” dans le négoce et qu’il comptait à Oran mais aussi dans le microcosme marseillais qui était, pour le moins, haut en couleur dans les années 1930 et 1940. Il y était si bien intégré qu’il devint vice-président du club de football de l’Olympique de Marseille, déjà une institution au cœur de la cité phocéenne à son époque. Comment est-il devenu une figure du paysage marseillais alors que le milieu avait la main sur la ville ? Oh, c’est très simple ! Ne cherchez pas midi à quatorze heures ! Salomon “Charles” Elkabbach était passionné de balle au pied, voilà. N’est-il pas naturel qu’un passionné de ballon rond devienne vice-président de l’OM ? D’autant plus quand le féru de corner était aussi un marchand de joueurs, le premier d’ailleurs qui a exporté des sportifs africains en Métropole. Malheureusement, Charles décède pendant Yom Kippour alors qu’il lisait une prière achetée à son rabbin. Le petit Jean-Pierre n’avait pas 12 ans et jura devant l’Eternel qu’il ferait du nom Elkabbach une véritable marque de grande célébrité. C’est, comme tout le monde le sait, la première chose à laquelle pense un jeune orphelin devant la dépouille de son père.
Toujours est-il que le jeune Jean-Pierre, alors démuni selon ses propres dires, s’installe immédiatement à Paris une fois le bac en poche, non pour travailler mais pour fréquenter les mondains du spectacle. Il avait ses cartes de visite qui lui permirent sans aucun doute de rencontrer des gens importants, liés aux media, à la politique et certainement à quelque société secrète. Vraiment, insistons sur ce point, ses débuts nous rappellent, dans une certaine mesure, ceux de l’escroc Bernard Tapie, le copain Tapie qu’il fallait prier de bonne foi quand il fut allongé. Nanard qui deviendra l’as des affaires commence sa carrière grâce au “hasard” des rencontres fructueuses. Néanmoins, le hasard, ça se provoque, comme disent les fortiches. Comme il se considérait, déjà très jeune, comme un être formidablement charismatique, à l’instar de son aîné d’Oran, le petit électricien employa son physique et sa gouaille pour tenter de percer dans le monde du spectacle. Et tant pis si le succès ne fut pas au rendez-vous chez les disquaires (le bon Bernard se fit en effet chanteur et sortit même un 45 tours sous le pseudonyme de Bernard Tapy — que l’on devait prononcer Tapaï), car son aventure “artistique” lui aura permis d’être repéré par des hommes qui le trouvaient particulièrement intéressant. Ce fut le cas de Marcel Loichot, polytechnicien, ancien conseiller spécial de De Gaulle, “grand” franc-maçon, théoricien du gaullisme de gauche mais homme d’affaires, qui prit sous son aile le petit et gracile Bernard. C’est à ce moment, et seulement à ce moment, que Bernard devint Tapie. Elkabbach a-t-il lui aussi rencontré son Marcel Loichot ? Soit un protecteur, un maître, un initiateur, un monsieur important appartenant à ce qu’on appelle l’Etat profond. C’est la question.
Il est sûr que l’on ne fait pas une belle et lucrative carrière professionnelle sans appartenir à un réseau, sans appartenir au système, en étant en dehors du cercle. Jean-Pierre Elkabbach a pu entrer dans le cercle parce qu’il avait des soutiens influents avant même d’entamer sa vie professionnelle.

UN OPPORTUNISTE ?

On dit de lui, parfois, qu’il était une girouette, qu’il fut giscardien, mitterrandien, balladurien, sarkoziste et proche de certains milliardaires, notamment des Lagardère père et fils (longtemps propriétaires d’Europe 1), puis de Vincent Bolloré (il baragouinait dernièrement sur Cnews) et qu’il aurait toujours réussi à refaire son nid sous l’empire de tel ou tel homme politique par la force du poignet. On peut cependant voir autrement les choses. On peut voir Elkabbach comme un employé de l’Etat profond, fondamentalement atlantiste pour ne pas dire américain, et qui était un homme idéologiquement fiable, qui a récité durant 60 ans les leçons de la révolution sociétale (dès 1968), promu l’antiracisme, combattu l’extrême droite, le nationalisme et tous les principes qui ont fait la France. I
Il défendit, il est vrai, le président Giscard d’Estaing jusqu’au bout, allant jusqu’à congédier le jeune Claude Sérillon qui eut l’outrecuidance de parler de l’affaire des diamants de Bokassa dans sa revue de presse d’Antenne 2 dont Elkabbach était alors le directeur de l’information. Il fut détesté par les militants socialistes, et quand François Mitterrand fut élu président de la République, il ne put que le renvoyer de la télévision publique pour donner le change devant le peuple de gauche. Le nouvel élu recasa toutefois l’agent à Europe 1 où il officia quotidiennement. Il y fit ses choux gras. En 1990, il rejoignit l’éphémère 5 tout en conservant son emploi à la radio. Puis son heure de gloire arriva quand l’ancien vichyste le choisit d’un commun accord avec Edouard Balladur pour le propulser dirigeant de France Télévisions en 1993. D’aucuns disent, à la suite d’une indiscrétion divulguée par Sarkozy à Paul Amar, que Balladur, seul, était à l’origine de cette promotion, Elkabbach lui ayant juré de le faire roi en 1995 (contre Chirac), mais il est impensable de croire que, même sous la cohabitation, le dirigeant de l’énorme télévision publique (encore très liée au P.S) pouvait être imposé sans l’accord du grand maître de Jarnac. Mitterrand faisait partie du système, tout comme Elkabbach, à un tout autre niveau évidemment, mais ils faisaient tous les deux partie de la même famille.

LE CONTRÔLE DES DOMMAGES DU PASSÉ VICHYSSOIS DE FRANÇOIS MITTERRAND

C’est tout naturellement que François Mitterrand désigna ce journaliste parfaitement docile pour participer à l’acte II de l’opération de damage control des révélations sur sa jeunesse pétainiste (des révélations qui ne devaient être faites en aucun cas après sa mort. Ni le pouvoir, ni lui-même ne le voulaient. Il fallait faire sortir le pus tout gentiment, sans que ça ne gicle) après le livre venu à point de Pierre Péan, Une jeunesse française. Il est indéniable que les origines de Jean-Pierre Elkabbach constituaient, aussi, un atout pour lui, et pour Mitterrand face à la meute klarsfeldienne qui ne cessait de vouloir faire condamner la France pour antisémitisme (ce qu’elle parvint à faire un peu plus tard par le truchement de Jacques Chirac). Ainsi JPE se mit à fréquenter assidûment le vieux François pour préparer une interview de trois heures, puis une série d’entretiens en cinq épisodes dans le but de lisser l’image du président. […]

François-Xavier ROCHETTE.