Rivarol n°3599 du 31/1/2024
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Rivarol n°3599 du 31/1/2024 (Papier)

Editorial

Cette fois-ci c’est sûr : Vincent Reynouard va être extradé vers la France d’ici quelques jours !

LA SENTENCE est cette fois exécutoire. La cour d’appel d’Edimbourg, le vendredi 26 janvier, a donné son feu vert à l’extradition de Vincent Reynouard. D’ici quelques jours, sauf surprise de dernière minute, le militant révisionniste devrait donc fouler à nouveau le sol natal. En première instance, le 12 octobre 2023, le tribunal d’Edimbourg s’était déjà prononcé pour l’extradition de l’auteur du livre sur Oradour, donnant ainsi une réponse positive à la demande des autorités françaises. Comme la loi l’y autorisait, Vincent avait fait appel de cette décision. La cour d’appel sans surprise a confirmé la décision prise en première instance. Même si Vincent pourrait en théorie déposer un pourvoi devant la Haute Cour du Royaume-Uni, sorte de cour de cassation britannique, outre que la procédure serait longue et très probablement vouée à l’échec, cette démarche ne serait pas en principe suspensive. De sorte que son extradition ne serait pas entravée ni retardée. Cette décision des juges écossais est en tout cas lourde de conséquences car elle tend à criminaliser le révisionnisme historique au Royaume-Uni, ce qui n’était pas le cas jusque-là. Ceux qui pensaient pouvoir publier, éditer des travaux révisionnistes en toute quiétude outre-Manche devront chercher une autre destination car désormais le révisionnisme n’y est plus toléré. Oh certes ce n’est pas officiel, ce n’est pas dit de manière aussi claire, aussi nette, mais c’est exactement ce que signifie l’extradition de Vincent Reynouard. Lord Carloway, le plus haut magistrat écossais, comme ce fut le cas en première instance, et déjà pour l’affaire Alison Chabloz, — cette chanteuse et musicienne révisionniste qui avait été condamnée en Grande-Bretagne pour ses productions artistiques historiquement et politiquement incorrectes, qui a d’ailleurs été plusieurs mois derrière les barreaux et qui, en 2019, chose ubuesque, a même été interdite, par la justice britannique de venir en France, et ce pendant quarante ans (oui, quarante ans !) —, a utilisé et détourné un article de la loi britannique sur les communications pour brider et brimer la libre recherche historique.

La cour d’appel d’Edimbourg a en effet prétendu, dans son arrêt rendu le vendredi 26 janvier — alors que la décision devait initialement être connue le jeudi 1er février —, quelques heures seulement avant la journée annuelle (le 27 janvier) de « commémoration de la libération d’Auschwitz » et « en souvenir des génocides » (est-ce un hasard ?) et, ironie de l’histoire, le jour même où la Cour pénale internationale de La Haye met en garde Israël contre un « risque de génocide » du peuple palestinien dans la bande de Gaza, que les publications en ligne de Vincent Reynouard (la justice française poursuit sept de ses vidéos révisionnistes) constituent des délits passibles d’extradition parce qu’elles peuvent être considérées comme « gravement offensantes » en vertu de l’article 127 de la loi de 2007 sur la décence du contenu des communications (Communications Decency Act, 2007). Il n’est pas inutile de préciser qu’il s’agit d’une actualisation pour la Toile d’une loi conçue à l’origine pour criminaliser les appels téléphoniques obscènes. Autrement dit, on détourne une loi destinée à sanctionner les auteurs de communications téléphoniques obscènes pour réprimer pénalement le révisionnisme historique, pour empêcher la recherche, l’édition, la publication de travaux et de positions ne correspondant pas à la doxa, à la vérité officielle. Il n’y a pas de loi Fabius-Gayssot en Grande-Bretagne mais qu’importe, par ce tour de passe-passe, on s’en prend gravement à la liberté d’expression, de pensée et de publication. Lord Carloway fait preuve d’une grande hypocrisie dans les arguments qu’il développe pour justifier sa décision. A le lire, Vincent aurait le droit d’être révisionniste, mais à condition de garder cela pour lui, de ne pas faire état publiquement de ses positions. Ce qui lui est reproché, c’est d’exposer son argumentation sur les réseaux sociaux.

POUR JUSTIFIER un lien que d’aucuns pourraient juger aventuré entre un appel téléphonique scabreux et l’étude critique de la Seconde Guerre mondiale en général et des camps de concentration en particulier, Lord Carloway ose écrire : « En l’occurrence, la loi a été étendue pour couvrir l’offense faite aux membres de la communauté juive et des autres communautés dont les membres ont péri à Auschwitz et Birkenau. Il en va de même pour ceux qui vivent avec la mémoire d’Oradour. Il n’est pas nécessaire d’être membre des communautés concernées pour être grossièrement offensé par de tels propos ; toute personne raisonnable le serait. Bien que le fait d’avoir ces opinions et, dans certains contextes, de les exprimer ne constitue pas une infraction, le fait de les communiquer au public sur Internet constitue une violation de l’article 127 de la loi de 2007 ». Et ainsi le tour est joué.
On ne voit pas ce qui permet au juge écossais d’affirmer péremptoirement que « toute personne raisonnable » serait choquée par l’argumentaire de Vincent Reynouard. On ne voit pas davantage ce qui l’autorise à certifier « la fausseté patente » des conclusions du chercheur révisionniste. Que des juges s’aventurent sur le terrain de l’histoire, qu’ils décident ce qui est ou non raisonnable dans le débat intellectuel, dans la controverse historique, qu’ils tranchent sur l’argumentaire qu’on a ou non le droit d’exposer sur les réseaux sociaux est proprement hallucinant et très inquiétant quant à l’avenir des libertés individuelles et publiques. Comme le commente fort justement l’excellent site Jeune Nation, sous la plume du courageux Francis Goumain, cette décision de la cour d’appel d’Edimbourg est « une attaque flagrante contre les droits humains fondamentaux : une attaque contre les principes de base non seulement de la loi britannique mais aussi des normes intellectuelles acceptées par la civilisation européenne. »

CETTE INJUSTICE flagrante n’a pourtant pas l’air de choquer le monde des media. Les nombreuses dépêches qui évoquent avec gourmandise l’extradition de Vincent Reynouard ne prennent nullement leurs distances avec ce qui n’est ni plus ni moins qu’une odieuse et honteuse persécution politique et une criminalisation gravissime de la libre recherche historique, du débat intellectuel. Il s’agit là d’une régression, d’une involution, d’une glaciation qu’il faut dénoncer et combattre ouvertement et énergiquement. S’affirment dans cette décision non seulement la toute-puissance d’un certain lobby communautaire mais plus encore le conformisme idéologique voire la veulerie de hauts magistrats. On ne le dira jamais assez mais le carriérisme, hélas si répandu dans toutes les sphères de la société, perpétue, renforce, aggrave, grave dans le marbre le mensonge, l’injustice, l’ignominie. Pour avoir la paix, celle de Pilate, pas celle du Christ, pour faire carrière, pour ne pas faire de vague, pour aller dans le sen du vent, pour sauvegarder son confort, ses intérêts, ses avantages, ses prébendes, beaucoup sont prêts à toutes les abdications, toutes les ignominies, à tordre le droit, à détourner la loi, à multiplier les sophismes, à promouvoir le mensonge et l’injustice.
Dans l’article que Libération consacre à l’extradition de Vincent, la parole est donnée au général de gendarmerie Jean-Philippe Reiland, patron de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine (OCLCH). Le commandant de cet organisme dit « toute sa satisfaction à l’annonce de cette décision ». « C’est l’aboutissement d’un processus qui a mobilisé beaucoup d’énergie de part et d’autre de la Manche. Je voudrais remercier les autorités policières et judiciaires écossaises de s’être impliquées dans ce que je considère être un combat. C’est la victoire du droit sur l’ignominie » (sic !) tient à commenter le haut gradé de la gendarmerie (et sans doute de la franc-maçonnerie). Et d’ajouter : « Il est important que cette décision intervienne au moment où on constate une augmentation des actes antisémites en France et en Europe. » On comprend que le général Reiland ait été fait chevalier de la Légion d’honneur le 14 juillet 2021, moins d’un an après avoir hérité de la direction de cet Office central de lutte contre les crimes de haine. C’est en effet un zélé disciple de leur République. Il en possède tous les éléments de langage. Dans un long entretien accordé au Figaro le 26 décembre 2023, ce même général Reiland, décidément impayable, évoque en ces termes les « crimes de haine » : « Face à ce fléau (antisémite et homophobe), nous avons mis en place un dispositif de veille spécifique afin de retrouver des auteurs, en nous appuyant au besoin sur toutes les unités de terrain. À ce titre, nous allons améliorer l’efficacité collective au travers de la formation. Avant mai 2024, l’objectif ministériel est que 100 % des gendarmes et des policiers soient formés à la lutte contre l’ensemble des crimes de haine, dont ceux visant la communauté LGBTQIA+. C’est tout l’objet du séminaire que nous venons d’organiser le 19 décembre. » Oui, vous avez bien lu, les gendarmes et les policiers ne sont plus là pour défendre la veuve et l’orphelin, pour protéger les honnêtes gens, non ils sont là pour défendre les invertis et les circoncis, les détraqués et les dépravés, les participants à la Gay Pride, les folles, les trans, les homos et les bi, les non binaires et les personnes intersexes. Alors que se commettent chaque année dans notre pays des millions de crimes et de délits, le général Reiland a une seule mission, une unique obsession : traquer les révisionnistes, les antisémites, les homophobes, les lesbophobes, les biphobes et les transphobes. Voilà où en sont la police et la gendarmerie, et d’ailleurs tous les corps de l’Etat, dans notre pays. Un célèbre dicton ne dit-il pas que le poisson pourrit par la tête ?

LE GÉNÉRAL REILAND est fier de lui et de ses équipes. Pensez ! « Le dernier bilan de l’Office (qui compte plus d’une centaine d’enquêteurs spécialisés) révèle un bond de 25 % de gardes à vue en matière de crimes de haine en 2023.  » Et le haut gradé de se féliciter de la coordination réussie de « l’action d’unités de gendarmerie et de services de police en plusieurs points du territoire ». En effet, aller traquer des hommes libres et honnêtes ne pliant pas le genou devant le lobby juif et le lobby LGBT, aller tambouriner à six heures de matin chez des particuliers, de pacifiques pères de famille suspectés d’avoir tenu des propos antisémites ou/et homophobes pour leur mettre les menottes devant leur femme et leurs enfants, les conduire 24 ou 48 heures en garde à vue, puis les traîner devant des tribunaux correctionnels, oui, il y a en effet de quoi être fier. Cela mérite bien la Légion d’honneur. Autrefois les militaires glanaient leur décoration, gagnaient leur médaille grâce à leur bravoure sur le terrain. Aujourd’hui ils glanent leurs hochets grâce à Oradour-sur-Glane. Ils parviennent au sommet de la hiérarchie en se faisant les zélés défenseurs des invertis et du Lobby. Qui eût imaginé cela il y a seulement quelques décennies ? Reiland, muni de toutes ses décorations, se croit honorable alors qu’il est en réalité un misérable, un minable, un pauvre type, pathétique, plongeant jusqu’au cou dans le déshonneur, dans la promotion du vice, de l’immoralité, du LGBTisme, c’est-à-dire de toutes les perversions morales et sexuelles, de ce qui est injuste, laid, contre-nature, de ce qui crie vengeance devant Dieu selon le catéchisme de saint Pie X. Honte à lui et à ses pareils ! Avec de tels tristes sires, la dégénérescence du pays ne peut que se poursuivre et s’accélérer. Reiland voit partout des crimes de haine mais il est incapable de dénoncer le génocide palestinien. Il n’a pas un mot, pas un seul, pour le peuple palestinien assoiffé, affamé, bombardé, laissé sans soin, privé de tout par la criminelle entité sioniste. Pauvre homme !

LA VEILLE de la décision de la cour d’appel d’Edimbourg, le jury du Prix International Robert Faurisson, réuni à Vichy, le 25 janvier, choisissait pour sa sixième édition d’honorer le révisionniste américain Arthur Butz, aujourd’hui nonagénaire (il est né le 10 novembre 1933 à New York) pour son œuvre majeure The Hoax of the Twentieth Century (La mystification du XXe siècle). Ce brillant et érudit professeur d’université spécialisé dans l’électrotechnique était profondément respecté et considéré par feu le professeur Faurisson pour la qualité de ses travaux. Il y a quatre ans, en janvier 2020, c’est Vincent Reynouard qui fut le récipiendaire de ce Prix international Robert Faurisson. Il va revenir dans quelques jours en France selon toute vraisemblance. Le laissera-t-on en liberté le temps que les affaires en cours soient définitivement jugées, comme la justice française l’a écrit, l’a promis ces dernières semaines à ses avocats britanniques, ou cherchera-t-on à le mettre en prison dès son arrivée sur le sol français en faisant état d’anciennes condamnations judiciaires non encore exécutées ? En théorie, Vincent ne peut être jugé que pour les dossiers pour lesquels son extradition a été réclamée. Mais, comme le disait le regretté Professeur Faurisson, et on expérimente cette vérité depuis longtemps, « en matière de répression du révisionnisme historique, il n’y a ni foi, ni loi, ni droit ». […]

RIVAROL,<jeromebourbon@yahoo.fr>.

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Billet hebdomadaire

Guerres et conquêtes territoriales d’Israël en 1967

Depuis les accords d’armistice de 1949, entre Israël et les pays arabes, les accrochages sur les fronts égyptien, jordanien et syrien ne se sont jamais arrêtés.
À partir d’avril 1967, les accrochages se transforment en combats intenses sur le front syrien avec l’utilisation de chars et d’avions. L’Égypte, qui avait signé en 1966 un traité de défense commune avec la Syrie, demande, en mai 1967, le départ des casques bleus du Sinaï, y envoie des forces militaires importantes et interdit aux navires israéliens le droit de passer par le détroit de Tiran dans le golfe d’Aqaba. Israël considère cette décision comme une déclaration de guerre par l’Égypte.

PROPAGANDE VICTIMAIRE POUR JUSTIFIER UNE GUERRE D’AGRESSION

Se sentant menacés, l’Égypte et la Jordanie signent un accord d’alliance militaire le 31 mai 1967, cinq jours avant la guerre. Le 5 juin, Israël lance une guerre préventive en commençant par l’Égypte, puis la Jordanie, et ensuite la Syrie. En six jours, les pays arabes sont vaincus, et Israël occupe le Sinaï, la Cisjordanie, Jérusalem-est et le Golan syrien.
Dans la nuit du 4 au 5 juin, alors que l’armée israélienne met au point les ultimes détails des opérations militaires contre les pays arabes, Levi Eshkol — Premier ministre de l’État hébreu — rédige un message diplomatique destiné aux grandes puissances. Son message est de la même teneur que le discours que tenait Ben Gourion durant la guerre de 1948, à savoir que Israël faisait face à un deuxième Holocauste.
Dans la lettre qu’il envoie à Alexis Kossyguine, président du conseil des ministres de l’Union soviétique, Eshkol « insiste sur l’engagement de son pays à survivre dans un environnement hostile : c’est un conflit pour la vie ou la mort pour empêcher Nasser de réussir à répéter les crimes de Hitler contre le peuple juif. Il plaide pour un non-engagement des forces soviétiques dans le conflit. »
Dans son message au président américain Lyndon Johnson, il ne fait pas référence explicitement à Hitler, mais affirme que les Égyptiens ont la volonté de « détruire Israël dans la continuité de l’assassinat de six millions de Juifs dans une époque récente ».
Dans le message adressé au général de Gaulle, il n’est pas fait mention de l’Holocauste mais de la volonté arabe de détruire Israël, « qui incarne les souvenirs, les sacrifices et les espoirs d’un vieux peuple dont les malheurs n’ont pas d’égal dans toute l’histoire de l’humanité ».
Contre l’avis de Moshe Dayan (ministre de la Défense), mais avec l’approbation du colonel Yosef Allon et d’Abba Eban (ministre des Affaires étrangères), le Premier ministre « a élaboré la fable d’une attaque aérienne et terrestre égyptienne contre le territoire israélien. La lettre à Johnson se termine par un appel à un soutien politique, en particulier face à l’Union soviétique. »
Comme l’explique Henry Laurens, les Israéliens identifient les régimes « voire les populations arabes au nazisme et à l’ensemble des persécuteurs durant plus de deux mille ans d’histoire, voire plus de trois mille si l’on prend en compte certaines références bibliques, en particuliers aux Amalécites, ennemi archétypique depuis le temps de l’Exode. »

LA DÉBÂCLE ÉGYPTIENNE

Lorsque l’aviation aérienne lance son offensive dans le Sinaï, l’armée égyptienne est prise au dépourvu. À partir de 8 heures du matin, le 5 juin, l’essentiel de la force aérienne égyptienne est détruit au sol, soit 309 appareils sur 340, et une perte de près de 100 pilotes sur 350 ; l’aéroport militaire égyptien ne disposant pas d’abris bétonnés pour protéger leurs avions.
« Les militaires égyptiens n’ont pas une idée précise de la situation, des informations contradictoires leur provenant de partout. »
Tous les éléments factuels mettent en évidence que les Égyptiens n’étaient pas prêts, et donc ne se préparaient pas à « détruire Israël ».
L’attaque au sol se fait simultanément à l’attaque aérienne. L’armée israélienne pénètre dans le Sinaï. Les combats sont intenses. Dans l’après-midi, les Israéliens font une double percée, dans les régions littorales et dans le centre du Sinaï. Une brigade marche sur Gaza, et des combats intenses y ont lieu contre les Égyptiens et les Palestiniens de l’Armée de libération de la Palestine (ALP) et des groupes de fedayins. Les bombardements israéliens dans la bande de Gaza tuent (déjà à l’époque !) plusieurs casques bleus appartenant à la Force d’urgence des Nations unies (FUNU).
Les autorités israéliennes convoquent le chef des observateurs de l’ONU (Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve, ONUST), le général Odd Bull, pour l’informer que l’Égypte a pris l’initiative des opérations et le charger d’un message au roi Hussein l’adjurant de maintenir son pays en dehors de la guerre. Le général norvégien est outré du rôle qu’on veut lui faire jouer, d’autant plus qu’il est déjà convaincu que c’est « Israël qui a attaqué le premier. Il veut d’abord contacter le siège de l’ONU à New York, puis il cède à la demande israélienne. »
À 9 heures du matin, le haut commandement égyptien donne l’ordre aux troupes jordaniennes d’ouvrir un nouveau front. Le roi Hussein accepte et demande à la Syrie d’assurer la couverture aérienne, mais Damas demande une série de délais.
À 11h50, l’aviation jordanienne lance des raids qui font des dégâts mineurs en Israël. Les Syriens et les Irakiens suivent le mouvement. À 12h30, l’aviation israélienne, qui a terminé ses missions dans le Sinaï, intervient et détruit les appareils jordaniens au sol pendant le ravitaillement. Les aviations syriennes et irakiennes sont également détruites.
Le 6 juin, vers midi, la Jordanie perd Jenine qui est prise par les Israéliens qui l’emportent aussi à Jérusalem. La ville arabe est pratiquement isolée au milieu de la journée ; les Israéliens ont pris les axes routiers et la dernière route vers la Cisjordanie est rendue inutilisable à cause des bombardements. Dans l’après-midi, l’offensive israélienne en Cisjordanie prend de l’ampleur, Ramallah est prise, et le roi Hussein retire ses forces de Cisjordanie et demande un cessez-le-feu.
Les Israéliens veulent retarder le cessez-le-feu, pour obtenir le plus de gains territoriaux possible. Ils posent comme condition la fin de l’état de guerre, voire un accord général de paix. Ils veulent éviter la répétition de 1956-1957.
Les Américains, eux, veulent éviter une confrontation avec les Soviétiques. À la fin de la journée du 6 juin, la délégation soviétique à l’ONU propose un cessez-le-feu sur place, prenant les Américains au dépourvu, lesquels sont obligés de suivre, et le Conseil de sécurité adopte à 16h30 la résolution 233 demandant un cessez-le-feu immédiat et la cessation de toutes les activités militaires. Il fut voté à l’unanimité.
L’Égypte refuse un cessez-le-feu sans engagement de retrait israélien. La Syrie et l’Irak adoptent la même position. Les Jordaniens interrompent leur retrait et tentent de revenir sur leurs position de départ.
Les Israéliens sont assurés de remporter la victoire. Mais ils doivent terminer la conquête avant que ne leur soit imposé le cessez-le-feu. Ils prennent Jérusalem sans attendre. « Les soldats israéliens se précipitent au Mur des lamentations suivis peu après de leurs généraux. Le rabbin Shlomo Goren, aumônier en chef de l’armée israélienne, en pleine crise d’exaltation messianique, propose que l’on détruise les mosquées du Haram al-Sharif. Les généraux refusent. »
Le rabbin veut construire le Troisième Temple sans attendre, mais Moshe Dayan s’y oppose.
Le comportement des parachutistes envers la population civile semble avoir été exemplaire. Mais les réservistes qui les remplacent et les habitants de la ville juive pillent et détruisent, en particulier les installations de l’ONU. Ils se livrent également à des déprédations scatologiques. « Tous les hôtels neufs, d’abord occupés par l’armée, furent totalement vidés. Souvent hôtels et maisons privées ont été honteusement souillés. »
Dans la foulée, ce qui reste de l’armée jordanienne en Cisjordanie est pratiquement détruit. L’armée israélienne prend Naplouse, Bethléem, Hébron. Arrivés au bord du Jourdain, les Israéliens font sauter les quatre ponts reliant les deux rives, sur ordre de Moshe Dayan. L’armée israélienne harcèle la population de Cisjordanie pour la pousser à partir.
L’Égypte accepte le cessez-le-feu le 9 juin, ce qui libère les forces armées d’Israël. Dans la nuit du 8 au 9 juin, Moshe Dayan donne l’ordre d’attaquer le Golan.
Au matin du 10 juin, Kossyguine transmet à Johnson un message exigeant un cessez-le-feu immédiat et évoque un éventuel recours à des mesures militaires.
L’administration Johnson envisageait depuis deux jours « les suites positives de la victoire israélienne. Les régimes radicaux arabes allaient être éliminés et des traités de paix entre Israël et les pays arabes allaient être rapidement conclus. Le contenu territorial de ces accords n’était pas très clair. Cette hypothèse supposait la disparition de la présence des Soviétiques au Moyen-Orient. Leur rôle croissant remet tout en cause. Washington fait donc savoir qu’il est urgent d’arrêter les opérations militaires. »
Les Israéliens décident de poursuivre l’offensive. Les Syriens, craignant une attaque contre Damas à travers le Liban, retirent des forces du Golan pour protéger la capitale. L’armée israélienne prend la principale ville du Golan, Kuneitra, qui est pillée.
Les militaires soviétiques envisagent alors la mise en état d’alerte des forces du pacte de Varsovie et le lancement d’un pont aérien à destination de la Syrie transportant des troupes, sans autorisation de traverser l’espace aérien turc et grec. Le ministre des Affaires étrangères soviétique, Andreï Gromyko, qui est affolé par cette prise de risque, propose la mesure limitée d’une rupture des relations diplomatiques avec Israël. Tout le bloc soviétique suit, en dehors de la Roumanie.
Les Américains font savoir à Israël que si la guerre se termine à la suite d’un ultimatum soviétique, ils perdront l’un des principaux bénéfices de la victoire. Le cessez-le-feu est officiellement établi à 18 heures le 10 juin, mais des unités israéliennes continuent de progresser en l’absence d’observateur de l’ONU pour certifier leurs positions. Ce n’est que le 26 juin que l’ONUST pourra définir la ligne de cessez-le-feu.

EXPANSION TERRITORIALE ET EXPULSION

Israël triple sa superficie, contrôle toute la Palestine. Dans le Golan, les populations qui n’ont pas fui pendant les combats sont expulsées dans les semaines suivantes, à l’exception de quelques villages druzes pour ménager les Druzes d’Israël. Les villages arabes du Golan sont systématiquement rasés dans les mois suivants. Le Golan syrien est ethniquement nettoyé de 90 % de ses habitants.
Au début du mois de juillet 1967, l’ambassade de France en Syrie fit la description suivante à partir du recoupement des témoignages des réfugiés et des renseignements fournis par les organisations internationales : « Les témoignages sont concordants en ce qui concerne le comportement des Israéliens à l’égard des habitants. Ceux-ci auraient été soumis à un pillage systématique. Ils auraient été dépouillés non seulement de leur argent, de leurs montres, de leurs bijoux, mais les maisons auraient été vidées de tout ce qui pouvait présenter un intérêt : poste de radio, frigidaire, équipement moderne. D’autre part, l’attitude des militaires israéliens aurait été nettement plus hostile à l’égard de la population civile qu’en Jordanie, sans doute sous l’influence de l’animosité spéciale qu’éprouvent les Israéliens contre la Syrie. Les observateurs attribuent à cette attitude le nombre des réfugiés qui ont abandonné la zone occupée. »[…]

Jean TERRIEN.