Rivarol n°3604 du 6/3/2024
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Editorial

Le Congrès constitutionnalise le crime des crimes !

DEPUIS CE LUNDI 4 MARS, peu avant dix-neuf heures, la France est désormais le premier pays au monde à avoir constitutionnalisé le « droit à l’avortement ». C’est pour les politiques et les journalistes unanimes une journée historique et magnifique. Les media en font des tonnes. On jubile, on s’excite, on s’enflamme, on se congratule. Près de cinquante ans après la loi Veil (17 janvier 1975), le Congrès réuni à Versailles, dans le palais de nos rois — souillé une nouvelle fois par la canaille républicaine et abortive —, a validé à une écrasante majorité l’inscription du massacre des innocents dans la Constitution. 780 parlementaires ont en effet voté pour et seulement 72 contre (soit moins de 10 % des votes exprimés : 50 LR, 11 RN sur 88, 6 centristes, 2 macronistes, 3 non-inscrits). 50 se sont courageusement abstenus. Il y avait en tout 902 votants pour 925 parlementaires (577 députés et 348 sénateurs). Dès l’annonce des résultats, salués par une longue salve d’applaudissements des parlementaires en transe, la Tour Eiffel a salué l’inscription de l’IVG dans la Constitution en scintillant plus tôt que prévu et en inscrivant au niveau de son premier étage en anglais “#MyBodyMyChoice”, « mon corps, mon choix », formule largement employée par les défenseurs du « droit à l’avortement ». Place du Trocadéro, où un écran géant avait été installé, une foule en liesse a salué le résultat du scrutin. Car l’excitation doit être interactive : tout un chacun doit montrer qu’il approuve avec enthousiasme et ferveur ce vote, qu’il s’en réjouit sans réserve. Si le texte avait été soumis à référendum, il ne fait hélas guère de doute qu’il aurait été approuvé massivement. Le Parisien a ainsi publié un sondage il y a quelques jours seulement indiquant que 80 % des Français sont favorables à la constitutionnalisation du « droit à l’avortement ». Le chiffre est malheureusement crédible.
Quelques minutes seulement après l’annonce des résultats, le président de la République, extatique, a annoncé sur Twitter la tenue d’une cérémonie ce vendredi 8 mars à 12 heures place Vendôme, date de la journée internationale des droits des femmes. « Fierté française, message universel », a-t-il écrit sur le réseau social peu après le vote solennel des parlementaires. « Célébrons ensemble l’entrée d’une nouvelle liberté garantie dans la Constitution par la première cérémonie de scellement de notre histoire ouverte au public », a-t-il ajouté. De même que l’on défile chaque année à la Gay Pride pour dire publiquement sa fierté d’être homosexuel ou transsexuel, il s’agit de dire aujourd’hui sa fierté de vivre dans un pays qui grave dans l’airain constitutionnel le massacre de masse des enfants à naître.

VOILÀ où nous en sommes. Voilà à quel degré de bassesse morale et d’indignité intellectuelle parviennent la quasi-totalité des élus de la nation, des publicistes, des décideurs, des influenceurs, des commentateurs. Présenter l’avortement comme un droit essentiel, comme une liberté fondamentale, comme une conquête fantastique, comme une avancée définitive alors qu’il s’agit objectivement d’une boucherie et d’une infamie, d’un meurtre délibéré et froidement exécuté montre que notre société est devenu un monde de sauvages et de barbares, d’assassins anonymes, de meurtriers de l’ombre. Apparemment propres sur eux et bien sous tous rapports, pianotant avec dextérité sur le clavier de leur ordinateur, calmes et souriants, mais des barbares quand même. Car l’avortement qui est actuellement remboursé à 100 % en France, jusqu’à quatorze semaines de grossesse, implique de fracasser le crâne du bébé, dût-on s’y prendre à plusieurs fois, d’aspirer le fœtus et de le jeter à la poubelle ou dans un crématoire, comme on se débarrasse négligemment d’un kleenex usagé.
Sandrine Rousseau, député du treizième arrondissement de Paris, était l’invitée de France Info ce lundi 4 mars au matin. Elle était jubilatoire à l’idée de voter en faveur de ce droit désormais constitutionnel. Et quelques minutes après, elle s’excitait à l’idée d’une planète en danger de mort. Autrement dit il faut s’inquiéter pour la survie du monde animal, végétal et minéral mais massacrer l’enfant à naître, le petit d’homme, le fruit de ses entrailles, ne pose aucune difficulté, aucun problème de conscience. Au contraire, c’est une liberté fondamentale, une conquête extraordinaire. On nous parle sans cesse de la pollution de la nature mais que dire de la pollution morale et spirituelle, de la pollution des cerveaux, de l’abdication des consciences, de la perte du sens moral, de la déspiritualisation de l’homme moderne qui, comme l’écrivait Bernanos, « a le cœur dur mais la tripe sensible » ? On insiste sur la nécessité impérative du tri des déchets mais que dire de la pourriture morale de notre société, de son degré de décomposition et de putréfaction ? Un monde qui tue ses enfants, et qui inscrit ce “droit” dans son texte fondamental, n’a pas d’avenir. Ce monde ne mérite pas de durer ni même d’exister.  

CETTE CONSTITUTIONNALISATION du crime des crimes, la mise à mort de l’innocence, de petits sans défense qui ont des bras, des jambes et un cœur qui bat et qui ne demande qu’à aimer et à être aimé, est l’ultime étape d’un processus d’un demi-siècle où l’on n’a eu de cesse de légaliser, de banaliser, de promouvoir l’horreur. En novembre 1974, l’affreuse Simone Veil, aujourd’hui panthéonisée, alors ministre de la Santé dans le gouvernement de Jacques Chirac,  présente devant les députés son projet de loi pour la légalisation de l’avortement. Le texte propose d’autoriser l’IVG dans un délai de 10 semaines de grossesse. Après 25 heures de discussions, les députés adoptent le projet de loi en première lecture, avec 284 voix pour et 189 voix contre. Le Sénat vote également le texte en première lecture le 14 décembre 1974. Après une adoption définitive par les deux chambres en commission mixte paritaire à la fin du mois de décembre, la loi Veil est promulguée le 17 janvier 1975. Elle entre d’abord en vigueur à titre expérimental, pour un délai de cinq ans, avant d’être reconduite sans limite de temps le 31 décembre 1979 (loi Pelletier). En 1982, l’avortement est remboursé (loi Roudy) comme on rembourse les médicaments pour une grippe ou une angine.
Et on va toujours plus loin dans l’horreur et la folie : le 27 janvier 1993, on crée un délit d’entrave à l’IVG (loi Neiertz) sanctionné de deux ans de prison ferme et de 30 000 euros d’amende. Réciter son chapelet ou chanter des cantiques à moins de trois cent mètres d’une clinique ou d’un hôpital pratiquant des IVG devient un délit. Le docteur Dor sera ainsi incarcéré pendant plusieurs mois pour avoir simplement récité le Rosaire à proximité d’un avortoir. Et il devra acquitter une amende astronomique pour s’être introduit pacifiquement dans un centre du planning familial en tenant dans ses mains deux petits chaussons blancs de nourrisson, ce qui aurait traumatisé et horrifié les permanentes du Planning ! En 2014, le délit est étendu aux « entraves à l’information sur l’IVG ». C’est le délit d’entrave numérique à l’IVG. Depuis 2017, les sites internet dissuadant de recourir à l’avortement sont également pénalisés et encourent exactement les mêmes sanctions que le « délit d’entrave à l’IVG ». En 2001, le délai pour avorter passe de dix à douze semaines de grossesse (loi Aubry). Depuis le 17 décembre 2012, l’avortement est remboursé à 100 %, contrairement à la plupart des actes médicaux. Au même moment, un amendement est voté pour permettre le remboursement à 100 % de la contraception pour les filles entre 15 et 18 ans. Le 4 août 2014, la notion de “détresse”, indiquée dans la loi Veil pour mieux faire passer la pilule, si j’ose dire, est supprimée. Le 2 mars 2022, le délai pour avorter est encore allongé et passe de douze à quatorze semaines de grossesse. Depuis cette date, les IVG médicamenteuses peuvent être réalisées en téléconsultation et le délai minimum de réflexion entre l’entretien psycho-social et le recueil du consentement pour un avortement est supprimé. Et dans la foulée de la constitutionnalisation du « droit à l’avortement », le gouvernement a pris un décret permettant désormais aux sages-femmes de pratiquer non plus seulement des IVG médicamenteuses mais également des IVG chirurgicales, ce afin de faciliter et de favoriser par tous les moyens l’accès à l’avortement.

LA PROMOTION DU VICE et de la culture de mort est permanente et va toujours plus loin. L’inverti Gabriel Attal a ainsi nommé le 8 février 2024 une lesbienne revendiquée de 34 ans ministre de la Famille. Quelle provocation ! Sarah El Haïry, homosexuelle musulmane (sic !) d’origine marocaine, actuellement enceinte par PMA (!), a en effet été nommée ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles. Elle était déjà secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et du Service national universel du 4 juillet 2022 au 20 juillet 2023 dans le gouvernement d’une autre lesbienne, mais plus discrète celle-là, Elisabeth Borne, née Bornstein. Neuf jours plus tôt, à la fin de sa déclaration de politique générale à la tribune de l’Assemblée nationale, le 30 janvier dernier, Gabriel Attal avait déjà osé déclarer : « Etre Français en 2024, c’est — dans un pays qui, il y a dix ans seulement, se déchirait autour du mariage pour tous — pouvoir être Premier ministre en assumant son homosexualité. » Et le pire, c’est qu’immédiatement après cette déclaration d’une impudeur, d’une immoralité et d’une indécence absolues, la quasi-totalité des députés des différents groupes et bancs du Palais-Bourbon se sont levés comme un seul homme pour l’applaudir longuement et à tout rompre. Comme les parlementaires ont applaudi pendant de longues minutes à Versailles ce 4 mars l’infanticide constitutionnalisé. Peut-on aller plus loin dans l’abjection et dans le crime ?
Quand on pense qu’en 1999, au moment du vote du Pacs, à l’époque du gouvernement de gauche plurielle, alors dirigé par Lionel Jospin, des députés socialistes de circonscriptions rurales s’étaient fait porter pâles plutôt que de voter un texte qui allait contre leur conscience et leurs convictions, on mesure le chemin parcouru. En seulement un quart de siècle. D’ailleurs, à l’époque, il y avait eu des manifestations massives et spontanées contre le Pacs. Ce serait inimaginable aujourd’hui. Au reste, plusieurs centaines de milliers de Français se pacsent désormais chaque année. 95 % d’entre eux sont hétérosexuels et ne sont nullement indisposés d’avoir recours à un dispositif législatif créé à l’origine par et pour les invertis. Le mariage civil tend de plus en plus dans les faits à se dissoudre dans le Pacs. Quant aux manifestations, encore plus massives, contre le « mariage pour tous » en 2012 et 2013, où plusieurs millions de personnes ont défilé dans les rues, se faisant gazer et bousculer pour certaines d’entre elles par des forces de l’ordre (ou plutôt du désordre moral) particulièrement zélées, elles seraient aujourd’hui impensables. Christiane Taubira, à l’origine de ce projet de loi détestable et contre-nature, pouvait hélas à raison dire l’année dernière, au moment des dix ans de la promulgation du “mariage” pour les “couples” sodomites et saphiques que « la société française a digéré le mariage pour tous ». C’est malheureusement incontestable. Et s’il y avait aujourd’hui un référendum sur cette question, il ne fait guère de doute que le corps électoral approuverait largement cette innovation législative et “civilisationnelle” qui est en réalité une ignominie sans nom et une abjection absolue.

ON NE CESSE d’en rajouter dans l’indécence et la folie. Une proposition de loi  portant « réparation des personnes condamnées pour homosexualité entre 1945 et 1982 » (sic !) a en effet été examinée par la commission des lois de l’Assemblée nationale le mercredi 28 février. Le texte a déjà été adopté en première lecture au Sénat, dans une version légèrement différente de celui présenté à l’origine. Le sénateur socialiste Hussein Bourgi a en effet décidé de déposer une proposition de loi destinée à réhabiliter les personnes condamnées. « Bien que la réalité de la répression des personnes homosexuelles, lesbiennes, bisexuelles et transidentitaires (sic !) soit documentée par de multiples travaux de juristes, historiens et sociologues reconnus, la France n’a pas encore admis sa responsabilité en la matière et n’est pas même en mesure d’établir le nombre exact de victimes de ces lois discriminatoires », déplore l’élu dans l’exposé des motifs du texte. Hussein Bourgi propose également d’instaurer une commission indépendante visant à les indemniser, à hauteur de 10 000 euros. Le texte prévoit en outre la création d’un délit pénal réprimant la négation de la déportation subie par les personnes LGBT au cours de la Seconde Guerre mondiale, avec des peines fixées à un an d’emprisonnement et à 45 000 euros d’amende. Encore un délit d’opinion, un de plus, on n’en sort pas ! L’air devient de plus en plus irrespirable. L’oxygène manque à nos poumons. La proposition de loi défendue par Hervé Saulignac (Socialistes) au Palais-Bourbon sera à l’ordre du jour de l’hémicycle de l’Assemblée nationale ce mercredi 6 mars.
Les parlementaires décidément ne chôment pas : le lundi 4 mars ils constitutionnalisent le « droit à l’avortement », le mardi 5 mars ils aggravent la répression de ce qu’ils appellent le racisme, l’antisémitisme et le négationnisme pour mettre au trou, et plus vite que ça, les délinquants de la pensée et le mercredi 6 mars ils examinent une proposition de loi pour réparer moralement et financièrement les “persécutions” passées des homosexuels dans notre pays et introduire un nouveau délit d’opinion. Les élus de la République ont vraiment le sens des priorités et le souci du bien commun ! Une proposition de loi visant à renforcer les sanctions pénales pour les « délits racistes, antisémites ou négationnistes » est en effet présentée à l’Assemblée Nationale ce mardi 5 mars. Il s’agit de permettre aux tribunaux d’émettre des mandats de dépôt dès les jugements de première instance, alors que jusque-là, en matière de droit de la presse, l’incarcération n’était possible qu’après un jugement définitif (c’est-à-dire en général après le rejet d’un pourvoi en cassation). L’initiative émane de Mathieu Lefèvre, député Renaissance et président du groupe d’amitié parlementaire France-Israël, cela ne s’invente pas !

TOUS LES PARTIS politiques représentés au Parlement sont désormais acquis à l’avortement et même à sa constitutionnalisation, de la France insoumise au Rassemblement national. Preuve qu’il n’y a plus de droite en France car historiquement la droite (authentique) défendait la vie, la nation, la religion, la civilisation, la morale naturelle et la famille traditionnelle. « Nous voterons pour la constitutionnalisation de l’IVG même si personne en France ne met en danger son accès. Cette constitutionnalisation est peut-être la seule “victoire” qu’Emmanuel Macron aura à mettre sur son bilan au bout de dix ans », a déclaré fière d’elle Marine Le Pen à Versailles. C’est le député RN, Hélène Laporte, qui a pris la parole au nom du groupe RN à l’Assemblée nationale, qui a confirmé le vote du RN en faveur de la constitutionnalisation du « droit à l’avortement » et qui a même reproché dans son discours aux macronistes de ne pas être assez sectaires envers les “anti-IVG” au Parlement européen, preuve que le RN a définitivement et totalement basculé du côté de la culture de mort. En quoi est-il une alternative à Macron puisqu’il en partage totalement la détestable vision de l’homme, du monde, de la vie, de la famille ?
Savez-vous par ailleurs qu’au Sénat, le mercredi 28 février, les trois sénateurs RN (Aymeric Durox, Joshua Hochart, Christopher Szczurek) ont non seulement voté comme un seul homme pour la constitutionnalisation du « droit à l’avortement » mais de plus se sont prononcés contre l’amendement du sénateur Alain Milon visant à ajouter dans le texte la garantie de la clause de conscience pour les médecins concernant l’avortement, afin que les professionnels de santé ne soient pas tenus de pratiquer l’IVG ou d’y concourir. Car maintenant que l’avortement est un droit constitutionnel, on peut s’inquiéter sérieusement sur la pérennité de cette clause de conscience. Mais il est vrai qu’avec le Rassemblement National de Jordan Bardella et Marine Le Pen, tous les reniements sont permis et même recommandés. Le 15 février dernier, le président du RN a ainsi pris la parole lors d’un déjeuner devant les francs-maçons de la Grande Loge Nationale Française (GLNF), selon les informations fournies par Le Canard enchaîné (en date du 21 février). Les agapes — 85 euros le couvert — se tenaient au Cercle de l’union interalliée, rue du Faubourg Saint-Honoré, à Paris. Médias Presse Info rappelait, dans le même ordre d’idées, que le même Jordan Bardella est un intime du transhumaniste Laurent Alexandre qui est devenu depuis plus d’un an l’un de ses conseillers de l’ombre. Qui dit mieux ?

QU’IL EST LOIN le temps où le Front national souhaitait inscrire dans la Constitution française l’accueil et le respect de la vie de la conception à la mort naturelle. Aujourd’hui le RN fait tout le contraire. Il vote pour la constitutionnalisation du génocide des enfants à naître et votera très probablement demain de la même façon pour la légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie active. Et dire qu’il est encore des personnes pour oser dire que le FN n’a pas fondamentalement changé sur le fond ! Qu’il est loin le temps où le docteur Xavier Dor, aujourd’hui décédé, tenait aux BBR un stand de son association SOS Tout-Petits et se promenait dans les allées de la pelouse de Reuilly avec un autocollant collé sur sa veste et où l’on pouvait lire en toutes lettres : « Pour l’abrogation de la loi Veil ».
Qu’il est loin le temps où le Front national faisait figurer explicitement dans son programme de gouvernement l’abrogation de la législation actuelle sur l’avortement, tant dans le livre Pour la France (1985) que dans les 300 mesures pour la renaissance de la France (1993) que dans Pour un avenir français (2002) !  En quelques années de marinisme, on est passé d’un mouvement défendant la vie, la famille et la nation à un parti homosexualiste, abortif, philo-franc-maçon, philosémite et ultra-sioniste. Si le mot trahison a un sens, il s’applique parfaitement à Marine Le Pen et à ses sbires. Et que dire de l’ex-journaliste quinquagénaire Caroline Parmentier qui, dans feu le quotidien Présent, rédigeait des articles pour la vie et contre la loi Veil et qui désormais qu’elle est député mariniste s’abstient courageusement dans le vote visant à inscrire dans le marbre constitutionnel l’assassinat de masse des bébés à naître ? Il est vrai que Parmentier avait déjà participé, en juin 2022, avec sa ceinture tricolore, à la cérémonie d’érection d’une statue de Simone Veil à Béthune dont elle venait d’être élue de la circonscription. Que valent ses engagements, ses convictions si, une fois élue du RN, elle les abdique, les trahit, les renie complètement ? Et sans même donner une once d’explication.  Sont-ce là les fruits de feu Jean Madiran qui a tant vanté, tant promu, tant encensé Caroline Parmentier (qui était vraiment sa chouchoute) dans Présent pendant des années, un quotidien vespéral qui avait officiellement pour devise le triptyque de saint Eloi Dieu-Famille-Patrie et qui faisait sienne la profession de foi de sainte Jeanne d’Arc « Dieu premier servi » ? L’imposture, la tartuferie et le mensonge atteignent décidément des niveaux inouïs. Si les gens sincères, droits et honnêtes savaient la vérité, toute la vérité, sur la plupart des personnalités du milieu qui occupent des positions publiques, souvent de premier plan, ils seraient indignés, écœurés et dégoûtés par la réalité de leurs mœurs et par leur absence totale de convictions, de principes et de vertus, par leur cynisme éhonté voire par leur totale duplicité, leur double ou triple vie. Comment s’étonner dans ces conditions que tout aille toujours de mal en pis ?

RÉPÉTONS-LE plus que jamais, il faut se garder de mettre sa confiance et ses espoirs dans les organisations, les publications ou les hommes qui peuvent changer, trahir, se renier ou révéler leur véritable nature. Il faut au contraire contre vents et marées maintenir les principes, défendre la vie et la vérité, vivre en cohérence avec ses convictions et ses certitudes. Et rappeler qu’il n’est rien de plus beau au monde et rien de plus rassérénant qu’un tout petit qui sourit à ses parents, leur tend les bras, rit aux éclats, babille, dodeline de la tête, qui apprendra peu à peu à marcher, à parler, à compter, à chanter, à prier, qui découvre le monde extérieur, s’émerveille d’un rien, est curieux de tout et qui fait le bonheur de ses proches, de ses géniteurs, de ses frères et sœurs par le simple fait qu’il est là, qu’on peut le caresser, le bercer, le protéger, l’embrasser, l’étreindre, le consoler lorsqu’il se met à pleurer, lui sourire lorsqu’il tend à vagir, l’encourager, le langer, lui entonner une mélodie à la douce mélancolie, lui donner à boire et à manger, admirer ses petites mains, ses petits pieds, ses petits poignets qui s’agitent, le relever lorsqu’il est tombé, s’étonner que deux êtres humains, sans qu’ils le comprennent totalement, mettent au monde, grâce à Dieu, par leur amour réciproque, un petit d’homme, un ange qui est une joie, une bénédiction et une promesse, qui montre que l’amour est diffusif de lui-même, que la vie malgré tout est belle et qu’elle mérite d’être vécue pleinement, intensément, mordue à pleines dents, que les moments partagés, vécus ensemble rendent plus forts, qu’il n’est rien de plus noble et de plus nécessaire que d’aimer et d’être aimé, que de se donner tant il est vrai que c’est en se donnant qu’on reçoit au centuple et qu’aimer tendrement, passionnément, librement, sincèrement est la seule chose à la mesure de l’homme créé et racheté par Dieu. Cela seul en effet donne sens à la vie et fait éprouver dès ici-bas, malgré les vicissitudes, les peines et les difficultés de l’existence, le goût du bonheur et déjà comme une forme d’accomplissement et de rassasiement, de plénitude et de béatitude. […]

RIVAROL,<jeromebourbon@yahoo.fr>.

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Billet hebdomadaire

Le rôle de Poutine dans le cinéma arc-en-ciel

Pendant les travaux le cinéma reste ouvert et la vente continue, on le sait depuis l’invention du mois d’août. C’est pareil pour la révolution arc-en-ciel : pendant qu’elle avance, le train-train de la politique et de la géopolitique ne s’arrête pas. C’est cela sa caractéristique, sa découverte et sa force : tenir compte de la vie des hommes et des sociétés, s’en servir sans les interrompre pour s’étendre. La guerre en Ukraine m’en semble un bon exemple. Depuis deux ans que l’armée russe a envahi l’Ukraine, beaucoup d’amis de la nation française se déchirent, prenant avec passion parti pour l’un ou l’autre des belligérants. J’ai proclamé tout de suite le devoir d’indifférence, pour la raison suivante : en Ukraine le combat géopolitique de type classique se double d’un épisode de la révolution arc-en-ciel. En regardant froidement les deux, on s’aperçoit que la France n’avait aucun intérêt à prendre parti.
Pour situer correctement la guerre classique, rappelons quelques données historiques. Oui, une bonne part des Ukrainiens est liée à la Russie par des liens d’amitiés et de famille, oui Kiev fut le berceau de la Rous des Varègues, mais non, toutes les conséquences qu’en tire Poutine ne sont pas justes, et sa conception indéfiniment expansive de la Russie n’est pas raisonnable. En particulier, l’Ukraine, terre de frontières, a été séparée de la Russie durant des siècles, passant sous domination lituanienne et polonaise, et se trouve diversement peuplée. L’histoire récente a suivi. Poutine a raison de dire que la cession de la Crimée à l’Ukraine en 1955 est une lubie de Khrouchtchev, que, gagnée par Catherine II sur l’Ottoman, elle est depuis longtemps le siège de la flotte russe de mer Noire. Il relève sans erreur qu’Odessa, ville cosmopolite, fut fondée par les Tsars, et que deux Oblasts de l’Est sont peuplés de Russes. Mais il est tout aussi vrai que beaucoup d’Ukrainiens ne se sentent pas Russes, que ce n’est pas nouveau, qu’ils se sont dressés contre Moscou en 1941 aux côtés de la Wehrmacht. Que c’est à la suite des famines organisées par les Soviétiques que des oblasts aujourd’hui russes ont été vidés de leur population ukrainienne pour être repeuplés, et qu’il est difficile, dans ce cas, pour Poutine, d’invoquer légitimement l’histoire pour justifier ses revendications, lui qui, tout en condamnant les principes destructeurs de Lénine, fonde sa vision géopolitique sur le mythe stalinien de la Grande Guerre patriotique. Même si l’on pense que Poutine n’a aucune visée territoriale en Europe occidentale, on ne peut nier qu’il a mis la main sur la Géorgie, qu’il n’est pas sourd aux demandes de la Transnistrie, et qu’il n’a jamais renié le peuplement forcé commencé par les Bolchéviques des Pays Baltes. On doit comprendre la méfiance active de tous les pays d’Europe de l’Est, ils ont payé pour savoir ce qu’est l’impérialisme non seulement soviétique, mais russe. Laisser la Russie dépasser les bornes serait une erreur.


D’un autre côté, comment nier que les Etats-Unis et leurs vassaux de l’OTAN ont profité de la déliquescence de l’Union soviétique pour pousser leurs pions partout dans les années 1990 et 2000, notamment au Proche-Orient avec les désastreuses guerres du Golfe et d’Irak, suivies de l’agression contre la Syrie et les printemps arabes, les révolutions de couleur. Dans ce contexte, les agressions russes en Afrique peuvent être regardées comme la réponse du berger à la bergère. En ce qui regarde l’Ukraine, les services américains et les ONG qui leur servent ont beaucoup grenouillé. L’affaire de la place Maïdan n’est en rien une révolution spontanée. L’installation de Zelinsky fut une affaire américaine qui comporte toutes sortes d’intentions, de projets et d’intérêts. Ses compatriotes en espéraient la paix, il les a menés à la guerre. Ce juif askhénaze, né dans une famille russophone d’une zone russophone, qui a fait tout le début de sa carrière de comique en russe parce que, selon ses propres mots, « il pensait plus rapidement dans cette langue » apprise dans l’enfance, s’est mis au service d’une politique d’intransigeance aux conséquences terribles. Il a mené une guerre sans merci contre les “séparatistes” des Oblasts de l’Est au nom du principe de l’intangibilité des frontières, dont il n’est pas question ici de méconnaître la valeur, mais dont toute l’histoire, même récente, montre qu’il n’est pas absolu. L’URSS, dont Poutine se veut l’héritier, l’a amplement montré en 1944, les Etats issus de la décolonisation aussi : si l’on avait respecté en 1962 l’intangibilité des frontières, l’Algérie serait toujours française. Ne parlons même pas d’Israël. Le principe d’intangibilité des frontières s’oppose au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, et on ne les invoque pas en même temps. En 1944, Staline a conquis la Prusse orientale sans tenir compte de l’ethnie, de la civilisation, ni du droit des peuples. En 2024, Poutine, s’il prenait à quiconque l’improbable fantaisie de conquérir l’enclave de Kaliningrad, y opposerait à la fois l’intangibilité des frontières et la nouvelle situation historique créée depuis 1945.
Cela nous rappelle que derrière le droit international se dessinent la peur, la force, l’intérêt, l’espoir, la réalité humaine. Manifestement, la sagesse commandait donc depuis huit ans une approche diplomatique, telle que la recommandait un François Fillon. Elle aurait débouché sur des compromis réciproques. N’ayant pas démantelé la Russie quand il en avait l’occasion, dans les années 1990, l’empire anglo-saxon appuyé sur l’OTAN devait traiter avec elle. Mais l’appât du gain, l’exaltation idéologique qu’il ne faut pas sous-estimer chez les gardiens auto-proclamés de la “liberté”, et la soif d’asservir l’Europe par le biais de l’OTAN et de l’Union européenne, ont entraîné les Etats-Unis et leur pion ukrainien dans un bellicisme maximaliste. Des actes, tels que le sabotage en 2022 des gazoducs Nord Stream I et II reliant la Russie à l’Allemagne en mer Baltique au large des côtes suédoises, montrent cette détermination. Quoique Moscou ait été accusé, et que trois enquêtes judiciaires aient été lancées par trois pays, l’Allemagne, le Danemark et la Suède, celle-ci vient de clore la sienne en concluant qu’elle n’était pas de sa compétence mais en livrant des “éléments” qui peuvent « servir de preuve » à l’enquête allemande. Et une enquête journalistique conjointe du Washington Post et du Spiegel a clairement désigné l’auteur de l’acte : l’Ukraine, par la main de ses services secrets.


On doit noter que la guerre a été délibérément décidée non seulement par les Etats-Unis, mais par l’Union européenne. Avant qu’Ursula Von der Leyen ne s’autorise, par une usurpation de plus, à financer l’effort de guerre sur le budget de l’UE, les deux poids lourds de l’Union, la France et l’Allemagne, n’avaient garanti en 2015 les accords de Minsk II, conçus pour régler le différend des oblasts de l’Est, que dans l’intention de gagner du temps, François Hollande et Angela Merkel l’ont avoué depuis. Malgré leurs propagandes respectives, la Russie et le bloc OTAN sont donc entrés d’un commun accord dans la guerre. C’est pourquoi certains militaires anglais sont hypocrites quand ils demandent le limogeage du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, parce qu’il a donné le feu vert à l’Ukraine pour utiliser les avions F16 qu’on lui a fournis. C’est pourquoi aussi les cris d’orfraie poussés par la classe politique française et internationale après les propos d’Emmanuel Macron sur l’envoi de troupes en Ukraine qui ne serait pas “exclu” sont vains. Il n’a montré ici nulle « inquiétante légèreté » de « va-t-en guerre ». Il a révélé la vérité : nous sommes en guerre. L’Occident a choisi la voie de la guerre économique contre la Russie et de l’aide financière et militaire à l’Ukraine, incluant matériels et formation. Il est donc sorti de la neutralité en faveur d’un des belligérants, ce qui voilà encore peu de temps lui aurait donné un statut de cobelligérant. Plus, il n’a jamais poussé Kiev à négocier avec Moscou. Ce qui est reproché aujourd’hui à Macron est pratiqué par tous, à droite et à gauche, depuis deux ans. Les fuites provenant de l’armée allemande montrent que Berlin fait même bien pire. La seule légèreté, la seule folie, est de ne pas admettre la gravité de la politique choisie, qui implique une adaptation de notre vie à la guerre, comme aux pandémies et au réchauffement. Qui implique notamment, notre collègue Rochette l’explique depuis longtemps, un passage à l’économie de guerre, c’est-à-dire socialisée et intégralement surveillée.
[…]

HANNIBAL.