Rivarol n°3606 du 20/3/2024
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Rivarol n°3606 du 20/3/2024 (Papier)

Editorial

“Antisémitisme” à Sciences-Po : encore une odieuse manipulation !

C’EST DEVENU une affaire d’Etat ! Mardi 12 mars au matin, une militante de l’UEJF (Union des étudiants juifs de France) s’est plainte d’avoir été empêchée de rentrer dans un amphithéâtre de Sciences-Po Paris où se tenait une manifestation estudiantine pro-palestinienne. Aussitôt, avant même que les dires de cette jeune femme soient vérifiés (les militants de l’UEJF sont connus pour être des provocateurs et traiter d’antisémites tous ceux qui ne cautionnent pas le génocide en cours à Gaza), les media s’enflamment (Le Parisien consacre quatre pleines pages et un éditorial dans son édition du 14 mars à cette affaire qui n’en est pas une, mais il est vrai qu’on n’en fait jamais assez dans la lutte contre le prétendu antisémitisme !), la classe politique s’emballe, les pouvoirs publics éructent. C’est l’hystérie. C’est l’hallali. Lors du Conseil des ministres du mercredi 13 mars, le président de la République s’étrangle : « Une jeune femme juive a été interdite d’accès et victime de propos antisémites. Il est intolérable qu’il y ait du séparatisme dans la République et à Sciences-Po ». Le même jour, le Premier ministre s’invite au conseil d’administration de l’établissement sis rue Saint-Guillaume dans le septième arrondissement de la capitale. Le Premier ministre se montre véhément, impitoyable, menaçant : « Le poisson pourrit toujours par la tête » ose-t-il déclarer, arrogant et péremptoire. Cet inverti revendiqué ferait bien de se regarder. Stigmatisant une « dérive, liée à une minorité agissante et dangereuse » qui agirait impunément dans « cette très grande fierté » qu’est l’école créée il y a plus de cent-cinquante ans, le chef du gouvernement annonce la nomination d’un administrateur provisoire et l’inscription dans le contrat de la future direction du « respect des valeurs de la République et de la liberté d’expression ».  On sait ce que cela veut dire : l’antisionisme étant assimilé à l’antisémitisme  — comme d’ailleurs depuis plus longtemps le révisionnisme historique —, la liberté d’expression ne vaut pas pour ceux qui dénoncent le génocide actuel à Gaza car leur attitude est contraire aux valeurs de la République.
En effet, l’entité sioniste, l’armée sioniste luttent à leur manière contre l’antisémitisme dans la bande de Gaza. Ils répondent aux prétendus “pogroms” du 7 octobre 2023 en anéantissant, en exterminant tout un peuple, en l’affamant, en le bombardant, en le torturant de toutes les manières, en le privant de soins, de médicaments, d’anesthésiants, d’analgésiques, en l’enfermant dans un minuscule territoire surpeuplé avec un blocus total, à la fois terrestre, maritime et aérien. Le stade suprême de la lutte contre l’antisémitisme, c’est la perpétration d’un génocide contre tout un peuple désarmé, avec une prédilection particulière pour massacrer les femmes et les enfants qui sont les premières victimes en nombre des bombardements israéliens et des privations extrêmes et inhumaines imposées à tout un peuple par l’entité juive en Palestine occupée. Mais on ne peut dénoncer ce génocide sans être suspecté ou accusé d’antisémitisme. C’est là une manœuvre d’intimidation morale et de terrorisme intellectuel dont est friand l’ignoble lobby judéo-sioniste et qui malheureusement fonctionne avec une redoutable efficacité.
A l’instar du chef de l’Etat et du Premier ministre, Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur, dénonce dans Le Parisien du 14 mars (qui ose titrer sur « une affaire d’Etat »  et « les dérives d’une grande école ») des « actes antisémites ». « J’ai vu ces derniers jours des manifestations et des actes totalement intolérables. Des lignes rouges ont été franchies dans cette école. Les premiers responsables sont les auteurs d’actes qui ne respectent pas les principes de la République, ni les droits des autres quand ils font preuve de discrimination, d’actes ou de propos antisémites, quelle que soit leur forme. » Et Retailleau de rappeler que, dès le 9 octobre 2023, elle avait « écrit à tous les chefs d’établissement, travaillé avec tous les référents antisémitismes (sic !) de l’enseignement supérieur pour lutter contre ce risque de séparatisme. » Et d’évoquer la mise en place « d’un plan d’action de Sciences-Po pour les trois ans à venir ». Cela passera par une « charte, à l’attention des associations qui organisent ces débats, où elles s’engageraient à respecter la liberté d’expression, de débat, avec des règles de prises de parole à fixer, et sans débordements. » On a compris, ce n’est pas la peine de faire un dessin. Les pouvoirs publics imposent la censure et l’autocensure des étudiants, et de tout un chacun, pour complaire à un certain Lobby aussi puissant que nocif, selon l’expression de feu François Mitterrand.

LE PROBLÈME, c’est que tout est faux dans cette histoire, comme d’habitude dans ce genre d’affaires montées médiatiquement et politiquement de toutes pièces et qui conduisent à la mise en œuvre de décisions et de législations toujours plus liberticides. En réalité, cette militante de l’UEJF n’a nullement été traitée de juive ou de sioniste et elle a même pu assister à la réunion incriminée, comme elle le reconnaît elle-même dans une interview au Parisien du 14 mars. « Je ne l’ai pas entendu moi-même (le fait d’être traitée de juive ou de sioniste). Mais quelqu’un m’a dit (sic !) qu’un participant avait lancé : “La laissez pas entrer, c’est une sioniste” ». En réalité, cette étudiante de l’UEJF est connue pour filmer des réunions pro-palestiniennes et mettre les photos sur les réseaux sociaux sans le consentement des personnes filmées à leur insu au moyen d’un téléphone portable, ce qui aboutit à un cyber-harcèlement constant et agressif des militants et sympathisants pro-palestiniens de la part d’organisations sionistes qui sont coutumières de ces méthodes infâmes, et qui vont même jusqu’à contacter les employeurs de ces militants pour leur faire perdre leur travail et plus généralement pour leur pourrir la vie au quotidien — çà, ils savent faire. Il est vrai qu’ils ont l’exemple sous leurs yeux de Netanyahu et de ses spadassins vis-à-vis des habitants de Gaza ! — « Filmer peut mettre en danger les intervenants, les organisateurs et même les participants, confie une étudiante au Parisien. Certains ont reçu des menaces. On s’était plaints de son attitude de façon répétée à la direction mais elle n’a rien fait. L’origine de toutes ces tensions vient du fait qu’on nous empêche de parler du génocide qui se déroule actuellement à Gaza. » La direction de Sciences-Po a interdit en effet aux étudiants de faire une minute de silence pour Gaza. En revanche, les minutes de silence après le 7 octobre en faveur des Israéliens ont pourtant été légion. Vous avez dit deux poids deux mesures ?
Quatre militants de l’UEJF ont même pu participer en entier à la réunion pro-palestinienne dans l’amphithéâtre de Sciences-Po. La jeune femme n’a pas été traitée de juive ou de sioniste. En tout cas, elle ne l’a pas entendu elle-même et elle a même pu assister à la réunion, même si elle a préféré, dit-elle au Parisien, en partir avant la fin car l’ambiance, selon elle, était lourde.

AUTREMENT DIT, dans ce dossier, il n’y a rien. Absolument rien. C’est un non-événement. Et pourtant on en fait une affaire d’Etat. Le ministère de l’Enseignement supérieur a fait un signalement au procureur de la République sur le fondement de l’article 40 (sur la commission d’un crime ou d’un délit) « pour faire toute la lumière sur les propos à caractère antisémite tenus à l’encontre d’une étudiante, comme sur l’entrave à l’accès à l’amphithéâtre. En parallèle, une enquête disciplinaire interne a été lancée. Des éléments, des témoignages directs ont été collectés dans ce sens » (dixit Sylvie Retailleau). Le chef de l’Etat, le Premier ministre et le ministre de l’Enseignement supérieur font des déclarations péremptoires, le menton en avant, alors qu’ils ne savent rien du fait dont ils parlent avec une rare imprudence et une grande légèreté. Aucune enquête n’a été menée mais déjà on connaît les coupables : l’antisémitisme. Comme à Carpentras en 1990. Comme dans toutes les fausses agressions antisémites qui ont eu lieu ces dernières années.
Cette hystérie des pouvoirs publics, des politiques, des media, des publicistes est insupportable et dangereuse car elle étouffe, interdit, criminalise le libre débat sur la politique de l’Etat d’Israël, crée un climat de judéoservilité et de judéolâtrie qui empoisonne les cœurs et les consciences, lobotomise les cerveaux, menace la paix sociale, crée une censure et une autocensure mortifères. Il faut s’y opposer de toutes ses forces, sauf à renoncer à être et à rester un homme et un esprit libres.  […]

RIVAROL,<jeromebourbon@yahoo.fr>.

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Billet hebdomadaire

L’aide à mourir pour tous constitue-t-elle d’ores et déjà une incitation au suicide ?

Après plusieurs années de préparation mentale, d’acclimatation collective, de défrichage spirituel et cognitif, dont 7 années de propagande politique organisée par la Macronie, c’est le roi des pantins lui-même, Emmanuel Macron, qui s’est lancé le premier, témoin en main déjà prêt à le présenter au relayeur législatif, dans le dernier tour de piste devant préparer la légalisation et l’institutionnalisation de l’euthanasie et du suicide assisté.
De l’eau a coulé sous les ponts depuis l’ouverture du débat sur la libéralisation et la démocratisation de la mort volontaire le 20 décembre 1999. Il y a vingt-cinq ans, la société française n’avait pas encore été suffisamment travaillée sur cette thématique “sociétale” pour qu’elle pût accepter une loi légalisant l’assistance au suicide et l’euthanasie généralisée. Mais il semble que cette année 1999 fut dotée d’un poids symbolique certain pour les francs-maçons qui ont planché les tout premiers sur la question, comme ils l’avaient fait trente voire quarante ans en arrière sur l’avortement et les moyens d’imposer sa légalisation dans une société jugée encore rétrograde. La société devait donc être prête pour accueillir non ce qui va réellement proliférer bientôt en elle mais une idée quelque peu idéalisée, sinon fantasmée, par une masse dupée, trompée par des décennies de mensonges et d’inversion axiologique.
L’entrée en jeu du président de la République nous renseigne sur le niveau de résistance auquel est descendu le pays réel. Il est certain qu’Emmanuel Macron n’entrerait pas ainsi en scène s’il n’était pas assuré que le camp (qui est cependant loin d’être homogène, que ce soit sur les plans spirituel, moral, idéologique) luttant contre ce qu’il faut bien appeler la culture de mort n’était pas désarmé, anémié, désorganisé, à terre, et sans relais médiatiques importants. Nous ne parlons même pas du personnel politique dans son ensemble qui n’est qu’une vaste farce, qu’une foule de comédiens minables ne possédant, pour aucun d’entre eux, une once d’indépendance, une flammette de courage, ne serait-ce qu’un brin d’insolence. Rien ! Ces gens médiocres, d’une rare vénalité, ne sont ni plus ni moins que des figurants vides de sens dont l’unique fonction est de paraître en jouant les contempteurs dans une opposition de papier en lisant une partition écrite par d’autres.

LA DISPARITION DE TOUTE OPPOSITION VÉRITABLE

La seule mouvance politique qui défendait encore hier, ou plutôt avant-hier, certes timidement, la vie des enfants à naître, la famille, et qui s’inquiétait de la progression exponentielle de la culture de mort, le Front National d’avant, de l’autre génération, d’une autre génération, a disparu dans une apocalypse cognitive. Il y a presque quinze ans maintenant, j’écrivais dans les colonnes de RIVAROL que le nouveau Front National, alors en voie de métamorphose, allait servir le système non seulement dans une configuration renouvelée du Choc des civilisations mais aussi (et c’est cela qui nous intéresse ici) dans l’acceptation progressive de la culture de mort (soit le “progressisme” selon nos élites) de l’ensemble de la société en incitant les électeurs, les sympathisants et les militants du parti lepéniste de faire leur ledit progressisme par stratégie électorale, pour effacer l’image “talibanesque” de la vieille extrême droite, pour donner un gros coup de jeune au parti, pour ne pas repousser les jeunes générations, car, vomissaient partout les cadres du néo-FN, c’est ainsi que l’on sauvera la France ! Pas de critique de l’homosexualisme militant, pas de critique de l’avortement industriel (on voit où cela a mené), pas de critique contre la loi à venir sur le suicide “assisté” et sur l’euthanasie. L’altération idéologique du FN/RN est l’une des clefs de la victoire totale de la culture de mort contre la culture de vie et de bon sens.
La situation sur le front de la vérité et de la salubrité publique est aujourd’hui d’autant plus grave qu’il n’existe même plus de grandes personnalités publiques en mesure de peser positivement sur l’opinion publique, décidément de plus en plus semblable à un paillasson crotté ou à un crachoir qui déborde.

LE COUP DE GRÂCE D’EMMANUEL MACRON

Si bien que notre gracieux président a pu déclarer tranquillement, un dimanche (en se moquant ainsi de la majorité des Français), le 10 mars, aussi bien dans Libération que dans La Croix (cette formidable imposture pseudo-catholique) qu’un projet de loi ouvrant une « aide à mourir » sous « des conditions strictes », osait-il précautionneusement, serait présenté en avril en conseil des ministres.
Comme aux temps de la préparation mentale des masses qu’il fallait travailler et tromper pour leur faire accepter d’entrer de plain-pied dans l’ère abortive (Simone Veil a elle-même évoqué — longtemps après la promulgation de sa loi — cette stratégie consistant à présenter son projet de loi comme une mesure destinée à “soulager” uniquement des femmes violées ou dans une situation de détresse horrible), l’homme des ombres, Macron, utilise la ruse pour vendre son cocktail lytique en affirmant qu’il ne sera offert ni aux mineurs ni aux malades mentaux et seulement aux personnes ressentant des douleurs incommensurables.
Les patients majeurs, « capables d’un discernement plein et entier », atteints d’une « maladie incurable » avec un « pronostic vital engagé à court ou moyen terme » (que représente le moyen terme ? L’Elysée a avancé, le 11 mars, un horizon de « plusieurs semaines, plusieurs mois », tout en précisant qu’aucun seuil ne serait inscrit dans la loi, et que ce critère serait laissé à l’appréciation de la communauté médicale) et subissant des souffrances “réfractaires” (ne pouvant être soulagées continûment) pourront « demander à pouvoir être aidés afin de mourir », a déclaré laborieusement le chef de l’Etat aux deux quotidiens aux ordres.
Emmanuel Macron précise également, comme si cela n’allait pas de soi, que le consentement du “patient” sera indispensable, mais il sera aidé s’il ne peut ingérer le poison. Aidé par « une personne volontaire qu’elle désigne lorsqu’aucune contrainte d’ordre technique n’y fait obstacle », ou bien « le médecin ou l’infirmier qui l’accompagne ». L’administration du poison pourra avoir lieu au domicile, dans un hôpital ou dans un EHPAD dont le synonyme populaire de mouroir prendra enfin tout son sens.
Le président de la République répond donc en personne à ces détails techniques. C’est dire à quel point la question de l’aide à mourir lui tient à cœur. Souhaiterait-il que, dans l’avenir, son nom reste pour l’éternité associé à l’euthanasie comme l’est celui de Simone Veil à propos de l’avortement ?
Toujours est-il que l’occupant de l’Elysée se plaît à se faire le héraut et l’organisateur de ce chantier “sociétal” si particulier. Et de nous demander si l’apport de certaines précisions sur la chose ne ressemble pas parfois à de la provocation qui servirait, encore, à tester l’opinion, à mesurer une nouvelle fois son hypotension morale et politique, la nouvelle descente de son esprit tabide ou l’aggravation de ce que les écrivains des autres siècles appelaient, inquiets, l’obduration du peuple, c’est-à-dire le durcissement de cœur, sa propension croissante à accepter le mal mais aussi l’erreur politique.
En tout cas, on peut se demander si l’on vit dans le même univers mental que celui dans lequel erre Macron quand il écrit tranquillement qu’il y aura un minimum de deux jours d’attente « pour tester la solidité de la détermination » du suicidaire. Deux jours… Deux jours… De deux choses l’une : soit le chéri de Brigitte se fiche diaboliquement des gueux malheureux, soit il est diaboliquement sérieux. Deux hypothèses, pas une de plus. Ce qui est sûr est que la mort est son élément. Il semble intarissable sur le sujet ; le territoire des ombres est son terrain de jeu préféré. Ainsi poursuit-il : si par grand malheur, on refusait au suicidaire le droit à mourir assisté dans la dignité absolue et empoisonné, il pourra « aller voir une autre équipe médicale », puis une autre, et une autre encore. La mort refusée n’étant donc qu’une insupportable injustice à contourner incessamment jusqu’à l’obtention du visa pour l’au-delà (ou pour l’enfer !)
Le “patient” pourra d’ailleurs refuser irrévocablement les soins palliatifs mais la porte vers la mort, celle-là, ne lui sera jamais fermée, jamais. Même s’il lui hurle de déguerpir, celle-là restera plantée à ses pieds, faux en mains.[…]

François-Xavier ROCHETTE.