Rivarol n°3610 du 17/4/2024 (Papier)
Editorial
Les fous furieux de Tel-Aviv vont-ils mettre le feu au monde ?
LORS D’UN CONSEIL DE SÉCURITÉ réuni en urgence le dimanche 14 avril au soir, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré que « le Moyen-Orient est au bord du précipice ». Une formule qui n’est nullement exagérée, bien au contraire, au vu des événements actuels. Le 1er avril (non, ce n’était pas un poisson !), l’entité sioniste, qui se croit tout permis, et faisant fi du principe d’inviolabilité des établissements diplomatiques, comme elle se moque totalement du droit international et humanitaire, avait bombardé sans sommation, le consulat iranien à Damas, faisant 16 morts et des dégâts matériels très importants. Dans la nuit du 13 au 14 avril, l’Iran a riposté à l’attaque meurtrière de son consulat en lançant contre l’Etat hébreu plus de 300 drones et missiles qui ont quasiment tous été interceptés et abattus en vol par le système de défense de l’entité sioniste qui a de plus bénéficié du renfort de chasseurs états-uniens, britanniques, jordaniens et même français. Il est lamentable que notre pays se comporte une nouvelle fois comme s’il était une colonie israélienne. Ce qu’il est hélas devenu. On notera à cet égard que la quasi-totalité de la classe politique française, de Marine Le Pen et Jordan Bardella à Raphaël Glucksmann, soutient inconditionnellement l’entité sioniste. De manière moralement injuste et abjecte. Car c’est bien Tel-Aviv qui a agressé le premier, et sans aucune raison, le consulat iranien à Damas.
Il faut savoir que l’entité sioniste se permet régulièrement de bombarder sans préavis les pays voisins, se moquant du droit international et de l’intangibilité des frontières comme de sa première chemise. Elle bombarde ainsi régulièrement la Syrie, le Sud du Liban et on se souvient qu’elle avait même bombardé en Irak le 7 juin 1981 la centrale nucléaire civile construite par la France et détruit le réacteur nucléaire d’Osirak. Piétinant les résolutions de l’ONU, le droit international et humanitaire et la morale élémentaire, elle procède actuellement à la déportation forcée et au génocide du peuple palestinien. Après lui avoir volé ses terres, avoir forcé une grande partie des Palestiniens à l’exil en 1947-1948 en fomentant des attentats sur les marchés à la voiture piégée ou en détruisant de manière implacable des villages palestiniens, y organisant des tueries d’une sauvagerie inouïe afin de précipiter le départ définitif des habitants palestiniens, les sionistes n’ont eu de cesse de maltraiter, d’humilier, de traiter en sous-hommes les Palestiniens privés de tout droit. Et depuis le 7 octobre 2023, l’entité sioniste qui est un Etat terroriste et voyou, né de la guerre et se maintenant par la guerre, passe à la vitesse supérieure en bombardant de manière intensive toute la bande de Gaza et en affamant délibérément ses habitants en empêchant presque tous les convois humanitaires de ravitailler et de soigner une population privée de tout, où la famine et les épidémies font rage. Car la famine n’est pas là une conséquence d’une catastrophe naturelle ou d’une mauvaise gestion des ressources. C’est un acte délibéré. C’est un génocide programmé et froidement exécuté par l’homme. Et l’entité sioniste ne se gêne pas pour tuer au passage du personnel humanitaire, des journalistes, des reporters, pour bombarder et envahir des hôpitaux, les mettre hors d’état de fonctionner, conduire à la mort, et dans quelles épouvantables conditions, des blessés, des malades, des enfants qui étaient sous couveuse, des patients qui étaient sous appareil respiratoire et qui meurent du fait de la coupure volontaire de l’électricité par Tsahal et qui le plus souvent privés d’anesthésiants et d’analgésiques. Le pitre sans talent et sans honneur Meyer Habib ose dire que Tsahal est l’armée la plus morale du monde. Elle est au contraire la plus immorale au monde.
APRÈS AVOIR enjoint aux Palestiniens de quitter en toute hâte le nord de la bande de Gaza pour aller dans le Sud, car le nord était bombardé par Tsahal, voilà que l’entité sioniste, dont le mensonge est une seconde nature et le crime sa raison d’être, bombarde le sud, tire volontairement sur des Palestiniens affamés lors d’un convoi de ravitaillement faisant plus de cent morts et des centaines de blessés. Et voilà que Netanyahu vient de répéter qu’une offense terrestre se prépare à Rafah, ville du sud de la bande de Gaza, et qui s’annonce encore des plus meurtrières. Et le monde entier laisse faire, se contentant tout au plus de quelques réserves purement verbales. Pire, plusieurs pays participent activement à ce génocide, comme les Etats-Unis qui ne cessent d’armer et de surarmer l’Etat hébreu, lui permettant ainsi de bombarder intensément et de massacrer impunément toute une population civile désarmée, à commencer par les femmes, les enfants et les vieillards. Et il ne fait guère de doute que Netanyahu va également s’en prendre très bientôt, d’une manière ou d’une autre, à l’Iran qu’il rêve depuis longtemps d’anéantir. L’attaque de Téhéran qui n’a pourtant fait aucune victime et quasiment aucun dégât matériel significatif lui en donne le prétexte.
Israël joue en permanence à la victime, à l’agressé alors que c’est lui l’agresseur, le coupable, le bourreau, l’assassin. Avec son mémorial de la Shoah, le gouvernement sioniste évoque ad nauseam « les Juifs génocidés » alors qu’en Palestine occupée, c’est lui le génocidaire. C’est lui qui déporte, qui affame, qui tue, qui bombarde, qui massacre. Macron préfère aller au mémorial des enfants d’Izieu, comme il l’a fait le dimanche 7 avril, se livrant à un discours larmoyant, en bon comédien qu’il est, au sujet d’événements datant de 80 ans mais il n’a pas un mot, pas un seul, pour les enfants palestiniens actuellement affamés, massacrés, génocidés, laissés sans soin par la criminelle entité sioniste. Quelle infamie ! Quelle ignominie ! On conduit sans cesse les enfants des écoles du Struthof à Auschwitz, du mémorial de la Shoah au camp des Mille, mais le monde enseignant ne dit rien du génocide en cours, pourtant incontestable, parfaitement documenté, en Palestine. Et les milieux dirigeants, qu’ils soient politiques, syndicaux, religieux, associatifs, sportifs se taisent eux aussi, surtout (mais pas seulement) en Occident. S’applique plus que jamais aujourd’hui dans toute son étendue la formule que l’on lit des dizaines de fois dans les quatre Evangiles et les Actes des Apôtres : propter metum Judaeorum. Par crainte des Juifs. Finalement, le monde n’a pas tellement changé en deux mille ans. Du déicide au génocide il y a comme une continuité logique. Effrayante et implacable. C’est cette crainte servile, paralysante, écœurante — qui fut celle de Pilate pensant d’abord à sa carrière — qui permet aujourd’hui à l’entité sioniste de génocider tout un peuple et demain sans doute de bombarder l’Iran, en utilisant peut-être la bombe atomique, comme l’envisagent sérieusement certains Likoudniks fanatisés.
QUE LE MONDE ENTIER soit sous la coupe de tels fous furieux, prêts à mettre à feu et à sang tout le Proche-Orient, voire toute la planète, que les gouvernements et le grand public soient tétanisés à l’idée d’être accusés d’antisémitisme, le crime des crimes, et détournent donc, propter metum Judaeorum, le regard de l’horreur indicible qui se passe à Gaza et qui pourrait demain toucher également Téhéran est effrayant. Nous vivons vraiment l’heure des ténèbres. Comme le dit excellemment et courageusement l’anti-conformiste Daniel Milan sur son blog, « tout ce que nous pourrions faire et dire restera vain et dérisoire, tant que l’on ne s’attaquera pas à la racine du mal essentiel actuel, source de tous les maux de ce monde : LA MISE D’HUMAINS OU DE GROUPES HUMAINS, AU-DESSUS DES AUTRES, autour desquels tout doit tourner et se rapporter ; leur attribuant toutes les valeurs et tous les droits, imposant au reste du monde la soumission, la servitude et l’esclavage, tuant toute intelligence et toute réflexion, par la peur et la répression. »
Nous assistons en effet, ébaubis, à la mise en coupe réglée de toute l’humanité par une coterie criminelle, arrogante et tyrannique. Et quels sont les voix courageuses qui osent résister aujourd’hui à cette oppression sans précédent par son ampleur, son étendue et son cynisme dans l’histoire de l’humanité ? Elles sont quasiment inexistantes, inaudibles, preuve de la profondeur du mal et de l’effondrement total de la vertu et du don de force. Descartes disait que le bon sens était la chose du monde la mieux partagée. De nos jours, c’est bien plutôt la lâcheté qui est la chose du monde la mieux partagée. Cette pleutrerie dégoulinante, qui suinte et déborde, qui souille et corrompt, n’est que la conséquence de l’égoïsme, de l’individualisme, du matérialisme, de la perte de la foi, du refus de l’engagement et du risque, de la volonté de conserver à tout prix son petit confort, sa carrière, sa réputation, sa petite personne. Elle justifie d’avance toutes les abdications, prépare toutes les soumissions, accepte toutes les injustices, souscrit à toutes les ignominies, valide tous les mensonges dont Satan est le père et conduit à la pire des servitudes.[…]
RIVAROL,<jeromebourbon@yahoo.fr>.
Billet hebdomadaire
Affaire Touvier : (I) Révolution mutuelle du droit et de l’histoire
Il n’y a plus de BBR ni de Civitas ni de journée de Synthèse Nationale et, pour son pot annuel, RIVAROL n’a pas encore trouvé la parade contre les sicaires de la pensée arc-en-ciel : aussi cela faisait-il particulièrement plaisir de voir un bout de France d’aujourd’hui au colloque de l’institut Iliade l’autre jour. Outre l’excellent travail que fournit Le Gallou depuis avant même que je ne l’aie connu secrétaire général du groupe FN en 1986, rien que la tête des gens réjouit ! En plus il y avait des jeunes, et qui réfléchissent. Sans compter de vieux amis, dont Eric Delcroix, qui fut l’avocat historique de Faurisson et en a tiré une réflexion sur le droit et l’histoire particulièrement intéressante, singulièrement à propos du procès de Nuremberg. C’est à lui, à quelques autres, bien sûr à Maurice Bardèche en premier, que l’on doit d’avoir dessiné peu à peu la centralité du Crime Unique dans la pensée contemporaine. La Shoah est en effet la première matrice de la sphère révolutionnaire euraméricaine à prétention et à vocation mondialisante que j’ai nommée arc-en-ciel. On le répète parce qu’il est fondamental de le sentir et de le comprendre. L’arc-en-ciel se reconnaît à un ensemble de méthodes et de pratiques qui définissent son action, un complexe — un sac de nœuds caractéristiques : gouvernement par la peur, mélange de la morale et de la politique, soumission des hommes à des vérités à cours forcé, inversion-rupture avec le passé. Le récit de la Shoah, soustrait à la critique ordinaire tant par la loi que par la crainte du blasphème, a servi de modèle à ce processus qui se développe sous nos yeux.
Cela ne s’est pas fait en un jour. Il y a d’abord eu le Tribunal interallié de Nuremberg (1945-1946), où quatre vainqueurs liés par l’accord de Londres (Etats-Unis d’Amérique, URSS, Royaume-Uni, France) décidaient de juger leurs vaincus. Outre trois incriminations ordinaires (complot, crime contre la paix, crime de guerre), il inventa contre les puissances de l’Axe la qualification nouvelle de crime contre l’humanité. Depuis 250 000 ans que Sapiens couvrait la terre de ses abus, c’était la première fois qu’on parlait de crime contre l’humanité.
Cela entraîna une révolution judiciaire — tant en matière de droit que de faits. Quant à ceux-ci, les statuts du Tribunal de Nuremberg annexés à l’accord de Londres prévoient un fonctionnement particulier. On lit en effet à l’article 19 : « Le Tribunal ne sera pas lié par les règles techniques relatives à l’administration des preuves. Il adoptera et appliquera autant que possible une procédure rapide et non formaliste et admettra tout moyen qu’il estimera avoir une valeur probante ».Le texte anglais dit la procédure “expeditious” (expéditive), et le président des quatre juges, Sir Justice Lawrence, répétera souvent cette exigence d’être “expéditif”. L’article 21 précise les “moyens” de « valeur probante » annoncés au 19. On y lit : « Le Tribunal n’exigera pas que soit rapportée la preuve de faits de notoriété publique, mais les tiendra pour acquis ». En droit anglais, on parle de « faits de notoriété publique » pour des choses comme « le jour succède à la nuit » ou « Paris est la capitale de la France ». Mais le tribunal étendra la notion. La suite de l’article 21 est une autre révolution : « Il (le tribunal) considérera également comme preuves authentiques les documents et rapports officiels des Gouvernements des Nations Unies, y compris ceux dressés par les Commissions établies dans les divers pays alliés pour les enquêtes sur les crimes de guerre, ainsi que les procès-verbaux des audiences et les décisions des tribunaux militaires ou autres tribunaux de l’une quelconque des Nations Unies ». Aussi le tribunal de Nuremberg, sans toutefois l’écrire dans son jugement, tiendra-t-il le rapport soviétique imputant le crime de Katyn aux Allemands pour authentique et probant.
La seconde révolution judiciaire de Nuremberg porte sur le droit et découle de la notion de crime contre l’Humanité. Le crime imputé aux puissances de l’Axe parut aux alliés si extraordinaire, si monstrueux, si massif, si unique en somme, qu’à cette mutation du crime ils voulurent opposer un droit unique lui aussi, extraordinaire, monstrueux. On rompit à cette occasion avec plusieurs principes généraux du droit jusqu’alors intangibles depuis des siècles. Le premier est l’adage latin que reprennent toutes les législations européennes et américaines, « nullum crimen, nulla poena, sine lege ». Il est proclamé par le préambule de la Constitution française : « Nul ne peut être puni qu’en vertu d’une loi établie et promulguée antérieurement au délit ». A Nuremberg, on a puni pour « crime contre l’humanité » des faits commis avant que la loi n’existe. Pour rendre cela possible, on brisa un autre principe, celui qui veut que la loi pénale ne soit jamais rétroactive. Et pour faire bon poids on déclara le crime contre l’humanité imprescriptible.
Or la prescription est considérée dans tous les pays civilisés comme une nécessité, tant pour la justice que pour la paix sociale. Elle fut supprimée pour le crime contre l’humanité afin de tenir compte de la souffrance inhabituelle des victimes et de suivre en quelque sorte « le temps des victimes ». C’était sans tenir compte des exigences pratiques de la société et de la justice : il est difficile de rendre la justice cinquante ans après les faits (beaucoup de témoins manquent et le contexte n’est plus perçu), et surtout, la concorde sociale exige l’oubli, comme cela s’est fait tout au long de l’histoire. En particulier, concernant la Seconde Guerre mondiale, on retiendra l’avis de deux Premiers ministres et d’un président de la Cinquième République, tels qu’ils ont été notés par Olivier Wieviorka dans Nous entrerons dans la carrière, Paris, 1994. Jacques Chaban-Delmas : « Après des dizaines et des dizaines d’années, je crois que non seulement les hommes ne sont plus les mêmes, mais je ne vois pas en quoi ces procès peuvent s’imposer […] Où est la vérité ? Comment la démêler après tant de temps ? Je trouve qu’il faut laisser les morts enterrer les morts […] J’ai toujours pensé qu’il fallait en finir le plus vite possible avec les ruptures profondes ».
Pierre Messmer ajoute : « Je pense que le moment est venu de jeter le voile de l’oubli sur les actes commis entre 1940 et 1945. […] Dans ce domaine, je n’ai aucun complexe ». François Mitterrand précise : « Quarante-cinq ans après, ce sont des vieillards. Il ne reste plus beaucoup de témoins et cela n’a plus guère de signification. Dans l’histoire de France, il est rare que les grands déchirements n’aient pas été effacés par des amnisties ou des oublis volontaires dans les vingt ans qui les ont suivis. Même la Commune ». Et Georges Pompidou, attaqué par la presse pour la grâce partielle qu’il accorda à Paul Touvier, comme on le verra plus bas, convoqua une conférence de presse pour se justifier avec colère : « Allons-nous éternellement entretenir saignantes les plaies de nos désaccords nationaux » ? Enfin, Charles De Gaulle écrit dans ses Mémoires de guerre : « De ces miliciens fonctionnaires, policiers, propagandistes, il en fut qui répondirent aveuglément au postulat de l’obéissance. Certains se laissèrent entraîner par le mirage de l’aventure, quelques-uns crurent défendre une cause assez haute pour justifier tout. S’ils furent des coupables, nombre d’entre eux n’ont pas été des lâches. Une fois de plus, dans le drame national, le sang français coula des deux côtés. La patrie vit les meilleurs des siens mourir en la défendant avec honneur. Hélas, certains de ses fils tombèrent dans le camp opposé. Elle approuve leur châtiment, mais elles pleure tout bas ses enfants morts. Elle les berce dans son chagrin. Voici que le temps fait son œuvre ». […]
HANNIBAL.