Version papier

Rivarol n°3613 du 8/5/2024 (Papier)

Editorial

Un an après la circulaire Darmanin, la répression des nationalistes et des antisionistes est féroce !

CELA NE S’ARRÊTE JAMAIS. Alors que le pays connaît de multiples maux et notamment une spirale de violence de plus en plus effrayante, dont la dernière victime en date est un jeune Français de souche de 15 ans, Matisse, poignardé à mort le samedi 27 avril au soir à Châteauroux par un immigré afghan, les pouvoirs publics ne sont préoccupés que par la prétendue flambée de la haine antisémite. Ce lundi 6 mai se tenaient en journée les Assises de lutte contre l’antisémitisme lancées par le gouvernement et animées par le ministre de la Lutte contre les discriminations et de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, et en soirée l’annuel dîner du CRIF où se sont exprimés le président de l’institution, Yonathan Arfi, et le Premier ministre Gabriel Attal. Il s’agit d’aller toujours plus loin dans la pleurnicherie et dans la criminalisation de tout ce qui déplaît au lobby judéo-sioniste.
La droite nationaliste est dans le viseur, mais également, particulièrement depuis le 7 octobre, la gauche antisioniste. L’humoriste de France Inter, le pourtant très gauchiste Guillaume Meurice, a ainsi été convoqué par la direction de la radio en vue d’un licenciement à cause de ses propos réitérés sur Netanyahu, « le nazi sans prépuce ». Les organisations juives, à commencer par la LICRA, se félicitent ouvertement de cette sanction disciplinaire radicale en assimilant explicitement Meurice à Dieudonné, les deux humoristes étant issus de la gauche antisioniste. On se souvient d’ailleurs que c’est à la suite d’un sketch chez Fogiel, en décembre 2003, où il était grimé en colon israélien qui appelait à rejoindre « l’axe du bien, l’axe américano-sioniste » et qui concluait sa harangue par un « Heil Israël » que Dieudonné a connu ses premiers vrais soucis qui n’ont fait que croître et embellir depuis vingt ans.

LA PERSÉCUTION contre ce qu’ils appellent l’extrême droite est plus forte et intense que jamais depuis que la circulaire Darmanin prise il y a tout juste un an, le 9 mai 2023 — à la suite d’un hommage en faveur d’un militant nationaliste Sébastien Deyzieu, tombé d’un toit et décédé en 1994 alors qu’il était poursuivi par la police pour avoir tenté de participer à une manifestation interdite — a enjoint aux préfets d’interdire tout rassemblement dit d’extrême droite ou d’ultra-droite. C’est ainsi que le préfet de police de Paris, l’ectoplasmique Laurent Nunez (tous ces politiciens sont aussi médiocres qu’interchangeables), avait interdit en mai 2023 aux groupements royalistes et nationalistes habituels de participer à la fête de Jeanne d’Arc, puis a interdit dans la foulée un colloque de l’Institut Iliade sur l’écrivain Dominique Venner, puis a dissous toute une série de mouvements et d’associations et interdit moult activités, jusqu’à un simple hommage à un défunt (le nationaliste Pierre Sidos) dans un cimetière. On se souvient que le mouvement Civitas a été interdit le 4 octobre dernier, et la répression ne s’est pas arrêtée depuis. Le dernier groupement en date dont la dissolution a été annoncée n’est autre que les Remparts, un mouvement lyonnais né sur les cendres de Génération identitaire, interdite, elle, en 2021. Emmanuel Macron est de loin le président de la Ve République qui a le plus dissous de mouvements et d’associations. Cette dérive liberticide est des plus inquiétantes et des plus dangereuses. Elle porte atteinte aux libertés les plus élémentaires et les plus fondamentales. Tout se passe comme si, depuis les confinements et autres restrictions majeures de libertés (de circulation, de réunion, de culte) lors des différents épisodes covidesques, de 2020 à 2022, une étape décisive, et peut-être irréversible, avait été franchie et que désormais la tyrannie ne se cachait plus ou à peine.
Et malheureusement ces mesures attentatoires aux libertés n’ont pas suscité jusque-là de réactions majeures dans le grand public. Depuis l’écrasement du mouvement des gilets jaunes, il semble que l’opinion publique soit frappée d’asthénie et paraisse mûre pour l’esclavage. La réaction du père de Matisse qui vient pourtant de perdre son fils adolescent dans des circonstances dramatiques, épouvantables, est caractéristique de cette démission mentale. Il a ainsi appelé à refuser toutes les récupérations politiques, notamment celle de l’extrême droite. Ce n’est pas là une exception. Bien souvent les parents d’enfants assassinés par des allogènes réagissent d’une façon analogue. Sans doute y-a-t-il une volonté de ne pas faire de vague, d’avoir la paix, de n’être pas attaqué par les grands media. Et au-delà de cela (mais tout est lié) ces Français de souche ont totalement intégré, intériorisé les interdits et tabous majeurs et ils s’y soumettent, quand bien même ils ont perdu leur progéniture à cause de la criminelle politique d’immigration et aussi du fait de décisions de justice scandaleuses consistant à relâcher de dangereux délinquants souvent multirécidivistes lorsqu’on n’hésite pas par ailleurs à embastiller des écrivains voire des publicistes. Ils ont plus peur des mots brandis par les media (racisme, xénophobie, haine, extrémisme) pour tétaniser le peuple que des maux pourtant, eux, bien réels. Et même face à la perte de leur enfant, victime directe des politiques criminelles qui sont menées, ils sont souvent incapables de se défaire des mots d’ordre et des tabous de l’idéologie dominante et font leur les éléments de langage du Système. Ils organisent de grotesques marches blanches aseptisées qui ne changent rien, n’arrangent rien et dont on sait déjà qu’elles seront suivies par tant d’autres, aussi inutiles, car tant qu’on conduira les mêmes politiques dévastatrices, et qu’on s’interdira de poser le bon diagnostic et de prendre les bons remèdes, tout ira de mal en pis.
C’est la même chose, et c’est même encore pire, lorsque des parents accompagnent leur enfant mineur dans sa volonté soudaine de changer de sexe. Pour ne pas apparaître comme transphobes (des manifestations « contre la transphobie » ont eu lieu ce dimanche 5 mai en France au motif que des députés LR ont déposé une proposition de loi visant à interdire pour les mineurs les bloqueurs de puberté ou les traitements hormonaux utilisés lors de la « transition de genre »), des géniteurs ne s’opposent pas de toute leur force à cette folie qui, outre les souffrances atroces qu’elle occasionne, conduit d’ailleurs très souvent par la suite à des dépressions profondes voire à des suicides lorsque la personne qui s’est affreusement mutilée se rend compte qu’elle n’est pas plus heureuse et épanouie, bien au contraire, en ayant changé du tout au tout son apparence physique. Jusqu’où peuvent aller la démission et la corruption du corps social ?

LA RÉPRESSION devient de plus en plus folle et elle pourrait encore franchir un cran supplémentaire alors que l’entité sioniste s’apprêterait, sauf accord de trêve de dernière minute toujours possible avec le Hamas (mais combien de temps durera-t-il ?), à lancer son assaut sur Rafah, Tsahal ayant déjà ordonné à une partie des habitants de quitter la zone. Un nouveau bain de sang se prépare, encore plus terrible sans doute que ce qui a eu lieu jusque-là. L’armée israélienne a déjà intensément bombardé la ville, préparant, selon toute vraisemblance, une offensive terrestre qui s’annonce meurtrière. C’est sans doute pour éviter que les images du carnage soient diffusées dans l’entité sioniste que le Premier ministre israélien Netanyahu vient d’interdire de diffusion la chaîne qatarie Al Jazeera. L’extermination des Palestiniens se poursuit à un rythme accéléré et les gouvernements occidentaux sous contrôle sioniste ne font rien. Si, ils luttent contre l’antisémitisme ! O folie ! Ils assimilent toute protestation, même la plus pacifique qui soit, contre le génocide actuel en Palestine occupée, à de la haine et à de l’antisémitisme. Et les sionistes, dominateurs et arrogants dans les media occidentaux, usent et abusent sans surprise, et de manière de plus en plus grossière, de leur carte maîtresse : la contre-religion de la Shoah. Netanyahu s’est ainsi rendu le 5 mai au mémorial de Yad Vashem à Jérusalem, à l’occasion d’une des énièmes commémorations de l’“Holocauste”, Yom HaShoah, pour comparer le Hamas aux “nazis” et pour justifier l’opération terrestre contre Rafah. Les Assises de lutte contre l’antisémitisme et le dîner du CRIF organisés en France ce lundi 6 mai ont le même objectif : il s’agit de faire taire toutes les voix, qu’elles viennent de la gauche antisioniste ou de la droite nationaliste, qui osent encore dénoncer l’abominable carnage en cours de toute une population civile innocente et désarmée par un Etat, un gouvernement et une armée criminels et soutenu par un lobby lui aussi assassin.
Et il faut reconnaître hélas que la coterie judéo-sioniste a bien travaillé dans sa neutralisation des résistances : Jordan Bardella et Marine Le Pen se sont encore publiquement et bruyamment démarqués ces dernières heures de « l’antisémitisme de Jean-Marie Le Pen », sa fille revendiquant ce lundi 6 mai au matin sur BFMTV son exclusion définitive du FN à cause de divergences profondes avec lui sur la question de l’antisémitisme. De fait, ce qu’elle a appelé depuis 2002 la stratégie de dédiabolisation n’est rien d’autre que la soumission totale et servile à la communauté, au lobby et à l’entité sioniste, allant jusqu’à justifier publiquement et sans réserve les actions les plus meurtrières de Tsahal, les massacres de masse de tout un peuple au nom de la lutte contre l’antisémitisme. Voilà ce qui s’appelle vendre son âme au diable, tuer père et mère pour intégrer un Système mortifère et criminel. Tous les partis politiques français (et plus largement en Occident) soutiennent aujourd’hui l’entité sioniste dans son action génocidaire ou se taisent, ce qui revient au même (car se taire, c’est être complice), sauf la France insoumise, d’où sa diabolisation de plus en plus forte. C’est pourquoi, à gauche, le Lobby essaie de pousser du col d’une part le communautaire Raphaël Glucksmann, d’un parfait sionisme, qui dit se battre pour une Ukraine libre mais n’a rien à redire au génocide palestinien et d’autre part François Ruffin, qui est la Marine Le Pen de LFI, le traître prêt à sacrifier la cause palestinienne pour sa carrière, pour être dans les petits papiers du Lobby.
Il faut s’attendre dans les semaines à venir à une intensification de la répression afin d’empêcher toute dénonciation des événements sanglants en cours. C’est toujours ainsi qu’a agi le Lobby dont le cynisme, l’intimidation, le terrorisme intellectuel, la délation sont les marques de fabrique. Ceux qui refusent de se taire devant le génocide en cours, quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent, doivent savoir qu’ils risquent de perdre leur travail, d’aller en garde à vue, d’être jugés pour incitation à la haine, à la sédition, apologie de terrorisme, de devenir la cible des media et associations communautaires, de connaître la prison et la ruine. S’ils veulent rester fidèles à la voix de leur conscience, à la simple humanité, ne pas abdiquer leur sens moral, ne pas détourner les yeux de l’horreur actuelle, servir la cause de la vérité et de la justice, ils devront être courageux voire sans doute héroïques. Et peut-être plus vite qu’ils ne le pensent. Car d’évidence les démons en face ne leur feront aucun cadeau. Absolument aucun.[…]

RIVAROL,<jeromebourbon@yahoo.fr>.

6,00 €
TTC
Quantité
6,00 €

Billet hebdomadaire

Optimum indochinois : une fierté française

Trois tristes anniversaires en ce printemps frais : le 17 avril 1975 les Khmers rouges entraient dans Phnom Penh, treize jours plus tard Saïgon tombait aux mains du Vietminh, et 21 ans plus tôt, le 7 mai 1954, Diên Biên Phu avait capitulé. Depuis, la France a repris le point de vue de ses ennemis sur l’Indochine. Cela satisfait le masochisme de nos contemporains et le besoin sadique de dominer qui anime communistes et tiers-mondistes. Tant pis pour les Indochinois, bafoués par le récit des bourreaux qui les ont malmenés. Qui s’en soucie ? Personne ! L’Indochine ne subsiste que dans quelques rares mémoires. Dans les faits, les us, les mœurs, elle a disparu. Elle fut pourtant des siècles durant un va-et-vient d’influences entre civilisations et races (blancs du nord de l’Inde et leurs métissages dravidiens, divers jaunes finalement dominés par les Hans, bruns malais), qui descendaient de l’Himalaya vers la mer de Chine par le Tibet, le Népal, le Sikkim, le Bhoutan, la Birmanie, le Siam, l’Indochine française, comme existaient aussi, tout au long de l’Asie centrale, la Turco-chine et la Perso-chine, et, dans la Malaisie et les îles de la Sonde, l’Arabinde jaune et brune. Ne restent de ces réalités odorantes et de ces vastes rêves que des territoires sous emprise d’un gros affrontement US/PCC à base de high tech et d’entertainment.
Le 7 mai 1954, les soldats de Diên Biên Phu ôtaient leur casque pour être emmenés à pied vers des camps où la plupart devaient mourir. Soixante-dix ans après ce désastre mental, faute de pouvoir rendre vie à la merveilleuse Indochine, rectifions quelques mensonges pour célébrer l’œuvre magistrale de la France. Elle n’avait pourtant pas très bien commencé. Nous avions pris pied en Cochinchine poussés par les missions, puis au Tonkin par l’affairisme anticlérical personnifié par un Ferry. Après une conquête confuse, non sans profiteurs, d’inévitables injustices et maladresses avaient gardé vivaces blessures et rancunes d’où ne cesseraient de naître des rébellions. Romanciers au grand cœur et politiciens progressistes trouvèrent matière à critique. “L’analyse” marxiste s’y greffa, puis survinrent les deux guerres mondiales qui déboulonnèrent l’Europe de son piédestal.
La défaite de 1940 laissa la colonie en l’air, à onze mille kilomètres à pied de Paris, fidèle au gouvernement de la IIIème République et à son dernier président du Conseil, Philippe Pétain, mais sans moyens militaires pour résister aux appétits de ses voisins, Thaïlande, Chine et Japon. Ce dernier entrait dans l’élan conquérant qui prétendait fonder la grande Asie jaune sur des proies ravies surtout à l’Angleterre (Singapour, Malaisie, Birmanie), aux Pays-Bas (Indonésie) et plus tard aux Etats-Unis (Philippines). Il demandait la libre circulation de ses troupes au Tonkin. Le gouverneur général Catroux, assez piètre négociateur, signa des accords trop favorables à Tokyo après que la garnison de Lang Son eut été bousculée. Le gouvernement le révoqua (il en garda une dent au maréchal) et nomma l’amiral Jean Decoux, bon marin, grand administrateur et remarquable diplomate. Celui-ci tenta d’acheter des armes aux Anglais (il manquait d’aviation, d’artillerie et de blindés) qui n’en avaient pas trop, et de demander la garantie des Etats-Unis, qui refusèrent, car l’idéologue Roosevelt condamnait les empires coloniaux des autres, le français en particulier, entendant profiter des déboires de guerre des Européens pour les détruire. Il allait y contribuer de deux manières en 1945 : en plaçant le nord de l’Indochine française sous la tutelle chinoise d’une part, en finançant le Vietminh par le biais de l’OSS d’autre part.
Bien qu’il manquât de moyens et de soutiens occidentaux, Decoux réussit à maintenir la souveraineté de la France et à limiter l’occupation japonaise, tout en associant les élites locales à la direction des affaires. Hélas, la méconnaissance de l’Indochine par De Gaulle, l’activisme brouillon, bruyant et inefficace des “gaullistes” locaux, provoquèrent deux catastrophes. D’abord le coup de force japonais par traîtrise contre nos garnisons le 9 mars, débouchant sur une tutelle directe de l’Indochine. Puis, après la défaite du Japon, le maintien en prison par les gaullistes des élites loyalistes. La France perdit ainsi deux fois la face aux yeux de la population. Notre pays n’ayant plus « le mandat du ciel », le temps de la colonie était fini. De Gaulle ne le comprit pas, ni son envoyé Thierry d’Argenlieu. Vint donc le moment de l’indépendance. Mais laquelle ? Les Japonais forcèrent l’empereur d’Annam, Bao Dai, à proclamer celle du Vietnam le 11 mars, dans le cadre de la Grande Asie, tout en armant et entraînant le Vietminh. Le jour de leur capitulation, le 2 septembre 1945, Hô Chi Minh re-proclamait l’indépendance, le nord étant sous domination chinoise et le sud britannique, après les accords de Potsdam.
Débarqué en octobre avec un contingent français, Leclerc était chargé par De Gaulle de la reconquête. Le Vietminh le combattit puis choisit la voie de la négociation : la France lui paraissait moins redoutable que la Chine et il se servit d’elle pour chasser les Chinois, pendant qu’il utilisait ses forces encore maigres à éliminer physiquement ses concurrents indépendantistes. Une fable répandue chez certains historiens en chambre voudrait que la France ait perdu là une chance inespérée de se sortir en beauté du guêpier tout en conservant une influence sur la région. C’est une blague. Les négociateurs français impliqués, Leclerc, Jean Sainteny et Salan, ont indiqué sans ambiguïté qu’ils ne croyaient pas à la bonne foi d’Hô Chi Minh, qui voulait seulement endormir la France et l’utiliser le temps d’asseoir son pouvoir. La façon dont il a provoqué l’incident d’Haïphong en novembre 1946 et mené l’attaque d’Hanoï en décembre le confirme. Il voulait la guerre et l’a déclenchée.

On ne va pas refaire ici l’histoire de la guerre d’Indochine. La « sale guerre » comme les communistes eurent le front de l’appeler, eux qui venaient de mettre la France à feu et à sang sous les ordres de Staline et qui désormais sabotaient les armements et molestaient les blessés. Malgré l’affairisme de la Quatrième République, la guerre d’Indochine fut pour la France « la plus désintéressée depuis les Croisades » comme le rappela De Lattre dans son magnifique discours aux élèves du Lycée Chasseloup-Laubat de Saïgon. Ce fut la guerre de la belle indépendance contre le totalitarisme communiste mené par Hô Chi Minh. La guerre de la civilisation contre la barbarie. Bien avant que l’Amérique n’affronte la Chine communiste en Corée, De Gaulle, pour une fois bien inspiré, note dans l’un de ses discours de 1950 que la France était alors le seul combattant de la liberté. Cette qualité ne la rendit hélas ni invincible ni bien lucide. Elle alterna faits d’armes et désastres, combinant les deux jusqu’à la fin, la défaite de Diên Biên Phu, qui engendra tant de mythes stupides.
Diên Biên Phu n’est pas une cuvette, mais une plaine de 7 kilomètres par 17 choisie pour que les jeeps et les chars du colonel de Castres, commandant la place, puissent manœuvrer contre l’infanterie viet. Celle-ci attaquera toujours en montant des pentes vers nos points d’appui. Il n’était pas impossible, a priori, de mener une bataille à deux cent cinquante kilomètres d’Hanoï, ce n’était pas une lubie de Navarre, général de chef néophyte : l’année précédente, Salan, qui connaissait l’Indochine comme sa poche, avait gagné une bataille analogue dans un lieu semblable, Na San. Le site du camp retranché avait été intelligemment choisi : à la fois dans le pays Thaï du haut Tonkin qui détestait les Viets, et à proximité du Laos qu’Hô Chi Minh prétendait envahir. Cette disposition stratégique éclaire toutes les opérations menées pendant les guerres d’Indochine et du Vietnam, et plus généralement ce qui était en jeu en Indochine. Celui qui a fini par se faire appeler Hô Chi Minh était un fils de lettré de l’Annam qui devint très jeune agitateur communiste, participa au congrès de Tours en 1920, puis fut un agent et un espoir du Komintern qui lui demandait de fonder en 1930 le parti communiste indochinois. Par tactique, il devait limiter ensuite ses ambitions au seul Vietnam (les trois Ky réunis, Cochinchine, Vietnam et Tonkin), mais le premier mouvement était le bon : l’impérialisme soviétique reprenait le dessein pluri-séculaire de l’impérialisme annamite.
L’empire d’Annam, au service d’une ethnie dominante venue de Chine, n’avait cessé de s’étendre, vers le Tonkin puis vers la Cochinchine dont il avait chassé les Khmers et commençait d’asservir les autres populations, ce qui était sa politique constante pour les cinquante-deux minorités qui peuplent l’Indochine et qu’il avait reléguées sur les hauts plateaux de l’Annam ou dans la haute région du Tonkin. Cette politique, Hô Chi Minh allait la poursuivre pendant la guerre d’Indochine et celle du Vietnam, en envahissant des années durant le Vietnam du Sud sous la couverture du Vietcong et en pourrissant le Laos et le Cambodge. La guerre d’indépendance dont le parti communiste et ses idiots nuisibles ont répandu l’image fut en réalité une conquête soviétoannamite. En choisissant la France, les ethnies minoritaires thaïes, hmong (que les Viets nommaient Méos, “sauvages”) et autres, ont montré leur volonté désespérée de résister à cette conquête. […]

HANNIBAL.