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Rivarol n°3627 du 11/09/2024 (Papier)

Editorial

Avec Barnier à Matignon, le RN devient la béquille de Macron !

LES PREMIERS MINISTRES changent mais les décisions judiciaires vont toutes dans le même sens. A l’heure même où nous apprenions la nomination d’un nouveau Premier ministre, l’européiste et mondialiste Michel Barnier, le jeudi 5 septembre en début d’après-midi, votre serviteur était sanctionné une nouvelle fois (la vingt-cinquième en treize ans) par le tribunal judiciaire de Paris. La XVIIe chambre a en effet condamné le directeur de RIVAROL à cent jours-amende d’un montant unitaire de cinquante euros, soit 5000 euros, pour « complicité d’apologie publique d’un acte de terrorisme, complicité de provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l’origine, de l’ethnie, de la nation, de la race ou de la religion, pour complicité d’injure publique en raison de l’origine, de l’ethnie, de la nation, de la race ou de la religion en récidive et complicité d’injure publique en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre ». N’en jetez plus, la cour est pleine. A cela s’ajoutent quelque 5000 euros de dommages et intérêts et de remboursement de frais d’avocats (selon l’article 475-1 du code de procédure pénale) pour réparer le prétendu préjudice moral des quatre parties civiles, l’Observatoire juif de France (OJDF), l’Organisation juive européenne (OJE), la LICRA et Avocats sans frontière (ASF) du sinistre Goldnadel. Bref, c’est la complète : œuf-jambon-fromage ! Rappelons que pour cette affaire j’avais été “cueilli” à mon domicile par cinq policiers et gendarmes à 6 heures 30 du matin, le 26 septembre 2023, et mis en garde à vue toute la journée, interrogés par les gendarmes de l’OCLCH, l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine, dirigé par le général Jean-Philippe Reiland, décoré en juillet 2021 de la Légion d’honneur par le chef de l’Etat, la République sachant récompenser ses zélés serviteurs. Sont désormais considérés comme des crimes de haine (telle est l’expression utilisée : on ne parle même plus de délits, mais de crimes !) toute défense de la famille traditionnelle et de la morale naturelle, toute opposition à la submersion migratoire de notre pays et de notre continent, tout regard critique sur la version officielle et obligatoire de la Seconde Guerre mondiale, sur les menées d’un Lobby puissant et d’une entité proche-orientale. Voilà où en est la liberté de l’esprit dans notre pays, longtemps connu pour l’âpreté de ses débats, la vivacité de ses controverses, le brio de ses polémistes, le talent de ses pamphlétaires, la finesse de ses chansonniers.
Il s’agissait dans cette affaire d’une vidéo datant du 17 septembre 2022, n’ayant fait que quelques milliers de vues à peine et supprimée depuis (pas de notre fait) où votre serviteur était interrogé sur différents sujets d’actualité, et notamment sur les attentats contre Charlie-Hebdo. Tout esprit intellectuellement honnête et objectif ne pouvait voir dans les propos tenus une apologie publique d’un acte terroriste. Il s’agissait seulement d’une claire condamnation du blasphème mais quand on refuse de se dire Charlie dans notre pays, on est suspect de complaisance pour les crimes de masse. Voilà où l’on en est. Nous ne reproduirons pas ici par prudence les propos incriminés car le Parquet serait capable de nous poursuivre à nouveau, quand bien même les mettrait-on entre guillemets. D’ailleurs, le ministère public n’a aucune intention de ralentir ou de cesser ses poursuites contre RIVAROL et son directeur. Je suis ainsi convoqué le mardi 17 septembre au matin à la BRDP, le Bureau de répression de la délinquance contre la personne, dont je connais désormais par cœur les moindres recoins, jusqu’à la couleur des murs et le nombre de portes, de cellules et de bureaux, dans le cadre de deux nouveaux dossiers, l’un pour le long entretien que nous avait accordé l’humoriste Dieudonné dans notre numéro du 26 juillet 2023, le spécial vingt pages de l’été (nous serons certainement jugés les deux en même temps devant la XVIIe d’ici quelques mois) et qui avait quelque peu fait grincer les dents du Lobby (on se demande bien pourquoi…), l’autre pour un long éditorial de combat, celui du 13 septembre 2023, où je décrivais et dénonçais, avec force détails, la répression en cours contre les dissidents, nationaux et nationalistes. Manifestement cet éditorial n’a pas plu au Parquet, non plus qu’aux associations habituelles de prétendue lutte contre la haine. C’est dire que nous n’allons pas connaître une période plus calme et apaisée dans l’année qui vient et que nous allons devoir nous battre pour tenir les positions et résister aux assauts ennemis.

CAR, avec Barnier à Matignon, rien ne changera, ne nous berçons pas d’illusions. Ce sera la même politique qui sera conduite. Tant à l’intérieur qu’en politique étrangère où les positions pro-otanesques et pro-israéliennes se poursuivront voire s’accentueront. C’est si vrai qu’un certain nombre de ministres démissionnaires du précédent gouvernement Attal veulent notoirement faire partie de la nouvelle équipe. Il faut dire qu’avec Barnier à Matignon, c’est en quelque sorte Macron qui devient Premier ministre, un Macron plus âgé, plus terne et plus insipide, car il y a la différence d’une feuille de papier à cigarette entre les deux hommes qui sont tous les deux des européistes et des mondialistes forcenés. Barnier fut commissaire européen, vice-président de la commission européenne, puis négociateur en chef de l’Union européenne chargé de la préparation et de la conduite des négociations avec le Royaume-Uni dans le cadre du Brexit. Pour obtenir de telles responsabilités aussi prestigieuses (en apparence) que rémunératrices, il faut donner un certain nombre de gages et d’assurances. Barnier fut auparavant un soutien actif du traité de Maastricht puis de la Constitution européenne lors des campagnes référendaires de 1992 et de 2005. Il participa aussi à la préparation du traité de Lisbonne qui effaça et trahit le vote du référendum de 2005 où le non l’avait emporté. Barnier incarne le pire du chiraquisme, l’abandon du souverainisme et l’inféodation à une entité supranationale et technocratique.
C’est dire à quel point il est l’homme du Système, dévoué serviteur de l’Etat profond. Quant à Macron, ancien banquier d’affaires chez Rothschild, il n’a jamais caché son européisme inconditionnel, faisant même agiter par ses partisans des petits drapeaux de l’UE lors des meetings pendant sa campagne électorale. Les deux politiciens ont un positionnement centriste et savent adapter leur discours selon l’interlocuteur qui est en face d’eux. En ce sens, ce sont l’un et l’autre des caméléons, des adeptes du « en même temps ». Tout européiste qu’il est, Barnier adopta pendant les primaires chez les Républicains en 2021 un positionnement apparemment plus droitier sur les sujets régaliens, et notamment sur la question des flux migratoires, pour séduire les adhérents LR de base. Mais il ne s’agissait là que d’une posture s’apparentant à une imposture tant le logiciel idéologique de Barnier est la révolution européiste, cosmopolite et arc-en-ciel. Il fut d’ailleurs ministre de l’Environnement dans le gouvernement de cohabitation dirigé par Edouard Balladur de 1993 à 1995. Il est de toutes les modes, de tous les prêts à penser, de tous les conformismes. Il est le contraire d’un briseur de barrages. Avec lui Macron peut être rassuré et dormir sur ses deux oreilles : Barnier poursuivra les grands axes de sa politique et de plus il est tellement terne et insipide qu’il ne lui fera pas d’ombre. Il a le charisme d’une huître et l’énergie d’un cancéreux en phase terminale.

C’EST POURQUOI il est scandaleux que le très chiraquien Barnier ne doive sa nomination et son maintien à Matignon que grâce à la bienveillance et, disons-le, à la complicité active du RN en général et de Marine Le Pen en particulier. Laquelle a publiquement assuré (après l’avoir certifié à Macron) que les 126 députés RN (et leurs 16 alliés ciottistes) ne voteraient pas la censure du gouvernement Barnier car il fallait lui laisser sa chance. On croit rêver. Comment un parti officiellement souverainiste et national comme le RN, très critique sur l’Union européenne, au point de prôner jusqu’en 2017 la sortie de la France de l’UE et de l’euro, peut-il être la béquille du macronisme et d’un européiste de toujours comme Barnier ? C’est objectivement une trahison de plus de la part du parti du Reniement national et de son chef apostat. Barnier ne peut être et rester à Matignon, et donc conduire sa détestable politique, que grâce à la non-censure du RN. Si les députés du RN le censurent, le gouvernement Barnier chute aussitôt, l’addition des voix des élus du Nouveau Front populaire et de ceux du RN permettant d’atteindre, et même de dépasser assez nettement, la majorité absolue. En faisant le choix assumé de ne pas le censurer, et donc en le laissant gouverner, Marine Le Pen apparaît, au moins pour un temps, comme le sauveur de Macron qui était jusque-là dans une impasse, qui ne parvenait pas à trouver un Premier ministre. Le RN, qui se prétend parti d’opposition et anti-Système, apparait là de manière spectaculaire comme la béquille du macronisme, comme son assurance-vie. C’est inouï et c’est pourtant bien la réalité que nous avons devant les yeux.
On comprend mieux désormais le pourquoi des dîners parisiens secrets et nocturnes chez Thierry Solère, proche conseiller de Macron, entre Edouard Philippe et Marine Le Pen (Philippe ayant jugé ce dîner « très cordial » !) et entre le ministre macroniste de la Défense Sébastien Lecornu et le président du RN, le juvénile et carriériste Jordan Bardella, juste après la dissolution de l’Assemblée. On fait semblant de s’opposer, on crée même des fronts républicains entre les deux tours du scrutin pour diaboliser artificiellement le RN et ainsi conserver un maximum de députés, on met en place un cordon sanitaire pour éviter que le RN ait des sièges au bureau de l’Assemblée nationale mais en même temps (le fameux « en même temps » macronien), on caresse le RN dans le sens du poil, on le reçoit à l’Elysée avec tous les honneurs, on le consulte, on le ménage, on négocie avec lui, on s’assure de sa bienveillance, de sa complaisance, voire de sa connivence. Tout cela est à vomir.
Mais au fond ce spectacle affligeant et indigne est-il si surprenant ? Après tout, ces partis de coquins, de gredins et de faquins, de menteurs, de voleurs et d’imposteurs — Marine Le Pen sera jugée fin septembre pour les emplois fictifs du FN-RN au Parlement européen mais le pire vol qui soit, c’est celui de l’âme du FN et du programme historique de la droite nationale foulé au pied ! — sont d’accord sur l’essentiel : sur la constitutionnalisation du droit à l’assassinat des bébés dans le ventre de leur mère, sur la laïcité, c’est-à-dire le refus public de Dieu et de sa loi, sur l’euthanasie, c’est-à-dire l’élimination des vieux et de toutes les personnes jugées inutiles, sur le refus du rétablissement de la peine capitale pour les assassins, sur le maintien des lois scélérates et liberticides Pleven (1972), Gayssot (1990), Lellouche (2003), Perben (2004), sur la poursuite de l’inféodation à l’Union européenne et de la colonisation à rebours de notre pays et de notre continent par une immigration massive et le refus de toute politique, même partielle et graduelle, de remigration, sur une imposition toujours plus lourde et confiscatoire des contribuables, sur l’approbation des revendications exorbitantes et criminelles du lobby LGBT, sur l’alignement sur des positions ultra-sionistes et judéoserviles, sur la diabolisation de pans entiers de notre histoire, à commencer par l’Etat français et son chef, le maréchal Pétain. Heureux ceux qui voient clair et qui refusent d’adhérer, en quoi que ce soit, et si peu que ce soit, à cette sinistre farce. […]

RIVAROL,<jeromebourbon@yahoo.fr>.

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Billet hebdomadaire

Michel Barnier, Edouard Philippe : deux hommes pour le même pouvoir

La rentrée politique a, cette année, une coloration très politicienne. Pour l’instant, en tout cas, l’exécutif en chef s’emploie, en ce début du mois de septembre, à constituer un casting pour un gouvernement qui sera dirigé, comme nous le savons désormais, par Michel Barnier, vieux briscard mondialiste et homme de confiance du pouvoir de l’ombre.
Enfin devrait-on parler plus précisément d’une rentrée ressemblant surtout à la fin d’une interminable partie du jeu Qui est-ce ?, qui aura duré tout l’été. Comme si les JO n’avaient pas suffi à saturer les esprits de nos pauvres concitoyens. Après le communiste des volcans éteints, André Chassaigne, exposé comme premier ministrable, le media estival n’a cessé de broder un canevas ridicule en glosant à l’infini sur tel ou tel candidat ou en louant tels autres. En guise de feuilletons d’été, TF1, France 2 et les chaînes dites d’infos (qui ne sont en réalité que des supports propagandistes dévolus au sionisme le plus extrême) ont proposé à leurs téléspectateurs la grande série des candidats engagés dans un marathon dont le gagnant devra occuper le trône de Matignon. Et la liste des concurrents fut à la fin du jeu fort longue. On évoqua comme prétendants Huguette Bello (Réunionnaise inconnue des masses françaises), le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane, David Lisnard, Didier Migaud, Pierre Moscovici, Laurence Tubiana, l’argentier François Villeroy de Galhau, Bernard Cazeneuve, et surtout cette illustre inconnue parisienne possédant tous les attributs du germanopratisme, Lucie Castets. Las, à la fin de ce long trail, c’est la tortue Michel Barnier qui remporta la médaille d’or, la seule qui vaille dans ce genre de compétition. Une compétition assurément truquée puisqu’il est probable que le Savoyard d’Albertville avait été désigné, certainement depuis des mois, par l’engeance au pouvoir, pour remplacer l’insignifiant Gabriel Attal.

LE TRÈS EXPÉRIMENTÉ MICHEL BARNIER

Difficile de croire, en effet, qu’un homme comme Michel Barnier, qui a servi dans plusieurs gouvernements par le passé et qui a occupé les plus éminentes fonctions européistes ait été choisi à la légère ; surtout après la promotion éhontée de cette Lucie Castets qui, du moins en terme d’image, s’oppose au libéral et à l’époux d’une Altmayer qu’il est. N’oublions pas qu’il fut en outre, en 2022, candidat pour représenter LR lors de l’élection présidentielle de la même année (Pécresse l’emporta), après avoir été le négociateur en chef des accords sur le Brexit. Il faut le dire, Michel Barnier est un grand serviteur du système. Il a fait toutes ses preuves, il a toujours été à la hauteur des attentes du pouvoir, et n’a jamais dérapé. Il est encore, à 73 ans, un lieutenant fidèle de ce qu’on peut appeler, à juste titre, l’Etat profond.
En cela partage-t-il avec l’ancien Premier ministre Edouard Philippe beaucoup de points communs, en particulier cette indéfectible fidélité envers le véritable pouvoir.
Aussi l’annonce d’Edouard Philippe (dans le magazine de François Pinault Le Point de sa candidature (précoce) à la prochaine élection présidentielle de 2027 ne peut pas, ne peut plus être une surprise. Car le pouvoir semble être revenu à ses fondamentaux.

JUILLET 2020-AOÛT 2024 : UNE PÉRIODE DE JACHÈRE POLITIQUE ?

La politique en démocrassouille, c’est comme l’agriculture. Il existe des périodes, des étapes, des saisons à respecter, pour que la moisson attendue soit au rendez-vous l’été voulu, l’année voulue. Ainsi la nomination du petit bourgeois Michel Barnier au poste de Premier ministre et la déclaration de candidature pour la prochaine présidentielle d’Edouard Philippe ne sont pas de nature stochastique, ne sont pas une coïncidence, mais, d’abord, le signe que la grande jachère politique-politicienne, qui a débuté en juillet 2020 avec l’arrivée de l’humoriste Jean Castex à Matignon jusqu’au mignon Attal en passant par la vapoteuse Elisabeth Borne, est terminée.
Cette concomitance de la nomination du très sérieux Barnier et du très politique Philippe témoigne d’un renouveau public qu’il serait téméraire de ne pas prendre en considération.
Barnier et Philippe sont deux hommes issus du même sérail. Ce ne sont pas des clowns, ce sont des gens sérieux, à l’apparence d’ailleurs très sérieuse. Ils font partie intégrante du système, et cette appartenance est perceptible ; elle est ressentie par les masses.
Mieux qu’un pouvoir charismatique, Michel Barnier comme Edouard Philippe disposent d’un pouvoir rationnel : ils sont aux yeux des petites gens, encore inconsciemment peut-être, les hommes de la situation, éventuellement les hommes qu’il faudra en place, à la tête du gouvernement, en temps de tempête.

LA THÉORIE DU FRIGO VIDE EST FALLACIEUSE

Une grave erreur est commise, trop souvent, dans les milieux nationaux, nationalistes, nationalistes révolutionnaires ou socialistes-nationaux. Celle de croire que, dans les périodes de grande crise, de chaos, d’anarchie, d’anomie sociologique, de disette, de famine, d’inquiétude, d’extrême tension, de souffrance, les masses reprendraient pied, se ressaisiraient, feraient, dos au mur, preuve d’intelligence politique, s’intéresseraient soudainement au bien public, à la grande politique, désireraient, en définitive, la révolution, pour vivre, pour survivre, pour revivre. Or rien n’est plus faux. La science sociologique, loin des discussions du café du commerce, a toujours montré que le grand changement politique (bénéfique) survenait en temps calme, en période tranquille, souvent d’ailleurs à des moments où le peuple ne criait pas famine, en tout cas quand il ne craignait pas de mourir de faim à court et à moyen termes.
Au contraire, quand il a faim, quand il a froid, quand il craint pour sa vie, pour la vie des petits dont l’instinct des pères et des mères est de les protéger, même dans le plus terrifiant des malheurs, le peuple ne souscrit pas à une nouvelle théorie politique et ne fait pas des équations mathématiques ; il n’est pas à la recherche du Bien, de la Vérité, du beau, du bon. Il ne souhaite ardemment que sa survie, il veut simplement que ses petits ne connaissent pas la douleur de la faim ni celle de la morsure du froid.
Il se moque des grands théorèmes, des doctrines et même de la religion en ces moments fatidiques. S’il peut encore soutenir un mouvement, un parti, un groupe, un homme providentiel, dans le seul objectif de survivre et d’épargner le pire à ses petits, il se tournera vers ceux qui paraîtront les plus forts, il se tournera vers l’autorité la plus forte du moment, vers celle qui lui semblera capable de pacifier la société rapidement, vers celle qui permettra la culture du blé, vers celle qui promettra un lendemain vert, dans les champs, dans les prés du pays. Aucune idéologie n’entrera en compte, aucune transcendance n’intéressera le bon père de famille. Ce dernier n’aura plus qu’une obsession : le bien-être de ses enfants, que ces derniers ne meurent pas sous ses yeux, ne hurlent pas de faim, ne gémissent pas de douleur, ne souffrent pas du gel. Et avant que cette horrible vision de la fin des siens n’arrive, le bon père voudra l’éviter, et aucune idéologie ne l’intéressera. Il ne voudra plus que la paix quand bien même celle-ci sera assurée par des fanatiques tenants d’une idéologie dont il se contrefiche.
Un exemple : les Chinois des années 1930 et 1940 n’étaient en rien séduits par l’idéologie communiste de la mouvance maoïste, mais cette dernière était forte, douée d’une minorité active efficiente qui savait contrecarrer les offensives japonaises, l’envahisseur japonais qui suçait littéralement la nourriture du peuple. Le peuple chinois se moquait de l’idéologie de cette force autochtone complètement fanatisée, elle se moquait de la folie qui habitait le crâne du partisan. Il lui donna toute l’autorité qu’elle souhaita pour évacuer le colon japonais cruel. Il le fit pour le meilleur et pour le pire. […]

François-Xavier ROCHETTE.