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Rivarol n°3638 du 27/11/2024 (Papier)

Editorial

La grande Ursula, Marc Bloch, Macron et l’entretien de la haine

UNE GRANDE DAME nous a quittés le 20 novembre dans l’après-midi, douze jours après avoir soufflé ses 96 bougies. La révisionniste allemande, Ursula Haverbeck, s’est en effet paisiblement éteinte dans son lit, entourée de ses proches et de ses amis, ainsi que l’a déclaré son avocat, Me Wolfram Nahrath. Quel destin extraordinaire que celui de cette femme élégante, belle, vaillante, au cœur noble et généreux, ne se départant jamais de son large sourire qui illuminait son visage et tout son être, même lorsqu’elle était dans le box des accusés et qu’elle assumait crânement, nonagénaire, ses positions anticonformistes, faisant face à des ennemis implacables voulant la faire taire à tout jamais en l’envoyant en prison jusqu’à la fin de ses jours !
Née en Hesse-Nassau en Prusse le 8 novembre 1928 sous la République de Weimar, Ursula Meta Hedwig Haverbeck-Wetzel fait partie de ces Allemands expulsés, déportés de Prusse orientale après l’effondrement du Reich en 1945. Mais de ces victimes-là, on ne parle jamais, on ne dresse jamais le douloureux martyrologe. Les collégiens et lycéens ignorent totalement, pour la plupart d’entre eux, que quinze millions d’Allemands ont été brutalement expulsés à la fin de la guerre, dans des conditions épouvantables, des territoires de l’Est et que plusieurs millions d’entre eux sont morts, souvent atrocement, ou ont gardé de cruelles cicatrices dans leur chair et dans leur âme de cette déportation forcée. La Mémoire, on le sait, est à géométrie variable. « 15 millions d’Allemands des provinces perdues de l’Est, y compris moi, furent expulsés de leur maison. C’est l’équivalent de la population scandinave. Essayez d’imaginer : une note apparaissait sur la porte : “Vous devez quitter la maison d’ici demain, à telle et telle heure, les clés doivent rester sur la porte, vous ne pouvez pas amener plus de 20 kg par personne” » déclarait en mars 2015 à ce propos Ursula Haverbeck à Panorama interview. Une situation que connaissent à leur tour aujourd’hui les Palestiniens et les Libanais. Mais on ne fait pas de processions et de pèlerinages dans les écoles, ni en Allemagne ni en France, pour rappeler et entretenir cette Mémoire-là qui est complètement occultée.
A la suite de ce transfert forcé, comme on le dit pudiquement, Ursula vit alors quatre ans en Suède et deux ans en Ecosse. Elle peut toutefois effectuer des études universitaires en pédagogie, en philosophie et en linguistique. Le 31 juillet 1970, elle épouse le courageux historien nationaliste allemand, Werner Georg Haverbeck (1909-1999). Celui-ci est le fondateur, en 1963, du Collegium Humanum à Vlotho. Après son décès en 1999, Ursula Haverbeck reprend la direction de l’institution. En 1992, elle est la fondatrice d’une association pour la défense de la mémoire des 12 millions d’Allemands ayant perdu la vie durant la Seconde Guerre mondiale. Celle-ci organise des commémorations, des dépôts de couronnes et l’érection de monuments qui, c’est le moins qu’on puisse dire, ne vont pas dans le sens des mémoriaux de la Shoah qui défigurent un peu partout l’Allemagne et l’Occident. A partir de la chute du mur de Berlin en 1989, Ursula s’engage auprès des groupes et des partis nationalistes, comme le NPD, afin de poser les bases d’un grand rassemblement national en Allemagne. Elle ne renoncera plus jamais à cet objectif avec une force de caractère et une persévérance qui forcent l’admiration, alors même que la persécution outre-Rhin pour les nationalistes et les révisionnistes est infiniment pire que ce qu’elle est en France. Le 9 novembre 2003, elle participe, à Vlotho, à la fondation de l’Association pour la réhabilitation des personnes persécutées en raison des débats sur l’Holocauste. Elle en devient la vice-présidente.
C’est alors que commencent vraiment ses tourments politico-judiciaires. Mais rien jusqu’à son dernier souffle ne la fera jamais dévier de son combat pour la justice et la vérité. Le 12 novembre 2015, à l’âge de 87 ans, elle est condamnée à dix mois d’emprisonnement pour “négationnisme”, puis à plusieurs autres condamnations à l’automne 2016. Elle a fait appel en vain de toutes ses condamnations et, le 7 mai 2018, elle commence à purger sa dernière peine de deux ans de prison ferme après avoir été arrêtée à son domicile par la police allemande qui la capture comme on saisit un terroriste. Elle restera derrière les barreaux près de trois ans, jusqu’en décembre 2020 où elle est libérée de la prison de Bielefeld à plus de 92 ans, ce qui a fait d’elle la plus vieille prisonnière d’Allemagne et même d’Europe, et ce pour simple délit d’opinion ! A peine sortie de sa cellule, ne renonçant à aucune de ses convictions, malgré le long temps passé en prison, elle est à nouveau inculpée, fait l’objet d’un procès en mars 2022 et est condamnée à un an de prison. Quelques mois seulement avant sa disparition, elle était à nouveau condamnée, le 26 juin 2024, à 16 mois de prison supplémentaires. Et on ne compte pas les milliers d’euros d’amende qu’elle a dû verser toutes ces années.
On dit souvent qu’en vieillissant, l’homme devient plus faible, moins résistant et qu’on peut plus facilement le faire céder car le vieillard exténué veut absolument avoir la paix. Ursula Haverbeck est sur ce point un contre-exemple. Celle qu’on a surnommée Dame Courage a montré jusqu’à ses derniers instants que lorsqu’on a en soi l’amour de la vérité et de la justice, que l’on a un cœur et une âme qui brûlent, que l’on est pleinement convaincu de faire son devoir, que l’on est habité par des convictions fortes et inébranlables, alors rien ne peut conduire au renoncement ou pis encore au reniement. Toute sa vie, Ursula n’a jamais faibli ni failli ni trahi. Elle est restée fidèle à elle-même, elle s’est battue comme une lionne pour son peuple diffamé et calomnié et pour son pays occupé et humilié. Contrairement à beaucoup d’autres qui parlent sans savoir, elle avait connu la guerre. Dans son enfance et sa jeunesse, elle a vécu sous la République de Weimar, puis sous le Troisième Reich, puis dans un pays occupé et asservi.

QUEL EXEMPLE poignant et enthousiasmant assurément que cette vieille dame impressionnante par son maintien, sa tenue, son élégance, sa distinction, son calme dans la tempête, sa capacité à dire non, sa combativité de chaque instant, sa résistance à l’oppression, sa force d’âme dans les persécutions qui n’ont jamais cessé. Il en faut du courage, et disons-le, de l’héroïsme — dans son cas, le mot n’est pas galvaudé — pour accepter de rester près de trois années entières en prison à 90 ans, alors même qu’on est innocent, qu’on n’a rien fait de mal et que les infirmités liées au grand âge se font cruellement sentir. C’est cela le véritable amour de la patrie, l’attachement charnel à la terre des pères jusqu’au sacrifice, au don de soi, la ferme volonté de transmettre la véritable histoire de son pays afin qu’on cesse de culpabiliser les nouvelles générations à qui l’on répète que leurs ascendants étaient des monstres et qui, pour beaucoup d’entre elles, traumatisées qu’elles sont, ne veulent plus fonder de foyer et se font même souvent stériliser pour que meure définitivement un peuple qu’elles croient criminel par essence. Jusqu’à quelles extrémités peut conduire l’entretien d’une Mémoire haineuse, sélective et calomniatrice ! Et cela ne vaut pas seulement pour l’Allemagne mais pour toute l’Europe et tout l’Occident. Et même par ricochet pour le Proche-Orient où les Palestiniens et les Libanais se font massacrer, génocider, toujours au nom de la Mémoire qui donne tous les droits à une entité terroriste qui traite systématiquement d’antisémites tous ceux qui dénoncent ses crimes abominables. Cette mémoire, qui n’est que l’entretien de la haine, comme le dénonçait un Mitterrand en fin de vie mais combatif face à un Elkabbach en fureur dans une interview télévisée saisissante en 1994, continue plus que jamais à lobotomiser les cerveaux et à empoisonner les âmes. Le 23 novembre 2024, lors d’une allocution prononcée à Strasbourg lors des 80 ans de « la libération » de la capitale alsacienne, Emmanuel Macron a annoncé la panthéonisation en 2025 de l’historien israélite Marc Bloch. En l’espace de sept années de présidence seulement, c’est la septième personnalité que le chef de l’Etat fait entrer au Panthéon. Après Simone Veil en 2018 et son mari Antoine Veil, l’écrivain Maurice Genevoix en 2020, l’Américaine militante pour les droits civiques Joséphine Baker, en 2021, le communiste Missak Manouchian et son épouse Mélinée Manouchian en 2024. Et en 2025 Macron va donc faire entrer au Panthéon Robert Badinter et Marc Bloch, encore deux israélites, tout comme le couple Veil. L’ancienne église Sainte-Geneviève, dédiée à la sainte patronne de Paris, devient une synagogue ! En dehors de Genevoix, tous les choix effectués par Macron sont en effet idéologiques et partisans et prouvent à quel point nous vivons mentalement sous occupation.

LA TRÈS RÉCENTE DÉCISION du Conseil d’Etat qui a validé, le 14 novembre, la circulaire Darmanin du 9 mai 2023 qui interdisait de manière préventive toutes les manifestations dites d’extrême droite ou d’ultra-droite car susceptibles de provoquer des troubles immatériels à l’ordre public, de faire l’apologie des discriminations et de porter atteinte aux valeurs de la République montre également, à quel point les libertés les plus fondamentales sont aujourd’hui bafouées. Au nom d’une Mémoire sélective et haineuse. Un colloque de l’institut Iliade, où était mis en avant le thème de la remigration avait été interdit en mai 2023. Et cette interdiction, déjà validée en première instance par la justice administrative, l’est désormais, de manière plus générale, par le Conseil d’Etat qui légitime la circulaire de Darmanin instituant une censure préalable, jugeant certaines opinions et positions politiques inacceptables. Proposer une politique de remigration est ainsi jugé contraire aux principes de la République.
C’est donc une erreur de penser qu’en abandonnant le terrain du révisionnisme, on va contourner efficacement et durablement la censure. Car lorsqu’on accepte une injustice, une autre, plus grave encore, se légitime. On le voit sous nos yeux, ce n’est plus seulement le révisionnisme qui est interdit aujourd’hui, c’est l’antisionisme, c’est la politique de remigration, c’est la défense de la morale naturelle et de la famille traditionnelle, c’est la doctrine catholique sur la question juive, etc. On va toujours plus loin dans la folie. C’est pourquoi il faut refuser toute forme de censure et d’autocensure et dire simplement ce que l’on a à dire. Quels que soient les risques encourus. Sans provocation inutile sans doute, mais sans faiblesse, sans concession, sans adultération du message, sans mise sous le boisseau de la vérité, sans acceptation de l’injustice, du mensonge et du crime. A cet égard, Ursula Haverbeck nous est incontestablement un exemple, un modèle, un flambeau qui doit nous guider, nous inspirer et nous encourager dans les ruines et les ténèbres actuelles. Tant que des voix se feront entendre contre l’oppression, fussent-elles bien peu nombreuses, tant que des hommes se lèveront contre l’injustice, fussent-ils une poignée, alors on ne pourra pas désespérer de l’humanité.[…]

RIVAROL,<jeromebourbon@yahoo.fr>.

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Billet hebdomadaire

L’agriculture française poignardée dans le dos avec l’Accord UE-Mercosur

Le libre-échangisme, tel que le pouvoir (qualifions-le de mondial, de mondialiste ou de mondialisé, peu importe) l’organise, est en réalité un jeu de dupes. Sur une planète où les véritables frontières ont été vaporisées, sur une planète où les Etats-nations ne sont plus, en réalité, que des coquilles vides qui, non seulement, n’ont pas les moyens d’imprimer une politique économique singulière qui serait favorable à leur société propre qu’ils sont censés protéger, mais pis, qui sont devenus des instruments idéaux au service du pouvoir mondial, au service de ses propres projets, le libre-échangisme ne peut en effet qu’être un jeu de dupes.
La crise du monde paysan, qui n’en finit pas et dont on a désormais le sentiment qu’elle ne finira qu’avec sa complète disparition, s’explique, elle aussi, par ce jeu où les intérêts nationaux sont mis à la corbeille parce qu’ils dérangent le pouvoir mondial et ses grands argentiers qui exploitent les nations dévitalisées pour leurs propres intérêts.
Tous ceux qui ont observé de près et sur un temps long l’évolution des décisions gouvernementales et du discours politique concernant l’agriculture française auront compris à quel point cette dernière est utile pour la ploutocratie mondiale. Si les rendements ont augmenté dans différents secteurs agricoles au cours des dernières décennies, c’est d’abord au prix d’une diminution drastique du nombre d’agriculteurs en France. Moins d’exploitations, moins de paysans, moins d’héritiers gaulois enracinés, mais aussi moins de terres cultivées et aujourd’hui davantage de friches en France qu’il n’y en avait au XVIIIe siècle.
La paysannerie française dérange en effet la ploutocratie qui a tout fait pour la laminer économiquement, socialement, culturellement. Nous l’écrivions au début du mois de novembre dans RIVAROL (RIV. 3635 du 6 novembre 2024) : la République a toujours su cultiver l’art de dorer les pilules quand il s’agissait du monde paysan, en tout temps ; elle lui a toujours tapoté les épaules comme Chirac tapait sur le cul des vaches, mais les discours ampoulés de nos représentants politiques ont en réalité toujours servi à poignarder dans le dos les derniers enracinés de France. Trop enracinés, disons-nous, l’industrie du divertissement s’échine depuis soixante ans à les faire passer pour des “ploucs”, une espèce d’individus à la fibre épaisse, pour des gens renfrognés, chafouins, embourbés dans une forme d’intolérance consanguine.
Parallèlement à cette entreprise anti-paysanne qui dépeint un univers rétrograde dans lequel le ringardisme se mêlerait à la dureté des cœurs (alors que cette société possédait encore, après-guerre, les caractéristiques de ce que les Allemands — avec notamment le sociologue Ferdinand Tönnies — appellent la Gemeinschaft — que l’on peut traduire imparfaitement par “communauté”. Une communauté solidaire qui ne correspondait peut-être pas à la sociologie de La Petite maison dans la prairie mais qui n’abandonnait en aucun cas ses enfants handicapés et ses vieux indigents, une réalité qui choquait les néo-urbains qui trouvaient tout cela pas très hygiénique), le système européiste ou euro-mondialiste vendu à la France et aux enracinés par les mêmes qui caressaient les croupes bovines dans les foires agricoles et, pour ce faire, avec force subventions et autres promesses pécuniaires et de modernisation de l’outillage des éleveurs et des cultivateurs, a détruit le mode de vie communautaire paysanne à une vitesse accélérée.

L’ANOMIE DU MONDE PAYSAN

Effets pervers de l’optimisation technique ou volonté manifeste de détruire un mode de vie “authentique” (mais hétérogène à l’esprit du temps), peu importe : le résidu culturel paysan a été laminé, piétiné, dilué. Les campagnes ont été dépeuplées et la disparition des petits paysans a mécaniquement isolé les derniers agriculteurs qui parviennent encore à vivre de leur activité primaire. Aujourd’hui, la majorité des agriculteurs vit dans un monde où les solidarités organiques ont quasiment disparu. Beaucoup d’entre eux vivent dans une solitude physique et morale quasiment absolue, le taux de suicide des derniers paysans, très largement supérieur à la moyenne nationale, l’attestant. Cette souffrance relève de l’anomie, terme sociologique désignant une sorte de déréliction dans laquelle les victimes sont littéralement perdues car dépourvues d’une fonction sociale et de cette solidarité communautaire qui donnaient un sens à leur vie.
Longtemps, le paysan a cru que son salut pouvait se réaliser par la réussite économique en espérant, saison après saison, des lendemains qui chantent. Avec l’argent qui devait tomber, on le lui promettait, il espérait se refaire, édifier un cadre de vie propice à la réalisation d’une vie de famille, ou, du moins, vivre “normalement”, comme tout le monde, avec des revenus dignes de ceux de la classe moyenne, avec des vacances régulières, avec l’assurance d’obtenir une retraite correcte quand les années auront définitivement cassé leurs reins. Ce dernier espoir, celui de vivre dans un certain confort matériel comme un cadre EDF, a, lui aussi, disparu.
Pour la majorité des derniers des agriculteurs, tout espoir de rebond est perdu. Au mieux pense-t-elle, cette majorité, vivoter encore quelques années, survivre peut-être à l’instar de ceux essayant de combiner les fruits de leurs activités exténuantes avec le RSA. Mais, à part les millionnaires de la céréaliculture liés de très près à l’industrie de la transformation des oléagineux (comme l’est l’actuel patron de la FNSEA, Arnaud Rousseau, président du conseil d’administration du groupe Avril-Lesieur) et les riches viticulteurs (une minorité peu enracinée possédant les grands crus), la paysannerie française est condamnée sur l’autel des profits des négociants et de la grande distribution.
Le monde paysan, raillé par les élites culturelles, délaissé par la mouvance socialiste, s’était donc laissé happer par le chant des sirènes européistes. Nous l’avons dit, nous le répétons : cette Europe de papier l’a anesthésié. C’était pour mieux le tuer, une fois qu’il aurait perdu son âme et la force de son nombre. L’UE a promis le paradis à toute la profession. C’est l’enfer qu’elle vivra après avoir signé un pacte avec elle.
On ne compte plus le nombre d’agriculteurs qui crient leur volonté de vivre de leur métier et non des grotesques subventions européennes qui ont corrompu toute la corporation paysanne des décennies durant en annihilant en elle tout esprit de combat. La profession se plaint depuis des lustres des normes environnemental(ist)es d’origine européenne qui entravent son activité.
L’accord UE-Mercosur, qui ne représentait qu’un serpent de mer depuis un quart de siècle mais qui est maintenant en voie de concrétisation, ne fait plus de l’entité européiste un simple enquiquineur à qui l’on pardonne tout, mais un monstre agricide prêt à égorger le cochon qu’il nourrissait depuis si longtemps.
Durant plusieurs générations, l’Europe, cheval de Troie du pouvoir mondial, a attiré dans ses rets toutes ces familles enracinées, qui avaient donné à la France leurs fils dans ses guerres absurdes. Dorénavant exsangues, et perdues dans l’usine à gaz de la réglementation européenne, ces familles résiduelles pèsent peu en réalité devant l’opinion. Néanmoins leur reste-t-il la rage, la rage que l’homme éprouve devant le dévoilement de la duperie dont il est la victime.

UNE GOUTTE D’EAU QUI FAIT DÉBORDER LE VASE ?

On ne comprend rien à la dernière fronde paysanne contre les accords UE-Mercosur si on ne connaît pas l’histoire de la paysannerie de ces soixante dernières années. On ne comprend rien à cette affaire en méconnaissant la trahison de l’UE à l’égard des agriculteurs français. Et l’accord UE-Mercosur désiré de toutes ses forces par le patronat allemand, aujourd’hui en souffrance, est le coup de grâce porté à l’agriculture française.
L’Allemagne contre la France rurale, c’est le pot de fer contre le pot de terre, c’est une industrie voyant dans le marché sud-américain qui s’ouvrirait enfin la dernière chance de son sauvetage. Pour s’offrir ce marché argentin et brésilien, l’Allemagne offre sur un plateau d’argent l’agriculture française. Voilà le deal. En échange d’une ouverture du marché alimentaire européen, ce faisant en marchant sur l’agriculture française dont on avait promis la sanctuarisation, l’Allemagne, nouvellement écrasée par la Chine sur le marché de l’automobile électrique, vendra ses voitures thermiques, détaxées, sur tout le continent sud-américain. C’est cela, l’accord UE-Mercosur. Un jeu de dupes dans lequel l’agriculture française sert de monnaie d’échange. C’est notre pays réel qui est prostitué, c’est notre peuple qui est vendu ici !
Le projet d’accord entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur prévoit la possibilité pour les éleveurs sud-américains d’exporter chaque année en Europe 160 000 tonnes de bœuf avec des droits de douane nuls. Avec l’ouverture d’un nouveau contingent, les éleveurs français vont subir la concurrence déloyale d’une viande brésilienne et argentine beaucoup moins chère, car produite avec des normes environnementales et sanitaires moins strictes. Mercedes vendra plus de voitures, en échange de l’invasion de produits très sales dans les supermarchés européens, mais en quoi cela nous satisferait-il ?
Les rares mais puissants gredins qui défendent en France cet accord de mort arguent de la chance pour nos fromagers de vendre leurs produits, à 8000 kilomètres de Brie, de Langres ou de Munster. N’est-ce pas absurde ? Acheteriez-vous des camemberts conçus à l’autre bout du monde ? Je ne veux nullement remettre en cause le génie fromager de nos crémiers régionaux, mais comment peut-on croire que les consommateurs brésiliens vont se jeter sur nos coulommiers (qui ont macéré dans les soutes d’un cargo) parce qu’ils coûteront finalement quarante centimes de moins ?
Non vraiment, en tous points, la France est perdante dans cet accord avec le Mercosur qui ne repose en définitive que sur un nouveau sacrifice de son agriculture. […]

François-Xavier ROCHETTE.