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Rivarol n°3648 du 12/2/2025 (Papier)

Editorial

Après la tombe de Le Pen, c’est au tour de celle de Brasillach d’être profanée !

APRÈS LA TOMBE de Jean-Marie Le Pen profanée dans la nuit du 30 au 31 janvier 2025 dans le cimetière de la Trinité-sur-Mer, c’est au tour de celle de Robert Brasillach d’être dégradée moins de dix jours après, dans la nuit du 7 au 8 février dans le cimetière de Charonne sis dans le vingtième arrondissement de la capitale. L’acte de vandalisme a été perpétré alors qu’un recueillement était prévu le samedi 8 février au matin par le Cercle franco-hispanique et les Nationalistes à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de l’exécution de l’écrivain assassiné le 6 février 1945, De Gaulle ayant refusé de le gracier alors qu’il en avait le pouvoir. Les policiers ont été appelés par le cimetière pour un tag à la peinture noire réalisé sur la stèle durant la nuit du vendredi au samedi. La direction du cimetière a renforcé la sécurité autour de la sépulture et les ayants droit ont été prévenus. Le samedi 8 février, le cimetière de Charonne était fermé toute la journée, de sorte que les gerbes de fleurs sur la tombe martyrisée de Brasillach et sur celle de son beau-frère Maurice Bardèche, qui, elle en revanche, n’a pas été dégradée — peut-être les auteurs du forfait ne connaissaient-ils pas le nom de l’auteur de Nuremberg ou la terre promise, bien qu’il soit inhumé au côté de son épouse Suzanne Bardèche née Brasillach — n’ont pu être déposées que le lendemain, le dimanche 9 février, quand le cimetière a de nouveau été ouvert au public. La tombe de Brasillach est désormais totalement enveloppée de plastique pour cacher les dégradations en attendant d’être réparée.
Au même moment ou presque, le monument en hommage à Maurice Barrès à Charmes, son village natal dans les Vosges, inauguré en 1952, a été vandalisé avec des graffitis où l’on peut lire, entre autres aimables inscriptions : « Fachos, barrez-vous ». Il ne fait donc guère de doute que ce sont des gauchistes, des antifas qui sont les auteurs de ces agissements. Nous le disions dans notre précédente édition, la haine de la gauche et de l’extrême gauche à l’égard du camp national et nationaliste est tellement vive, torride et incandescente qu’elle ne s’arrête pas à la mort de ses ennemis. Elle leur refuse le repos. Elle va profaner jusqu’à leur dernière demeure. Et la haine traverse les décennies et les siècles. Robert Brasillach a été exécuté il y a quatre-vingts ans et Maurice Barrès est mort il y a plus de cent ans en 1923. Mais cela ne change rien. Le temps ne fait rien à l’affaire. Il y a là quelque chose non seulement bien sûr de diabolique mais également de renversant, de stupéfiant, de suffocant. Comment peut-on, surtout si l’on est jeune et que l’on a la vie devant soi, qu’on devrait être plein d’enthousiasme, d’entrain, de ferveur, porté par un idéal, s’abaisser à dégrader des pierres tombales, à insulter des morts et à raviver ainsi la souffrance de la famille des disparus, de leur descendance ?

IL NE FAUT PAS s’y tromper. Nous vivons les prodromes d’une nouvelle guerre civile. Le climat est particulièrement malsain en ce moment. On assiste de manière de plus en plus manifeste à une exacerbation des passions, à une excitation des antagonismes, à une montée des haines. Tout cela est particulièrement préoccupant et n’augure rien de bon. Le jour même où devait être rendu l’hommage à Brasillach, une manifestation anti-fasciste a eu lieu dans le même arrondissement de la capitale. Il s’agissait par là d’intimider les nationalistes, de chercher le contact, voire de les agresser. Et quand ce ne sont pas les gauchistes, c’est la police du régime qui persécute sur ordre des pouvoirs publics, de la préfecture de Paris, les militants nationaux. Il y a deux ans, en février 2023, les fonctionnaires de la sous-direction des services spécialisés (SDSS) et les agents du XXe, accompagnés d’une unité cynophile (!), avaient débarqué avec des chiens, pas moins, et procédé à cinquante et un contrôles d’identité ! Cinq parmi ces militants étaient fichés “S”. L’un d’entre eux avait même été placé en garde à vue et convoqué par la justice pour une ordonnance pénale, alors même que ce rassemblement en hommage à Brasillach à l’initiative du GUD était totalement calme et pacifique.
Que dirait-on si des militants dits d’extrême droite ou d’ultra-droite, comme les grands media les désignent, allaient perturber des manifestations de gauche ou d’extrême gauche, cherchaient à provoquer, à narguer voire à frapper des militants antifascistes ? Immédiatement les media dénonceraient des hordes fascistes et des politiciens demanderaient aussitôt — et obtiendraient très probablement — la dissolution de groupements, d’organisations, d’associations de droite nationale ou radicale. Tant déjà ont été interdits de manière totalement arbitraire. En revanche, quand il s’agit de l’ultra-gauche, l’impunité est quasiment totale. Permanente et glaçante. Cela certes ne date pas d’aujourd’hui, il y a très nettement une préférence et une complaisance pour le communisme depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

ON NE LE SAIT PAS ASSEZ, on ne le dit pas assez, mais si De Gaulle a refusé de gracier Brasillach, alors que beaucoup d’écrivains demandaient un tel geste de clémence, de François Mauriac à Marcel Aymé, de Jean Anouilh à Jean Cocteau, de Paul Valéry à Paul Claudel, c’est en partie parce que l’homme de la BBC était un fauteur de guerre civile et n’était pas porté sur la concorde et le pardon, toute sa vie l’a démontré, mais c’est aussi parce qu’il voulait donner des gages au Parti communiste qui ne pardonnait pas à l’auteur des Poèmes de Fresnes d’avoir réalisé en 1943 un reportage à Katyn où il s’était rendu avec l’ambassadeur Fernand de Brinon. Lors de ce voyage, Brasillach constate les immenses fosses communes récemment découvertes et en tire un article, très documenté avec photographies à l’appui, pour le journal Je suis partout, dont il est alors rédacteur en chef, et au sein duquel il souligne la responsabilité de l’URSS, et singulièrement de sa sinistre police politique, dans l’odieux massacre de milliers d’officiers polonais et de leur famille. Or, il faut savoir que jusqu’en 1990 l’Union soviétique — et avec elle le communisme international — a toujours prétendu contre l’évidence des faits que c’était l’Allemagne nationale-socialiste qui était responsable de ce crime de masse, ainsi d’ailleurs que le tribunal militaire international de Nuremberg. C’est Mikhaïl Gorbatchev qui reconnaîtra publiquement et très tardivement la responsabilité de l’URSS dans ces assassinats monstrueux qui avaient pour but de liquider l’élite polonaise.
C’est une chose qu’on oublie souvent mais qu’il convient de rappeler régulièrement : De Gaulle s’est toujours entouré de communistes, de juifs et de francs-maçons qu’il a constamment préférés à la vraie droite. Ce fut vrai pendant la guerre et à la Libération avec l’épuration gaullo-communiste. Ce fut vrai également pendant et après la guerre d’Algérie. Qu’on songe à l’exécution de Jean Bastien-Thiry le 11 mars 1963 au fort d’Ivry, dix-huit ans après l’assassinat de Robert Brasillach au fort de Montrouge le 6 février 1945. Dans les deux cas, c’est le même homme qui a ordonné qu’ils fussent fusillés alors qu’il eût parfaitement pu et dû les gracier. Tant que ce qu’ils appellent la mémoire ne consistera qu’à un entretien de la haine, à travers les générations et les siècles, on ne pourra pacifier les esprits et œuvrer à la concorde et à la réconciliation. Tant que l’on fera preuve de manichéisme, de sectarisme, voire de fanatisme, tant que l’on enseignera des mensonges qui nous font tant de mal, comme le disait déjà le Maréchal, tant qu’on falsifiera l’histoire de notre pays, qu’on vivra dans les anathèmes, les ostracismes, les excommunications et les diabolisations de tout ce qui n’est pas impeccablement républicain, alors aucune renaissance nationale ne sera possible. Sans vérité sur le passé, il ne peut en effet y avoir de paix dans le présent ni d’espoir dans l’avenir.

RIVAROL,<jeromebourbon@yahoo.fr>.

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Billet hebdomadaire

Le sionisme international : de Dreyfus à Trump

On ne s’y attendait pas. On pensait que les intenses commémorations du 27 janvier (qui ont commencé en fait deux jours avant dans les media toujours impatients dans l’attente des grands moments), date anniversaire de la libération du camp de concentration d’Auschwitz (80 ans cette année) avaient plongé les gardiens du Souvenir dans un état de satiété mémorielle. Mais on avait oublié un autre anniversaire très important pour la République. Celui de la dégradation militaire du capitaine Alfred Dreyfus en 1895. Il y a donc 130 ans. A vrai dire, il semblerait que les vigilants aient été, cette fois, peu rigoureux sur les dates puisque le sabre du militaire israélite fut brisé le 5 janvier (1895) alors que l’on nous rafraîchissait la mémoire, tardivement, le 5 février par le biais de l’avocat pénaliste David Curiel qui se fendit d’une tribune dans Le Monde pour exiger le transfert de la statue d’Alfred Dreyfus ! En effet, le monument créé en 1985 par l’artiste Tim, actuellement installé dans le 6e arrondissement de Paris, se situerait, selon notre juriste, « bien loin des regards et de l’intensité symbolique que le destin de Dreyfus méritait. »
David Curiel a raison. L’Affaire déclencha en France (et ailleurs dans le monde) un véritable chamboulement d’ordre idéologique, social et moral, si bien que Georges Sorel a pu parler à ce propos de Révolution dreyfusienne.
Cette crise correspond en effet à un moment charnière de l’histoire nationale et mondiale, durant lequel le pouvoir républicain a pris le dessus sur les forces populistes qui n’en finissaient pas de l’inquiéter depuis l’épisode boulangiste. Elle lui permit d’épurer l’Armée (pensons aux fameuses fiches du général André) et de faire la chasse aux nationalistes et aux catholiques. Mais, chose moins connue, l’Affaire Dreyfus déclencha aussi la mise en branle du sionisme politique représenté alors par un Theodor Herzl qui affirmera plus tard son poids décisif dans l’émergence de son propre sionisme.
Il est sûr qu’en 2025, à l’heure où l’Etat d’Israël poursuit ses opérations militaires en Cisjordanie après avoir dévasté la Bande de Gaza, l’actualité du sionisme est à son comble et, pour cela aussi, l’intensité symbolique de la Révolution dreyfusienne n’a peut-être jamais été aussi forte depuis 1948.

L’ADAPTATION AMÉRICAINE AU SIONISME RÉVISIONNISTE

Il ne fallait pas être devin pour prévoir l’évolution du soutien américain envers le sionisme en marche. Après le passage du démocrate (même tout faible, étrangement tout faible, visiblement tout faible) Joe Biden à la Maison-Blanche, le Républicain Trump ne pouvait faire moins que son prédécesseur en faveur de Sion.
C’est une tradition américaine : les Démocrates, sur le papier du moins, ont toujours été “moins” sionistes que les Républicains. L’action ou l’inaction de Biden incapable, ou non désireux, d’empêcher la destruction des Gazouis, a démontré, s’il le fallait, que cette différence en la matière est obsolète. Cependant, en raison de la (très ostensible) sénilité de Joe Biden, qui était censé être l’homme le plus puissant du monde comme le serait aujourd’hui Donald Trump, le naïf pouvait penser que la paresse du camp démocrate devant le massacre des Palestiniens n’avait été qu’un accident de l’histoire et que le tonique Trump, lucide et calculateur, allait, bien que Républicain, redresser la barre aux noms de la justice et de la sauvegarde des innocents.
A partir du moment où l’on gobait l’histoire de la défaillance mentale d’un Biden, suprême chef de l’Occident (donc de fait lui-même — l’Occident — défaillant), on pouvait, par voie de conséquence, croire au fait que l’administration américaine était paralysée, qu’elle n’avait ni les moyens, ni l’autorité, ni le charisme, pour mettre au pas l’entité sioniste.
Je n’ai jamais cru à ce récit. Le Système ne s’encombre pas d’un boulet, d’autant plus quand il s’agit d’un président américain. Et puis, l’administration américaine sait très bien dorer les pilules, maquiller les faiblesses de ses représentants, ou encore purger l’Etablissement de ses défaillants. Pourquoi les prétendues faiblesses de Joe Biden ont-elles été exposées comme elles l’ont été, sinon pour fournir un prétexte à l’incroyable inaction du camp démocrate au Proche-Orient ?

TRUMP DUPERAIT-IL SES DONATEURS MILLIARDAIRES SIONISTES ?

Aussi n’ai-je pas cru à l’arrivée à la tête de la représentation américaine d’un nouveau Trump, d’un Zorro masqué qui allait réparer les “erreurs” commises dans le passé par l’ancienne clique.
Il est d’ailleurs étonnant que des gens y aient cru. Ceux-là n’avaient-ils pas observé non seulement ses déclarations mais ses actes, durant son premier mandat, qui respectaient une impeccable politique pro-sioniste ? Et puis, comment pourrait-on défendre l’idée que Donald Trump suivrait un plan secret (auquel il suffirait de croire pour que le miracle se produise) qui duperait Israël et les sionistes du monde entier ? Les donateurs milliardaires sionistes américains se feraient rouler dans la farine en soutenant l’équipage trumpien, nous disent des dizaines de commentateurs professionnels ! Qui, eux, savent ! De vrais génies incompris, même des Marcus, des Adelson et des autres. Trump les trompe, Trump les tromperait avec brio, et même Benjamin Netanyahu ne le sait pas !
Mais comment croire que la puissance sioniste internationale et les héritiers du sionisme révisionniste (théorisé par Jabotinsky), dont Netanyahu, répétons-le, en sauraient moins que Tartempion de Bures-sur-Yvette sur les véritables intentions de Donald Trump ?
Et que dire maintenant, au début du second mandat de Trump, à ce propos ? Jusqu’où devra-t-il aller pour que les “sachants” puissent admettre, enfin, que Donald est simplement un bon comédien qui mouille sa chemise et pour la régénération de l’économie-monde et pour le développement du Grand Israël dont le projet devient, chaque jour, de moins en moins irréaliste depuis que la doctrine du Mur de fer a été mise en place par Netanyahu sous les applaudissements d’un Trump puis devant la faiblesse, étrangement bien venue, d’un Biden ?
Est-ce ainsi pour être “piégé” que Netanyahu fut le premier dirigeant à être reçu à Washington par Donald Trump, moins d’un mois après son installation à la Maison-Blanche ? Non, évidemment non. Bien au contraire, la visite officielle du Premier ministre israélien l’a ragaillardi et a consolidé son autorité face aux différentes factions sionistes représentatives de la population israélienne.
Il faut dire que Donald Trump (et certains de ses lieutenants) a défriché le paysage discursif en proposant des actions que la direction israélienne n’oserait pas annoncer, publiquement, en primeur. D’abord, à propos du cessez-le-feu, très relatif, à Gaza, Steve Witkoff, qui fut sa cheville ouvrière, a revu sa copie en affirmant qu’il n’était pas “merveilleux”. Ce qui signifie qu’il ne durera encore plus très longtemps.
Mais ce sont les déclarations de Donald Trump émises pendant une conférence de presse (le mercredi 5 février) à laquelle il participa en compagnie de son cher invité, qui provoquèrent la sidération du monde entier et la jubilation de la minorité, de l’infime minorité sioniste. Les Etats-Unis auraient décidé de prendre carrément le contrôle de Gaza. Après l’annihilation totale du Hamas. Ce qui signifie que les bombardements monstrueux de Tsahal ne sont pas terminés.

DES PLAGES D’OS CONCASSÉS ET UNE MER DE SANG ?

La raison de cette volonté de contrôler Gaza est tout autant sidérante : transformer l’enclave en « Riviera du Moyen-Orient ». En Riviera française, précisa Trump. Un projet nécessitant la disparition des Palestiniens et de leur mémoire, et qui doit, d’ores et déjà, faire saliver les grosses boîtes de BTP américaines, les promoteurs immobiliers et autres banques.
Ce projet est-il sérieux ? Malheureusement oui. Si la soldatesque israélienne a rasé Gaza, et il est fort probable que l’opération destructrice et génocidaire se poursuive, on ne voit pas, on ne voit plus comment les dirigeants du sionisme international pourraient faire marche arrière. Pendant 15 mois, un enfer de feu et d’acier s’est abattu sur tous les Gazouis, enfants et nourrissons y compris, sans que cette horreur ne fût sérieusement combattue par toutes ces “grandes” nations qui se sont fait passer, pendant des décennies pour des parangons de vertu !
Même France Info, la radio-télé publique française, a osé banaliser ce projet immobilier inhumain sur Gaza.

LE “MUR DE FER” PROMU PAR DES JOURNALISTES DU SERVICE PUBLIC

Mercredi 5 février, à 22h30, le présentateur de L’heure américaine, Julien Benedetto, lâche en plateau : « laissons la politique de côté pour un instant ». Il se tourne alors vers son invité, Frank Delvau, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie d’Ile-de-France. Sur l’écran, un titre souligne le nouveau thème du “talk” : « Gaza “Côte d’Azur”, et si c’était possible ? » Et Benedetto poursuit : « On a envie de voir si cette proposition de Trump a vocation à exister sur le plan économique […] La bande de Gaza en Riviera, est-ce que ça a du sens pour le professionnel du tourisme que vous êtes ? La bande de Gaza a des atouts, on l’a déjà dit… » Evidemment, pas un mot, pas un seul, pendant six longues minutes, pour les Gazaouis, sur la guerre menée contre tout un peuple, sur les bombes, sur la misère, sur la famine, sur la mort toujours et partout, sur les massacres de masse. […]

François-Xavier ROCHETTE.