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n°3673 du 3/9/2025 (Papier)

Editorial

Probable chute du gouvernement Bayrou : accélération de la décomposition ?

SELON TOUTE VRAISEMBLANCE, et sauf énorme surprise de dernière minute, François Bayrou ne sera plus Premier ministre le 8 septembre au soir. Ou alors il sera un chef de gouvernement démissionnaire chargé par le chef de l’Etat d’expédier les affaires courantes dans l’attente de la nomination par Macron d’un nouveau Premier ministre, le septième depuis son accession à l’Elysée le 14 mai 2017. Le maire de Pau ne sera resté que neuf mois à Matignon, le temps d’une grossesse, six mois de plus que son prédécesseur, le malheureux Michel Barnier. On peut s’interroger sur les raisons de cette auto-dissolution. Rien en effet n’obligeait le Béarnais à demander un vote de confiance de l’Assemblée nationale. Généralement, lorsqu’un gouvernement ne dispose pas d’une majorité absolue, son chef ne sollicite pas la confiance des députés car il sait que c’est le meilleur moyen d’être renversé. Bayrou qui est un politicien retors, qui fait de la politique depuis un demi-siècle, n’est pas naïf au point d’imaginer qu’il peut remporter ce vote de confiance. D’autant qu’à six mois des municipales qui auront lieu les 15 et 22 mars 2026 et à dix-neuf mois de la présidentielle qui aura lieu théoriquement en avril 2027, il est impensable que les différents partis politiques fassent la courte échelle au Béarnais qui est de surcroît très impopulaire. Vis-à-vis de leurs électeurs comme de leur base militante, ils auraient en effet tout à y perdre et rien à y gagner. 
Qu’est-ce qui peut donc expliquer cette décision du Premier ministre, validée par l’Elysée ? Il y a sans doute la volonté de créer une diversion alors que l’Exécutif craint le mouvement social protéiforme du 10 septembre intitulé Bloquons tout. S’il n’y a plus de gouvernement le 8 septembre au soir, le mouvement pourrait perdre de sa vigueur, de sa force. Pourquoi protester contre un budget d’austérité qui est caduc puisque le gouvernement aura alors été renversé ? C’est en tout cas le pari que peuvent faire tant Matignon que l’Elysée. La deuxième raison qui peut expliquer cette décision a priori incompréhensible est que Bayrou savait pertinemment qu’il n’avait pas de majorité pour faire voter à l’automne le budget 2026. Pas plus que son éphémère prédécesseur Michel Barnier n’en a eu pour faire adopter le budget 2025. Pour réussir à le faire voter, il faut a minima soit l’abstention du Parti socialiste, soit celle du Rassemblement national. Or ces deux formations n’ont aucun intérêt à venir au secours du Premier ministre à quelques mois d’échéances électorales majeures et alors même que le président de la République a retrouvé depuis le 8 juillet son droit de dissoudre l’Assemblée nationale et de convoquer à nouveau des élections législatives anticipées.

PRÉSISÉMENT, s’oriente-t-on vers une nouvelle dissolution ? A en croire les gazettes, Emmanuel Macron serait réticent à prendre une telle décision et pencherait plutôt vers la nomination d’un nouveau Premier ministre. Mais c’est la quadrature du cercle car vu l’actuelle composition de l’Assemblée, on ne voit pas comment une majorité pourrait être trouvée et les causes produisant les mêmes effets, un nouveau Premier ministre ne pourrait probablement rester en fonction que quelques semaines ou quelques mois tout au plus. Et pourquoi et comment réussirait-il à faire voter un budget là où les vétérans Barnier et Bayrou, pourtant hommes de compromis et qu’on dit habiles manœuvriers, ont échoué ?
La dissolution de l’Assemblée nationale serait en soi plus logique. D’après les sondages, elle serait d’ailleurs souhaitée par une majorité de l’opinion. Mais rien ne dit qu’un nouveau scrutin permettra d’y voir plus clair et de dégager une majorité absolue, seule à même de permettre à un gouvernement de faire adopter un budget et de durer quelque peu. Le pays est en effet divisé en trois forces principales : la gauche sous dominante mélenchoniste, le bloc central allant des macronistes aux Républicains et le Rassemblement national. Rien ne permet d’assurer, même avec l’actuel scrutin majoritaire, qu’une majorité absolue se fasse jour au soir du second tour des législatives. Les campagnes, les zones rurales sont globalement favorables au Rassemblement national mais les grandes villes et les banlieues lui sont en général très hostiles. En l’état, il est donc très difficile, voire impossible, pour l’un des trois grands blocs d’espérer atteindre à lui tout seul la majorité absolue. Tout est donc bloqué. 

PENDANT de longues décennies, malgré la décadence du pays, l’effondrement progressif de ses structures, la vie politique semblait fonctionner entre la gauche et la droite dites de gouvernement. Et le scrutin majoritaire uninominal à deux tours qui a été utilisé pendant toute la Ve République, sauf pour les législatives de mars 1986 qui ont eu lieu à la proportionnelle à la plus forte moyenne sur une base départementale, permettait de dégager des majorités. Ce n’est plus le cas désormais. La crise n’est plus seulement économique, financière, morale, sociale, sociétale, elle est politique. Et aucune solution proposée ne peut susciter l’enthousiasme et emporter l’adhésion : après près de dix ans de macronisme, aucun candidat issu du bloc central ne peut prétendre incarner le changement et susciter un espoir. Si la France insoumise arrivait aux responsabilités, ce qui semble une hypothèse peu probable en l’état, ce serait une catastrophe sur le plan économique et sociétal et quant aux quelques lambeaux de libertés qu’il nous reste encore du fait de leur fanatisme de gauche radicale. Mais est-on sûr qu’une arrivée au pouvoir du Rassemblement national serait nettement plus satisfaisante pour le pays ? Il est largement permis d’en douter. Outre que Jordan Bardella n’a jamais exercé le moindre métier, n’a pas de famille, n’a ni femme ni enfants, est très jeune (il n’a même pas trente ans), qu’il n’a toujours été qu’un apparatchik du parti, et qu’il a de surcroît, sous l’impulsion de Marine Le Pen, renié tous les fondamentaux historiques et programmatiques de la droite nationale authentique, on peut compter sur la gauche et l’extrême gauche pour tout bloquer, organiser des manifestations de masse, de nature insurrectionnelle, contre un gouvernement ou une présidence RN. 
C’est dire qu’à vue humaine la situation apparaît désespérée. Certes l’histoire est le théâtre de l’imprévu et on ne peut savoir avec certitude ce que l’avenir nous réserve. C’est pourquoi il faut toujours se battre. Mais pour qui essaie de regarder la vérité en face et de voir les choses telles qu’elles sont, on ne voit pas comment on pourrait envisager l’avenir, proche ou lointain, avec confiance et optimisme. 

D’AUTANT que tout va toujours plus mal. Avec le programme EVARS, l’Education nationale veut aller encore plus loin dans sa volonté d’exhorter nos enfants et adolescents à la débauche, aux immondices et notamment à l’abominable transsexualité. Quant à nos libertés, elles sont sans cesse réduites. La liberté de circulation avec la persécution accrue de l’automobiliste, souffre-douleur et vache à lait de l’Etat. La liberté d’expression avec les interdictions de spectacles dont a été victime tout l’été Dieudonné, des gendarmes montant même sur scène le 25 juillet près de Dunkerque et interrompant la représentation sur ordre du préfet, ce qui est inouï. La liberté d’association et la liberté scolaire, les écoles catholiques, particulièrement hors contrat, étant dans le viseur. Dernier épisode en date, le collège de filles Pauline Jarricot à Châtillon-sur-Chalaronne dans le Rhône vient de se voir notifier, le 30 août, un nouvel arrêté préfectoral de fermeture alors que la direction de l’établissement n’a manqué à aucune de ses obligations. Il s’agit manifestement d’une persécution des catholiques. On ne veut que des écoles laïcistes et lgbétistes. 
Enfin, le génocide en cours à Gaza se poursuit et s’intensifie. Même l’ONU a officiellement déclaré au mois d’août l’état de famine. Mais ce n’est pas là l’effet d’une catastrophe naturelle. C’est la conséquence directe et effroyable d’une politique délibérée et planifiée du gouvernement Netanyahu dans le but de liquider la population palestinienne, de procéder à un nettoyage ethnique de grande ampleur et de se saisir de territoires qui ne lui appartient pas pour construire dans une marée de sang le grand Israël. On apprenait le 27 juillet la mort à 89 ans de l’héroïque révisionniste allemand, Horst Mahler, qui aura passé plus de dix ans derrière les barreaux outre-Rhin pour avoir refusé d’adhérer au Dogme de l’Holocauste et qui aura même été amputé d’une jambe pendant sa très longue incarcération. Il ne se sera jamais renié, n’aura jamais faibli ni trahi, n’aura jamais baissé la garde malgré l’odieux et injuste traitement qu’il a subi. Ce grand homme avait compris qu’au nom d’un génocide qu’on n’a pas le droit de contester ni d’étudier de près se commettaient en toute impunité des génocides qu’on n’avait pas le droit de nommer et de dénoncer : le génocide physique du peuple palestinien actuellement en cours mais aussi le génocide par persuasion, par intoxication mémorielle, par lavage de cerveau continu, du peuple allemand et des peuples européens. Or ce sont ces poisons destructeurs qu’il nous faut plus que jamais combattre hardiment et sans relâche si nous voulons œuvrer à une renaissance nationale et européenne.

RIVAROL,<jeromebourbon@yahoo.fr>.

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Billet hebdomadaire

Oremus et pro Ian Brossat

Le Vendredi Saint, dans la basilique froide au printemps où tout était voilé de violet, lorsque j’étais enfant dans les années cinquante, nous priions pour ceux qui ont un besoin particulier de la Grâce divine, l’Eglise, le pape, le clergé et les fidèles, les chefs d’Etat, les catéchumènes, l’humanité affligée, les hérétiques et schismatiques, les juifs, les païens. Les juifs, descendants du peuple de Jérusalem qui s’était moqué de Jésus, et lui préférant Barabas, s’était rendu complice du meurtre provoqué par le grand Sanhédrin, avaient droit à une attention particulière : « Oremus et pro perfidis Judaeis : Ut Deus et Dominus noster auferat velamen de cordibus eorum ut et ipsi agnoscant Iesum Christum Dominum nostrum ». Prions aussi pour les juifs incroyants pour que Dieu notre Maître ôte le voile qui aveugle leur cœur et qu’ils reconnaissent Notre-Seigneur Jésus-Christ. Puis j’ai fait ma profession de foi après la modification qu’a portée à cette prière Jean XXIII en 1959, qui se trouve dans le Missel de 1962 : le “perfidis”, incroyants, est supprimé, mais on continue à attirer l’amour de Dieu sur les juifs en ces termes : « Dieu éternel et Tout-Puissant, qui n’exclut même pas les juifs de ta miséricorde, exauce les prières que nous t’adressons pour l’aveuglement de ce peuple, afin qu’ayant reconnu la lumière de ta vérité qui est le Christ, ils sortent de leurs ténèbres ». Il paraît aujourd’hui que cela les blesse, et ils ont fait pression pour que cette prière fût abandonnée. C’est dommage pour eux : les plus coupables ont besoin de prières. C’est la raison pour laquelle je voudrais inviter aujourd’hui mes lecteurs à prier pour Ian Brossat.
Sénateur, ancien adjoint d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris, tête de liste communiste aux élections européennes de 2019, l’homme est depuis 2018 porte-parole du parti communiste. C’est à ce titre qu’il s’est répandu dans la presse, notamment dans l’Humanité, à propos de la stèle que le maire de Saint-Raphaël, Frédéric Masquelier, a inaugurée le 23 août à la mémoire des victimes du communisme, évaluées à cent millions par le Livre noir du communisme dirigé par Stéphane Courtois, chiffre repris par Masquelier. La chose a “indigné” Brossat, il y voit « une falsification de l’histoire », une entreprise “révisionniste”, une tentative concertée de « récrire l’histoire » à des fins politiciennes, pour justifier « des alliances avec l’extrême droite ». Selon lui, il s’agit de « diaboliser la gauche » en niant « un certain nombre de réalités indéniables » afin de « banaliser le nazisme » et d’exonérer « le capitalisme, système mortifère » des difficultés que connaît aujourd’hui le monde. En oubliant notamment que « le parti communiste est un parti républicain » qui a été « partie prenante de la Résistance ». C’est pourquoi Brossat s’est félicité qu’en plein mois d’août plusieurs centaines de militants soient venus manifester contre la stèle, de « toute la gauche », PC, PS, écologistes et LFI.
Derrière cette rhétorique politicienne que Brossat débite en professionnel impavide de la dialectique, avec la fraîcheur d’un Beria, quels arguments prétendent justifier son indignation ? Il n’y en a qu’un, mais il est de taille et universellement reçu depuis 1945 par l’arc constitutionnel, dont il est précisément le fondement. Honorer les victimes du communisme serait opérer un “amalgame” entre, d’une part, « un idéal qui a été dévoyé », le communisme, dont le dévoiement a pu mener au crime, et de l’autre « une idéologie intrinsèquement criminelle », le nazisme. Autrement dit, le nazisme entraîne forcément le crime, ce n’est pas le cas du communisme. L’usage du mot intrinsèquement dans ce contexte rappelle nettement la phrase de Pie XI sur le « communisme intrinsèquement pervers » afin de la contrer : selon Brossat le communisme est « un idéal de libération du peuple », et n’est donc pas intrinsèquement pervers, il n’est en rien responsable des millions de morts, des camps, de la misère, des tortures que des “dévoyés” ont commis en son nom. Le délégué communiste du Var a même ajouté, pour dissiper toute ambiguïté, que « cela fait longtemps que les communistes ont condamné les crimes du stalinisme ».
Cet argument, bien sûr, ne vaut rien. Masquelier n’a pas eu grand mal à noter que « le désastre du communisme ne s’est pas arrêté avec Staline ». Et de déplorer un « tabou mémoriel ». C’est là qu’il provoque vraiment l’indignation de Brossat : depuis la Seconde Guerre mondiale, grâce à l’instrumentalisation soigneuse et constante qu’il a fait de l’histoire, le parti communiste a imposé sa manière de voir et son code des convenances, tout en excluant les Français attachés à leur nation. Cette préférence communiste est le socle de la morale politique en France depuis quatre-vingts ans. Non seulement les communistes n’ont pas eu leur Nuremberg, mais ils l’imposent sans cesse à l’humanité entière. Même un Michel Poniatowski, ministre tout-puissant de Giscard et anti-communiste actif, n’a jamais osé prendre le problème de front : il attaquait le « fascisme rouge ». L’initiative de Masquelier provoque une petite lézarde dans la préférence communiste, comme, en Tchéquie, la récente interdiction de la propagande communiste.

Evidemment, en bon commissaire politique, Brossat ne peut pas supporter cela. Ce serait la fin d’un privilège de 80 ans et de ce qui subsiste de puissance au PC. C’est pour cela qu’il a rameuté la gauche unie dans une opération politique, en accusant, c’est classique, son adversaire d’en mener une. Au mépris de toute vérité historique, bien sûr. Il nous parle de « bel idéal dévoyé ». Mais de quoi parle-t-il ? Des anabaptistes de Munster ? Ou du marxisme-léninisme dont le parti communiste français s’est fait le champion au congrès de Tours en 1920 et qu’il a défendu depuis dans la paix comme dans la guerre ? Si c’est bien ce dernier, le « désastre communiste », pour parler comme Masquelier, avec son oppression, ses violences, ses polices, ses famines, n’a pas attendu Staline pour s’avouer. Lénine et Trotski, entre autres, sont antérieurs à Staline. Et Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg, et Bela Kun, et Kurt Eisner, et Lukacs, et le biennio rosso, etc. La Tchéka et le Guépéou aussi, Moïsseï Ouritski, Dzerjinski, Iagoda aussi, Zinoviev et Kamenev aussi. Trente ans plus tard, Staline mourait, en 1953, porté en terre parmi les pleurs et les louanges de tous ses adeptes, Aragon et Picasso en tête. Et le désastre communiste, antérieur à Staline, a continué, postérieurement à Staline. En 1956, le grand déstalinisateur Khrouchtchev a envoyé les chars de l’URSS contre Budapest, puis, en 1961, construit le mur de Berlin où la Volkspolizei devait abattre tant de braves gens coupables de fuir l’Est. En 1968, Brejnev remettrait ça avec le printemps de Prague, et persistait en 1979 avec l’invasion de l’Afghanistan. Pendant ce temps-là, goulag et « asiles psychiatriques » réglaient le cas des opposants.[…]


HANNIBAL.