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n°3678 du 8/10/2025 (Papier)

Editorial

Le gouvernement Lecornu est tombé et… le sinistre Badinter va être panthéonisé ! 

LA PANTALONNADE continue. Quelques heures après que le septième Premier ministre d’Emmanuel Macron eut présenté sa démission le lundi 6 octobre au matin, à la suite de l’implosion du socle commun, le chef de l’Etat faisait savoir, dans un bref communiqué, qu’il avait « confié à monsieur Sébastien Lecornu, Premier ministre démissionnaire en charge des affaires courantes, la responsabilité de mener, d’ici à mercredi soir, d’ultimes négociations afin de définir une plateforme d’action et de stabilité pour le pays » (sic !) S’il s’agissait d’un sketch, on pourrait en rire. Mais hélas ce n’est pas le cas. Le gouvernement Lecornu n’aura duré en tout et pour tout que quatorze heures. Nommés à 19h40 le dimanche 5 octobre, les dix-huit ministres étaient démissionnaires le lendemain matin, le lundi 6 octobre, à 9h40. Sébastien Lecornu, fidèle d’entre les fidèles du président de la République, aura mis vingt-six jours à former son gouvernement (du 9 septembre au 5 octobre), ce qui est un premier record, de longévité celui-ci, et son gouvernement, une fois nommé, n’aura tenu que quatorze heures, ce qui est un autre record, de brièveté celui-là. A ce niveau, la IVème République, pourtant tant décriée pour son instabilité chronique et le caractère éphémère de ses différentes et successives équipes gouvernementales, va finir par apparaître comme un modèle de solidité et d’invariance. 
D’aucuns, pour se rassurer à bon compte, prétendent que la crise actuelle n’est au fond pas si grave, qu’il ne s’agit tout au plus que d’une crise parlementaire, l’actuelle Assemblée nationale étant fragmentée en trois (voire en quatre) blocs, et non d’une crise de régime. Affirmer cela est pourtant une forme de déni du réel. Car précisément la fragmentation du Palais-Bourbon témoigne des profondes divisions du pays. On ne voit pas ce qui pourrait aujourd’hui unir et transcender une population aujourd’hui bigarrée, multiethnique, multiculturelle, multiconfessionnelle, bien souvent perdue, ballottée, sans repères, et dont les aspirations, les craintes, les objectifs ne sont pas les mêmes, dont la vision de la vie, de la famille, de la société n’est pas la même ? Qu’y-a-t-il en effet de commun entre le paysan du Gers qui vote RN et le jeune dealer de cité fraîchement naturalisé qui, dans le 9-3, vote LFI ? Qu’ont-ils à se dire ? Quel projet mobilisateur peut-il les réunir, à part peut-être, l’espace d’une soirée, un match de football de la France black blanc beur ?

QUELLE QUE SOIT la façon dont on essaie de résoudre l’équation politique, on ne voit pas de solution à vue humaine. Et c’est peut-être ce qui est tout à fait nouveau dans notre histoire. Rien ne garantit qu’une dissolution qui, sauf dernier tour de passe-passe — des rumeurs circulant lundi soir dans les rédactions indiquaient que le président du Sénat, Gérard Larcher, était approché pour sonder ses intentions et voir s’il accepterait de constituer un gouvernement de la dernière chance — semble désormais inévitable débouchera sur une majorité claire et nette pour quelque camp ou quelque force politique que ce soit. Et même si le chef de l’Etat démissionnait, ce qu’il va bien sûr se garder de faire, rien ne garantit non plus qu’une présidentielle anticipée, qui de surcroît se déroulerait en quelques semaines seulement, donnerait davantage de stabilité au pays. D’autant que le nouveau président, qui pourrait être considéré comme mal élu à la suite d’une campagne extrêmement courte, n’aurait aucune certitude s’il dissolvait l’Assemblée d’obtenir pour son camp une majorité absolue lui permettant de mettre en œuvre les orientations sur lesquelles il aurait été élu. D’ailleurs, ce président serait-il élu pour son programme ou plutôt contre son adversaire ? Car, au second tour des élections nationales, législatives et présidentielles, la plupart des électeurs votent contre plutôt que pour. Ne dit-on pas qu’au premier tour on choisit et qu’au second on élimine ? D’ailleurs, soyons sincères, aucune des forces politiques en présence, aucune des personnalités politiques ne font rêver ni n’inspirent confiance. Qui peut croire sérieusement qu’une arrivée aux affaires de la gauche ou même du Rassemblement national tel qu’il est aujourd’hui serait de nature à améliorer la situation, à redonner de l’espoir et de l’enthousiasme, à sortir le pays de l’impasse dans laquelle il est plongé ? Qui peut le croire, sauf à être d’une confondante naïveté ? Le mal est profond. Très profond. Il est donc vain de croire que la solution à la crise puisse être électorale. 
Mais on a vu également, avec l’épisode des gilets jaunes, que la prise de pouvoir par la rue était aussi une chimère dès lors que la police, la gendarmée et l’armée restent les chiens de garde du régime, attendant leur solde à la fin du mois et obéissant servilement aux ordres. C’est pourquoi tout putsch de l’armée sous nos latitudes est pareillement illusoire. Les généraux ne commencent à devenir quelque peu courageux qu’une fois à la retraite. Et encore pas tous, loin de là. Et de manière essentiellement verbale. C’est dire que la situation est aujourd’hui totalement bloquée, verrouillée, humainement sans issue. Le chaos est là, mais le pouvoir n’est toujours pas à prendre. Pourtant, le pays aurait urgemment besoin d’une authentique révolution nationale, d’une profonde réforme intellectuelle et morale, d’un puissant redressement spirituel mais qui peut aujourd’hui conduire une telle mission salvifique ? Où est l’homme providentiel ? On le cherche en vain. 

OUI, LE CHAOS est là. Tous azimuts. Le chaos social, moral, ethnique, spirituel. Mais aussi financier. La dette publique est ainsi abyssale. Elle a dépassé les 3400 milliards d’euros au deuxième trimestre 2025, ce qui est là aussi un nouveau record historique. Depuis que Macron est arrivé à l’Elysée le 14 mai 2017, la dette a augmenté de plus de mille milliards d’euros supplémentaires, lui qu’on présentait pourtant comme « le Mozart de la finance ». Beau résultat ! Et l’Elyséen n’a rien trouvé de mieux que d’imposer dans l’éphémère gouvernement Lecornu Bruno Le Maire, qui fut son calamiteux ministre de l’Economie et des Finances de 2017 à 2024. C’est une véritable provocation. Une de plus, une de trop. Plus l’impopularité du président s’est accrue, plus l’Elysée s’est rétracté sur ses soutiens jugés les plus sûrs, sur un cercle très restreint. Certes, c’est là un phénomène qu’on observe souvent en fin de règne. François Mitterrand avait ainsi imposé en 1991 une intime, Edith Cresson comme Premier ministre, ce que même le Parti socialiste n’avait alors pas compris ni digéré. Un chef du gouvernement qui avait tout de suite montré ses limites, multipliant les gaffes et faisant preuve d’une totale incompétence. Mais à l’époque la gauche jouissait d’une majorité au Parlement et le président socialiste pouvait donc se permettre ses fantaisies. Ce n’est plus le cas actuellement. 
Sans doute l’instauration du quinquennat en 2000 a-t-elle aussi aggravé la situation et fragilisé la présidence de la République. Naguère, grâce au septennat, une durée de mandat adoptée au XIXe siècle, au début de la Troisième République, par une assemblée alors majoritairement monarchiste, les chefs de l’Etat étaient relativement protégés par le découplage entre la présidentielle et les législatives. Et si la majorité présidentielle perdait les élections à la chambre des députés, le président pouvait se refaire une santé pendant la cohabitation. Des constitutionnalistes et autres analystes de la vie politique en étaient même arrivés à la conclusion que les cohabitations successives étaient une machine à faire réélire un président de la République précédemment défait aux législatives. François Mitterrand en 1986, puis Jacques Chirac en 1997, ont en effet inauguré des cohabitations qui leur ont permis d’être largement réélus, le premier deux ans après (en 1988, face à… Jacques Chirac), le second cinq ans plus tard (en 2002, face à… Jean-Marie Le Pen !) Le quinquennat ne permet plus cette respiration et le président se trouve en première ligne, le Premier ministre ne jouant plus, ou plus suffisamment, le rôle de fusible. En huit ans de présidence, Macron a déjà épuisé sept Premiers ministres, autant que Mitterrand en 14 ans. Et selon toute vraisemblance c’est loin d’être fini. En moins d’un an, trois chefs du gouvernement seront tombés : Michel Barnier au bout de trois mois le 4 décembre 2024 à la suite de l’adoption d’une motion de censure, François Bayrou au bout de neuf le 8 septembre 2025 à la suite d’un vote de confiance ayant échoué et Sébastien Lecornu le 6 octobre 2025, au bout de vingt-sept jours seulement, après l’implosion de son socle commun, les Républicains présidés par Bruno Retailleau s’apprêtant à quitter le gouvernement à peine constitué, mécontents qu’ils étaient d’avoir obtenu un nombre jugé insuffisant de maroquins ministériels et furieux du retour de Bruno Le Maire.

LA SITUATION est bloquée sur le plan politique mais ce régime reste toujours aussi nuisible. Ce jeudi 9 octobre, jour anniversaire de l’abolition de la peine de mort, en 1981, l’ancien garde des Sceaux, l’ashkénaze Robert Badinter, sera panthéonisé. Et Emmanuel Macron a déjà annoncé que l’israélite Marc Bloch entrerait également au Panthéon le 16 juin 2026. Si l’on ajoute que Simone Veil a eu droit aussi à cet hommage national en 2018, on voit qu’une certaine communauté est particulièrement choyée par la République à laquelle, il est vrai, l’unissent des liens très étroits. Avec l’entrée de Badinter au Panthéon ce 9 octobre — une triste date décidément, car c’est aussi le jour de la mort du Pape Pie XII en 1958, ce qui ouvrira la voie à l’aggiornamento de Jean XXIII culminant avec la funeste révolution de Vatican I —, leur République récompense l’un des politiciens les plus nocifs et les plus détestables de ces dernières décennies. L’abolition de la peine capitale a en effet grandement contribué à l’ensauvagement de la société. 
On peut à l’infini discuter du caractère ou non dissuasif de la peine de mort mais une chose est sûre, elle interdit la récidive. Or, les crimes les plus atroces, les plus barbares sont généralement le fait, ainsi que l’actualité l’atteste, de multirécidivistes. Si ces criminels avaient été définitivement mis hors d’état de nuire, ils n’auraient pu martyriser dans leur corps et dans leur âme d’autres victimes, endeuiller d’autres familles. La responsabilité de Badinter et de ses comparses est donc immense. Vouloir honorer un tel homme est une infamie. Cela montre une fois de plus à quel point ce régime républicain est abject et contre-nature, qu’il n’est rien à en attendre, sinon le pire, qu’il n’est pas là pour protéger et défendre les honnêtes gens mais qu’il n’est là en réalité que pour souiller, détruire, avilir, tuer, profaner tout ce qu’il touche.

RIVAROL,<jeromebourbon@yahoo.fr>.

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Billet hebdomadaire

Sur la question sioniste, le peuple américain à la croisée des chemins

Comme beaucoup de partisans de la paix et de la justice, de la morale et des peuples, pouvaient le redouter, le plan de Trump pour le règlement de la question israélo-palestinienne se révèle être un nouveau piège pour tous les Palestiniens. La situation humanitaire est effroyable, la situation politique l’est tout autant.
Alors que les propos du président américain devaient annoncer, en toute logique, l’apparition d’une nouvelle pression états-unienne contre l’Israël, qui aurait été inédite sous l’ère trumpienne, la présentation effective dudit plan en présence de l’indéboulonnable monstre sanguinaire Netanyahu, démontra, une nouvelle fois, que l’action du grand blond ne servait qu’une partie, celle de son Bibi chéri. En effet, l’essentiel des suggestions des pays arabes censés défendre les pauvres Palestiniens qui n’ont eux, droit, nous le voyons, à aucune parole, à aucun moyen d’expression, à aucune liberté, a été totalement ignoré par Trump, ses complices et ses maîtres. En revanche, les exigences israéliennes ont conduit (cela était cependant écrit d’avance) à modifier le texte dans le sens voulu par le saigneur du Likoud.

LE POT DE FER CONTRE LE POT DE TERRE

La chose était prévisible. Le texte final ne comporte pas de calendrier contraignant pour un retrait de l’entité sioniste de la bande de Gaza qu’elle conditionne à la destruction totale du Hamas. Ce retrait ne se produira donc jamais parce que le pouvoir sioniste postule que l’écrasante majorité des Palestiniens fait en quelque sorte partie du Hamas et que d’autres organisations “terroristes” émergent et émergeront toujours des sols foulés par les Palestiniens. Bref, le spectre du terrorisme palestinien ne disparaîtra jamais dans le discours sioniste, et ce spectre autorisera indéfiniment la militarisation et la conquête israélienne de Gaza, et plus généralement de toutes les terres palestiniennes (de celles où la présence palestinienne est encore majoritaire).
Alors, certes, le grand projet de construction d’une sorte de Riviera à Gaza ne semble plus être pour l’heure à l’ordre du jour. Mais on est en droit de se demander si ce délire de Riviera trumpien n’était pas en définitive une technique de « pied dans la porte », soit un procédé consistant à annoncer le pire, le plus infâme, le plus cynique, pour faire ensuite passer son plan pour « moins mauvais », moins intolérable qu’il ne l’est pourtant objectivement.
Aujourd’hui, les pays arabes comme européens, semblent pris au piège car l’émission de critiques fortes, pourtant circonstanciées, sur ce plan (qui est en réalité un plan strictement sioniste) leur ferait endosser la responsabilité d’un échec. La diplomatie française a, malgré tout, fait part de son pessimisme quant à la solidité de ce plan en arguant l’absence de garanties de l’évacuation israélienne de Gaza et en indiquant qu’il n’y avait pas une ligne sur un projet d’Etat palestinien. Mais elle a demandé aux Palestiniens de l’accepter parce qu’il n’existerait pas d’alternative…
Tout le monde sait que ce plan est une pure escroquerie politique (il suffit de savoir lire pour s’en convaincre) mais personne, chez les représentants politiques internationaux, n’a le courage d’affronter Trump.

LES PEUPLES CONTRE L’ENTITÉ SIONISTE

Et pourtant les peuples, ou ce qu’on appelle l’opinion, ne se rangent plus inconditionnellement derrière l’Israël. Le monde entier condamne le génocide en cours se perpétrant dans la bande de Gaza, s’émeut des massacres quotidiens commis par la soldatesque sioniste dans l’enfer des ruines de l’enclave palestinienne. Chaque jour, de nouvelles atrocités épouvantent les sociétés de la terre entière, chaque jour, elles savent que la famine ronge les petits et les plus faibles, les tue et n’épargne plus personne. Et elles ne peuvent rien pour leur venir en aide alors que les blessés agonisent par dizaines de milliers, faute de médicaments, que l’on ampute sur place sans anesthésie et que le lait infantile a quasiment disparu. Mais ces sociétés ne peuvent se taire devant l’ignominie, et elles ne se taisent pas, ne se taisent plus. Les opérations de flottilles de petits bateaux en direction de Gaza s’intensifient et leur arrêt brutal effectué par l’armée israélienne provoque le dégoût et la colère d’une grande partie des populations grecque, italienne, espagnole, turque, tunisienne, marocaine, algérienne et de bien d’autres. La dernière en date qui a mobilisé 500 personnes qui ont embarqué dans une cinquantaine de bateaux (pour acheminer des médicaments et de la nourriture au peuple palestinien exsangue) a encore été stoppée par Tsahal, ce qui provoqua, enfin, une réaction du numéro un turc, Recep Tayyip Erdogan, jugeant l’intervention des forces israéliennes contre la flottille pour Gaza comme une action violente qui « témoigne une fois de plus de la brutalité d’Israël ». Le président turc a ajouté : « Cette attaque du gouvernement israélien contre des civils naviguant dans les eaux internationales a une fois de plus démontré la folie avec laquelle ses cadres génocidaires tentent de dissimuler leurs crimes contre l’humanité à Gaza ». Le président colombien Gustavo Petro a annoncé, quant à lui, l’expulsion de la délégation diplomatique israélienne dans son pays. Plus timide, le ministre des affaires étrangères belge, Maxime Prévot (réputé sioniste), a déclaré devant le Parlement : « La manière dont ils ont été arraisonnés […] et le lieu, dans les eaux internationales, ne sont pas acceptables, raison pour laquelle j’ai convoqué l’ambassadrice ». C’est en effet un acte de piraterie internationale.

TRUMP COMME TARTUFFE

Est-il utile de préciser que pour les peuples conscients de l’extrême gravité de la situation palestinienne, le plan de Trump et de son Bibi est perçu comme une sale duperie, une nouvelle tromperie qui leurre cependant de moins en moins de personnes. Ils sont aujourd’hui bien rares ceux qui croient encore à l’impartialité d’un Trump sur la question. Mieux, une bascule de l’opinion s’opère aux Etats-Unis en faveur du camp palestinien, au détriment de l’entité sioniste.
Les journaux américains ont parlé de « volte-face historique » de l’opinion américaine vis-à-vis d’Israël. Les Américains seraient, pour la première fois, plus nombreux à soutenir les Palestiniens qu’Israël.
Selon un sondage commandé par le New York Times, 35 % des Américains affirment soutenir les Palestiniens, contre 34 % Israël — une baisse considérable par rapport à la situation au début de la guerre, quand 47 % disaient soutenir Israël et 20 %, seulement, la population palestinienne.
Autres chiffres éloquents : 40 % des Etats-Uniens sont certains que l’Israël tue délibérément des civils, des hommes, des femmes et des enfants, à Gaza, une proportion qui a doublé par rapport à la fin de l’année 2023. La majorité des Américains s’oppose catégoriquement à la poursuite de l’aide américaine à l’Israël, et chez les moins de trente ans, ce sont plus de 70 % des jeunes qui considèrent comme inadmissible l’aide américaine à l’entité sioniste. Enfin, 61 % des Américains affirment que le gouvernement israélien doit mettre immédiatement fin à la guerre qu’il mène contre le peuple palestinien (en voie d’extermination), et cela sans conditions.
Comment expliquer ce revirement sociologique ? Un revirement d’autant plus spectaculaire qu’il touche toutes les mouvances idéologiques américaines, non seulement la gauche et les modérés.

LA PIERRE D’ACHOPPEMENT DU MYTHE AMÉRICAIN

Assurément, le peuple américain a su, dans un premier temps, se défaire des amalgames que de puissants lobbies avaient auparavant réussi à imposer dans son esprit. Il a enfin compris que les Palestiniens n’étaient pas les ennemis des Etats-Unis. Ils pouvaient bien être très majoritairement musulmans, cela n’impliquait pas une haine ontologique desdits Palestiniens à son égard. Ces derniers, comprennent-ils, souhaitent simplement vivre sur leurs terres ancestrales et ne demandent rien de plus.
Les Américains, d’une manière générale fascinés par la puissance mécanique et militaire, perçoivent la grandeur à l’aune de cette fascination, et de l’efficience de la force organisée sur l’adversaire, militarisé lui aussi, que l’on bat via cette supériorité toute physique.
Ainsi si le peuple américain a pu être mobilisé, a pu soutenir deux grandes interventions militaires en Irak au début des années 1990 et en 2003, c’est parce que ce pays arabe avait été préalablement dépeint comme une puissance dangereuse et formidablement équipée, dangereuse car mue par des objectifs impérialistes, disait-on, mais aussi dangereuse, insistons sur ce point, parce qu’elle aurait été dotée d’un arsenal prodigieux — ce qui était en définitive faux. La guerre contre l’Irak a été “vendue” aux Américains comme une guerre nécessaire qui leur demandait, sur le papier du moins, une dose de courage pour contenir le péril.
La grandeur de l’Amérique reposait sur ces paramètres, et sur une intervention d’ordre (fallacieusement) humaniste au sein d’un pays perçu comme redoutable.
Beaucoup d’Américains savent aujourd’hui que l’Irak a été la cible d’un complot ourdi par un axe israélo-américain mais désiré en premier lieu par l’entité sioniste seule. […]

François-Xavier ROCHETTE.