Rivarol n°3485 du 15/9/2021
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Rivarol n°3485 du 15/9/2021 (Papier)

Editorial

Le procès en sorcellerie de Cassandre Fristot

Si l'on doit juger de l’état actuel de la liberté d’expression en France, il est édifiant de se pencher sur le procès de Cassandre Fristot au tribunal judiciaire de Metz le 8 septembre. Rappelons que, pour avoir porté le 7 août, lors d’une manifestation anti-pass sanitaire, une pancarte jugée antisémite où étaient inscrits les patronymes, dont certains manifestement non-juifs, des principaux responsables et soutiens de la politique sanitaire en France et dans le monde, cette jeune enseignante de 33 ans a non seulement été suspendue de l’Education nationale par Jean-Michel Blanquer, avant une possible radiation, perquisitionnée, mise en garde à vue (laquelle a été prolongée) mais a donc également été jugée toutes affaires cessantes dans un pays où l’on recense pourtant chaque année des millions de crimes et de délits, dont beaucoup extrêmement violents. Ayant reçue des menaces (de qui ?), elle ne s’est pas présentée à son procès et a été défendue par son avocat, l’excellent et combatif Me Paul Yon. Alors que le casier judiciaire de la jeune femme est vierge, le ministère public a requis contre elle trois mois de prison avec sursis et trois ans d’inéligibilité. C’est hallucinant ! Alors même que la pancarte qu’elle portait ne contenait aucune injure, aucun appel à la violence et se contentait de dénoncer les responsables de l’actuelle tyrannie sanitaire. 

Les plaidoiries des parties civiles — qui étaient au nombre de quinze (qui dit mieux ?) dont l’Ordre des médecins, cela ne s’invente pas ! — étaient proprement ahurissantes et montrent à quel point nous vivons à l’ère d’une « insupportable police juive de la pensée » pour reprendre la lumineuse expression de feu Annie Kriegel dans Le Figaro en avril 1990. « S’est-elle trompée d’époque ? », s’est ainsi interrogée à propos de Cassandre Fristot l’avocate de l’Organisation juive européenne qui a osé déclarer : « Nous ne pouvons prendre le risque de la laisser gangréner l’esprit de nos enfants. Ici en France, il faudra une condamnation pénale pour qu’elle cesse d’exercer son métier. Vous êtes l’antichambre de la cour d’Assises. Il faut une peine sévère parce que nous sommes fatigués. » Autrement dit, par sa pancarte, Cassandre Fristot est responsable de l’assassinat de juifs parce que juifs. Il faut donc l’envoyer en prison et la radier définitivement de l’Education nationale, la ruiner, l’embastiller, lui retirer ses moyens de subsistance, déchirer son diplôme, détruire sa vie, lui retirer sa liberté. 

C’est désormais le discours cynique, outrecuidant et détestable des organisations juives : dès qu’une personne tient des propos qui leur déplaît, elle est aussitôt accusée d’antisémitisme (est antisémite celui que le juif n’aime pas) et d’encourager les esprits faibles à commettre des assassinats contre des israélites. Voilà où nous sommes. Toute critique, même très argumentée et rationnelle, de l’entité sioniste, du lobby juif, toute réserve à l’égard de l’attitude et des revendications d’organisations judéo-sionistes, est systématiquement considérée comme criminogène. Ce comportement est insupportable car il interdit tout débat serein et libre sur toute une série de questions. Il crée de toutes pièces un climat de terreur, de délation et d’hystérie qui favorise l’autocensure, participe d’un insupportable terrorisme intellectuel, lui bien réel, et empêche tout frein à la domination implacable sur les lois, les consciences et les institutions du judaïsme politiquement organisé.

L’avocat de SOS-Racisme-La Maison des Potes a tenu le même langage que ses confrères. Il évoque d’abord le travail de l’association qu’il représente, laquelle intervient notamment en milieu scolaire. Comme d’ailleurs le MRAP et toutes les organisations du même acabit. L’avocat du MRAP en est fier : « Nous sommes aujourd’hui devant un tribunal, mais l’essentiel de notre activité se passe auprès des écoles, des enfants et des consciences. » Il faut en effet matraquer idéologiquement dès le plus jeune âge nos têtes blondes. « Quelle différence de culture, d’implication et de respect avec ce qu’instille Mme Fristot, professeur d’allemand ! On frémit si au-delà de l’apprentissage de l’allemand elle aborde l’histoire de l’Allemagne ! » ose l’avocat de SOS-Racisme, manifestement ravi de son effet. « Elle participe tous les jours de façon discrète à disséminer sa haine. A la question “Qui ?” que pose Madame Fristot, j’en réponds par une autre : “Pourquoi ?”, “Pourquoi tant de haine ”? » conclut-il avec grandiloquence. Pourtant, que l’on sache, ce sont ces organisations qui veulent ruiner, faire perdre son travail et envoyer en prison Cassandre Fristot. Au nom d’une prétendue lutte contre la haine, elles se permettent une haine torride, féroce, sans limite ni retenue, mais avec une parfaite bonne conscience et une arrogance non moins grande. 

L’avocate de la Ligue des Droits de l’homme va encore plus loin : « Quand Cassandre Fristot dit lors de ses auditions que le monde est dirigée par une oligarchie politique et financière, c’est déjà une position antisémite. » Autrement dit, parler de fortune anonyme et vagabonde, comme le faisait feu Henry Coston, c’est déjà de l’antisémitisme. Ne serait-ce pas là un aveu ? N’est-ce pas reconnaître qu’une certaine ethnie est particulièrement puissante et influente dans la sphère politico-médiatico-financière ? 

En tout cas, il est manifeste qu’on ne peut plus rien dire. Les puissants qui nous oppriment vont toujours plus loin dans le délire et la tyrannie. Ils étendent sans cesse le champ d’application de leur impitoyable censure. C’est d’ailleurs vrai aussi au niveau de la législation. En 1990, lorsque la loi Fabius-Gayssot a été adoptée, n’était condamnée que la contestation publique et explicite de l’existence d’un crime contre l’humanité reconnu comme tel par le tribunal militaire international de Nuremberg. Aujourd’hui la jurisprudence a évolué et s’est durcie. La cour de cassation d’abord, le conseil constitutionnel ensuite, de concert avec les juridictions internationales (car les forces de subversion sont un peu partout à l’œuvre), ont considéré que toute minoration d’un crime contre l’humanité, la simple expression d’un doute, d’une interrogation, l’emploi de guillemets ou du conditionnel, étaient constitutifs du délit de contestation de crime contre l’humanité. C’est la même chose avec l’accusation d’antisémitisme qui agit comme un rayon paralysant, un gaz incapacitant qui permet de diaboliser et d’anéantir un contradicteur, un adversaire. On notera qu’il en va de même avec les accusations de racisme et d’homophobie. Toute volonté de restreindre, d’arrêter ou d’inverser le courant de l’immigration est assimilée au racisme et donc considérée comme un délit. Toute opposition aux revendications exorbitantes du lobby LGBT est assimilée à la haine de l’homosexuel et considérée comme criminogène. Et c’est ainsi, par cette police de la pensée, que l’on parvient de force à changer les lois et à bouleverser les mentalités, à détruire la famille, la nation, la morale naturelle, à apprendre aux enfants dès le plus jeune âge qu’ils peuvent choisir librement leur identité de genre, leur orientation sexuelle, et en changer à tout moment.

L’avocat du CRIF, Me David-Olivier Kaminski, a lui aussi appelé à une peine très sévère contre Cassandre Fristot et n’a pas non plus fait dans la nuance : « Ne soyez pas dupes derrière son casier judiciaire vierge. Aussi, je salue le parquet de Metz d’avoir saisi la brigade des crimes contre l’humanité. Le préjudice qu’elle a commis à notre société est colossal. Il l’est d’autant plus qu’elle est enseignante. Aujourd’hui, Madame la présidente, Messieurs du tribunal, la France vous regarde. Alors ne soyez pas naïfs, ne soyez pas dupes, sachez qui vous jugez. Rendez justice à la hauteur du mal profond qui a été commis. » Allez vite, le rétablissement de la peine capitale, rien que pour le plaisir de la voir appliquée à la jeune femme !

Me Kaminski se félicite d’un fait ahurissant : pour une simple pancarte sans aucun appel à la violence, le parquet de Metz a saisi la brigade spécialisée des crimes contre l’humanité, qui s’occupe entre autres du génocide au Rwanda. Il faut se pincer pour y croire. On fait une affaire d’Etat d’une simple pancarte portée dans une manifestation autorisée contre le pass sanitaire. Qui peut dire après cela que nous ne vivons pas sous une effrayante tyrannie communautaire qui étend chaque jour davantage ses affreux tentacules et se métastase peu à peu dans tout le corps social à force de harcèlements, de persécutions, de diabolisations ? Qui peut dire que notre pays ne s’assimile pas de plus en plus à un camp de concentration à ciel ouvert comme Gaza et la Cisjordanie avec les mêmes et leurs pantins et alliés à la manœuvre ? Face à cette tentative d’asservissement des âmes, de viol des consciences, de destruction des libertés, notre insurrection intellectuelle, morale et spirituelle est totale. Liberté pour Cassandre et pour tous les Français non reniés ! […]

RIVAROL, <jeromebourbon@yahoo.fr>. 

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Billet hebdomadaire

Chronique de la France asservie et… résistante

La cour d’appel de Paris a relaxé, mercredi 8 septembre, Eric Zemmour, qui était poursuivi pour injure et provocation à la haine, après une diatribe contre l’islam et l’immigration. En première instance, il avait été condamné à une peine de 10 000 euros d’amende, et renvoyé de RTL. Il s’était exprimé, le 28 septembre 2019, lors de la « Convention de la droite », organisée par des proches de Marion Maréchal, s’en prenant aux immigrés “colonisateurs”, citant Renaud Camus, théoricien du « grand remplacement ». Zemmour n’en a pas fini avec les ennuis judiciaires. Il est poursuivi pour avoir qualifié les migrants mineurs de “voleurs” et d’“assassins” sur CNews en septembre 2020. C’est le 29 septembre 2020, au cours de l’émission « Face à l’info », que l’éditorialiste a tenu ses propos controversés sur les mineurs isolés, revenant sur l’attentat au hachoir perpétré par un terroriste pakistanais dans les locaux de Charlie Hebdo, quelques jours plus tôt. « Ils n’ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu’ils viennent », a-t-il ainsi expliqué.

Dans un texte particulièrement intéressant paru sur Polémia, Camille Perez analyse le phénomène du “turn-over” des cadres au Rassemblement National, qu’il qualifie « d’autre échec de Marine Le Pen ». Il note que, dans la plupart des organisations, « la stabilité des équipes est un objectif stratégique. Le va-et-vient incessant, désigné en anglais “turn-over”, est le symptôme d’une mauvaise gestion. Combattu au sein des entreprises, des administrations et des partis politiques, le turn-over empêche de capitaliser expérience et connaissances. Il est généralement considéré comme une menace pour la pérennité d’une organisation, sauf au RN où il est une véritable stratégie. Marine Le Pen, totalement incapable de fidéliser ses élus, génère, par son management brutal et autoritaire, un turn-over ahurissant que les dernières élections régionales illustrent très bien ». Confrontée de plus à la perte de crédibilité, la pasteurisation de son discours et à la probable candidature d’Eric Zemmour, Marine Le Pen est loin d’être assurée d’être présente au second tour et, le serait-elle, elle risque de l’être avec un score étriqué qui l’assurerait d’être écrasée par Macron, comme son père le fut, face à Chirac. En attendant, elle a confié à Bardella la présidence du parti, le temps de la campagne de l’élection présidentielle. Un parti bien mal en point qui compte officiellement 83 000 adhérents : en réalité, moins de 20 000. 

MARINE LE PEN A PEUR

La gestion du parti par Marine Le Pen est totalement chaotique et même surréaliste. Quelques chiffres : en cinq ans et demi, seuls 90 conseillers régionaux sortants (soit un quart des élus de 2015) ont été reconduits dans leurs fonctions en juin 2021. Un turn-over historique de 75 % ! Une centaine de conseillers régionaux avaient déjà quitté le RN entre 2016 et 2021 : un chiffre énorme et sans comparaison avec les autres partis, commente Perez. Il est vrai que les purges ont succédé aux purges. 

La commission nationale d’investiture est devenue un outil permettant à Marine Le Pen et à sa garde rapprochée (le fameux rose clan BBR, Briois-Bilde-Rachline) d’évincer les profils jugés problématiques : proches de Marion Maréchal, sympathisants de la Manif pour tous, trop catholiques, trop identitaires, ou trop philippotistes, personnalités trop indépendantes. MLP (Marine La Purge) a aussi sévi au Parlement européen où le groupe RN ne comptait en 2019 que 6 reconductions parmi les 24 élus de 2014 (là encore un turn-over de 75 % sur un seul mandat). Et ne parlons pas des fédérations où les délégués départementaux sont très régulièrement évincés. Bref, le bilan humain de Marine Le Pen à la tête du FN/RN est aussi catastrophique que son bilan financier. Il existe aujourd’hui, dit excellement Perez, une véritable armée de réserve de militants déchus et déçus qui ne manqueront pas de reprendre le combat, en dehors du RN, dès qu’une offre politique alternative se présentera à eux. Le sépharade Zemmour représente-t-il pour eux cette espérance ? En tout cas, les ralliements à sa quasi-candidature sont nombreux et parfois inattendus dans le camp dit populiste et identitaire. Nous en reparlerons. Et Marine Le Pen a peur, terriblement peur. 

Consciente de son infériorité intellectuelle et de son manque de densité culturelle, elle sait qu’elle sera écrasée dans un débat télévisé avec Zemmour ou avec Philippot. La présidente du RN tente de se rassurer en déclarant, au sujet de Zemmour : « Cette histoire, ça va mal finir. » Oui, cette histoire finira peut-être très mal pour elle. Son porte-serviette, conseiller spécial et beau-frère de Marine Le Pen, Philippe Olivier, un génie dans son genre, assène avec autorité : « Le discours glaçant de Zemmour recentre Marine Le Pen. Un polémiste ne fait pas un politique. L’islam est incompatible avec la République, blablabla… Et alors, on pourchasse les musulmans ? On fait la Saint-Barthélémy ? Les bonnes idées se heurtent à la réalité et à la loi. » Mon Dieu, quel argument ! Quel niveau !

L’INDIGNÉ BITERROIS A ENCORE FRAPPÉ

Philippe Olivier Philippe Olivier poursuit sa brillante démonstration par cette forte parole : « Il va mettre un pied à terre et se faire lapider. Il sera politiquement flingué. » C’est ce qui s’appelle prendre ses désirs pour des réalités. Zemmour, quant à lui, persiste et signe : « En 2100, nous serons une République islamique. Le grand remplacement […] est un processus inéluctable qui, si on ne l’arrête pas, nous emportera tous. » Des propos que Marine Le Pen n’oserait évidemment jamais tenir. Pas plus qu’elle n’oserait s’en prendre aux lois mémorielles, comme le fait Zemmour, qui a déclaré : « Il faut revenir sur les lois qui restreignent la liberté d’expression en France. Il faut mettre fin à cette incitation à la délation permanente ». Le polémiste souhaite explicitement l’abrogation de la loi Pleven. Ce qui est bien. Il ne semble toutefois pas s’être prononcé aussi clairement contre la loi Gayssot punissant le révisionnisme historique.

Bruno Bilde, un des mignons de Marine Le Pen y va aussi de son analyse inspirée. Selon lui, qui s’y connaît en femmes (comme on disait autrefois, c’est un déserteur du chemin des dames !), « les maires ne donneront pas leur parrainage à Zemmour car ils n’ont pas envie de se mettre à dos les femmes. Zemmour est hyper clivant. » L’intéressé, quant à lui, commente avec gourmandise : « Tout le monde a compris au RN que Marine Le Pen ne gagnera jamais, voilà ! » En attendant, Marine peut s’appuyer sur les fortes pensées de son nouvel ami, le brillantissime Robert Ménard qui la soutient. L’indigné perpétuel biterrois a encore fait fort, déclarant au sujet des catholiques pro-vie : « Il n’y a pas que chez les islamistes qu’on trouve des fous furieux fondamentalistes… » […]

Robert SPIELER.